publié en mars 2002 (ASS 8)

par Thierry Le Peut

 

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Plusieurs fois rediffusée par M6, The Sentinel n’a pourtant été que très peu couverte par la presse spécialisée. Riche de 65 épisodes, la série n’est ni la plus originale ni la plus populaire des productions de ses géniteurs, Danny Bilson et Paul DeMeo, mais elle n’en constitue pas moins un spectacle soigné et de qualité, dans la catégorie action adventure.

The Sentinel en effet pourrait passer pour une série policière, son héros étant un inspecteur de police de la petite ville de Cascade, mais elle emprunte en vérité une voie moyenne qui lui permet d’explorer un territoire bien plus vaste que le simple policier urbain. Riche en poursuites, en bagarres et en sensations fortes, le cocktail mitonné par le tandem Bilson - DeMeo lorgne plus volontiers du côté de la série cinéma des Die Hard que de celui d’un policier classique. S’il est bien question d’enquêtes policières (quand même...), celles-ci sont particulièrement musclées et s’éloignent du réalisme à la New York District. Les intrigues empruntent aussi bien à l’espionnage qu’aux aventures de jungle (on y reviendra dans un instant), celle-ci pouvant être perçue comme une simple métaphore de l’environnement urbain. Les explosions et fusillades sont nombreuses, de même que les « morceaux de bravoure » qui conduisent le héros à la lisière du justicier sans peur et (parfois) sans limite.

Bilson et DeMeo ne trahissent pas leur inspiration constante : la bande dessinée. Qu’ils adaptent le célébrissime comic The Flash ou qu’ils reprennent le thème de la super-voiture servant de véhicule au héros moderne dans Viper (les K2000, Le juge et le pilote et autres Stingray avaient largement ouvert la voie dans les années 80), les deux compères ne perdent jamais de vue l’ambiance comic book, où le héros a quelque chose de « super » et où l’action occupe une place prépondérante. L’un de leurs collaborateurs réguliers, Howard Chaykin, est d’ailleurs un auteur reconnu dans le domaine et ces messieurs ont également tenté une percée au cinéma en adaptant la bande dessinée The Rocketeer avec Bill Campbell.

A la base de The Sentinel, on trouve d’ailleurs une idée tout droit sortie de la veine « super-héros » : comme Daredevil ou Spiderman, le héros Jim Ellison est doté de sens surdéveloppés qui lui permettent de voir, entendre, sentir, goûter et toucher avec une acuité tout simplement extra-ordinaire. Cette faculté insolite, il en a hérité lors d’un séjour dans la jungle du Pérou, alors qu’il était en mission pour les Forces Spéciales. La série est ainsi mise en corrélation avec une multitude de légendes tribales qui serviront constamment d’inspiration et de toile de fond aux intrigues. Revenu dans la jungle urbaine, Ellison est approché par un étudiant en anthropologie qui travaille justement sur les « sentinelles », des guerriers-protecteurs dont il retrouve les caractéristiques dans plusieurs sociétés primitives. Jim et cet étudiant, Blair Sandburg, auront à peu de chose près la même relation que John Wesley Shipp et Amanda Pays dans The Flash, le second aidant le premier à contrôler et à tirer le meilleur profit de ses facultés.

Série d’action parfaitement maîtrisée, The Sentinel veut divertir avec intégrité et y parvient très honorablement. Les personnages, bien qu’un tantinet stéréotypés, sont convaincants et l’un des attraits majeurs de la série est la relation évolutive qui unit les deux protagonistes. Très vite, Blair emménage chez Ellison et, bien que l’un et l’autre affirment sans complexe leur hétérosexualité, une amitié sincère naît progressivement entre eux. La fin de la troisième saison constitue de ce point de vue un climax qu’il faut voir absolument, puisque Blair y est laissé pour mort à la suite d’une rencontre fatale. Au cours de la série, qui s’arrêtera finalement au début d’une quatrième saison écourtée, on découvre par ailleurs quelques membres des familles de Blair et Jim, la mère du premier étant jouée par Leigh Taylor Young (Kimberly Cryder dans Dallas, saison 11, et l’un des maires de High Secret City) et l’un des frères du second par Perry King, ex-Cody Allen de Riptide.

Malgré ses nombreux passages à l’antenne, la série mérite toujours d’être découverte si vous l’avez manquée jusqu’ici. Vous pourrez au demeurant essayer de débusquer les références qu’y ont glissées les scénaristes au fil des épisodes, la plus évidente étant le nom du bad guy de « Le transfuge », Lee Brackett (Leigh Brackett étant un auteur de science-fiction, co-scénariste par ailleurs de L’Empire contre-attaque et épouse de l’écrivain Edmond Hamilton, le « père » du Capitaine Flam).

Tag(s) : #Arrêt sur Télé
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