Guide réalisé par Thierry Le Peut

 

 

 

 

Le Dr Quincy, médecin légiste à Los Angeles, n’a pas affaire qu’aux morts : chaque cas qui arrive sur son bureau l’amène à intervenir dans des affaires dramatiques impliquant des êtres bien vivants, hommes, femmes et enfants affrontés à la maltraitance, à la maladie, à la drogue, à l’incurie des pouvoirs en place.

 

 

Le destin de Quincy M.E. (pour Medical Examiner, équivalent du coroner aux Etats-Unis, chez nous le médecin légiste) fait penser à celui de Magnum : deux séries créées par Glen A. Larson (ici avec Lou Shaw) mais qui ont évolué en dehors de la ligne originelle tracée par Larson.

 

Magnum a été avant même sa production replacée entre les mains de Donald P. Bellisario qui a redéfini le personnage de Thomas Magnum que Larson avait préalablement imaginé comme un espion invincible et séducteur, de sorte que le Magnum que l’on connaît désormais n’a plus grand chose à voir avec l’idée que s’en faisait Glen Larson. De même, Quincy a d’abord été lié à Larson avant d’être pris en charge surtout par son interprète, le comédien Jack Klugman, qui ne voulait pas d’un simple enquêteur, certes original par sa profession de médecin légiste mais amené à résoudre des enquêtes en utilisant sa science comme un gimmick, et souhaitait aborder des sujets sérieux en donnant de la médecine légale une peinture exacte et en l’utilisant comme un instrument de mise en valeur des sujets abordés.

 

Lorsqu’au terme de la première saison, en 1977, Glen Larson abandonna la production de la série pour se consacrer à d’autres projets, plusieurs producteurs se succédèrent sur la série dont le véritable maître d’œuvre était Jack Klugman. Le comédien se montrait exigeant et impatient, donnant plus que son avis sur les scénarii et indiquant la ligne qu’il souhaitait. Ayant déjà reçu la consécration avec sa précédente série, The Odd Couple (1970-1975, 114 épisodes), il ne cherchait ni la gloire ni un travail facile et cousu de fil blanc mais une série écrite avec rigueur, capable d’avoir un réel impact sur ses spectateurs, voire sur la société. 

 

 

Enfants battus, inceste, viol, autisme, drogue, mort subite du nourrisson, utilisation de certains stupéfiants pour soigner des maladies sont ainsi parmi les nombreux thèmes abordés par la série, qui met en lumière les résistances qui, dans la société réelle et pas seulement dans un univers de fiction, s’opposent à une évolution dans le traitement de ces problèmes. La perception des victimes, la formation des médecins, la lutte politique pour obtenir des financements et amener un changement des mentalités sont des thèmes récurrents, indissociables des sujets de société, la série peignant des cas individuels en s’inscrivant dans une réflexion générale. Certains épisodes marquants furent utilisés comme illustration ou comme arguments pour obtenir de réelles améliorations. La place de la médecine légale elle-même est au cœur de l’épisode « Last Rights » (6.01), qui met en scène les résistances s’opposant à la généralisation de cette science et dénonce les intérêts d’affaires et les intérêts politiciens parfois (souvent ?) hostiles à l’intérêt général.

 

En 1958, l'écrivain Ed McBain faisait dire à l'un de ses inspecteurs de la série 87e District, Steve Carella, dans le roman Victime au choix (Killer's Choice), chapitre 4 : "Je ne suis pas le meilleur policier de la terre. J'essaye de faire mon boulot, c'est tout. Mais j'ai travaillé à pas mal d'enquêtes et je sais que ce sont des gars comme Sam Grossman et ses techniciens qui nous facilitent bien souvent la tâche. Quelquefois, le labo ne sert à rien. Quelquefois, une enquête se réduit à des marches forcées, des tuyaux d'indicateurs et des déductions mathématiques. Mais parfois, le labo fait tout sauf l'arrestation. Quand un technicien de la police parle, je l'écoute. Je l'écoute bien." Remplacez Sam Grossman par Quincy et vous obtenez un speech qui conviendrait parfaitement au héros de Quincy M.E., qui au coeur des années 1970 doit encore lutter pour faire reconnaître une science toujours considérée comme "nouvelle", la science médico-légale. Les longues explications techniques qui, dans Victime au choix, impatientent l'inspecteur Cotton Hawes et suscitent le discours de Carella ne sont pas franchement la tasse de thé de Glen Larson quand il commence à produire la série mais elles deviennent essentielles dès lors que Jack Klugman s'empare du show et pousse les scénaristes à davantage de pertinence scientifique, mettant au coeur des intrigues policières le travail de labo et ces "détails" qui, pour ennuyeux qu'ils soient aux oreilles d'un policier comme Hawes, apportent parfois la clé qui permet de résoudre une enquête. 

 

Robert Ito et Jack Klugman

 

Le guide qui suit est un travail « in progress », non un guide complet. Il sera augmenté ponctuellement d’épisodes nouveaux, au fur et à mesure de ma propre fréquentation de la série. Pour d’autres informations, le sériephile a à sa disposition Imdb, Wikipedia et d’autres sources sur la toile.

 

Je me contenterai de lui conseiller la lecture (en anglais) du livre de James ROSIN, Quincy M.E., The Television Series, BearManor Media, 2010 (ci-contre). 

 

L’intégralité de la série est disponible en DVD chez Universal puis Shout Factory. La numérotation choisie pour l’édition DVD comporte 8 saisons. En fait, la série en compte 7 (de 1976 à 1983) mais la première est constituée de téléfilms de 70 mn puis d’épisodes de 50 mn et a été considérée comme deux saisons distinctes.

 

 

 

NB : Le guide qui suit ne contient pas la distribution des épisodes, suffisamment documentée par Imdb. Si une mention est faite, c'est en général pour compléter ou corriger Imdb.

 

 

1.01  Go Fight City Hall… To the Death ! (70’)

 

NBC, 3 octobre 1976

Producteur exécutif Glen A. Larson

Produit par Lou Shaw

Ecrit par Glen A. Larson & Lou Shaw

Réalisé par E.W. Swackhamer 

Jack Klugman et Lynnette Mettey

Garry Walberg, Joseph Roman et Jack Klugman

 

Le Dr Quincy, médecin légiste à Los Angeles, doit abandonner sa jolie compagne Lee, une charmante hôtesse de l’air, pour se rendre sur une plage où l’on a découvert le corps de Dianne Johnson, jeune employée de la mairie, violée et étranglée. Il fait les premiers relevés puis se rend auprès d’un jeune homme, Peter Gordon, blessé par balle ; le Lt Monahan le soupçonne d’être le meurtrier de Dianne Johnson, dont on a retrouvé le portefeuille sur lui. Monahan, au demeurant, n’est pas enchanté de voir Quincy s’occuper de ces deux affaires : le médecin légiste est connu pour mettre en doute les évidences et jouer au détective au lieu de se cantonner à son rôle. De fait, Quincy n’est pas convaincu que le viol soit la première motivation du meurtre de Dianne Johnson, pas plus qu’il ne croit Peter Gordon coupable de ce crime. Son obstination à chercher des indices le rend vite insupportable au Lt Monahan autant qu’à son propre supérieur, le Dr Astin*, qui lui reproche de négliger son travail pour courir après des preuves de ses théories déplacées. Comme celles-ci tournent à l’obsession, Quincy met également à l’épreuve la patience de Lee, qui doit non seulement écouter ses théories mais aussi renoncer à passer un moment romantique avec lui.

Le suicide de Harold Marcus, un employé de la mairie, ne fait que confirmer à Quincy ses soupçons, d’autant que, selon lui, Marcus ne s’est pas pendu comme le laisse entendre un mot qu’il a laissé avant de mourir, mais a été pendu, et par quelqu’un de grand et fort. Quelqu’un qui aurait pu aussi étrangler Dianne Johnson, à en juger par les marques laissées sur le cou de la jeune femme. Quincy parle de ses soupçons à l’adjoint au maire Collins, qui ne donne aucune suite. De là à suspecter une sorte de conspiration au sein de l’Hôtel de Ville, il n’y a qu’un pas, et c’est bien suffisant pour Quincy. Et que dire de la mort d’une autre secrétaire six mois plus tôt, qui occupait justement le poste repris par Dianne Johnson ? La secrétaire est morte au Mexique et la version officielle est celle d’un accident dont son petit ami a miraculeusement réchappé.

Voulant en avoir le cœur net, Quincy se rend au Mexique… avec Lee, à qui il promet de petites vacances agréables. En fait de vacances, elle doit accepter de le voir exhumer le corps de la défunte ! Ses soupçons sont cependant confirmés : la femme a été étranglée avant l’accident. Comme s’il fallait encore convaincre Quincy qu’il y a là-dessous une véritable conspiration, Lee et lui échappent de peu à une tentative de meurtre sur les lieux mêmes où mourut la secrétaire. Lee passera la fin de ses vacances à l’hôpital pendant que Quincy retourne à Los Angeles, où une autre mort s’ajoute bientôt au tableau : celle d’un autre employé de la mairie, Arnold Bower. La découverte de chèques volés, d’une valeur de trois millions de dollars, fournit au Lt Monahan le lien qui manquait entre toutes ces morts, et à Quincy la pièce manquante de son puzzle théorique.

De retour au Mexique pour s’occuper (enfin !) de Lee, Quincy a, à l’hôpital, une illumination qui lui met entre les mains un indice enfin matériel : le « petit ami » de la secrétaire tuée a laissé derrière lui des radios faites après l’accident. Mais l’assassin s’est souvenu lui aussi de ces radios et il n’est pas loin derrière Quincy et Lee, qu’il attaque à l’hôtel où ils sont descendus. Bien que n’ayant aucune chance face aux bras puissants de l’assassin, Quincy réussit à le maîtriser jusqu’à l’arrivée de la police.

Et puisque l’affaire est enfin résolue, tandis que l’adjoint Collins se justifie devant les caméras de télévision, Quincy, lui, passe une soirée paisible sur le pont de son bateau, avec Lee, décidément bien patiente…

 

* Orthographié ensuite Asten, son nom apparaît sur la porte de son bureau : R.J. Astin, Deputy Coroner.

 

 

 

 

Monahan : « Ecoutez, Quincy, je travaille avec d’autres médecins légistes tous les jours, toute la semaine. Ils ne se mettent pas sur mon chemin, je ne me mets pas sur le leur et nous résolvons beaucoup d’affaires. »

Monahan : « Quincy, arrêtez de vouloir faire de ceci plus qu’un simple viol. » Quincy : « Je ne savais pas qu’une telle chose existait. »

Lee : « Quincy, tu es un malade ! » Ce cri du cœur échappe à la belle hôtesse quand elle surprend Quincy et Danny sur le bateau en train d’essayer de pendre une femme avec laquelle ils ont bu joyeusement au bar de Danny. Le but : démontrer qu’il faut être sacrément grand et fort pour avoir pu pendre Harold Marcus en voulant faire croire à un suicide !

 

Quincy : « Il y a une chose dans la vie à laquelle je ne me suis jamais habitué. C’est ce qu’il y a de mystérieux en elle. Quelque chose en moi réagit à chaque fois que je vois la vie s’éteindre avant son heure. Je veux y faire quelque chose. Je veux découvrir qui est responsable de cette chose affreuse, et la plupart du temps la victime peut pointer le doigt dans la bonne direction exactement comme si elle était encore en vie, mais seulement si l’on sait comment le voir. » C’est la fin du discours que tient Quincy au Dr Rivera pour le convaincre que, d’une certaine façon, les morts parlent (c’est aussi ce que dira, bien plus tard, Gil Grissom dans Les Experts) mais aussi pour expliquer son rapport très intime à son métier, qui est une branche très spéciale de la médecine (il parle de « paranoid training, pathology » et ajoute qu’il a appris à ne jamais rien tenir pour acquis et à tout mettre en question).

 

Quincy à six jeunes recrues de la police venues découvrir en quoi consiste le travail du médecin légiste : « Messieurs, vous êtes sur le point d’entrer dans la partie la plus importante et la plus fascinante du travail de la police : le monde de la médecine légale (forensic medicine), où les victimes de nombreux homicides se relèvent de la tombe et pointent leur doigt accusateur vers leur agresseur. » (55’) Cette introduction sera reprise dans le générique de la série : on y voit Quincy dévoiler un cadavre et les jeunes recrues s’évanouir ou se sauver pour aller vomir (encouragées par le spectacle de ce qu’un scalpel et une scie peuvent faire à un cadavre). C’est précisément le but recherché par Quincy dans cette scène : le Dr Astin lui ayant ordonné de faire cette présentation aux recrues, il a trouvé ce moyen de faire durer l’exercice aussi peu que possible afin de vaquer à ses investigations !

 

 

 

 

Pour que les choses soient claires, Monahan et Astin répètent à plusieurs reprises à Quincy ce qu’ils lui reprochent : « Cessez de jouer au détective, vous êtes docteur » (Monahan), « Vous êtes docteur, pas détective » (Astin). De fait, Quincy passe peu de temps dans son laboratoire et beaucoup plus à l’extérieur, à chercher des indices et importuner des gens qui n’ont que faire de ses soupçons. Le scénario s’appuie davantage sur ces allées et venues et sur des péripéties conventionnelles que sur les ressources de la médecine légale, à l’opposé de l’orientation qui sera donnée ensuite à la série. Quincy est victime de deux tentatives de meurtre et le finale met en scène un assassin qui lui tire dessus et essaie ensuite de l’étrangler : autant dire que Larson & Shaw restent sur des sentiers déjà battus et veulent faire de leur protagoniste un héros certes atypique par sa spécialité et son physique mais coulé dans le moule de l’empêcheur de conspirer en rond qui se retrouve exposé au danger à cause de sa curiosité et de son opiniâtreté. L’introduction du téléfilm, qui voit Quincy effectuer des relevés minutieux sur la scène de crime, relève finalement du simple gimmick, car la science médicale est ensuite peu explorée. Quincy s’appuie certes sur des constatations mais fonctionne beaucoup à l’intuition – ce qui, encore une fois, n’est pas nouveau.

Le traitement de Lee, la petite amie, est lui aussi représentatif de la méthode Larson. Une charmante hôtesse de l’air, quoi de moins inattendu ? Le scénario la dote d’une patience infinie, indispensable pour la faire rester auprès de Quincy étant donné la manière dont il la traite. Incapable de se détendre et d’oublier son travail, Quincy poursuit sa bien-aimée avec ses réflexions et ses théories et la laisse en plan tout au long du téléfilm. Quincy lui-même ne comprend pas une telle indulgence : « Elle sourit à tout ce que je fais ! » s’écrie-t-il, perplexe. Finalement, après avoir manqué mourir et fini ses prétendues vacances sur un lit d’hôpital, elle… se réjouit de l’originalité de cette escapade mexicaine !

Tout cela va dans le sens de la légèreté. Autant ses rapports tendus avec Monahan et Astin que sa relation avec Lee sont traités ici comme des motifs de comédie, et la patience angélique de la belle hôtesse de l’air est une invitation à l’indulgence du spectateur : dans le monde réel, Quincy serait considéré comme a pain in the ass, et c’est ce qu’il est aux yeux de Monahan et Astin, mais ce qui compte ici, n’est-ce pas, c’est que ce sont ses défauts qui permettent au spectateur de se délasser en suivant les péripéties de son enquête.

Etant donné l’évolution future de la série, cette introduction a presque valeur historique. Elle témoigne de ce qu’aurait pu être Quincy M.E., et qu’elle ne fut finalement pas : une « simple » série de détective (médical certes, mais détective quand même) avec pour seul objectif l’entertainment. Jack Klugman en a décidé autrement, en poussant producteurs et scénaristes à plus d’authenticité, de pertinence médico-légale et de préoccupation sociale.

 

 

 

 

 

1.02  Who’s Who in Neverland  (70’)

 

NBC, 10 octobre 1976

Producteur exécutif Glen A. Larson

Produit par Lou Shaw

Scénario : Michael Kozoll et Richard M. Powell, histoire de Richard M. Powell

Réalisé par Steven H. Stern

L'une des Dames de l'épisode, Carol Lynley

Les méchants (Monte Markham et Andy Romano)

 

Margo Bentley prévient son éditeur Arthur Ellis qu’elle poursuivra l’écriture de son livre dans un motel, sous une identité d’emprunt, afin de ne pas être perturbée dans son travail. Ce livre où elle doit parler sans fard de gens connus cause de vives inquiétudes qui réjouissent son éditeur mais dérangent Margo. Elle ignore que sa conversation téléphonique est écoutée par un homme sur la plage, à quelques pas de sa maison, grâce à un micro. Ce soir-là, alors qu’elle prend sa douche dans sa chambre du Sunset Motel, où elle s’est enregistrée sous le nom de Barbara Miller, l’homme s’introduit dans son appartement. Il porte un masque sur le bas du visage au moment où il sort d’une boîte un produit manifestement très toxique.

Quand Barbara Miller est trouvée morte, tout indique que cette inconnue exerçait la profession de prostituée et qu’elle est morte d’une cirrhose foudroyante. Rien de troublant pour le Dr Asten qui, contre l’avis de Quincy, expédie le dossier et laisse une société de pompes funèbres emporter le corps après autopsie afin de le faire incinérer. Mais les prélèvements effectués sur Barbara Miller intriguent Quincy, et plus encore lorsque l’on découvre que le médecin et l’avocat qui se sont occupés des formalités avec le funérarium sont des imposteurs. Malheureusement, une fois le corps incinéré, il ne reste que les éléments gardés au laboratoire pour pousser plus loin les investigations. Quincy n’est cependant pas homme à abandonner la partie et il enquête personnellement sur cette Barbara Miller, dont il parvient à établir la véritable identité, en dépit du scepticisme d’Asten autant que du Lt Monahan. L’examen approfondi des prélèvements révèle la présence dans son organisme d’un bacille inconnu qui a littéralement détruit le foie. Quincy va jusqu’à New York pour rencontrer l’éditeur, Arthur Ellis : mais celui-ci vient de mourir… d’une cirrhose foudroyante. Et son corps doit être incinéré !

Quincy doit tromper tout le monde, de la veuve Ellis aux employés des pompes funèbres en passant par le distingué médecin légiste qui a refusé de le laisser examiner le corps du défunt, afin de parvenir malgré tout à effectuer sur celui-ci un prélèvement qui démontre la présence du même bacille. Entre-temps, à L.A., Babitch à qui Quincy a confié la mission d’en découvrir plus sur le bacille obtient un résultat : il s’agit d’un bacille mis au point par l’armée dans le cadre des recherches sur les armes bactériologiques, et censé avoir été détruit. Lynn Dettwiller, l’assistante d’Ellis, que Quincy avait rencontrée fortuitement chez Margo Bentley où elle se faisait passer pour Lynn Dressler, agent immobilier, alors qu’elle cherchait en fait à mettre la main sur le manuscrit disparu de Margo, lui apprend que dans son livre Margo devait faire des révélations sur deux militaires qu’elle avait rencontrés à l’étranger et qui étaient impliqués dans différents trafics. L’un d’eux, l’homme qui espionnait Margo Bentley, tombe sur Quincy et Lynn alors que le légiste s’apprête à repartir pour L.A. avec le précieux échantillon prélevé sur le foie d’Arthur Ellis…

 

 

 

 

L’antagonisme de comédie entre Quincy, Asten et Monahan (et en fait à peu près tout le monde en face du médecin légiste détective !) occupe encore une large place dans ce scénario où le souci de productivité d’Asten complique l’investigation du héros et où l’obstination de celui-ci donne des migraines à son patron. Dans un souci de varier les situations, les scénaristes mettent en scène une fusillade urbaine à la SWAT (tournée dans les studios Universal), uniquement pour montrer comment l’opiniâtreté de Quincy poursuit le Lt Monahan jusque dans les endroits les plus improbables. Alors que policiers et malfrats échangent des coups de feu, Quincy, à peu près indifférent à la situation, veut absolument obtenir un service de Monahan qui n’en peut plus de l’avoir à ses basques et finit par le chasser avec fureur ! Quincy s’oppose aussi à un médecin légiste qui voit d’un mauvais œil son ingérence et n’apprécie pas de voir ses compétences mises en question au nom de l’expertise de pathologiste que revendique Quincy.

L’élément médical est au cœur de ce mystère, bien plus que dans le téléfilm pilote. Le bacille utilisé comme arme du crime renvoie aux recherches bactériologiques menées par le Département de la Défense américain, notamment le Projet 112 de 1962 à 1973, longtemps classé secret défense. Ces recherches ont aussi fourni plusieurs idées de scénario aux auteurs de Hawaii Police d’Etat au début des années 1970.

Bien que créditée au générique, Lynnette Mettey n’apparaît pas dans cet épisode.

 

1.03  A Star is Dead  (70’)

 

NBC, 28 novembre 1976

Producteur exécutif Glen A. Larson

Produit par Lou Shaw

Ecrit par Lou Shaw et Michael Kozoll et Glen A. Larson

Réalisé par Noel Black

Une star morte (Donna Mills)

Une audience à rebondissements

 

Le week-end en amoureux de Quincy avec Lee est contrarié par l’arrivée intempestive de Sam sur le bateau du légiste : la star de l’écran Roberta Rhodes a été retrouvée morte chez elle. Elle semble s’être suicidée en avalant des barbituriques. Mais un journaliste, Paul Reardon, qui travaille pour un journal à scandale, Outcry, révèle à Quincy, en privé, que le député Charles Sinclair, un ami personnel de Quincy, était avec elle le soir de sa mort et qu’ils avaient une liaison. Puis la mère de l’actrice, Clara Rhodes, qui vivait avec elle, fait au Lt Monahan une déposition accablante : elle affirme que Sinclair est passé voir sa fille la veille, qu’ils ont eu une dispute au cours de laquelle le député l’a frappée, elle-même, avant de tourner sa colère contre Roberta et de la tuer. Quincy veut croire en l’innocence de son ami Sinclair mais il est forcé de constater que ce dernier lui a menti, en prétendant d’abord qu’il n’avait pas vu Roberta depuis des semaines, ayant rompu avec elle, puis en avouant ensuite à la police qu’il avait effectivement vu l’actrice la veille, mais chez lui, et qu’elle était repartie bouleversée par leur rupture.

Reardon, qui cherche le scoop, manipule l’un des employés du service du coroner, Freddie Voss, pour obtenir de lui des informations confidentielles émanant du laboratoire de Quincy. Ainsi, lorsque la marque de la bague de Sinclair est découverte sur la peau de Roberta Rhodes, Reardon peut-il l’annoncer publiquement à la télévision avant même que Quincy n’ait communiqué l’information au Lt Monahan. Quincy espérait, en retenant l’information jusqu’au lendemain, découvrir de nouveaux éléments permettant d’innocenter Charles Sinclair, compte tenu du fait qu’une conclusion de suicide et une conclusion de meurtre avaient des conséquences bien différentes pour l’entourage de la star : en cas de suicide, la compagnie auprès de laquelle elle avait souscrit une assurance-vie d’un million de dollars peut refuser de verser la prime, laissant la mère de la star sans rien ; en cas de meurtre, en revanche, Clara Rhodes toucherait cette prime, et même le double, en vertu du contrat d’assurance. De quoi mettre en doute le témoignage accablant de la mère de la star.

Une enquête du coroner est ouverte et l’audience est présidée par le Dr Astin. Quincy y conclut au suicide, tandis que le Lt Monahan déclare avoir suffisamment d’éléments pour ouvrir une enquête pour meurtre. L’absence de Sinclair à la première audience joue en défaveur du député, d’autant plus qu’un nouveau témoignage l’accable : celui de Floyd Baker, l’assistant de Reardon, qui déclare s’être trouvé derrière les fenêtres de la star au moment de la visite du député, et avoir été témoin du coup porté à Roberta Rhodes, laissée inconsciente par le député.

En avouant à Quincy sa faute, Freddie Voss apporte cependant un élément nouveau : Reardon en effet lui a fait écouter un morceau de l’enregistrement d’une conversation téléphonique qu’il a eue avec Roberta Rhodes ce soir-là, après l’heure de la visite de Sinclair. L’actrice était donc toujours vivante et Reardon est la dernière personne à lui avoir parlé avant sa mort. Quincy obtient la bande grâce à un mandat et la fait écouter lors d’une nouvelle audience. Elle apporte la preuve du harcèlement auquel se livrait le journaliste auprès de la star, qu’il menaçait de salir si elle ne lui donnait pas de quoi ruiner la réputation de Sinclair. L’appel de Reardon est, en définitive, ce qui a poussé Roberta Rhodes au suicide. Mrs Rhodes, l’ayant entendu, revient sur son témoignage et démontre que Sinclair, en dépit des ajustements qu’il a faits à la vérité, a été honnête.

Un ultime coup de théâtre clôt l’enquête du coroner lorsque, à la sortie de la salle d’audience, l’ex-mari de Roberta Rhodes brandit soudain un revolver et tire sur Paul Reardon…

 

Jack Klugman et Robert Foxworth (Charles Sinclair)

Robert Foxworth et Donna Mills (Roberta Rhodes)

 

Un scénario exemplaire. Les éléments de l’intrigue sont développés avec une rigueur parfaite, faisant place à quelques séquences de flashback qui donnent vie à la star décédée et s’appuyant sur des caractères présentés et développés sans recherche d’un spectaculaire factice, depuis le député Sinclair jusqu’à l’assistant de laboratoire Freddie Voss. L’ex-mari, absent de toute la première partie de l’épisode, est introduit avec habileté pour permettre le coup de théâtre final. L’enquête du coroner (« This is not a court of law, this is a coroner’s inquest », rappelle Quincy à Reardon) occupe le troisième acte comme les scènes de tribunal dans Perry Mason ou Arrest and Trial (et plus tard Law & Order) et sont conduites avec précision et efficacité. La vie privée de Quincy ménage plusieurs parenthèses bienvenues à travers les scènes partagées avec Lee sur le bateau et chez Danny. Sans conteste le meilleur des trois premiers épisodes, servi par une mise en scène également exemplaire de Noel Black.

Astin à Quincy : « You are not a district attorney, you are not a detective, you are a scientist. »

Monahan à Quincy : « I resent private investigating on a public time. »

On apprend (par Floyd Baker), que Quincy a abandonné un cabinet privé très lucratif pour devenir médecin légiste.

Le nom de R. J. Astin apparaît de nouveau clairement à l’écran lors de l’audience du coroner.

 

 

 

 

 

1.04  Hot Ice, Cold Hearts (70')

 

NBC, 2 janvier 1977

Producteur exécutif Glen A. Larson

Produit par Lou Shaw

Ecrit par Sean Baine

Réalisé par Bruce Kessler

Ah ! les vacances dans le Pacifique (Quincy et Lee) !

Mais "la mort ne prend pas de vacances" (dixit Quincy)!

 

Quincy emmène Lee à Catalina Islands pour le week-end du 4 juillet. Mais ils ont à peine ancré leur bateau dans le port qu’un plongeur repêché presque mort sollicite la présence de Quincy, qui parvient à le garder en vie. En examinant le patient à l’hôpital, Quincy découvre sur lui une épine de poisson que le biologiste marin Wren identifie comme une épine de poisson-pierre, une espèce normalement absente des eaux du Pacifique. Wren refuse d’ailleurs de croire qu’un tel poisson puisse effectivement se trouver dans les eaux de Catalina mais Quincy, au nom du principe de précaution, insiste – avec force – pour que le biologiste effectue des recherches sous-marines afin de s’en assurer. Pendant ce temps, la pauvre Lee est bien obligée de s’occuper toute seule : par chance, à chaque fois que Quincy l’abandonne, elle trouve quelqu’un pour passer du temps avec elle. Ce sont d’abord David et Maria Moreno, un frère et une sœur, qui l’invitent à partager leur repas ; puis un Français, Jacques, qui se promène avec elle sur le port ; enfin, un Allemand, Horst Muller, qui lui tient compagnie au restaurant quand Quincy se sauve… pour pratiquer l’autopsie du plongeur, Juan, finalement décédé à l’hôpital. Tous ces « amis » providentiels sont en vérité impliqués dans les événements qui sollicitent l’intervention de Quincy et Lee est leur moyen de se tenir informés de ce que fabrique le médecin légiste.

Le venin du poisson-pierre a en effet été injecté à Juan par un couple de voleurs, Alex Kale et Lisa, qui sont à Catalina pour vendre au plus offrant – le Français, l’Allemand ou un Scandinave, Norkwist, qui n’est pas encore arrivé – les diamants qu’ils ont volés à Mexico, et que Juan a voulu leur voler. David et Maria sont des agents du Trésor américain qui surveillent le Jolly-O, le yacht d’Alex et Lisa, en attendant d’être sûrs qu’ils ont bien les diamants avec eux. Juan était censé mourir sans attirer les soupçons mais l’obstination de Quincy à enquêter sur la piqûre du poisson-pierre contrarie le plan des voleurs et risque de compromettre la surveillance des agents fédéraux. D’autant plus lorsque Quincy se persuade que la mort de Juan ne peut pas être accidentelle. Il harcèle le shérif Parsons et le Dr Egan pour qu’une autopsie soit pratiquée ; puisqu’ils ne veulent pas l’autoriser à Catalina, il prélève des échantillons de sang et de tissus pour les emporter sur le continent et les analyser dans son laboratoire. Mais il est attaqué et les échantillons sont volés ! Qu’à cela ne tienne : il en obtient de nouveaux et, cette fois, Parsons les emporte personnellement jusqu’à Los Angeles. Là, à sa grande surprise, le Dr Astin lui apprend que les examens n’ont rien révélé d’anormal, et c’est la réponse qu’il rapporte à un Quincy perplexe.

Astin a en fait reçu un appel des autorités fédérales lui ordonnant de faire cette réponse à Parsons afin que l’ingérence de Quincy s’arrête là. Mais la mort brutale du Pr Wren, victime à son tour d’une piqûre de poisson-pierre en plongeant dans le port, ne fait que confirmer les soupçons de Quincy, en dépit de l’échec des examens. Son obstination oblige Astin à lui révéler les dessous de l’affaire. Ce soir-là, alors que David Moreno se trouve en difficulté après être monté sur le Jolly-O pour espionner les voleurs et leurs acheteurs, une ultime intervention de Quincy, qui entraîne à sa suite le shérif Parsons, permet de mettre en échec les truands…

 

 

 

 

Le cadre de Catalina Islands offre un dépaysement que d’autres séries de l’époque s’autorisent volontiers (Cannon, Mannix, plus tard Supercopter s’offrent un épisode à Catalina). C’est l’exotisme du cadre qui remplace ici le caractère captivant de l’épisode précédent ; l’intrigue est moins prenante mais la présence de Lee Porter (Lynnette Mettey) en petite amie toujours délaissée – et parfois sans grand ménagement – par Quincy garantit l’équilibre entre la part policière et la part personnelle, mettant en exergue la dévotion du médecin à son métier : celui de médecin… et celui de détective. Stuart Whitman en shérif Parsons et Angus Duncan en Dr Egan remplissent la fonction d’antagonistes-alliés habituellement dévolue à Monahan. Whitman et Klugman partagent plusieurs scènes mais une, en particulier, est savoureuse : le shérif Parsons demande à Quincy de tenir une béquille en bois qu’il brise d’un revers de main avant d’ajouter qu’il est « un homme d’action » et qu’il est prêt à se servir de la même force sur Quincy s’il persiste à lui gâcher la vie avec ses soupçons, ses enquêtes et ses autopsies ! A quoi le légiste répond qu’il peut bien l’effrayer, il ne l’empêchera pas de chercher la vérité ! Incorrigible, le Quincy, et Alex Kale l’appelle « bulldog » : Lee, elle, en dépit de ses déceptions à répétition, ne peut s’empêcher de l’admirer pour son opiniâtreté et la justesse de ses intuitions. Heureusement pour lui !

En décrivant Astin à Parsons, Quincy ne peut qu’être honnête… et donc désagréable.

Crédités au générique, Monahan, Brill et Danny n’apparaissent pas.

 

1.05  Snake Eyes Part I

 

NBC, 4 février 1977

Producteur exécutif Glen A. Larson

Producteur superviseur Lou Shaw

Produit par Michael Sloan et Robert F. O’Neill

Scénario : Joel Oliansky et Michael Sloan, histoire de Lou Shaw

Réalisé par Joel Oliansky

Quincy et DeGroot (William Mims) impuissants

et gangsters inquiets (Val Avery et Joey Foreman)

 

Quincy est à Tahoe avec Lee pour assister à un séminaire de médecins pathologistes. Il est soudain appelé à l’aide par la direction de l’hôtel Nomad, où se tient le séminaire, pour prendre en charge plusieurs patients brusquement tombés malades, tant parmi les clients qu’au sein du personnel. De la fièvre et de grosses difficultés à respirer sont les symptômes les plus visibles. Quincy découvre bien vite qu’il ne s’agit pas de « quelques » patients mais de près d’une vingtaine déjà, et le nombre semble continuer d’augmenter. Il reçoit l’aide de plusieurs de ses collègues tandis que le directeur de l’hôtel, Al Ringerman, se montre plus inquiet de l’image de son établissement que de la gestion de la crise sanitaire. Le Dr Larry Pines, qu’il a d’abord appelé, a vite été débordé et Quincy et ses collègues se découvrent rapidement démunis : un homme meurt rapidement, puis une petite fille, sans que les médecins aient la moindre idée de ce à quoi ils ont affaire.

Quincy craint une affection virale du genre légionellose, qui pourrait provoquer une épidémie si elle n’est pas très vite enrayée. Des patients sont transférés à l’hôpital le plus proche et les clients quittant l’hôtel sont invités à se prêter à un examen médical afin de s’assurer qu’ils n’emportent pas la maladie avec eux. Le secret souhaité par Ringerman ne tient cependant pas longtemps et la presse diffuse très vite l’information, provoquant une panique au sein des clients, qui se bousculent pour quitter les lieux au plus vite. Quincy doit intervenir pour tenter de ramener le calme, de rassurer les gens et de contrôler la crise. Il contacte Astin à Los Angeles afin de le prévenir de l’arrivée de prélèvements qu’il a effectués et qui seront mieux analysés avec les moyens du laboratoire de pathologie.

Au milieu de toute cette agitation, un homme semble complètement étranger à la panique car il a ses propres soucis. Rawley Dinehart, dont la réputation de gangster n’est plus à faire, est descendu dans cet hôtel avec sur lui 300.000 $ que ses associés l’ont chargé d’investir dans l’hôtel de Ringerman. Mais il est pris par une fièvre, lui aussi : celle du jeu, et la fortune qu’il transporte y passe entièrement, sous le regard désespéré de son associé Harv Bracken…

 

 

 

 

Le scénario s’inspire d’un fait très récent : en juillet 1976, 29 personnes moururent d’une infection inconnue que l’on appela « Legionnaire’s disease » parce que les victimes participaient à un séminaire de l’American Legion dans un hôtel de Philadelphie. 182 personnes furent atteintes. La bactérie finalement isolée fut appelée légionellose. Ici, la maladie est appelée « Legion fever » par Quincy, en référence aux événements de Philadelphie.

Danny est à Tahoe avec Quincy et Astin est joint par téléphone par Quincy ; les autres protagonistes (Sam, Monahan, Brill) n’apparaissent pas.

 

 

1.06  Snake Eyes Part II

 

NBC, 4 février 1977

Producteur exécutif Glen A. Larson

Producteur superviseur Lou Shaw

Produit par Michael Sloan et Robert F. O’Neill

Scénario : Joel Oliansky et Michael Sloan, histoire de Lou Shaw

Réalisé par Joel Oliansky

Quincy et le Dr Pines (Frank Converse)

Danny et Harv Bracken (Joey Foreman)

 

La panique est maîtrisée tant bien que mal et les clients se prêtent à l’examen médical exigé avant tout départ. Rawley Dinehart déclare bientôt les symptômes et est hospitalisé à son tour. Bracken et ses associés y voient une opportunité : Bracken étouffe Dinehart sous son oreiller, espérant faire passer sa mort pour une conséquence de la maladie, puis il diminue de moitié l’offre d’achat de l’hôtel, que Ringerman accepte en désespoir de cause. Mais Quincy décèle les traces de l’étouffement et charge Danny de surveiller (plus ou moins discrètement) Bracken. Alors que la maladie a fait désormais sept victimes, les examens n’en révèlent toujours pas la nature, pas davantage ceux que pratique Sam à Los Angeles. La réponse est finalement trouvée par Larry Pines, à la suite du décès de son chien. Cherchant le dénominateur commun entre l’animal et les clients de l’hôtel, il conclut à un empoisonnement plutôt qu’un virus et pratique une autopsie avec cette idée en tête ; il découvre ainsi quel produit a provoqué l’empoisonnement et comment il a produit les symptômes observés. Il connaît alors son heure de gloire devant les journalistes et retrouve une chose qu’il avait perdue depuis longtemps : la fierté dans le regard de sa femme. Quincy, lui, est perplexe. Tout en livrant Bracken à la police sur la base des observations qu’il a faites sur Dinehart, il enquête sur Larry Pines et découvre qu’il a déjà, dans ses années d’études de médecine, été affronté à un empoisonnement identique. La mort du chien n’était en réalité qu’une mise en scène ultime pour expliquer la découverte d’un empoisonnement qu’il a lui-même provoqué. Pourquoi ? Pour reconquérir sa femme !

 

Après une première partie bien menée, qui exposait rapidement la situation et établissait la tension, cette seconde partie marque le pas. Elle s’intéresse davantage aux personnages en explorant leurs motivations. Le comique Ronnie Fletcher confirme qu’il n’est là que pour distraire un peu le propos et y instiller un brin de légèreté. Quant au gangster Rawley Dinehart, il ouvre une fausse piste et apporte surtout une intrigue secondaire de nature policière. L’ensemble donne malgré tout le sentiment d’une sauce allongée à force d’artifices pour atteindre une durée totale de 90 minutes, alors que l’intrigue aurait été mieux concentrée en 50 ou 70 minutes. Le comble est que Quincy n’a presque rien à faire dans cette seconde partie, sinon attendre le dernier acte pour faire éclater deux vérités et démasquer deux meurtriers.

Astin, cette fois, n’apparaît pas, mais Sam oui, dans deux scènes à peu près inutiles puisqu’il ne découvre rien qui fasse avancer l’histoire.

On notera la mort maladroite du chien de Pines : alors qu’il est censé être mort, il respire encore visiblement et on le voit même fermer l’œil.

 

 

1.07  The Thigh Bone’s Connected to the Knee Bone... (72')

 

NBC, 11 février 1977

Producteur exécutif Glen A. Larson

Produit par Lou Shaw

Scénario : Lou Shaw, histoire de Tony Lawrence et Lou Shaw

Réalisé par Alex March

Quincy aux prises avec Asten et Monahan

Un nouvel enseignant à la fac : Dr Quincy

 

Une nuit, un homme s’introduit sur un chantier de construction à l’Université et emporte des ossements humains enfouis dans le sol. Il oublie un fémur, cependant, qu’un ouvrier découvre le lendemain ; mais le chef de chantier, redoutant la fermeture du site pour enquête, lui ordonne de se débarrasser de l’os. Il finira dans un laboratoire de l’Université, retrouvé et ramassé par une étudiante, Sue Courtland, et suscitera la curiosité d’un nouveau professeur, chargé du cours de médecine légale : Quincy ! Celui-ci, voyant sur l’os des traces suggérant une blessure par balle, veut retrouver le reste du corps. Il entraîne ses étudiants sur le chantier, où il ordonne l’arrêt des travaux afin de pouvoir creuser le sol. Puis il emmène son groupe dans une décharge municipale, à la recherche des ossements qui y auraient été jetés. Monahan, furieux, sort Astin de son bureau pour ordonner la reprise des travaux sur le chantier et mettre fin à l’embouteillage créé par Quincy à la décharge.

Mais Quincy ne s’avoue pas vaincu. Il décide de consacrer tous ses cours à l’Université à l’étude de cet os, à la reconstruction lente et minutieuse du corps manquant et à la recherche de tous les éléments que ce frêle vestige d’humanité peut encore livrer. Il veut savoir comment cette personne a été tuée, et qui elle était. D’abord sceptiques, les étudiants se prennent au jeu mais celui-ci se révèle dangereux : car l’homme qui a voulu faire disparaître les ossements suit de près les investigations de Quincy et de sa classe, il attaque Sue Courtland chez elle pour tenter de s’emparer de l’os qu’elle a rapporté avec elle, puis il agresse Frank Hailey, un autre étudiant. Lee s’inquiète des conséquences que le projet de Quincy peut encore avoir sur ses élèves, qui ne sont que des enfants. Monahan, lui, s’arrache les cheveux et s’époumone à cause de la publicité suscitée par l’obsession de Quincy, qui provoque une manifestation d’étudiants protestant contre la violation d’un cimetière indien : ils ont supposé, à tort, que le fémur retrouvé était celui d’un indien, et Quincy doit venir leur expliquer qu’ils se trompent, arguments scientifiques à l’appui ! 

Malgré tout, le travail de Quincy et de ses étudiants finit par les conduire très près de la vérité. En suivant leurs hypothèses, ils retrouvent la trace du mort, prétendument enterré des années plus tôt au Texas, nommé Charles Trout Jr, et même celle du possible meurtrier, Robert Gideon. Quincy va jusqu’au Texas pour rencontrer le père du disparu ainsi que le coroner, qui lui montre des radios du corps enterré sous le nom de Trout, radios qui prouvent que ce corps n’était pas celui de Trout. Le vrai Charles Trout a été enterré par son meurtrier à Los Angeles, sur le site aujourd’hui creusé par les ouvriers. Quincy compte sur la persévérance du meurtrier pour le forcer à sortir du bois…

 

Stephen Macht
Tina Andrews

 

Linda Kelsey
John Chandler

 

Elisha Cook
Louis Guss

 

La première partie est exemplaire de la manière de construire un « Quincy case » à partir d’un enchaînement de circonstances insolite : le voyage d’un os humain jusque sous les yeux de Quincy, transformé en enseignant, puis la transformation d’une idée fixe en une véritable enquête avec péripéties et découverte progressive de la vérité. La suite est plus improbable : il faut vraiment un bel effort de crédulité du spectateur pour accepter qu’un simple fémur conduise à l’identité d’une victime dont personne ne soupçonnait le meurtre, qui plus est enterrée à des milliers de kilomètres de là et depuis bien longtemps. On retiendra, en marge de l’investigation, la patience angélique de Lee mais aussi sa crise de nerfs passagère devant la « folie » de Quincy et les risques qu’il prend et qu’il fait prendre aux autres, en l’occurrence ses étudiants. Ce sera l’ultime apparition de Lee, écartée avec le passage au rythme hebdomadaire.

Monahan : « Il n’y a que Quincy qui puisse provoquer un embouteillage monstre à l’entrée d’une décharge municipale ! »

Quincy (au sujet d’Astin) : « The man’s got a problem. » Sam : « He’s suffering from chronic Quincy ! » (« Ce type a un problème. – Il souffre de Quincite aiguë ! »)

 

Quincy tient l'os du litige devant Monahan. A son côté : Lynnette Mettey (Lee).

Derrière : Stephen Macht, Fred Grandy, Ron Thompson (les étudiants).

 

 

1.08  Visitors in Paradise

 

NBC, 18 février 1977

TF1, 26 septembre 1987 (dans La Une est à Vous)

Producteur exécutif Glen A. Larson

Producteur superviseur Michael Sloan

Produit par Robert F. O’Neill

Ecrit par Michael Sloan

Réalisé par Ivan Dixon

Pernell Roberts (le shérif)

 

Jack Kelly (le mari)

 

Hilary Thompson (en détresse)

 

Quincy et Danny arrivent dans la petite ville de Paradise pour y passer des vacances à pêcher sur le lac. Mais ils ont à peine commencé qu’une jeune femme les y aborde : elle s’appelle Jessie Cassey et un détective privé qu’elle avait engagé lui a certifié que le Dr Quincy était venu spécialement pour l’aider ! Le détective a quitté la ville et Quincy, en entendant l’histoire de la jeune femme en détresse, ne peut faire mieux que d’accepter de l’aider. Sa mère Laura Devlin a été assassinée le 7 août dernier et son père, qui avait divorcé d’elle quelques années plus tôt et était passé la voir, a été accusé de l’avoir tuée en essayant de la cambrioler. En commençant à fouiner (au grand désespoir de Danny qui se retrouve seul sur le lac !), Quincy se rend compte que toute la ville se satisfait de la conclusion de l’enquête et que l’intérêt qu’il porte à l’affaire dérange. Le directeur de l’hôtel, Howard Garfield, qui l’avait accueilli avec le sourire, lui déclare subitement qu’il n’y a plus aucune chambre de libre, et bientôt une voiture force Quincy à quitter la route. Ses deux occupants, Cullis et Stone, cherchent à l’intimider en brisant les vitres de son véhicule, et le soir même quelqu’un tire sur son pare-brise.

Quincy appelle Sam au secours : Sam arrive donc à Paradise et l’aide à examiner le sang dont était couverte la chemise que portait John Cassey lorsqu’il a été arrêté. Le shérif a accepté de confier à Quincy cette pièce à conviction qui fut l’élément déterminant de la condamnation de Cassey : on a supposé en effet que le sang était celui de la victime. L’examen que pratiquent Quincy et Sam utilise une avancée récente (1968) qui permet de déterminer si du sang est celui d’un homme ou d’une femme. En l’occurrence, celui de la chemise de Cassey est celui d’un homme, ce qui confirme l’explication qu’il avait donnée à l’époque, prétendant avoir saigné du nez tandis qu’il poursuivait le meurtrier de Laura Devlin. Personne n’a cru à cette explication jugée fantaisiste. Le shérif Connolly, aujourd’hui, estime qu’il y a matière à rouvrir le dossier. Garfield et le directeur du journal local, Joe Crawford, viennent alors confesser au shérif ce qu’ils savaient depuis le début mais qu’ils ont tu par crainte des représailles : Laura Devlin a été tuée par son mari Peter, patron de la Devlin Construction Company. Ils n’étaient pas seuls à le savoir, et tous ont préféré laisser accuser Cassey plutôt que de révéler la vérité…

Jack Klugman et Val Bisoglio sont sur un bateau...

Jack Klugman, Pernell Roberts, Robert Ito

 

Le premier épisode diffusé en France, dans le cadre de « La Une est à Vous », un samedi après-midi, dix ans et demi après la diffusion aux Etats-Unis. Un choix apparemment logique puisqu’il s’agit du premier épisode « régulier » du format 50’ de la série (si l’on excepte l’épisode en deux parties « Snake Eyes »), mais pas si logique que cela dans la mesure où Quincy y opère en dehors de son environnement « normal ».

Si le cadre est atypique, cependant, le principe est respecté : Quincy dérange tout le monde en cherchant une vérité que la ville préfère ne pas connaître. La médecine légale intervient dans le dernier acte, permettant le dénouement par l’utilisation d’une avancée de la recherche que Quincy explique à son auditoire. Comme dans un whodunit classique, cet auditoire est constitué des personnes impliquées dans la dissimulation, parmi lesquelles se cache le meurtrier.

On remarquera la jeune Jamie Lee Curtis (18 ans) dans une petite apparition : elle se change dans la cabine d’une boutique pour femmes lorsque Quincy écarte malencontreusement le rideau, à la recherche de quelqu’un d’autre.

 

 

1.09  The Two Sides of Truth

 

NBC, 25 février 1977

Producteur superviseur Michael Sloan

Produit par Robert F. O’Neill

Ecrit par Eugene Thompson

Réalisé par Ronald Satlof

Barry Sullivan & Jack Klugman

Aimee Eccles (la maladroite Alice)

 

Quincy est ravi de retrouver au tribunal le Dr Herbert Stone, avec qui il a tout appris. Stone a pris sa retraite après 37 ans de médecine légale et travaille aujourd’hui comme consultant pour la défense. Quincy étant, lui, au service de la ville, leurs déclarations devant le tribunal se contredisent : Stone en effet met en question les conclusions de Quincy, qui est surpris mais respecte trop son mentor pour s’opposer ouvertement à lui. Ils se retrouvent cependant sur une autre affaire où, de nouveau, Stone contredit le légiste ; cette fois, pourtant, Quincy refuse de laisser le dernier mot à son respectable aîné. Il s’agit de l’identification d’un corps retrouvé carbonisé après un incendie ; Stone affirme qu’il s’agit bien de William Farrell, l’un des dirigeants de l’entreprise au sein de laquelle l’incendie a eu lieu, tandis que Quincy le nie. Il assure pouvoir fournir la preuve de ses conclusions lors d’une commission d’enquête présidée, à son corps défendant, par le Dr Asten. Ce faisant, il contrarie les plans de Farrell qui, bien vivant, veut faire croire à sa mort afin que sa femme touche une coquette somme de l’assurance. Afin d’empêcher Quincy de poursuivre ses recherches en laboratoire, Farrell l’agresse dans son bateau en faisant croire à un cambriolage. Mais Quincy a tôt fait de quitter l’hôpital en dépit des ordres des médecins et du Lt Monahan. Il a été stupéfait des déclarations de Maxwell Wilbur, qui représente la compagnie d’assurance ; Wilbur affirme que Stone s’est déjà parjuré plusieurs fois devant la Cour en apportant un avis d’expert qui fait fi de la vérité pour donner l’avantage à ses employeurs.

Complétant ses recherches, Quincy est en mesure de prouver que l’homme carbonisé n’est pas Farrell. Avant de témoigner, cependant, il veut convaincre Stone de revenir à la raison ; mais Stone, que sa mise à la retraite a laissé pratiquement sans le sou avec une femme malade dont l’état nécessite des soins coûteux, refuse de l’entendre. Même devant la preuve décisive présentée par Quincy, il est prêt à apporter un témoignage contradictoire. Quincy le lui épargne en demandant un ajournement au cours duquel il pousse les Farrell à la faute et permet à Monahan de retrouver et d’arrêter William Farrell.

Asten offre à Stone un poste de consultant, certes moins rémunérateur que sa précédente activité mais plus honnête, à la grande joie de Quincy.

 

 

 

 

L’enquête sert ici de prétexte à l’affrontement de Quincy et de son ancien mentor, qui se noue autour de l’admiration sans faille que ressent Quincy à l’égard de Stone. Admiration qui se heurte à l’opiniâtreté de Quincy (qualifiée d’entêtement par son mentor) lorsque la vérité est mise en cause. Quincy accomplit ainsi un parcours qui le mène de la soumission servile à l’opposition ouverte, mettant en lumière la vérité non seulement devant la Justice mais dans les cœurs, lorsqu’il amène Stone à confesser le cynisme intéressé auquel l’a conduit l’amertume de sa mise à la retraite et de sa situation personnelle. Jusqu’au bout, pourtant, Quincy refuse de compromettre l’homme qui lui a tout appris et lui offre un moyen d’éviter le parjure devant un tribunal, pour finalement lui ouvrir une porte de salut qui permettra à Stone de retrouver son intégrité.

Le scénario offre à Sam Fujiwara le contrepoint comique de l’épisode en le mettant en présence d’Alice Ting, une assistante de laboratoire pour qui visiblement il en pince mais qui se distingue par une maladresse chronique : on la voit renverser un plateau posé négligemment sur le bord d’une table mais, surtout, on voit par deux fois Sam apparaître avec une blouse maculée de café… renversé par Alice.

 

 

1.10  Hit and Run at Danny’s

 

NBC, 11 mars 1977

Producteur superviseur Michael Sloan

Produit par Robert F. O’Neill

Ecrit par Gregory S. Dinallo

Réalisé par Alvin Ganzer

Danny et Quincy : une amitié sur la sellette

Quincy et Ginny, sa nouvelle petite amie

 

Au cours d’une soirée bien animée au Danny’s, Quincy apporte les premiers secours à un footballeur renversé par une voiture sur le parking. Le footballeur porte plainte contre le Danny’s, supposant que le conducteur de la voiture qui l’a heurté et s’est enfuie avait quitté le bar après avoir un peu trop bu. La voiture est bientôt repêchée dans la baie, où elle est allée s’engloutir en quittant le Danny’s. On y retrouve le corps de Robbi Parker, une jeune femme que connaissaient Quincy et Danny. Ce dernier attend beaucoup du rapport d’autopsie car la fermeture ou non de son bar dépend du taux d’alcool relevé dans le sang de Robbi. Mais Quincy se heurte à d’autres considérations : il pense que Robbi ne conduisait pas le véhicule, auquel cas elle n’est pas responsable de l’accident. Quand un autre corps est repêché, il l’examine dans l’espoir d’y trouver des traces laissées par la ceinture de sécurité au moment du choc, traces absentes du corps de Robbi. Mais ce second corps n’en porte pas non plus. Plus intrigant encore : Quincy ne trouve pas de documents médicaux concernant Robbi, comme si elle n’avait pas existé.

Il finit par découvrir qu’elle est en réalité Carrie Taylor, une ancienne employée de Danny, qui a subi une chirurgie esthétique conséquente après avoir témoigné dans un procès délicat contre un homme nommé Tomasino. Elle est entrée ensuite dans le programme de protection des témoins et les hommes de Tomasino continuaient de la chercher. Son amie Janet Martin, elle aussi impliquée dans ce procès et présente un moment au Danny’s ce soir-là, dit y avoir vu Bill Legget, un homme de Tomasino. Et si Legget avait reconnu Robbi et l’avait enlevée dans sa voiture à la sortie du bar, avec un complice ? Quincy retrouve effectivement Legget à l’hôpital, où il a été soigné après avoir réchappé de l’accident de voiture fatal à son complice et à Robbi ; et, sur lui, Quincy trouve les marques de la ceinture de sécurité. Il lui tend alors un piège pour l’amener à se trahir et pouvoir le faire arrêter, ce qui permet, aussi, d’éviter à Danny des poursuites en justice et la fermeture de son établissement…

 

 

 

 

La science médico-légale est le moyen par lequel Quincy parvient aux conclusions qui révèlent la vérité sur la mort de Robbi Parker. La question de la responsabilité d’un bar dans d’éventuels dommages causés par des clients qui ont pris le volant après avoir trop bu est un fil rouge qui double celui de l’intrigue policière. La remarque que fait l’avocat Paul Barkley à Quincy est pertinente : quand il constate le souci de Quincy de dédouaner son ami Danny Tovo, il lui demande quelle aurait été son attitude si, dans un cas similaire, il avait constaté les dommages causés par un conducteur ivre à la sortie d’un bar tenu non par l’un de ses amis mais par un parfait inconnu. N’aurait-il pas cherché à faire admettre la responsabilité du propriétaire du bar ? Quincy n’apporte pas de réponse à la question.

La mise en exergue de l’amitié liant Quincy et Danny est justement l’un des intérêts de l’épisode. Sans rien demander de contraire à l’éthique, Danny ne cache pas que les conclusions du rapport d’autopsie jouent l’avenir de son bar. Quand Quincy refuse de signer le certificat de décès de Robbi Parker tant qu’il n’a pas découvert toute la vérité sur sa mort, il empêche que le Danny’s soit mis hors de cause et c’est son amitié avec Danny qui se trouve mise sur la sellette.

Ginny a remplacé Lee (Lynnette Mettey) dans le rôle de la petite amie de Quincy. Elle est également hôtesse de l’air.

A retenir : lorsque Quincy refuse d’écorner son sens de l’éthique en collaborant avec le FBI, Asten déclare (à l’agent Maxwell, pas à Quincy lui-même !) qu’il est fier de lui.

 

 

1.11  Has Anybody Here Seen Quincy ?

 

NBC, 18 mars 1977

Producteur superviseur : Michael Sloan

Produit par Robert F. O’Neill

Ecrit par Michael Sloan et Glen A. Larson

Réalisé par Steven H. Stern

Yuki Shimoda et Robert Ito

Kelly Jean Peters, Stewart Moss et la cigarette

 

Pendant que le Dr Asten s’inquiète de l’absence de Quincy, retenu par des ennuis mécaniques, Sam a d’autres soucis : on prépare une fête pour l’anniversaire du Dr Hiro – une légende dans le service !, et Japonaise de surcroît, ce qui mobilise encore plus Sam – et il doit faire entrer dans les locaux, puis dissimuler, une tête de dragon qui fera partie de la décoration. Hiro, malicieux et observateur, n’ignore rien de ces préparatifs « secrets » qu’il suit d’un œil amusé, tout en feignant l’insouciance. Il va avoir de toute façon fort à faire lui aussi : le Lt Monahan a amené un cadavre arrivé d’Italie qu’il veut absolument faire autopsier car on pense qu’il dissimule une fortune en pierres précieuses, introduites illégalement dans le pays. Hiro est cependant sollicité par une autre urgence : une jeune femme que l’on s’apprêtait à autopsier se révèle encore vivante, ce qui déclenche un branle-bas de combat dans le service ; Hiro accompagne la jeune femme, Harriet Crawford, jusqu’à l’hôpital général où elle est sauvée. La seule à n’en être pas heureuse est Harriet elle-même, qui a tenté de se suicider et aurait préféré rester morte !

Mais voilà que, profitant de la présence en ses murs du Dr Hiro, toxicologiste renommé, le Dr Jamison le sollicite pour examiner un petit garçon que ses parents, les Taylor, ont amené au seuil de la mort. Il s’est empoisonné… mais avec quoi ? Ne trouvant pas la réponse dans les produits apportés de la maison des Taylor, Hiro s’y fait conduire par le chauffeur qui, depuis le matin, attend son bon vouloir pour le conduire à la mairie où l’attend une entrevue officielle, et qui l’a déjà transporté à l’hôpital général. Chez les Taylor, Hiro trouve le poison, oublié sous un meuble : des filtres de cigarette contenant de la nicotine pure, que l’enfant a mâchés à l’insu de ses parents. Le petit garçon peut ainsi être traité et sauvé. Le désespoir de Harriet trouve aussi une solution heureuse lorsque tout un groupe d’amis, prévenus par le Dr Hiro, viennent lui démontrer qu’elle n’est pas seule.

Retour donc au service de médecine légale où le Dr Hiro examine en vain le corps apporté par Monahan : il ne contient rien d’insolite. Monahan passe donc des heures à examiner le cercueil dans lequel il est arrivé, sans davantage de succès. Jusqu’au moment où le Dr Hiro a la bonne idée de scanner le cercueil : les pierres y sont effectivement dissimulées, mais inaccessibles à une recherche manuelle ! Tout est bien qui finit bien – et Quincy n’a toujours pas montré le bout de son nez. Le Dr Hiro va pouvoir se rendre – l’air de rien – à sa petite fête, à laquelle il invite Monahan et le chauffeur.

Cependant, Wilson et son assistant, les deux hommes qui attendent anxieusement depuis le matin de récupérer le corps arrivé d’Italie, ne pouvant attendre davantage, s’introduisent dans l’immeuble pour reprendre le cercueil. En cherchant la sortie, ils entrent… dans la salle de la fête, où une foule les attend au cri de « Surpriiiise ! » Ainsi que le Lt Monahan. Et cette fois, tout est bien fini…

 

En l’absence de Quincy, qui n’apparaît pas un seul instant (mais à qui Asten parle au téléphone), le Dr Hiro prend la vedette de cet épisode en forme de comédie, qui montre une journée insolite au sein du service de médecine légale de Los Angeles. Trois histoires et une ligne secondaire (la fête d’anniversaire) composent un scénario où la science et l’humanité du savant docteur résolvent une énigme médicale et une énigme policière, ainsi qu’un drame individuel. Si Quincy est absent, Danny en revanche prête son concours à Sam pour l’organisation de la fête secrète qui, en fait, ne l’est pas du tout (secrète).

L’énigme du petit garçon intoxiqué stigmatise le danger des cigarettes : le père est montré fumant sans trêve dans la salle d’attente de l’hôpital, où le panneau indiquant l’espace fumeurs est présent de manière prégnante dans le cadre, puis on le voit écrasant sa cigarette dans un cendrier déjà plein, comme ceux qu’il laisse chez lui à la portée de son enfant, sans avoir conscience du danger que représentent les filtres ; on voit aussi l’écriteau No Smoking sur la porte d’une chambre de l’hôpital, ainsi qu’une affiche Thank You for Not Smoking in This Public Place dans le bureau d’où téléphone à plusieurs reprises le Dr Hiro.

 

 

 

 

 

1.12  A Good Smack in the Mouth

 

NBC, 15 avril 1977

Producteur exécutif associé : Michael Sloan

Producteur superviseur : B.W. Sandefur

Produit par Robert F. O’Neill

Scénario : Gregory S. Dinallo, histoire de Glen A. Larson et Jack Klugman

Réalisé par Jackie Cooper

Patricia Joyce, Shane Sinutko & Jack Klugman

Allen Case, Jack Klugman & Shane Sinutko

 

Melissa Asten, la femme du Dr Asten, prend en stop un garçon de neuf ans, Joey. Elle n’a pas le temps de savoir ce qu’il fait au bord de la route en pleine nuit car ils ont un accident. Quincy se rend au chevet de Melissa, qui s’en sort avec des contusions sans gravité, puis du garçon. Sur le dos de celui-ci, il observe des marques qui sont antérieures à l’accident ; il lui fait alors passer une radio qui révèle des signes de brutalités remontant à plusieurs années et jamais traitées. Quincy est convaincu que cet enfant est victime de violence parentale et il demande à l’hôpital et à Monahan de ne pas prévenir immédiatement les parents, Stuart et Martha Harrison, afin qu’il puisse réunir des éléments. Lorsqu’enfin les parents sont alertés, Quincy constate que Joey court dans les bras de son père mais semble éviter ceux de sa mère. Il en déduit que c’est la mère qui bat l’enfant, aussi en parle-t-il au père, qui lui demande de ne pas se mêler de leurs affaires. Quincy n’en continue pas moins, d’autant que, le soir même, l’enfant, s’étant de nouveau enfui, se réfugie à l’hôpital et demande à être conduit chez Quincy. Ce dernier l’héberge pour la nuit sur son bateau.

Le lendemain, Stuart Harrison vient le chercher. Il accepte, cette fois, de laisser Quincy parler à Martha pendant que lui-même emmènera le garçon pêcher. Mais Quincy se rend compte bientôt de son erreur de jugement : Martha n’a jamais battu son enfant. Remariée à Stuart, qui n’est pas le père de Joey, elle garde le silence depuis trois ans sur la brutalité de son mari par peur de se retrouver seule. L’attitude de Joey envers Stuart procède non d’un amour plus grand mais de la terreur qu’il lui inspire.

Reconnaissant sa terrible méprise, Quincy cherche à retrouver l’enfant et son père avant que ce dernier ne s’en prenne de nouveau à lui…

 

 

 

 

Cet épisode comporte quelques aspects embarrassants. La détermination de Quincy – qui peut évoquer parfois un pitbull refusant de lâcher l’os qu’il a mordu – le conduit à une ingérence nécessaire sur le plan dramatique mais gênante sur le plan humain. Mais il est gênant aussi de voir Quincy endosser le vêtement du héros aimant dans les bras duquel l’enfant battu se réfugie au point de vouloir vivre avec lui, dans l’espace de quelques heures. Raccourci dramatique, certes, utile pour insuffler de la tendresse dans l’épisode, mais procédé daté aussi, et terriblement caricatural. Le syndrome du héros sauveur a ses limites dès lors que l’on aborde des sujets réellement délicats. La représentation de l’institutrice est à l’aune de cette « nécessité héroïque » : pour que Quincy soit seul contre tous, il faut une institutrice pincée et suffisante qui réagit avec indignation à ses soupçons de maltraitance, et dans l’indignation et l’aveuglement de laquelle le médecin dénonce une peur de se retrouver impliquée. Ce n’est pas que le personnage de l’institutrice ne soit pas crédible ; c’est qu’il ne présente qu’une face de l’institution, la moins reluisante, afin de montrer Quincy comme le seul défenseur de l’enfance en danger.

Il n’en reste pas moins que la situation présentée est émouvante et le jeune Shane Sinutko bouleversant dans le rôle du petit Joey. Quincy est affronté lui-même à l’utilisation de la violence lorsqu’il s’en prend au père maltraitant et que l’enfant l’arrête en le suppliant de ne pas faire de mal à son père. Le médecin regarde alors ses propres mains et les reporte vers le visage de l’enfant, soulignant que les mains peuvent être utilisées aussi bien pour battre que pour caresser, pour la violence et pour la tendresse. La complexité des sentiments contradictoires de l’enfant et de sa mère sont également préférés à un portrait manichéen.

L’épilogue tend, in fine, à retirer à Quincy la vertu héroïque facile, obligeant le héros de fiction à s’incliner devant une réalité complexe. Quincy doit passer outre les larmes du petit Joey pour le confier aux soins d’une famille d’accueil (en l’occurrence le Dr Asten et son épouse) et rester sourd aux prières naïves du petit garçon qui voudrait rester avec lui. 

 

 

1.13  The Hot Dog Murder

 

NBC, 22 avril 1977

Producteur exécutif associé Michael Sloan

Producteur superviseur B.W. Sandefur

Produit par Robert F. O’Neill

Ecrit par B.W. Sandefur

Réalisé par Alex March

Tout commence avec un étudiant (Jonathan Segal)...

... et tout s'achève sur un lit de mort (William Windom).

 

Un étudiant en médecine, Talbot, attire l’attention de Quincy sur la mort d’un nommé Kendall, qui a fait don de son corps à l’université. Kendall est mort en prison mais les examens pratiqués par Talbot contredisent la cause officielle de sa mort et tendent à penser qu’il a en fait été assassiné. L’arme du crime : un hot dog ! Quincy a bien du mal cependant à convaincre Monahan et Astin de le suivre quand il accuse Arthur Brandeis, dont Kendall était le comptable, d’avoir fait assassiner ce dernier. Brandeis a effectué une peine légère pour fraude, mais Quincy pense que Kendall était en mesure de le faire condamner bien plus lourdement. Mais il n’a pas l’ombre d’une preuve, il n’a que son intuition. C’est pour étayer celle-ci qu’il se fait embaucher, tout à fait officieusement, comme médecin de la prison, où il mène sa propre enquête. Il découvre ainsi que ce sont les détenus Whitley et Hutchenson qui ont empoisonné Kendall, et il découvre en outre que Brandeis est particulièrement anxieux, au point d’avoir des crises très violentes. Tout en faisant profil bas devant Brandeis, et en acceptant même un pot de vin en échange de son silence, Quincy compte se servir de l’état maladif de Brandeis pour le pousser aux aveux, en lui faisant croire qu’il est sur le point de mourir…

 

 

 

 

Avec Chuck Hicks (Sam Hutchinson*)

* Hutchenson dans l’épisode (son nom apparaît à l’écran), Hutchinson au générique de fin.

 

Le scénario suppose un effort de crédulité de la part du spectateur. Le titre annonce la couleur : on a affaire à un épisode qui repose sur un gimmick et qui appartient plutôt à la veine originelle de la série (celle qu’auraient souhaitée peut-être Glen Larson et Lou Shaw), avec un coroner détective qui joue un rôle pour aller chercher la vérité dans des lieux où il n’a a priori rien à faire. De fait, Quincy n’a rien à faire au sein de la prison et le scénario ne s’embarrasse pas de donner une justification plausible à sa présence dans ces murs, où il s’autorise à torturer (à coups de petites décharges électriques, soit, mais tout de même) un détenu pour lui soutirer des informations, et où il échappe à la mort grâce à l’intervention providentielle d’un détenu qu’il a préalablement soigné. Situations classiques dans nombre de séries policières, mais incongrues dans celle-ci. Le dénouement est à l’avenant : il n’est possible que par un subterfuge qui va au-delà du harcèlement et qui est tout à fait invraisemblable. Bref, un épisode de pure fantasy, avec un Quincy vraiment « détective » pour le coup, mais détective au sens romanesque, ou télévisuel. La science, ici, ne fournit qu’un prétexte. Même Monahan bascule dans la fantasy quand il entérine la méthode pourtant illégale et off limit de Quincy, qu’il crédite d’un « You’re something else ! » (« Quel type vous êtes ! » ou « Vous êtes un cas ! »).

Quant au pot de vin qu’accepte Quincy, il finit par le donner… à l’étudiant en médecine.

Notons la présence de Jonathan Segal dans le rôle d’un étudiant en médecine auquel Quincy donne accès à son laboratoire. Une sorte de Robin du coroner. On reverra l’acteur dans le rôle d’un jeune médecin mais sous un autre nom (voir par exemple 5.04).

 

Jack Klugman et Don Eitner. A l'arrière-plan : Robert Ito. 

 

 

1.14  An Unfriendly Radiance

 

NBC, 29 avril 1977

Producteur exécutif associé Michael Sloan

Produit par Robert F. O’Neill

Ecrit par Rudolph Borchert

Réalisé par Corey Allen

Un homme injustement accusé (Ronald J. Godines)

Deux escrocs (Melinda Fee et James Wainwright)

 

Sam appelle Quincy au Danny’s en lui demandant de revenir au labo : il vient d’autopsier un cadavre dont les tests sanguins donnent des résultats incompréhensibles. L’homme, Donald Bigelow, est mort dans un accident de voiture. Le conducteur, Ray Sanchez, a été arrêté en possession de cocaïne, trouvée dans sa poche mais qui, clame-t-il en vain, appartenait à Bigelow. Monahan est tout prêt à l’inculper mais Quincy sent que Sanchez dit la vérité et, suivant son sentiment, il enquête sur l’étrange cas de Donald Bigelow. Ce dernier a été exposé à une forte dose de radiations gamma, d’où les résultats des tests. Il travaillait à la centrale nucléaire de San Miguel mais le responsable que Quincy va voir sur place, Johnson, affirme qu’il n’a pas pu y être exposé au type de radiations que décrit le médecin légiste. Bigelow travaillait sur des plans, non au contact de matériel dangereux.

D’après Sanchez, il quittait le Durnam Building quand il a eu un malaise, juste à l’arrêt de bus où attendait Sanchez ; il a offert cent dollars à ce dernier pour le conduire à l’aéroport, puis a changé d’avis et indiqué une autre direction. Puis une autre voiture les a forcés à quitter la route au bord d’un ravin. Quincy se rend donc au Durnam Building et parle avec le Dr Brown, un radiologue, qui lui certifie qu’il n’y a aucune source de radiations gamma dans le bâtiment. En partant, cependant, Quincy avise un chantier de construction tout contre l’immeuble. Le directeur, Arthur Lanz, et sa secrétaire Addie affirment ne pas connaître Bigelow. Mais un journaliste de ses amis, Sy Wallace, apprend à Quincy que l’on utilise parfois sur de tels chantiers des appareils destinés à mesurer la radioactivité de certains matériaux de construction, et ces machines peuvent être dangereuses et causer le type d’exposition observé sur Bigelow.

Quincy retourne donc sur place et réussit à subtiliser un poisson rouge mort dans l’aquarium de Lantz. Poisson qui, dûment autopsié, révèle une exposition aux radiations gamma. Cette découverte permet à Quincy d’obtenir de Monahan un mandat de perquisition pour… mauvais traitement infligé à un animal ! La venue de Quincy et de Monahan, et les accusations proférées par Quincy, suffisent à affoler Addie qui passe aux aveux. Bigelow a volé pour Lanz, à la centrale nucléaire, des plans que ce dernier s’apprête à revendre ; c’est en passant de longues heures au chantier qu’il a été exposé et c’est Lanz ensuite qui a voulu le tuer pour l’empêcher de parler…

 

 

 

 

Un épisode exemplaire du côté pitbull de Quincy, qui une fois en chasse ne lâche rien, quand bien même Asten et Monahan refusent de lui donner crédit, et en dépit du temps qui tarde à lui donner raison. Un panneau « Radiation kills » brandi par un manifestant écologiste devant la centrale nucléaire vient remplir le cadre lors d’une scène, donnant le ton, mais le scénario n’épouse pas pour autant le militantisme des manifestants, dont le seul spécimen admis à parler se révèle plutôt borné. Quincy d’ailleurs n’est pas en guerre contre la centrale nucléaire mais en chasse pour découvrir la vérité sur la mort de Bigelow. La présence de Sanchez, injustement accusé de meurtre, et de sa jeune femme Maria, enceinte, apporte la touche d’humanité qui colore la croisade de Quincy : en épousant leur cause, ce dernier leur donne un espoir que lui reproche ensuite Maria, désespérée quand Sanchez est inculpé et que Quincy n’a toujours rien trouvé pour l’innocenter. Asten, toujours dans son rôle d’opposant, apporte une touche d’humour par son revirement soudain : après avoir reproché à Quincy une mauvaise publicité due à sa présence ambiguë devant la centrale et au détournement, en Une, de ses propos (il a assuré au militant écologiste que les employés de la centrale ne brillaient pas dans le noir et la phrase s’est transformée en son exact contraire une fois répétée aux journalistes par le militant), Asten rêve au contraire de faire les gros titres quand Quincy assure qu’il peut prouver comment Bigelow a été exposé aux radiations et Sanchez injustement accusé.

Quincy à Monahan : « That’s why I love you : you’re a rock on the outside and a marshmallow on the inside ! »

 

 

1.15  Sullied Be Thy Name

 

NBC, 6 mai 1977

Producteur exécutif associé Michael Sloan

Produit par Robert F. O’Neill

Scénario : Gregory S. Dinallo et Irving Pearlberg, histoire de Gregory S. Dinallo

Réalisé par Jackie Cooper

L'éditeur et le coroner (John Saxon, Jack Klugman)

Le coroner et l'inspecteur (Klugman et Walberg)

 

Monahan réveille Quincy en pleine nuit et le fait venir dans l’appartement de Michelle Rowan pour relever une scène de crime. Il est particulièrement nerveux au sujet du mort qui repose sur le lit de Michelle Rowan : celle-ci est une prostituée et le mort est le Père Martin Terrell, un prêtre respecté et connu pour sa croisade contre l’industrie pornographique, en particulier le magazine Phantasie publié par Charles Desskasa. Monahan, qui connaissait personnellement Terrell, est persuadé qu’il s’agit d’un coup monté pour le discréditer et il attend de Quincy qu’il le prouve. Mais l’autopsie indique une crise cardiaque, ce qui confirme la version de Michelle Rowan. Certains indices suggèrent cependant que le prêtre n’est pas mort là où on l’a trouvé, aussi Quincy cherche-t-il la preuve qu’on l’a déplacé. Il rend personnellement visite à Desskasa pour collecter discrètement quelques fils de la moquette de son bureau dans l’espoir de prouver que les fibres correspondent à celles que l’on a retrouvées sur le cadavre. Sans succès. Desskasa est ravi de la tournure des événements et se fera une joie de salir la réputation de l’honorable homme de Dieu engagé dans une croisade hypocrite, ce qui révolte Monahan. Il fournit à Quincy un dossier suggérant que Terrell avait une liaison avec Beverly Conrad, l’une de ses collaboratrices. Celle-ci admet qu’elle discutait beaucoup avec le prêtre, qu’elle trouvait tout à fait séduisant, mais prétend n’avoir jamais été sa maîtresse. Ce qu’elle dit à Quincy lui permet cependant de trouver enfin le moyen et le véhicule du déplacement de Terrell, qui était encore vivant quand il a eu son infarctus : il est décédé d’un second infarctus survenu dans le coffre de la voiture où l’avait placé l’avocat de Desskasa, Jules Draper, pour le transporter jusqu’à l’appartement de Michelle Rowan, également sa cliente. Cette fois, Quincy apporte à Monahan les preuves accablantes qui permettent d’inculper Draper…

 

 

 

 

Monahan explique à Quincy pourquoi il l’a expressément demandé pour cette affaire : « Because you make waves. » Il admet que la plupart du temps il le fait grimper aux murs, mais c’est aussi pour cela qu’il a besoin de lui aujourd’hui. C’est l’un des attraits de cet épisode que d’apporter cet éclairage sur la relation souvent conflictuelle entre l’inspecteur et le coroner. L’autre est l’importance donnée durant toute l’enquête aux preuves données par le mort lui-même, ce qui fait de ce scénario l’un de ceux qui répondent le mieux à l’originalité de la série, le retour au laboratoire ponctuant le récit de bout en bout.

Quincy parle au cadavre, seul à pouvoir lui révéler la vérité. Quand Sam lui demande comment il prouvera le coup monté, il répond : « Le Père Terrell nous le dira. » On retrouve cette idée que les morts parlent dans d’autres séries de médecine légale, comme Les Experts (« Les morts ne mentent pas », dira Gil Grissom).

Sam : « Your master’s voice. » Quincy : « Astin ? »

Astin-Quincy : « Quincy, how long ‘til your next vacation ? – About four months. – That long ! » (Astin prononce la dernière réplique une fois Quincy sorti de son bureau.)

26’ : la plaque est bien visible sur le bureau d’Astin (R.J. Astin, Deputy Coroner).

 

 

1.16  Valleyview

 

NBC, 13 mai 1977

Producteur exécutif associé Michael Sloan

Produit par Robert F. O’Neill

Scénario : Susan Woollen et Irving Pearlberg, histoire de Susan Woollen

Réalisé par Ronald Satlof

Quincy et le Dr Franklin

Quincy et Asten s'affrontent devant Sam

 

Un étudiant en médecine, David Phillips, demande à Quincy de pratiquer une autopsie sur le corps de son grand-père, décédé dans la maison de santé de Valleyview. David est persuadé que la cause alléguée, une crise cardiaque, est fausse. L’autopsie lui donne raison mais elle ne permet pas de déterminer la véritable cause du décès ; elle révèle en revanche que M. Phillips avait un cancer de la prostate qui l’aurait tué dans quelques mois et dans de grandes souffrances. Quincy ne voit pas de raison de soupçonner quoi que ce soit de criminel au sein de Valleyview, jusqu’à ce qu’une autre patiente décède, Ann Friedman, qui souffrait de troubles mentaux. Quincy insiste auprès des parents de la jeune femme pour qu’ils l’autorisent à pratiquer une autopsie ; celle-ci donne les mêmes résultats que la précédente mais Quincy se demande s’il ne faut pas soupçonner, finalement, des meurtres par compassion au sein de l’établissement que dirige le Dr James, un homme au-dessus de tout soupçon selon le Dr Asten qui refuse d’ordonner une enquête comme le lui demande Quincy. Mais une troisième mort se produit : celle, cette fois, d’une infirmière, Barbara Grayson. Nouvelle autopsie, nouvelle impasse. Jusqu’à ce que Quincy découvre la trace d’une piqûre sous un ongle, puis la présence de curare dans l’organisme de la victime. Asten n’a pas d’autre choix que d’autoriser l’enquête et il admet la qualité du travail de Quincy. Celui-ci, qui avait soulevé l’incrédulité et l’indignation du Dr James et de son chef de service le Dr Franklin lors d’une première visite à Valleyview, y revient avec les preuves qu’il a établies. Au moment même où ils cherchent au sein du personnel qui pourrait avoir causé les morts récentes, le responsable se trouve dans la chambre d’un autre patient, Schroeder, un homme qui a tenté de se suicider, ne voulant plus vivre après avoir perdu femme et enfant dans un accident dont il a été le seul rescapé…

 

L’euthanasie (et ce que la VO appelle « mercy killing », le meurtre par compassion) est au cœur de cet épisode qui, une nouvelle fois, évite la caricature. Certes, le temps limité impose de dessiner les personnages à grands traits, et en particulier le coupable finalement démasqué, et le scénario joue la carte du mystère en proposant plusieurs suspects, mais les opposants de Quincy ne sont pas caricaturés. Le Dr Asten, jouant son rôle d’opposant interne, met en avant la réputation et l’engagement du Dr James qui dirige Valleyview et ses arguments sont honnêtes et recevables ; Quincy reste d’ailleurs sans réplique. James lui-même refuse de prêter foi aux soupçons de Quincy mais une fois seul avec le Dr Franklin il admet que ces soupçons l’inquiètent. Quant à Franklin, aussi indigné que James face à Quincy, il n’en répond pas moins avec franchise aux questions que lui pose ce dernier sur son opinion quant à l’euthanasie, évoquant un souvenir personnel, lié à ses propres parents. Quincy, de nouveau, reste silencieux en l’écoutant. Le scénario évite d’aborder la question de l’euthanasie d’un point de vue moral, et surtout moralisateur, emmenant Quincy sur la voie d’une enquête médico-légale avant toute chose, à la recherche de la vérité et non d’un jugement.

On notera aussi l’attention accordée aux personnages secondaires, qu’il s’agisse du couple Friedman dévasté par l’état de santé de leur fille, de Schroeder dévoré par la culpabilité, le chagrin et le désir de mourir, ou de l’étudiant en médecine David Phillips déchiré entre ses soupçons envers les médecins de Valleyview et la conscience que les médecins, même en faisant de leur mieux, peuvent commettre des erreurs qui ne sont pas pour autant criminelles (ce que lui rappelle Quincy, déclarant qu’il a lui-même commis des erreurs, qu’il en commettra encore et qu’il est reconnaissant à ceux qui l’aident à le reconnaître et à les corriger).

Quincy aux Drs James et Franklin : « Je n’enquête pas sur les aspects moraux de l’euthanasie, juste l’aspect légal. (…) Je n’aime pas les questions sans réponse. Je suis un scientifique. C’est pourquoi je vais trouver les réponses. Et quand je l’aurai fait, messieurs, vous pouvez me croire : je reviendrai. » (« I am not investigating the moral aspects of euthanasia, just the legal. (…) I don’t like unanswered questions. I’m a scientist. So I’m gonna find the answers. And when I do, gentlemen, you can believe this : I’ll be back. »)

 

 

1.17  Let Me Light the Way

 

NBC, 27 mai 1977

Producteur exécutif associé : Michael Sloan

Produit par Robert F. O’Neill

Scénario : David Moessinger, histoire de Carole Saraceno et David Moessinger

Réalisé par David Moessinger

Jack Klugman, Corey Fischer & Adrienne Barbeau

Kim Cattrall & Luke Askew

 

Quincy est furieux parce que le corps d’une femme victime de viol et morte à l’hôpital a été entièrement lavé par une infirmière, et ses vêtements jetés par terre. Il n’est donc plus possible d’en tirer des éléments à charge contre le violeur. Un homme est soupçonné par la police, Carl DeReatis, un mécanicien, mais l’absence de preuve l’autorise à montrer une arrogance qui indigne Quincy. Une cigarette qu’il a laissée derrière lui permet à Quincy de déterminer que son groupe sanguin est le même que celui du violeur, mais cela ne constitue pas une preuve suffisante pour Monahan. Carol Bowen, une conseillère responsable des dossiers de viol, est aussi indignée que Quincy, et aussi impuissante. Mais quand il les trouve chez lui en train de questionner sa femme Joy, DeReatis entre en rage et les chasse de sa maison. Il se met ensuite à suivre Carol et l’agresse chez elle. Battue, violée, Carol est traumatisée mais également déterminée à faire condamner DeReatis. Aussi exige-t-elle que ce soit Quincy qui l’examine, en prenant toutes les précautions pour que les éléments de preuve soient conservés et inattaquables.

Malheureusement, lors du procès, on découvre que le Dr Castle, qui a assisté Quincy aux urgences, n’a pas scellé correctement les éléments recueillis, devenus irrecevables devant un tribunal. Et si en dépit du masque que portait son agresseur Carol est persuadée d’avoir reconnu le regard et la voix de DeReatis cela ne suffit pas pour le faire condamner. Il est donc libre, le procureur renonçant à le poursuivre.

Quincy bataille pour qu’un politicien local, Leonard Bellwood, lui obtienne des fonds pour financer un séminaire réunissant médecins et avocats afin de les sensibiliser à la procédure adéquate en matière de viol. Collecte d’indices, mise sous scellés des éléments recueillis, présence obligatoire d’un kit de viol dans tous les hôpitaux sont les mesures les plus urgentes à mettre en place, mais il est difficile d’en convaincre les élus.

Le procès de DeReatis a tout de même une conséquence majeure : il persuade Joy DeReatis de la culpabilité de son mari et elle apporte à la police une chemise cachée par le violeur et permettant, enfin, de le juger. Quant à Bellwood, il a été sensible aux arguments de Quincy et a trouvé la somme qu’il demandait pour organiser un séminaire…

 

Adrienne Barbeau est bouleversante en victime traumatisée dont le parcours ne s’arrête pas au viol lui-même : il faut ensuite qu’elle exige elle-même d’être traitée par un médecin capable de préserver les indices à charge contre son agresseur, qu’elle surmonte la suspicion et l’idée d’être attaquée au tribunal par l’avocat du violeur, qu’elle surmonte, encore, la relaxation du coupable à cause de l’incurie du personnel médical. Le scénario a l’intelligence de ne pas accabler le médecin urgentiste, qui a négligé les scellés parce qu’il a été accaparé par une autre urgence et qui apparaît honteux devant le tribunal, mais l’incurie demeure. C’est sur une infirmière que le scénario fait porter la critique la plus vive : au lieu de mettre correctement sous scellés les indices recueillis par Quincy, et avant d’être appelé par une autre urgence, le médecin a dû parler à l’infirmière qui se plaignait d’avoir été mal traitée par Quincy. Insensible à la douleur de la victime, campée sur son indignation immature et égoïste, indifférente aux suites juridiques du viol, l’infirmière cristallise les résistances contre lesquelles Quincy doit se battre pour faire évoluer les choses. Agir sur les mentalités est un premier impératif, changer les habitudes et trouver l’argent pour le faire en est un autre, représenté ici par l’élu Bellwood : sa première réaction à la proposition de séminaire du médecin est de lui présenter un projet de super voiture de police et de dirigeable de surveillance aérienne qui sont des projets prioritaires !

Le portrait du violeur est lui aussi réussi ; l’attitude de DeReatis dans son foyer, la terreur et l’inquiétude qu’il suscite chez sa femme et son petit garçon produisent un véritable malaise.

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