.42.
Un dernier numéro exceptionnel de 92 pages !
starring
FRIDAY NIGHT LIGHTS
> L'édito du numéro 42 :
Il faut une fin à tout. Ce numéro est donc le dernier d’Arrêt sur Séries. D’une certaine manière, cependant, Arrêt sur Séries s’arrête avant la fin, parce qu’il n’y a simplement pas de fin au projet qui était le sien au départ. Techniquement, ASS a toujours été un fanzine. Au fil des années, plusieurs plumes lui ont prêté leur passion, leur curiosité et leur talent : celles de Brigitte Maroillat, de Sébastien Marrot, de Manuel Rouffia, de Yann-Loïc Jacq, d’Emmanuel Francq, de Christophe Dordain, de Jean-Luc Vandiste qui, ici encore, nous fait partager sa conversation avec Colin Cunningham, l’un des acteurs de Falling Skies. Le projet initial, pourtant, était tout personnel : il s’agissait d’explorer l’univers des séries par une immersion dans celles-ci, en les visionnant le crayon à la main, non pour être exhaustif (peut-on l’être ?) mais pour s’imprégner à chaque fois d’un univers, avant d’en rendre compte par l’écriture. L’idée ? Que chaque série abordée soit un chapitre d’un vaste livre qui serait constitué, à terme, par la réunion de ces univers. Une manière d’approcher le « monde » Séries, d’en faire un tout cohérent. Or, depuis la naissance d’Arrêt sur Séries, voici quinze ans, ce monde n’a cessé de s’étendre, de prendre de l’ampleur au point de devenir, aujourd’hui, omniprésent. Les séries sont partout, dans tous les magazines, dans toutes les bouches, sur tous les écrans. Elles sont en si grand nombre qu’il est désormais impossible de les voir toutes, et plus on en voit moins on peut prendre le temps de s’imprégner de chacune. Avec le développement exponentiel d’Internet, les guides des épisodes que proposaient hier Génération Séries et aujourd’hui ASS sont disponibles en ligne, partagés par des millions de fans. Les DVD permettent de redécouvrir des séries des années 1950 à 1990, dans le meilleur des cas en offrant à chacun le choix de la VO et de la VF, facilitant l’immersion et la constitution de tels guides. Wikipedia propose, par exemple, la liste des 138 épisodes de Naked City, une série de 1958 inspirée du film de Jules Dassin, avec scénariste, réalisateur et guest stars. Un « rêve » pour tous les maniaques dans mon genre qui, auparavant, devaient acheter Génération Séries pour avoir ce genre de document.
Mais puisqu’il est impossible de tout voir, alors l’idée qui engendra Arrêt sur Séries est irréalisable. Il n’y aura jamais de livre pouvant réunir tout cela. Pas même l’épais (et souvent remarquable) dictionnaire de Nils C. Ahl et Benjamin Fau : car on aura beau vouloir tout enfermer dans un gros volume, personne, jamais, ne pourra avoir tout vu et prétendre écrire en connaissance de cause sur toutes les séries. Il y aura toujours celles sur lesquelles on veut écrire quelque chose mais qu’on n’a pas le temps de voir, ou l’envie. Dans les années 1980, un « expert » en séries pouvait avoir vu l’essentiel de ce que diffusait la télévision française. Aujourd’hui, c’est impensable.
Il fallait donc qu’ASS s’arrête sans avoir réalisé son « projet ». Pour moi, c’est un choix rendu nécessaire par l’envie de « faire autre chose », de cesser de consacrer tant de temps aux seules séries, de payer tribut, enfin, à d’autres types d’écritures. L’envie de poser le crayon et de regarder les séries « juste pour les voir », sans songer en même temps au « dossier » à écrire, sans passer des heures à compiler les noms pour constituer des guides qui, étant donné la richesse des génériques, ne peuvent même plus être exhaustifs – et à quoi bon ? puisqu’il est maintenant si facile d’accéder soi-même aux génériques.
La tentation est grande de voler à Magnum ses deux derniers mots, quand, au terme du générique de l’ultime épisode de Magnum, il appuie sur la télécommande en disant au spectateur : « Good night ». Ecran noir. It’s over. Good bye, folks ! Mais c’est un autre mot qui s’impose en écrivant ces dernières lignes : MERCI. Merci à vous, lecteurs, qui avez permis à ce fanzine d’exister durant quinze ans. Merci à tous ceux qui nous sont fidèles depuis le début ; à tous ceux qui nous ont rejoints en cours de route ; à ceux qui, même s’ils n’ont fait que passer, ont enrichi le courant qui a fait vivre la revue pendant 46 numéros (avec les hors-série !). Merci à ceux, comme Ghislaine, qui nous pardonnent aujourd’hui de ne pas avoir honoré toutes nos promesses (ah ! le dossier JAG qui n’ira pas au-delà de la saison 7 !). Ce sera donc celui-là, le dernier mot : MERCI.
Thierry
Mais avant de partir, comme chantait Tino Rossi, vous goûterez, je l’espère, l’ultime plaisir d’un numéro plus copieux qu’à l’ordinaire. Un numéro qui, comme nous avons souvent voulu le faire, vous mène au confluent de la télévision, du cinéma et de la littérature, et sur plusieurs continents. L’Europe, avec A Young Doctor’s Notebook, l’Amérique, avec un joli lot de séries US, l’Asie, avec La légende des chevaliers aux 108 étoiles, et l’espace, aussi, avec Falling Skies ! De quoi voyager quelques heures, si vous prenez le temps. Avant de prolonger le voyage par notre site internet !
Et puis… disons-le quand même avec l’ami Magnum : Good Night !