Guide réalisé par Thierry Le Peut

 

 

 

 

Le générique raconte une histoire : Shane le tueur charge son revolver, lorsque retentit l'appel de l'enfant : "Shane !" Shane range alors son revolver dans l'étui, retire son ceinturon et l'accroche au mur de sa cabane, pour sortir à la rencontre de l'enfant dont le cri continue de retentir : "Shane !", tandis qu'il court dans l'herbe haute. La mère (Marian) et le grand-père (Tom) de l'enfant entendent aussi le cri du garçon. Le voyant arriver, Shane sourit. Le petit Joey finit sa course dans les bras de Shane qui le fait tourner en l'air. "I love you, Shane !" déclare l'enfant au cow-boy souriant. C'est le rappel de la situation initiale posée par le film de 1953.

Pour une revue du film, cliquez ici.

Producteur exécutif David Shaw

Producteur Denne Bart Petitclerc

 

avec

David Carradine as Shane

 

Jill Ireland as Marian Starett

 

Tom Tully as Tom Starett

 

avec aussi :

Bert Freed as Rufe Ryker

 

Sam Gilman as Grafton

 

Owen Bush as Ben

 

et pour la première fois à l'écran

Chris Shea as Joey Starett

 

 

1.01  The Distant Bell

 

ABC, 10 septembre 1966

Ecrit par David Shaw

Réalisé par Robert Butler

 

Diane Ladd

 

Karl Lukas & David Carradine

 

Lawrence Mann

 

Amy Sloate arrive en ville pour être institutrice. Mais Ryker, qui considère que la vallée lui appartient, ne veut pas d’une école chez lui. Le fermier Ed Howell, que Tom Starett a persuadé d’accueillir l’école dans sa grange, découvre à ses dépens combien la volonté de Ryker est dangereuse : sa grange est incendiée. Miss Sloate est effrayée par la violence dont elle est témoin et par la résignation des gens de la vallée. Sur le conseil, brutal, de Shane, elle s’en va.

Marian décide alors de faire l’école elle-même et elle convainc Sam Grafton de la laisser utiliser le saloon durant la journée. Mais Ryker s’y impose dès la première journée d’école et exige de boire, car telle est sa volonté. Ses hommes et lui cassent des verres pour empêcher Marian et les enfants de travailler. Elle finit par emmener les enfants dehors, fièrement, en les faisant chanter à sa suite ; mais la bataille est bel et bien perdue.

Shane commence alors, de sa propre initiative, à construire un bâtiment qui accueillera l’école. Il a pendu un triangle de fer à la charpente en guise de cloche. Il invite Marian à y venir le lendemain avec Joey, car il suffit d’une institutrice et d’un enfant pour ouvrir une école. Ryker met en garde Shane : s’il ouvre cette école, il mourra. Le lendemain, Shane se rend, seul, sur le terrain où il a bâti l’école ; Marian, Joey et Tom attendent, à distance, le signal qu’il leur enverra quand la voie sera sûre : celui de la cloche. Harve et un autre homme de Ryker attendent Shane de pied ferme, prêts à l’abattre. Ryker, lui, attend au saloon. Shane abat l’homme en embuscade qui tente de le tuer. Harve, finalement, se ravise et abandonne le terrain. Shane, alors, peut faire sonner la cloche, dont le son est entendu des Starett, mais également de Ryker en ville.

 

Avec Owen Bush (Ben), Karl Lukas (Howell), Lawrence Mann (Harve), Del Ford (Bobby) et Diane Ladd (Amy Sloate). Avec Sam Gilman (Grafton) et Bert Freed (Ryker).

 

Un dernier acte à la High Noon, lent mais tendu : Shane prend son temps pour aller à cheval jusqu’à l’école, Marian et Joey attendent dans leur maison devant un réveil puis prennent la route avec Tom, Ryker attend au saloon, seul devant le comptoir, Harve et son complice attendent à l’école, prêts à accueillir Shane, dont la silhouette apparaît enfin au bout de la route, sur la ligne d’horizon, avant de s’approcher lentement.

 

 

1.02  The Hant

 

ABC, 17 septembre 1966

Ecrit par Ernest Kinoy

Réalisé par Gerald Mayer 

 

Carl Reindel

 

John Qualen

 

Ned Romero & D. Carradine

 

Une nuit, Shane aperçoit un visage derrière la vitre de sa cabane. Quand il sort, il ne voit personne, sinon un chariot sur la colline. Cette vision le hante de façon étonnamment persistante. Il se demande s’il n’a pas été visité par un fantôme. Mais ce fantôme prend corps au saloon, quand un vieil homme aux vêtements noirs poussiéreux entre et dévisage curieusement les hommes présents, avant de s’arrêter devant Shane. « Vous vous appelez Shane », lui dit-il. Le vieil homme s’arrête ensuite à la ferme de Marian et Shane lui offre l’hospitalité de sa cabane pour la nuit. Là, il lui montre une photo qu’il transporte avec lui, celle de son fils. Et il lui raconte son histoire. Il possédait une ferme, qu’il destinait à son fils. Quand celui-ci a été tué lors d’une fusillade dans un saloon, il a vendu sa ferme et s’est mis à parcourir les routes à la recherche du meurtrier de son fils. Shane. Ce dernier ne se souvient pas d’avoir commis l’acte dont parle le vieil homme ; et il se demande ce que veut celui-ci. A son réveil, l’homme est parti, mais il a laissé la photo de son fils. Le visage du mort hante Shane et donne corps peu à peu à un souvenir jusque là enfoui dans sa mémoire. Il se souvient d’avoir tué l’homme, qui l’avait provoqué. Et l’idée d’avoir oublié l’incident et jusqu’au visage de l’homme qu’il a tué le hante plus encore. Lorsque l’homme revient et dit à Shane ce qu’il veut : que Shane prenne la place du fils perdu, Shane se montre brutal et le chasse. Puis il tombe malade, jusqu’au délire. Il décide alors de s’en aller. S’étant arrêté chez Grafton, il y est provoqué par un jeune homme ivre, Jed Andrews, avec lequel il avait déjà eu une altercation. Jed le met au défi de sortir son arme, et la fièvre reprend Shane tandis qu’au visage de Jed se substitue celui de l’autre homme, celui qu’il a tué et qui lui rappelle ce qu’il est, au fond : un tueur. Mais au moment où Jed dégaine son arme, le vieil homme, qui assiste à la scène, se jette sur lui. Dans la lutte, un coup part. Le vieil homme est tué.

 

Avec John Qualen (le vieil homme), Carl Reindel (Jed Andrews), Ned Romero (drover #1), Claude Hall (drover #2), Sam Melville (Shane’s companion), John Garfield, Jr (young man). Avec Sam Gilman (Grafton) et Bert Freed (Ryker).

 

L’épisode baigne dans une atmosphère irréelle, les apparitions fantomatiques du vieil homme étant suivies par la maladie de Shane, manifestation physique du trouble intérieur dans lequel il se débat jusqu’au dénouement.

Bien que crédité au générique de fin, Bert Freed n’apparaît pas dans cet épisode.

 

 

1.03  The Wild Geese

 

ABC, 24 septembre 1966

Ecrit par Richard McDonagh

Réalisé par Herschel Daugherty

 

Don Gordon

 

Bill Smithers

 

Allen Jaffe

 

Alors que les oies sauvages descendent vers le sud à la recherche d’un climat plus chaud, Shane accompagne Marian chez Grafton. Celui-ci accepte de prêter à Marian l’argent nécessaire pour acheter des porcs, sur la promesse de Shane de protéger la récolte des Starett car Ryker, qui convoite la terre de Marian, a menacé à mots à peine couverts de détruire cette récolte pour dissuader Grafton de prêter l’argent souhaité, dont le remboursement dépend de la récolte à venir. Chez Grafton, Shane rencontre Johnny Wake, qu’il a connu par le passé, les deux hommes ayant déjà loué leurs services ensemble. Johnny est venu avec deux autres hommes, Del Packard et Wynn Truscott, et il séjourne à l’hôtel en attendant de remplir un contrat qui doit leur rapporter gros. Il offre à Shane 300 $ pour se joindre à eux mais Shane refuse.

Le soir même, les bœufs de Ryker affolés piétinent le champ de Marian, ne laissant rien après leur passage. Shane accuse Ryker mais celui-ci dit n’y être pour rien ; les bêtes ont été affolées par l’orage et il en a perdu plusieurs dans l’affaire, ce qui, dit-il, est un prix trop élevé pour simplement détruire la récolte des Starett. Shane choisit de le croire.

La situation des Starett est cependant très précaire et Shane décide de partir, à la fois pour ne pas vivre aux dépens de Marian qui ne pourra plus le payer, et pour accepter l’offre de Johnny dont l’argent permettra aux Starett de survivre jusqu’à la prochaine récolte. Il exige 600 $ qu’il remet à Grafton avec instruction de les remettre plus tard à Marian. Mais Grafton, qui s’inquiète de le voir s’acoquiner avec Johnny et ses hommes, se rend le soir même chez Marian, qui revient avec lui au saloon. Elle refuse l’argent et accuse Shane de vouloir retourner à sa vie d’avant parce qu’il est incapable d’assumer une vie auprès d’elle, de Joey et de Tom.

Revenu auprès des hommes de Johnny, auxquels s’est jointe une quatrième gachette, Casey Driscoll, Shane ne tarde pas à se disputer avec Del Packard. Trahissant la promesse qu’il a faite à Johnny, il révèle qu’il a d’ores et déjà perçu le double de ce qui a été promis aux trois autres. Ceux-ci, furieux, sortent en invitant Johnny à régler leur différend au revolver, dans la rue. Johnny redoute d’affronter trois fins tireurs ; pourquoi prendre ce risque alors qu’il suffirait d’affronter Shane ? Sur le seuil du saloon, il dégaine, mais Shane est plus rapide. Johnny mort, les trois autres quittent la ville. Et Shane quitte la saloon en ayant conservé les 600 $…

 

Avec Don Gordon (Johnny Wake), Bill Smithers (Del Packard), Owen Bush (Ben), Bill Fletcher (Wynn Truscott), Allen Jaffe (Casey Driscoll). Avec Sam Gilman (Grafton) et Bert Freed (Ryker).

 

L’épisode s’ouvre sur le vol des oies sauvages qui retient l’attention de Joey, à qui Shane explique qu’elles vont chercher la chaleur mais aussi la liberté. La métaphore, filée sur l’ensemble de l’épisode, renvoie à la tension entre la vie désormais sédentaire de Shane et la tentation de reprendre sa liberté et de renouer avec sa vie antérieure. Lorsqu’il quitte la ferme, Shane retrouve visiblement une excitation ancienne, qui se lit dans son regard lorsqu’il est avec les tueurs, et qui trouble Marian. La conclusion est riche d’ambiguïté car Shane provoque délibérément la discorde entre Johnny et ses hommes pour les pousser à l’affrontement, dût-il coûter la vie à son « ami » Johnny. En le tuant lui-même, c’est sa propre nature de tueur qu’il affronte, et la détermination avec laquelle il agit laisse supposer qu’elle demeure malgré tout. L’épisode contraste avec le précédent, où la culpabilité tourmentait Shane au point de le rendre physiquement malade.

Le nom de la ville, Crossroads, est mentionné dans un échange entre Driscoll et Tom Starett.

Tom mentionne le fait qu’il était juge dans l’Est avant de venir habiter le Wyoming.

Ryker à Shane : « You’re the nitroglycerine in my valley, Shane. »

 

 

1.04  An Echo of Anger

 

ABC, 1er octobre 1966

Scénario : Robert Hardin, histoire de Peter Nasco

Réalisé par Gary Nelson

 

Warren Oates

 

Cliff Osmond

 

Richard Evans

 

Kemp Spicer arrive à Crossroads. Il importune Marian en ville et, apprenant qu’elle et Tom connaissent Shane, il leur confie un message pour ce dernier : il est venu pour le tuer. Kemp est bientôt rejoint par un autre Spicer, Boon, puis par deux autres, J.D. et l’oncle Josh. Ils accusent Shane d’avoir tué Joey, le jeune frère de Kemp, quatre ans plus tôt à Abilene. S’il a bien été à Abilene à cette époque, Shane dit n’avoir pas tué Joey Spicer. Le clan ne le défie pas moins, dans les règles : ils l’attendront le lendemain dans la rue. Alors que Shane est au saloon, Kemp se rend à la ferme, assomme Tom et tente de faire violence à Marian ; il s’arrête cependant en voyant Joey, qui porte le même nom que son frère mort, et en apprenant que Marian n’est pas la compagne de Shane mais sa patronne. Il décide alors d’attendre, pour revenir, d’avoir tué Shane. Celui-ci reçoit l’aide inattendue de Ryker, qui lui prête un fusil, plus efficace selon lui pour affronter quatre hommes. Lorsque vient le jour, le jeune J.D. surprend Shane dans la chambre qu’il a louée au-dessus du saloon pour la nuit. Le jeune garçon est tourmenté par le mensonge qu’il a fait et la vérité qu’il a cachée à tous : il sait que Shane n’a pas tué Joey puisqu’il a vu mourir celui-ci, abattu dans le dos alors qu’il fuyait un homme après avoir triché au jeu. Shane veut forcer J.D. à avouer la vérité mais le garçon a trop peur de son oncle Josh, qui aimait Joey comme son fils. L’affrontement est inévitable. Ce sont alors deux alliés qui se tiennent auprès de Shane : Tom et Ryker. Ensemble ils se dressent face au clan Spicer, qu’ils déciment, contraints et forcés…

 

Avec Warren Oates (Kemp Spicer), Cliff Osmond (Joshua Spicer), Charles Kuenstle (Boon Spicer), Phil Chambers (Ned) et Richard Evans (J.D. Spicer). Avec Sam Gilman (Grafton) et Bert Freed (Ryker).

 

 

1.05  The Bitter, the Lonely

 

ABC, 8 octobre 1966

Ecrit par John Tanner

Réalisé par Gerd Oswald

 

Steve Ihnat

 

Joey trouve un veau

 

Tom Tully

 

Shane travaille dans les champs quand arrive un homme à cheval. L’homme s’arrête et le regarde. Puis il descend de cheval et frappe Shane sans provocation. Celui-ci réplique et l’homme le frappe à nouveau. « Si tu veux savoir qui t’a rossé, je m’appelle R.G. Posey », lance-t-il avant de repartir.

Shane retrouve l’homme le soir même à la ferme des Starett : il cherchait du travail et Tom l’a engagé pour quelques jours afin de retirer les pierres d’un champ. Pourtant l’homme ne cache pas son mépris pour les « laboureurs » (« sodbusters »), un mot qu’il répète jusqu’à la nausée à qui veut l’entendre – ou pas, car Shane aussi bien que les hommes du saloon comprennent vite que la colère de Posey est la rengaine d’un homme amer, et qu’il est inutile d’y répondre. L’homme cherche la bagarre et il a pris Shane en grippe dès son arrivée dans la vallée pour l’unique raison qu’il était en train de labourer un champ. Lorsque Ryker lui propose du travail dans son ranch, il ne se le fait pas dire deux fois.

Mais il prend l’initiative, un jour, de dresser un barrage au milieu du cours d’eau qui traverse la propriété de Ryker et ensuite celle des Starett. Posey vilipende les fermiers qui se sont installés, à cause du Homestead Act, sur les terres jusqu’alors ouvertes, et qui ont commencé à poser des barrières en proclamant que la terre jadis libre était à eux. Les Starett sont dans ce cas. En venant détruire le barrage, Shane doit se battre avec Posey. Cette fois, il a le dessus. Ryker, témoin de la bagarre, prête son aide à Shane, au grand désarroi de Posey qui essaie alors de monter les employés de Ryker contre les Starett, sans succès : ils ont constaté à quel point il travaillait mal et sont heureux que Ryker le renvoie.

Mais la colère de Posey en est décuplée. Reprochant à Shane d’être responsable de son malheur, il le provoque une nouvelle fois, l’arme à la main. Shane ne lui donne pas satisfaction. Il sait, dit-il, que Posey ne le tuera pas. Car l’homme a vidé son chargeur en tentant de le faire réagir. « Tu ne sais même pas compter », lui dit Shane. Avant de le laisser repartir, piteux, pour porter sa colère ailleurs…

 

Avec Steve Ihnat (R.G. Posey), Owen Bush (Ben), Lawrence Mann (Hanes), Ned Romero (Chips). Avec Sam Gilman (Grafton) et Bert Freed (Ryker).

 

A la violence de Posey, l’homme amer et solitaire du titre, Shane oppose sa non-violence. Frappé une fois, il réagit, mais frappé une seconde fois il reste à terre. Lorsqu’il retrouve Posey à la ferme ce soir-là, il a déjà cerné l’homme et son besoin de chercher querelle. Il ne refuse pas le combat mais le reporte à plus tard, quand le travail aura été fait. Il informe aussi Posey que chez les Starett personne ne le volera ni ne lui fera des ennuis, puisqu’il semble convaincu que le monde entier lui veut du mal. L’affrontement final sera encore un non-affrontement. Entre les deux, cependant (car Shane est le héros et on n’aime pas voir le héros prendre des coups sans réagir !), la bagarre dans le cours d’eau prouve la force de Shane : l’humiliation de la première rencontre est effacée et la voie est libre pour le non-affrontement du dénouement. Il suffit alors à Shane, pour ridiculiser Posey, de ne rien faire d’autre que le regarder, avant de l’achever par une seule et petite phrase : « Tu ne sais même pas compter. »

L’attitude de Ryker est significative : celui qui s’est posé dès le premier épisode comme l’ennemi des fermiers (des « homesteaders ») a un code d’honneur. On ne dresse pas des barrières, accorde-t-il à Posey, mais on ne prive pas d’eau ses voisins. La colère de Ryker a une cause spécifique et, de son point de vue, est justifiée ; celle de Posey n’en a pas, sa haine des « laboureurs » n’est qu’un prétexte à l’amertume de celui que tout le monde apprend à voir pour ce qu’il est : un loser.

 

 

1.06  Killer in the Valley

 

ABC, 15 octobre 1966

Ecrit par Ellen M. Violett

Réalisé par Don McDougall

 

Joseph Campanella

 

un baiser ?

 

Tom Tully & Sam Gilman

 

Shane et Marian rencontrent un chariot conduit par un homme mourant transportant sa femme déjà morte. L’homme ne tarde pas à succomber à son tour. Matthew et Hannah Eberle ont été victimes d’une maladie contagieuse et mortelle. Aussi Shane et Marian ordonnent-ils à Joey de ne pas les approcher. Shane enterre les Eberle et brûle leur chariot. Il envoie ensuite Tom chercher toute la quinine que possède Grafton ; hélas, celui-ci n’en a plus une goutte et il faut attendre le retour du marchand ambulant (« drummer ») dans l’espoir qu’il en aura avec lui. Lorsque, le lendemain, Barney Lucas arrive en effet, il comprend vite le bénéfice qu’il peut tirer de la situation. La nouvelle de la maladie en effet s’est déjà répandue car Ryker, l’ayant découverte, n’a pas voulu se taire. Lucas s’installe dans une chambre chez Grafton, protégé par deux tueurs à gage, Steve Danko et Billy Cain, et monnaye à prix d’or la quinine qu’il transporte avec lui, arrachant à Ryker un chèque de 500 dollars pour quatre flacons – dans lesquels il a mis en fait de l’eau sucrée. Shane, déterminé à se procurer de la quinine pour soigner Marian qui est tombée malade, évente la supercherie. Une fusillade oppose Shane et les deux tueurs chez Grafton, et Shane repart avec de la vraie quinine, qui permet de soigner Marian…

 

Avec Joseph Campanella (Barney Lucas), Owen Bush (Ben), George Keymas (Danko), Robert Hoy (Billy Cain), Paul Grant (Matthew Eberle). Avec Sam Gilman (Grafton) et Bert Freed (Ryker).

 

Malade, Marian prend Shane pour son défunt mari Joe. Ils échangent de tendres paroles et un baiser amoureux. La dernière image de l’épisode est celle de Marian dans son lit, le visage éclairé par de douces rêveries…

 

 

1.07  Day of the Hawk

 

ABC, 22 octobre 1966

Ecrit par Barbara Torgan & William Blinn

Réalisé par Jud Taylor

 

 

Floyd et Hoke, deux employés de Ryker, rentrent au ranch complètement ivres et s’amusent, sur le chemin, à tirer des coups de feu autour de la ferme d’Ira et Elizabeth Jackson. Le jeu vire au drame lorsqu’Ira effrayé tire dans leur direction et qu’ils répliquent, mettant accidentellement le feu à la maison et causant la mort d’Elizabeth dans les flammes. Le Révérend Harry Himber vient prononcer sur la tombe d’Elizabeth des mots qu’il espère réconfortants mais qui se heurtent à la colère sombre d’Ira, éperdu de chagrin et avide de vengeance. Ryker, voulant éviter une guerre entre les homesteaders et ses employés, demande à Floyd et Hoke de quitter la région mais Ira ne leur en laisse pas le temps : il tire sur Hoke. Le garçon succombe. Shane, pas plus que Ryker, ne veut d’une guerre mais l’un comme l’autre pense qu’elle est inévitable : Shane se rangera du côté d’Ira, même s’il n’approuve pas son désir de vengeance, et Ryker doit faire front avec ses hommes. Le Révérend essaie de s’interposer et de raisonner les uns et les autres, sans succès. Aussi se rend-il auprès d’Ira pour tenter de le ramener à des sentiments moins belliqueux.

Alors que Shane, Marian et Tom se heurtent à la colère de Floyd en venant chez Grafton rendre hommage à Hoke avant son enterrement, on voit soudain arriver le Révérend, portant dans ses bras le corps sans vie d’Ira Jackson. Ira n’a pas voulu l’écouter, ils se sont battus et un coup de feu est parti, tuant le fermier. Le Révérend, effondré, n’a pas le cœur à prononcer les mots qu’il avait promis au jeune Hoke de dire pour lui et Floyd, cherchant à épancher sa colère, s’en prend à lui. Shane intervient alors et donne au Révérend la force de prononcer le Notre Père, que tous disent avec lui. C’est autour de la prière que les uns et les autres trouvent finalement un sentiment de cohésion et de paix relative…

 

Avec James Whitmore (Révérend Harry Himber), Gregory Walcott (Floyd Harmon), Jason Wingreen (Ira Jackson), Cathy Ferrar (Elizabeth Jackson), Ned Romero (Chips) et Dee Pollock (Hoke). Avec Sam Gilman (Grafton) et Bert Freed (Ryker).

 

La prestation de James Whitmore porte cet épisode. Dès sa première apparition, il affirme son caractère face à Shane et il ne cesse ensuite d’essayer de ramener du bon sens dans la petite communauté, face à un Ira Jackson au bord du désespoir, avide de vengeance, comme face à Ryker et Floyd, peu sensibles à la parole de l’homme de Dieu. C’est pourtant le Notre Père qui parvient, in fine, à réunir tous ces hommes rudes autour d’une émotion commune, lorsque toutes les autres paroles ont échoué. L’arrivée du Révérend chez Grafton, portant le corps d’Ira Jackson comme on porterait un Christ, est un moment intense qui, avant la communion dans la prière, crée un choc et un sentiment d’humilité chez ceux qui l’observent, mais qui se révèle insuffisant pourtant à apaiser la colère de Floyd.

La colère est le fil directeur du scénario. Celle du mari qui pleure sa femme morte stupidement à cause de deux cow-boys ivres, celle de Floyd qui ne peut accepter le meurtre de son ami Hoke en représailles, celle du Révérend aussi, contenue mais suggérée : au petit Joey qui a trouvé une médaille de bravoure dans sa Bible, il confesse qu’on la lui a donnée après qu’il eut abattu plusieurs hommes qui avaient attaqué un hôpital durant la guerre et qu’il n’avait su raisonner par des paroles. Bravoure, dit l’enfant. Lâcheté, répond l’homme d’église, qui essaie une fois encore de raisonner les hommes par des mots mais se heurte toujours à leur refus d’entendre.

 

James Whitmore

 

Gregory Walcott

 

Cathy Ferrar & Jill Ireland

 

La valeur des mots, leur instrumentalisation et leur puissance – ou impuissance -, accompagne le Révérend tout au long de l’histoire. Ce sont d’abord les mots par lesquels Shane présente le Révérend à Ryker, qui contrarient le Révérend parce qu’il comprend que Shane ne l’a présenté que pour embarrasser Ryker. Ce sont ensuite les mots de réconfort que Himber prononce sur la tombe d’Elizabeth Jackson et qui suscitent chez le mari enfermé dans sa colère un « Non ! » puissant, par lequel il signifie son refus de la parole consolatrice. Puis le mépris à peine dissimulé qu’il sent dans la bouche de Shane quand celui-ci l’appelle « Révérend », et dans lequel il sent un reproche de faiblesse et de couardise. Quand enfin Shane l’appelle par son nom, Himber, au lieu de « Révérend » ou de « Harry », condescendants, le Révérend note qu’ils font « quelques progrès ». Chez Ryker, où il veut apporter du réconfort au jeune Hoke mourant, les hommes en colère ne veulent pas l’entendre ; le mourant, en revanche, veut se confier à lui et lui fait promettre de dire, s’il meurt, les mots d’excuse que lui-même n’a pas pu prononcer. Ce sont ces mots que Floyd réclamera ensuite chez Grafton, devant le cercueil de Hoke, alors que le Révérend effondré par la mort d’Ira Jackson refusera de les prononcer. N’ayant pas su se faire entendre même d’Ira, s’accusant d’avoir de nouveau tué à cause de son impuissance à convaincre et apaiser, le Révérend refuse de parler encore. Shane trouve alors les seuls mots capables, en la circonstance, d’imposer le respect à tous et de rendre sa force au Révérend : ceux du Notre Père. Une prière au lieu d’un discours. Peu à peu, ils pénètrent l’esprit du Révérend, qui se met à les dire avec Shane, puis les autres également, et tous joignent leur voix, y compris Floyd. Des mots rituels, connus de tous, qui mettent fin aux débats, aux querelles parce qu’ils font taire la parole personnelle au profit d’une communion.

Certains y verront un dénouement profondément religieux. Mais la force de la prière ici est celle d’une parole qui impose le silence et qui permet le recueillement après des jours de colère. Elle est l’ultime recours devant l’impuissance du raisonnement, parce que les différentes parties ont raison à leur manière : les deux cow-boys ivres ont causé la mort d’une femme mais ils ne le voulaient pas et ils se repentent ; le mari n’entend que sa colère et n’écoute pas le repentir de ceux qui l’ont privé de son épouse ; les autres se sentent contraints de prendre parti alors même qu’ils comprennent que la situation est sans issue ; la Loi serait le recours impartial capable de s’opposer à la vendetta mais personne à Crossroads ne la représente ; la parole du Révérend n’est qu’une parole humaine que personne ne reconnaît comme valide. Aussi la prière apparaît-elle comme la seule autorité finalement reconnue par tous. L’épisode se ferme sur la réconciliation qu’elle apporte dans un moment de tension extrême.

 

 

 

 

La conclusion peut cependant être lue différemment : dans la première moitié de l’épisode, Shane affronté à la colère vindicative d’Ira Jackson déclare qu’il prendra son parti si une guerre oppose les fermiers aux ranchers mais qu’il n’en a pourtant aucune envie ; il admet que, s’il se trouvait lui-même dans la situation d’Ira il réagirait peut-être comme lui, mais il n’en sait pas moins que c’est la voie de la violence ; il suggère alors une « solution » évidemment inapplicable mais pourtant dictée par la raison, en disant à Ira : « Je pourrais vous tuer maintenant. » Le fermier a tué l’un des responsables de la mort de sa femme, une mort pour une mort, mais c’est lui, maintenant, qui est responsable du climat de violence qui menace d’embraser la vallée. Sa mort y mettrait fin. Et c’est bien ce qui se produit à la fin de l’épisode. Le récit du Révérend la présente comme un accident ; mais personne hormis le Révérend n’y a assisté.

 

 

 

 

 

1.08  The Other Image

 

ABC, 29 octobre 1966

Ecrit par Ellen M. Violett

Réalisé par Jeffrey Hayden

 

Jill Ireland & Robert Brown

 

Romero, Mann & Freed

 

Jill Ireland in the mirror

 

Une lettre arrivée de Boston produit un profond bouleversement chez Marian. Elle lui vient d’un ancien courtisan, Warren Eliot, devenu sénateur et qui annonce son passage par Crossroads pour revoir Marian. Celle-ci est alors renvoyée à son ancienne vie mais aussi à la préoccupation de son image : que va penser d’elle un homme qui l’a aimée dans l’Est, avant qu’elle ne mène la rude vie de pionnière ? Shane est également affecté par le souci de Marian mais ses préoccupations tiennent à la place qu’il occupe dans la vie de Marian et des Starett ; fait-il partie de la « famille » et a-t-il le droit d’éprouver de la jalousie à l’égard du visiteur ?

Lorsque Eliot arrive en ville, Shane le trouve rapidement sympathique. Le jeune homme n’a pas perdu son attirance pour Marian, qui se montre à lui dans ses plus beaux atours, comme essaie de le faire Tom, ressortant lui aussi ses vêtements d’antan. Warren ne cache pas qu’il espère emmener Marian avec lui dans l’Est, même si sa venue dans la région est liée d’abord à la société Wells Fargo. Aussi reprend-il la cour qu’il lui faisait jadis, et à laquelle la jeune femme ne peut rester insensible.

Rufe Ryker voit lui aussi un intérêt dans la venue de l’étranger : en le suivant, Marian abandonnera sa ferme, que Rufe est prêt à racheter à Tom. Ce dernier, cependant, n’envisage pas de partir ; si Marian et Joey s’en vont dans l’Est, il continuera de travailler la ferme, seul.

Le soir où Warren invite Marian à dîner avec lui chez Grafton, Shane l’y conduit et reste toute la soirée dans l’arrière-boutique avec Sam Grafton. Il en sort, toutefois, pour demander à Ryker, Harve et Chips de s’en aller et de ne pas importuner le couple qui termine son repas. Sa démarche entraîne un combat au poing avec Harve et Chips, auquel se mêle Warren, prêtant main forte à Shane. Le spectacle de ces deux hommes se battant finalement pour elle émeut Marian. Elle se laisse reconduire à la ferme par Shane qui, dans la foulée de l’énervement issu de la soirée et de la bagarre, se met à couper et rentrer du bois au beau milieu de la nuit. Elle l’aide à achever ce travail. Ce travail et cette proximité avec Shane, elle réalise à quel point elle les aime, à quel point aussi Shane en est lui-même préoccupé, bien qu’il ne le dise pas.

Il n’en faut pas davantage pour comprendre qu’elle ne partira pas dans l’Est. Sa vie, désormais, est ici, avec ses trois hommes et la ferme pour laquelle elle a travaillé si dur…

 

Avec Robert Brown (Warren Eliot), Owen Bush (Ben), Lawrence Mann (Harve), Ned Romero (Chips). Avec Sam Gilman (Grafton) et Bert Freed (Ryker).

 

 

 

 

Les mots décisifs sont rarement prononcés mais les sentiments des protagonistes s’expriment par les regards, les attitudes, les réticences. La profondeur des liens existant désormais entre les Starett et Shane passent par leur travail commun, montré dès le début de l’épisode – où Marian est entièrement vêtue de jeans, en pantalons, affirmant sa participation à part entière aux travaux de la ferme. C’est cependant aussi l’un des problèmes qui se posent à elle : si elle reste femme au sein de sa famille (qui inclut Shane, avec ce que cette inclusion a de problématique aux yeux du principal concerné), elle a aussi sa part du travail des hommes. C’est l’image de sa féminité qui est sa préoccupation principale lorsque s’annonce la venue de Warren, au point qu’elle achète un miroir – suscitant les moqueries des cow-boys chez Grafton, l’exhortant à se laver avant de s’y regarder, pour estomper sa nature de sodbuster (laboureuse, fermière). A quel point son activité de fermière a-t-elle atténué sa nature de femme ? est-elle encore capable d’être regardée comme telle, alors qu’aucun des trois hommes de la ferme (son fils, son père, Shane) ne semble la regarder comme une femme ?

Le choix de faire de Warren Eliot un personnage sympathique et non un bellâtre ou un prétentieux ferme au scénario la porte de la caricature. Reste alors une peinture sensible des affres du doute chez Marian autant que chez Shane, avec la nécessité, pour maintenir le statu quo inhérent au schéma de la série, de ne jamais expliciter les sentiments de l’un pour l’autre. Rien de définitif n’est donc exprimé, jusqu’au dénouement qui refuse à Warren et Marian une scène d’adieu, le fiancé disparaissant simplement avec le générique de fin, après une scène de conclusion qui démontre l’immuabilité de la vie choisie par Marian et Shane : le travail côte à côte et la certitude silencieuse d’un attachement mutuel.

 

 

1.09  Poor Tom’s A-Cold

 

ABC, 5 novembre1966

Ecrit par Ernest Kinoy

Réalisé par Gerd Oswald

 

Robert Duvall

 

Jill Ireland & Phyllis Love

 

Joey et Claire Wilcox

 

Tom Gary est un fermier de la vallée. Il a une femme, Ada, et deux enfants, Louisa et Lloyd. Lorsque ses deux bêtes sont empoisonnées en buvant l’eau de sa ferme, il est persuadé que c’est Ryker qui a fait empoisonner celle-ci. Il prend donc son fusil, monte sur sa mule et va trouver Ryker chez Grafton ; Shane intervient pour l’empêcher de tuer Ryker ou, plus certainement, d’être tué lui-même. Mais la rancœur continue de ronger Tom ; il ne mange plus à table de sa famille mais dehors, où il passe ses jours et ses nuits avec son fusil, tirant au hasard sur des fantômes en criant qu’on ne lui prendra pas sa terre. Ada s’inquiète de son comportement mais aussi de leur avenir, car la terre ne produit guère, ils n’ont plus une seule bête et Tom bascule dans la folie. Un jour, Louisa arrive en pleurs à la ferme des Starett : son père a tiré sur sa mère et s’est enfui. Shane, Tom Starett et Ryker trouvent Ada blessée mais vivante. Shane et Ryker se lancent alors sur la piste de Tom, espérant le ramener sain et sauf avant qu’il ne blesse quelqu’un d’autre…

 

Avec Robert Duvall (Tom Gary), Phyllis Love (Ada Gary), Claire Wilcox (Louisa), Joey Wilcox (Lloyd). Avec Sam Gilman (Grafton) et Bert Freed (Ryker).

 

La folie du fermier et l’inquiétude de sa famille peinent à porter seuls la charge d’un épisode entier, qui se traîne en longueur jusqu’à un dénouement incertain : l’écran noir se referme en effet sans que l’on sache si les Gary se sortiront d’affaire, quand bien même le pauvre Tom, dément, est ramené vivant par Shane.

 

 

1.10  High Road to Viator

 

ABC, 12 novembre 1966

Ecrit par William Blinn

Réalisé par Marc Daniels

 

Une curieuse troupe d'Indiens

 

Anne Morrell & X. Brands

 

Arthur Peterson

 

Joey trouve chez Grafton une affichette annonçant un bal dans la ville minière de Viator, à trois jours de Crossroads. Pensant qu’une opportunité si éloignée des habitudes de leur vie de fermiers ferait le plus grand bien à Marian et à Joey, qui n’a jamais vu de bal, Shane décrète qu’ils iront tous les quatre à Viator. Craignant cependant que Ryker n’en profite pour commettre quelque méfait, il le défie aux cartes : en perdant, Ryker s’engage à ne rien faire contre la ferme durant leurs six jours d’absence ! Les voilà donc partis avec un chariot sur lequel ils ont chargé le viatique nécessaire. Dès la première nuit à la belle étoile, ils sont attaqués par un groupe errant de cinq Indiens qui volent leur nourriture et leur fusil. Qu’à cela ne tienne, ils continuent néanmoins leur route vers Viator, la nature pourvoyant à leur alimentation. Las ! le deuxième soir, l’un des Indiens réapparaît et vole la belle robe de Marian, qu’il veut offrir à sa compagne. Shane les trouve et récupère la robe en se rendant maître du triste couple. Ils arrivent enfin à Viator… devenue ville fantôme depuis plusieurs mois. Un vieillard qui semble être resté seul leur apprend que le fameux bal a bien eu lieu… l’année précédente…

 

Avec X. Brands (young brave), Anne Morrell (young woman), Hal Jon Norman (leader), Madeleine Taylor Holmes (old woman), Arthur Peterson (Codger), George Sawaya (Indian #1). Avec Sam Gilman (Grafton) et Bert Freed (Ryker).

 

De nouveau, le scénario offre peu de choses à se mettre sous la dent : la situation est anecdotique et l’odyssée des protagonistes a d’évidence un caractère comique. On reste tout de même perplexe devant la peinture du groupe d’Indiens errants, bâfrant et riant comme des simples d’esprit. La seconde rencontre, avec un seul couple du groupe cette fois, est moins décalée mais tout aussi artificielle. Il reste le bal final : Shane et Marian en belle robe dansant au milieu d’un saloon désert sous les yeux attendris de Tom et Joey.

 

 

 

 

 

1.11  The Day the Wolf Laughed

 

ABC, 19 novembre 1966

Ecrit par Denne Bart Petitclerc

Réalisé par Gerald Mayer

 

J.D. Cannon & Skip Homeier

 

Dan Travanty

 

J. Ireland & Phyllis Davis

 

Cinq cavaliers s’arrêtent chez Grafton. Celui-ci remarque immédiatement que leur chef, Reno, porte un ceinturon et un revolver identiques à ceux de Shane. Lorsque Grafton demande à ces hommes de partir alors qu’ils sont visiblement d’humeur à prendre possession des lieux, il comprend qu’ils ne plaisantent pas. Les hommes se mettent à casser des objets dans le magasin et à importuner Marian, dont Shane prend aussitôt la défense. Reno ordonne la fin des hostilités en se trouvant face à Shane : les deux hommes se connaissent fort bien, ils ont été élevés par le même homme, le Loup, qui leur a prédit jadis que leur destin était de s’affronter à mort. Reno s’engage à payer à Grafton tous les dommages et les frais mais il déclare qu’ils feront halte deux jours ici. Shane encourage Grafton à accepter. Entre-temps, cependant, Grafton a envoyé Ben chercher Ryker, qui arrive bientôt avec une poignée d’hommes. Il comprend vite, lui aussi, qu’il n’aura pas aisément le dessus et préfère se retirer pour mener un assaut en règle le lendemain matin. Il demande le concours de Shane, qui le lui refuse et tente en vain de le dissuader.

L’assaut de Ryker est un échec et Ryker lui-même est blessé. Pour assurer ses arrières, toutefois, Reno envoie ses hommes chercher un otage ; ils en ramènent deux : Shirley, une fermière, et Marian. Un bien mauvais choix, qui provoque l’intervention de Shane. Celui-ci a raison des hommes de Reno, un à un. L’affrontement prédit par le Loup est alors inévitable…

 

Avec J.D. Cannon (Reno), Skip Homeier (Augie), Sam Melville (Len), Owen Bush (Ben), Lawrence Mann (Harve), Ned Romero (Chips), Dan Travanty (Grant), Clyde Ventura (Jud), Don Elson (Amos), Phyllis Davis (Shirley). Avec Sam Gilman (Grafton) et Bert Freed (Ryker).

 

Si Shane défend Marian sans délai et sans hésitation, il n’intervient pas en revanche lorsque Grafton est aux prises avec les hommes de Reno. La mise en scène semble suggérer que, depuis le magasin où il se trouve avec Marian, Shane ne perçoit que quelques éclats de voix provenant du bar mais on a peine à y croire puisqu’une simple porte battante sépare les deux pièces. On s’étonne donc de l’inertie de Shane au moment où Grafton est en réel danger de mort.

Le coin de voile levé sur l’éducation de Shane préserve le mystère du personnage : certes, il a été élevé avec Reno par un vieil homme sage surnommé le Loup mais on n’en saura pas plus sur les circonstances de cette enfance. Le rire du Loup renvoie à la prédiction qu’il fit aux deux jeunes gens, affirmant qu’ils se dresseraient l’un contre l’autre. Ce jour est évidemment arrivé, par le plus grand des hasards puisque Reno ne s’attendait nullement à rencontrer Shane dans cette minuscule ville du Wyoming. La peur de Shane est soulignée plusieurs fois par le dialogue (par Marian puis par Ryker) mais celle de Reno ne semble pas moins grande. Reno apparaît comme le Doppelganger de Shane et l’absence d’informations sur les deux personnages accentue le mystère « fantastique » de leur rencontre.

Face aux tueurs redoutables et de sang froid que sont Reno et ses hommes, Ryker et ses cow-boys ne font pas le poids : Ryker est aisément chassé du bar par Reno et l’attaque qu’il conduit ensuite contre le saloon surprend par son amateurisme : la bande de Ryker s’avance à découvert sous le feu des tueurs qui, eux, sont à l’abri ! On se demande s’il faut imputer cette stupidité à Ryker ou au réalisateur de l’épisode (mettre en valeur l’infériorité des cow-boys en les mettant à découvert ?).

 

 

 

 

 

1.12  The Silent Gift

 

ABC, 26 novembre 1966

Ecrit par Ronald M. Cohen

Réalisé par Alex March

 

Jack Ging

 

J. Pat O'Malley

 

Bert Freed

 

Shane veut acheter un poney à Ryker mais n’a pas assez d’argent pour cela : Ryker lui propose alors un marché, un mois de travail dans son ranch plus les 50 $ qu’il offre et le poney est à lui. Shane accepte parce qu’il tient absolumet à offrir ce poney à Joey. Il s’installe donc avec les employés de Ryker le soir-même mais son arrivée ne plaît pas à tout le monde : le contremaître, Kyle, la voit d’un très mauvais œil et entreprend de lui mener la vie dure pour le forcer à partir. Ryker, prudent, a prévenu son équipe que tout homme qui en viendrait aux mains avec Shane serait renvoyé, Shane y compris évidemment. Témoin, au bout de deux semaines, d’une conversation au cours de laquelle Ryker propose à Shane le poste de contremaître, Kyle provoque son rival indésirable, qui ne sort de sa réserve que lorsque le contremaître s’en prend à Jingles, le plus vieil employé de Ryker. Jingles, questionné par Ryker, prétend que c’est Shane qui a provoqué Kyle. Le vieil homme, à 57 ans, est terrifié à l’idée de perdre son emploi et de se retrouver sans ressources, livré à lui-même. Shane est donc renvoyé.

Mais Kyle ne s’en tient pas là. Il se rend à la ferme des Starett et reprend immédiatement le poney, que Ryker avait laissé emmener par Shane au début de leur marché, et auquel Joey a commencé à s’attacher. Jingles, se sentant coupable de sa lâcheté, reconduit le poney chez les Starett. Shane en est furieux car Ryker ne manquera pas de venir reprendre son bien, accusant Shane de l’avoir volé. C’est effectivement ce qui se produit et Jingles, de nouveau, est trop lâche pour avouer la vérité : il prétend qu’il a simplement suivi Shane quand ce dernier est revenu voler l’animal. Shane affronte à mains nues Kyle et un autre cow-boy de Ryker, Claude, jusqu’à ce que Jingles, sortant enfin de son inertie, rétablisse l’équilibre du combat en menaçant Ryker et ses hommes d’une arme. Shane n’a alors aucun mal à mettre à terre un seul adversaire, Kyle, après quoi Jingles dit la vérité à Ryker. Celui-ci, contre toute attente, refuse de le renvoyer, sensible à son âge. En revanche, il reprend le poney…

 

Avec Jack Ging (Kyle), J. Pat O’Malley (Jingles), Claude Hall (Claude). Avec Sam Gilman (Grafton)* et Bert Freed (Ryker).

* Crédité mais absent de l'épisode. 

 

L’intérêt réside ici dans le déplacement du personnage de Shane sur le terrain de Ryker, qui se trouve de fait en position dominante. Shane trouve l’occasion d’un échange avec Ryker qui souligne l’analogie entre les deux personnages : le gunfighter et le « propriétaire » exclusif de la terre sont, selon Shane, deux survivances du passé, appelées à disparaître au profit d’une nouvelle distribution des cartes. Les fermiers, dit Shane, ne repartiront plus, n’en déplaise à Ryker qui persiste à vouloir les chasser de « ses » terres. (27’-29’) Cette problématique explique la décision finale de Ryker de ne pas renvoyer Jingles, le vieux cow-boy : il y voit une image de sa propre crainte de disparaître. On retiendra aussi la scène finale : Ryker reprend le poney auquel avait commencé à s’attacher le petit Joey, mais non sans un temps d’arrêt ; sous ses yeux, l’enfant a renoncé au poney en déclarant que Shane était plus précieux à son cœur que l’animal, et l’homme et l’enfant se sont embrassés. Ryker a conscience de repartir avec un poney qu’il possède, mais sans cet amour dont jouit Shane. Or, cet amour est une promesse d’avenir, qui résonne certainement au cœur de Ryker, accroché au désir d’un avenir qui n’est déjà plus, effrayé par sa disparition annoncée.

Souvent présents aux côtés de Ryker dans les autres épisodes, Harve et Chips sont curieusement absents de cet épisode qui se déroule pourtant chez Ryker, au milieu de ses employés.

 

 

1.13  A Long Night of Mourning

 

ABC, 3 décembre 1966

Scénario : Denne Bart Petitclerc et William Blinn, histoire de David Shaw

Réalisé par Alex March

 

Joanne Linville

 

Bill Fletcher

 

Tom Tully

 

Lydia Montgomery arrive à Crossroads et loue deux chambres à Grafton : une pour elle, l’autre pour un homme qui doit la rejoindre bientôt. Cette dame réagit étrangement au nom de Tom Starett en rencontrant Joey dans la boutique de Grafton, aussi l’enfant raconte-t-il à son grand-père l’arrivée de l’étrangère. Tom est frappé par son nom, qui fait ressurgir un passé douloureux : à l’époque où il était juge, et aussi alcoolique, Tom a prononcé la condamnation à la pendaison de l’époux de Lydia Montgomery, Dave, jugé coupable de meurtre. Lydia a mis cinq ans à retrouver Tom et elle est là aujourd’hui pour obtenir vengeance : dans quelques jours, à la date du cinquième anniversaire de son mari, l’homme qui vient bientôt la retrouver, Lee Maddox, tuera Tom Starett. Rien ne la fera changer d’avis, ni Shane qui prévient Maddox qu’il le tuera s’il s’en prend à Tom, ni Marian qui vient la voir pour plaider la cause de son beau-père.

Tom, lui, est tourmenté par ce passé et semble déjà prêt à en subir le châtiment. Lydia l’accuse d’avoir condamné injustement son mari et d’avoir été saoul durant le procès ; Tom se reproche également ce qui est arrivé mais pour des raisons plus complexes : certes, il buvait, mais pas au point d’être ivre pendant le procès, dont il se souvient dans chaque détail ; le jury a déclaré Dave Montgomery coupable et Tom a appliqué la sentence, bien qu’il pensât Dave innocent, parce qu’il n’avait d’autre choix en l’absence d’une preuve irréfutable présentée aux jurés l’autorisant à acquitter Montgomery. C’est ce qu’il raconte à Shane et Grafton au cours de ce qu’il vit comme sa dernière nuit, en touchant un verre d’alcool pour la première fois depuis cette époque. C’est à la suite du procès Montgomery qu’il a cessé d’exercer et qu’il est venu vivre dans l’Ouest, ne voulant plus servir une justice qui l’obligeait à faire pendre des innocents. Lydia entend son récit, mais cela suffira-t-il à changer son propre verdict ?…

 

Avec Joanne Linville (Lydia Montgomery), Bill Fletcher (Lee Maddox), Owen Bush (Ben). Avec Sam Gilman (Grafton).

 

 

 

 

Un scénario qui exprime la substantifique moëlle de Shane : du western psychologique qui met en scène les tourments intérieurs de ses protagonistes en les affrontant à un ou deux personnages de passage. Le bar de Grafton est le lieu privilégié de cet affrontement où les armes comptent moins que les âmes. Tom établit un parallèle entre sa situation et celle de Shane : « Il m’est souvent arrivé de penser que nous étions semblables : moi avec l’alcool, toi avec ce revolver ». Deux addictions qui entraînent un profond tourment intérieur fait d’un sentiment de culpabilité et de la tentation de replonger. Le tourment de Shane a été mis en scène dans plusieurs épisodes ; celui de Tom donne lieu ici à l’un des meilleurs récits de la série, pour lequel les trois chevilles ouvrières du show ont mis leurs plumes en commun. Le dernier acte se déroule chez Grafton, autour de la bouteille que réclame Tom, par une nuit d’orage qui permet un jeu de sons et de couleurs symbolique : le discours de Tom est scandé par l’orage et la déchirure des éclairs, qui expriment la colère du ciel quand il prétend replonger dans son addiction à l’alcool ; c’est dans cette atmosphère lourde de menace, à quelques heures de l’exécution annoncée, qu’un Tom tourmenté fait son récit à Shane et Grafton, habité par les reproches qu’il a portés cinq années durant ; hors champ, son accusatrice n’en perd pas un mot mais attend son heure pour surgir dans le cadre, par la voix d’abord, puis par l’image. Ce qui est en jeu ici est la distinction entre justice et vengeance : la mort de Dave Montgomery fut un acte de vengeance de la société cherchant un coupable, en tout cas telle que l’a ressentie Tom à l’époque ; le projet de Lydia aujourd’hui est aussi une vengeance. Mais qu’en est-il de la justice ? Lydia à son tour est contrainte à affronter ce questionnement, notamment par son tueur Maddox, qui n’est pas un « simple » assassin : l’homme connaissait Dave personnellement, il éprouve des sentiments pour Lydia qu’il a déjà tenté de raisonner en dénonçant précisément son désir de vengeance, qui depuis cinq ans la ronge et l’empêche de s’ouvrir de nouveau à la vie. Chaque personnage a ainsi une psychologie que le scénario prend en compte et met en scène en un mini-drame exemplaire. Le petit Joey, qui observe avec incompréhension et inquiétude le tourment de son grand-père, représente l’avenir : son incompréhension et l’ingénuité des questions qu’il pose à son grand-père dans son effort de comprendre soulignent la vanité du tourment et de la vengeance, la nécessité pour continuer de vivre de laisser en arrière le poids qu’ils représentent.

Tom expliquant son alcoolisme : « Etre juge était difficile, être un ivrogne était facile. »

Ryker, absent de l’épisode, ne figure pas au générique de fin.

Marian envoie Joey à l’école : il n’a pas été question d’école depuis 1.01, où elle était assurée par Marian elle-même, en l’absence d’institutrice.

 

 

1.14  The Big Fifty

 

ABC, 10 décembre 1966

Scénario : David Shaw, histoire de Philip Reisman, Jr

Réalisé par John Brahm

 

Wayne Rogers

 

Lawrence Mann

 

John Damler (à droite)

 

Shane passe à proximité de la limite nord de la ferme des Starett avec Joey quand il entend des coups de feu ; il découvre l’un des hommes de Ryker, Ed, empêtré dans le fil de fer barbelé qu’il vient de couper, une balle dans le ventre et sans connaissance. Harve arrive à ce moment et va prévenir Ryker tandis que Shane transporte Ed chez Grafton. Sam commence à nettoyer la blessure mais Ed ne survit que quelques minutes. Il est déjà mort lorsque Ryker et ses hommes arrivent dans le saloon. Ils accusent Shane d’avoir tué Ed et le retiennent de force, décidés à faire justice eux-mêmes. A l’indignation de Grafton qui rappelle que tout homme a droit à un procès équitable, Ryker répond en faisant de ses hommes les jurés et en énonçant lui-même les chefs d’accusation contre Shane, accusé de s’être vengé d’Ed avec lequel il s’était querellé auparavant, en profitant de ce que le cow-boy essayait d’ouvrir un passage dans les barbelés de la ferme des Starett.

Informés par Ben qui s’est éclipsé de chez Grafton pour aller les prévenir, Marian et Tom se rendent chez leurs voisins afin de demander leur aide ; mais aucun n’est prêt à affronter Ryker pour porter secours à Shane, pas même ceux que Shane a déjà aidés par le passé, comme Ed Howell (voir 1.01). Marian finit par envoyer son beau-père chercher l’US Marshal à Laramie tandis qu’elle-même se rend chez Grafton, où Ryker détient toujours Shane. Elle annonce la venue du Marshal et s’engage à ce que Shane ne s’enfuie pas avant son arrivée, allant jusqu’à remettre à Ryker l’acte de propriété de sa ferme en guise de garantie. Malheureusement, Joey vient de trouver le moyen (astucieux) d’apporter son arme à Shane… qui s’évade ! Quand il apprend ce qu’a fait Marian, il entreprend de découvrir seul qui a réellement tiré sur Ed, afin de mettre Ryker et ses hommes face à la vérité…

 

Avec Wayne Rogers (Jim Greevey), Owen Bush (Ben), Ned Romero (Chips), Lawrence Mann (Harve), Elizabeth Harrower (Myra Torrey), John Damler (Jeff Torrey), Karl Lukas (Ed Howell), Henry Wills (Farnham). Avec Sam Gilman (Grafton) et Bert Freed (Ryker).

 

 

 

 

Un épisode si incohérent qu’il est difficile de s’y intéresser. D’un plan à l’autre, plusieurs personnages changent de vêtements en dépit du bon sens : Ryker entrant chez Grafton porte un lourd manteau qu’il n’avait pas un instant plus tôt, à l’extérieur (on suppose donc qu’il fait plus froid chez Grafton qu’au dehors !), Harve porte tantôt une veste foncée tantôt pas, sans qu’il ait bougé de sa chaise durant le faux procès, Marian porte manteau et chapeau quand Shane passe la porte, mais plus rien un instant plus tard quand elle se tient dans l’encadrement (la tension du moment n’est sans doute pas si forte, puisqu’elle prend le temps de se dévêtir dans un instant censé être de grande inquiétude). On notera aussi le plan de la nourriture apportée par Joey à Shane et répandue sur le sol par Ryker : les aliments sont réunis dans un gros plan mais étalés loin l’un de l’autre un instant plus tard, quand Joey les ramasse, alors que personne n’y a touché dans l’intervalle. Mais le grand point d’interrogation porte sur l’homme qui jette le contenu de son verre au visage de Shane chez Grafton : d’où sort-il et que devient-il ensuite ? Mystère. Il semble n’être là que le temps de ce geste dramatique (puisqu’il met Shane à la merci de Ryker et de ses hommes).

C’est l’incohérence de l’intrigue qui est cependant la plus gênante. Comment croire à cette parodie de procès improvisée par Ryker, qu’on a connu plus subtil ? Pourquoi les Starett ne se précipitent-ils pas en ville une fois prévenus et préfèrent-ils une tournée des voisins à une discussion directe avec Ryker ? La question se pose d’autant plus que personne n’a vu Shane tirer sur Ed alors que Joey, présent, peut témoigner (et il le fait en effet plus tard, mais en pure perte) que Shane ne portait aucune arme au moment des faits ? Que Ryker et ses hommes saisissent l’opportunité de se débarrasser de Shane est explicite dans le scénario, mais Ryker est habituellement d’une relative bonne foi et l’on comprend mal qu’il agisse de façon aussi caricaturale. Quant au twist de l’acte de propriété de la ferme, que Marian remet à Ryker, c’est une péripétie gratuite, qui aurait pu donner matière à un épisode entier et qui est ici vite oubliée, même si l’on comprend bien qu’il s’agit de montrer que Marian estime la vie de Shane plus importante que sa ferme. C’est d’ailleurs le seul épisode où l’amour de Marian pour Shane est explicitement nommé (par Tom, qui dit vouloir empêcher qu’elle ne perde les deux hommes qu’elle a aimés dans sa vie). Enfin, le dénouement est artificiel et expédié : Shane ne trouve pas le tueur, c’est celui-ci qui se dévoile en s’attaquant aux Starett, et lorsqu’il succombe finalement sous la balle de Shane on se demande… comment ce dernier va pouvoir prouver à Ryker que l’homme était le véritable assassin, étant donné la mauvaise foi avérée de ses accusateurs. L’épisode ne s’embarrasse pas de cela : fondu au noir, générique.

Harve et Chips, inséparables de Ryker et pourtant absents de 1.12 qui se déroule dans le ranch de Ryker, sont de nouveau présents.

 

 

1.15  The Great Invasion, Part I

 

ABC, 17 décembre 1966

Ecrit par Ernest Kinoy

Réalisé par David Greene

 

Constance Ford

 

Archie Moore

 

Bradford Dillman

 

Shane revient très inquiet d’un séjour à Cheyenne. Il s’est vu offrir 75 $ par semaine pour rejoindre l’équipe du Major Hackett que vient d’engager un groupe de puissants éleveurs de bétail de Chicago, la Cattleman’s League. Hackett a pour mission de mener la guerre à ceux qui élèvent et vendent du bétail sans faire partie du groupe. Shane décline l’offre mais prévient les homesteaders de la vallée de ce qui risque d’arriver si Hackett vient jusque chez eux ; il craint en effet que la petite armée privée levée par Hackett, ancien officier de l’armée, ne s’attaque à tous les fermiers pour assurer le monopole des éleveurs les plus puissants. Mais personne ne prend au sérieux les mises en garde de Shane, pas même Tom, et Ryker se considère comme un éleveur à part entière, en rien menacé. Lorsque le journal désigne Longhorn Jenny comme l’une des cibles de Hackett, sous le prétexte qu’on ne sait pas d’où lui est venu le bétail qu’elle vient de vendre, Shane se rend dans sa ferme, où Jenny vit seule avec son employé Dan. Femme de caractère, elle est prête à recevoir l’ennemi quand il se montrera. Mais lorsque ce jour arrive, elle comprend vite qu’elle n’est pas de taille ; non seulement Hackett a avec lui une douzaine d’hommes armés et déterminés, mais il transporte aussi une mitrailleuse Gatlin, qui vaut une armée à elle seule. Jenny décide finalement d’assommer Shane et de le ligoter dans son sous-sol. Quand il revient à lui et parvient à s’extirper de la ferme en flammes, tout est déjà terminé : Dan a été abattu froidement, désarmé, et Jenny pendue dans la cour avec un écriteau « Rustler » (Voleuse de bétail) accroché à son cou.

Le récit de Shane suffit à convaincre Tom mais pas leurs voisins, qui refusent de considérer Shane comme l’un des leurs et persistent à ne pas se croire en danger. Même Marian demande à Shane pourquoi il reste à la ferme ; la réponse qu’elle attend n’a rien à voir avec la menace Hackett, certes, mais elle fait réfléchir Shane. Un soir, après avoir parlé avec Joey ennuyé par un camarade d’école et lui avoir conseillé ou bien de se préparer à se battre ou bien d’aller voir la maîtresse pour qu’elle arrange les choses pour lui, Shane quitte brusquement la ferme. Les jours passant sans qu’il revienne, Joey pleure la perte de son ami et Marian essaie de se faire une raison. Shane, lui, est allé à Cheyenne accepter la proposition de Hackett…

 

Avec Bradford Dillman (Major George Hackett), Constance Ford (Longhorn Jenny), Archie Moore (Dan), Frank Marth (Harvey Ball), Ross Hagen (Floyd Pettyburn), Charles Grodin (Jed), Tim O’Kelly (Eddy), Hal Lynch (Gunderson), E.J. Andre (Bullhead O’Reilly)*, Bill Quinn (Shaw), Larry Thor (Fretwell), Peter Brocco (headwaiter), Bill Erwin (clerk), Betty Anne Rees (Rose), Janice Carroll (Louisa) et Bert Freed (Ryker).

* Crédité au générique mais il n’apparaît que dans l’épisode suivant, au générique duquel il n’est pas crédité.

 

 

 

 

Harvey Ball à Shane : « Vous n’êtes pas des nôtres, vous ne possédez pas de terre et vous n’avez pas de famille. Quand vous êtes arrivé dans cette ville, vous aviez du sang sur les mains et en ce qui me concerne vous n’avez pas changé. »

Il est de nouveau question d’école dans une conversation entre Joey et Shane. « J’aimerais être grand comme toi pour tout savoir », dit l’enfant à Shane ; « J’aimerais avoir ton âge », lui répond l’adulte, « pour avoir une institutrice capable de remettre tout le monde dans le droit chemin. »

Le sort de Longhorn Jenny est poignant ; présentée dans une scène à Cheyenne, où elle rencontre Shane et affirme déjà un caractère bien trempé et une indépendance farouche, elle révèle une solitude et une fragilité cachées lorsque Shane la retrouve dans sa ferme, évoquant ses rêves et exhibant fièrement la robe qu’elle s’est offerte pour aller avec ces rêves d’avenir. C’est dans cette robe qu’elle meurt, impuissante face à la violence de Hackett, et qu’on la retrouve pendue devant sa ferme en feu.

A noter, parce que c’est le genre de chose qui agace dans un western, même si c’est un spectacle récurrent : Jenny et Shane vident leurs chargeurs sur l’ennemi sans aucun discernement, tirant sans interruption alors même qu’ils n’ont personne en vue. De toute évidence, le revolver de Shane est magique : il tire plus de balles (sans être rechargé) que ne peut en contenir son chargeur.

Bradford Dillman campe un Major Hackett dont les bonnes manières et la vanité militaire dissimulent à peine une cruauté qui ne demande qu’à s’exprimer, mais à distance : la mitrailleuse Gatlin représente la force brute capable de décimer une armée sans avoir à s’en approcher.

 

 

1.16  The Great Invasion, Part II

 

ABC, 24 décembre 1966

Ecrit par Ernest Kinoy

Réalisé par David Greene

 

E.J. Andre

 

Tim O'Kelly (à droite)

 

Ross Hagen

 

Shane se mêle aux recrues du Major Hackett et les accompagne dans leur nouvelle campagne. Il est ainsi aux premières loges pour connaître les projets du Major et évaluer ses forces et sa stratégie. Lorsque Hackett l’envoie en éclaireur au-devant de leur première cible, la ferme de Bullhead O’Reilly, Shane avertit celui-ci de ce qui va arriver et lui permet de s’enfuir avant la venue du Major. Ce dernier est déçu : une ferme déjà en feu, aucun fermier à pendre, alors qu’il transporte avec lui un matériel photographique pour immortaliser les preuves de sa grande mission comme il l’a fait chez Longhorn Jenny, photographiée pendue devant sa ferme et montrée ensuite à ses commanditaires. Il soupçonne Shane d’avoir saboté cette première étape.

De fait, lorsque Shane apprend ensuite que c’est la ferme de Ryker qui est la prochaine destination de l’armée en campagne, il quitte celle-ci et chevauche jusque dans la vallée pour alerter tous les fermiers. Marian et Joey sont heureux et soulagés de son retour, après la rumeur qui le disait passé du côté de Hackett. Mais, de nouveau, les fermiers rechignent à agir, surtout pour défendre Ryker, leur ennemi déclaré. Pourtant, ils se retrouvent unis aux abords du ranch de Ryker et, par un feu nourri, ils acculent la petite armée dans la grange. La mitrailleuse Gatlin, restée à l’extérieur, ne peut être reprise par les deux hommes qui s’y essaient. Le brave Major envoie un volontaire désigné pour une troisième tentative mais, bien qu’abrité derrière une porte en bois, il est à son tour touché par les balles ennemies ; furieux de voir le blessé revenir vers la grange, Hackett l’abat lui-même en le traitant de lâche.

C’est finalement Shane qui parvient, astucieusement et sans jamais se montrer à découvert, à s’emparer de la mitrailleuse, qu’il retourne contre l’armée de Hackett. Ceux qui ne sont pas tués se rendent. Le Major figure au nombre des victimes ; il s’effondre, médusé par la tournure des événements…

 

Avec Bradford Dillman (Major George Hackett), Frank Marth (Harvey Ball), Ross Hagen (Floyd Pettyburn), Charles Grodin (Jed), Tim O’Kelly (Eddy), Hal Lynch (Gunderson) et Bert Freed (Ryker).

 

 

 

 

Suite du portrait du Major Hackett, dont la mégalomanie est ici développée : en bel uniforme, il se fait conduire dans un chariot d’officier, dirigeant les opérations en stratège et restant toujours à l’arrière, sauf au moment de l’attaque du ranch de Ryker. Mais s’il reste debout au milieu de la cour, sous le feu des fermiers, c’est davantage sous l’effet de la surprise – une attaque impensable ! – que du courage. Son attitude ensuite reste maîtrisée mais, clairement, il évite de se mettre en première ligne et n’a aucun contrôle sur les événements. Incapable de concevoir de l’intelligence chez l’ennemi, lui qui s’est décrit auparavant à Shane comme un génie, traquant (en général en vain) une lueur d’intelligence dans le regard d’autrui, il ne voit absolument rien lorsque Shane s’empare de la mitrailleuse Gatlin quasiment sous son nez.

Shane à Marian : « Un jour, je serai capable de vous dire ce que je ressens, mais il faudra du temps… »

 

 

1.17  A Man’d Be Proud

 

ABC, 31 décembre 1966

Ecrit par Denne Bart Petitclerc & William Blinn

Réalisé par Alex March

 

 

 

 

Ryker est très embêté : il n’a plus de cuisinier et craint que la situation ne devienne vite très gênante car les hommes ont besoin de bien manger pour garder le moral de solides travailleurs ! Grafton lui suggère de demander l’aide de la seule personne qu’il semble n’avoir pas envisagée, alors qu’elle est sans doute la meilleure cuisinière de la vallée : Marian Starett. L’idée paraît moins incongrue à Ryker qu’il ne l’aurait cru, et une fois passé le moment de fierté qui l’empêche de s’abaisser à une telle demande… il franchit le pas. Il rend donc visite à Marian qui l’invite à dîner, au grand dam de Tom et de Shane. Le repas est silencieux et glacial du côté de Tom, Shane et Joey, mais Ryker, lui, découvre le bonheur d’un repas partagé à une table familiale et préparé avec compétence par une femme. Il revient donc rendre visite à Marian, sans même aborder la question de la cuisine, et peu à peu s’ouvre à l’idée de la courtiser. N’est-il pas le meilleur parti de la vallée, malgré son âge ? Tom et Shane sont surpris et contrariés de voir que Marian se laisse courtiser. C’est que la jeune femme a bien compris les intentions de Ryker et qu’elle y voit, outre une démarche flatteuse à son égard, un bon moyen de rendre Shane jaloux et de le pousser à exprimer ses propres sentiments. Shane ne supporte pas longtemps cette situation ; mais il considère qu’il n’a rien à offrir, surtout s’il se compare à Ryker : d’un côté un propriétaire avec une situation bien assise, respectable, de l’autre un tireur sans avenir, que n’importe qui peut venir provoquer du jour au lendemain. Tom est furieux de le voir abandonner si facilement la partie, mais c’est Grafton qui a un trait de génie, en suggérant que la cour faite à Marian n’est qu’une nouvelle ruse de Ryker pour s’emparer de sa ferme. Piqué au vif, Shane quitte le saloon comme une tornade pour se rendre chez Ryker, qui a invité Marian à faire la cuisine pour ses hommes ce soir-là. Il entre en furie dans la maison de Ryker en ordonnant à Marian de rentrer avec lui. Il n’a rien vu de ce qui a précédé son arrivée : la demande en bonne et due forme de Ryker, et le refus poli de Marian. Celle-ci, voyant les deux hommes se dresser l’un contre l’autre, prêts à régler leur différend au revolver, les fustige tous les deux et rentre seule.

De retour à la ferme, Shane veut prendre ses affaires et s’en aller, convaincu qu’il ne pourra jamais changer de vie. Marian pourtant le retient et l’assure qu’il en est capable, s’il veut encore essayer. Devant Joey ébloui, ils échangent un baiser…

 

Avec Owen Bush (Ben), Lawrence Mann (Harve). Avec Sam Gilman (Grafton) et Bert Freed (Ryker).

 

Un scénario qui met Shane au pied du mur et qui révèle un visage inédit de Ryker, « plaisant et charmant », selon les mots de Marian. Un homme timide, qui confesse n’avoir jamais eu de femme ; « ce n’était pas un temps à courtiser mais à bâtir », dit-il à Marian en évoquant ses jeunes années. Il dit à Grafton qu’il ne s’est jamais marié ; Grafton, lui, évoque sa défunte femme, Emma, à laquelle il pense chaque jour.

Shane vu par lui-même : « un gunfighter sans passé et pas vraiment d’avenir essayant de rivaliser avec quelqu’un comme Ryker ! » (« a gunfighter with no past and not much of a future trying to compete with someone like Ryker ! »). « Tout ce que j’ai c’est un revolver, une selle et un bon cheval. »

Tom à Grafton : « Give me a d… soda pop, Sam. » La tentation d’un verre pour célébrer la ruse de Grafton se heurte à l’interdit de l’alcool pour Tom, qui se replie sur un soda. Moins fun, certainement, mais cohérent avec l’épisode 1.13.

Ryker à Shane après le coup de colère de Marian : « Elle a raison. Nous sommes morts tous les deux. Le gunfighter et l’éleveur d’open range, c’est fini. »

Un épisode de conclusion, qui se termine sur le baiser longtemps attendu, plusieurs fois esquissé et retardé. Joey court en informer son grand-père, qui partage sa joie. C’est l’image finale de la série.

 

Tag(s) : #Guide d'épisodes, #Guide d'épisodes 1960s
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