Arrêt sur épisode : un épisode à la loupe
par Thierry Le Peut

Episode 7.10 :
Corporal Dasovik
(CBS, 4 décembre 1964)
Ecrit par Lionel E. Siegel. Réalisé par Bernard L. Kowalski.
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L’HISTOIRE
Après la mort de son officier commandant, une patrouille de cavalerie se retrouve sous le commandement du jeune et inexpérimenté Caporal Dasovik qui, en dépit de la mauvaise volonté de ses hommes, veut mener à bien la mission commencée : conduire jusqu’à la réserve un groupe d’Indiens Utes.
Un épisode atypique

Dans cet épisode atypique de Rawhide, écrit par un jeune scénariste (Lionel E. Siegel avait déjà 37 ans mais commençait sa carrière de scénariste, qu’il poursuivrait entre 1965 et 1969 dans l’équipe d’écriture de Peyton Place), les convoyeurs de bétail n’apparaissent quasiment pas. Seul Gil Favor (le chef des convoyeurs) est présent, et encore n’apparaît-il qu’au bout d’un quart d’heure pour jouer un rôle de témoin uniquement. Son introduction dans l’histoire est caractéristique du choix scénaristique : on ne le voit pas en action mais après une action qui est contée par les soldats et il est introduit en position de faiblesse (blessé à la jambe et apparemment inconscient), son visage étant à peine discernable. Il faut attendre quelques minutes encore pour qu’il se dresse sur ses jambes et fasse entendre sa voix rocailleuse : ce n’est qu’alors que l’on reconnaît distinctement Gil Favor, qui découvre vite qu’il n’a aucune prise sur les événements en cours.
Il en va du bétail comme des convoyeurs : deux bêtes seulement apparaissent, capturées par les soldats alors qu’elles erraient dans le désert, à l’écart de la piste. C’est en voulant les ramener vers le troupeau que Favor s’est lui-même éloigné et est tombé sur les soldats qui lui ont tiré dessus. Son rôle dans l’épisode se limite à vouloir récupérer ses bêtes ou, à défaut, obtenir un paiement équitable – l’une et l’autre exigences étant refusées par le caporal Dasovik. Pour continuer la route vers la réserve, en effet, le chef des Utes, Ollocot, a exigé de la viande fraîche et les bêtes de Favor (des vaches laitières) sont les seules disponibles dans ce désert, surgies providentiellement à la portée des soldats.
Soyons honnêtes avec Favor : tout impuissant qu’il soit, il est en fait un peu plus qu’un témoin. A un moment donné, c’est lui qui rend explicite ce que chacun aura compris en regardant l’épisode mais que le caporal Dasovik, lui, peine à admettre : le fait qu’il n’a aucune autorité sur ses soldats, qui sont plus proches de la bande errante et ne reconnaissent que l’autorité d’un des leurs, Eccles.
Le caporal malgré lui

Retour au cœur de l’épisode : le caporal Dasovik n’a aucune expérience du combat et son expérience de la vie de soldat est elle-même limitée. Il se retrouve à la tête du détachement, au grand dam des autres soldats, parce que l’officier l’a nommé caporal avant de mourir. Indécis, dénué de charisme et d’autorité, n’ayant pour le guider que sa conscience, un manuel de l’Armée et les conseils d’Eccles qui a barre sur les hommes et qui n’approuve pas ses décisions, Dasovik s’en remet à sa conception du devoir du soldat. Il possède une force, malgré tout : celle de s’en tenir à la ligne que lui trace cette notion de devoir et de faire ce qu’il a dit, envers et contre le scepticisme et les moqueries de ses subordonnés. Lorsqu’il déclare qu’il y aura une inspection si personne ne lui rapporte une couverture volée au chef Ollocot, il ordonne effectivement cette inspection, et lorsque l’objet volé est trouvé dans les affaires d’Eccles il déclare que celui doit subir une mesure de discipline. Et puisqu’il décide qu’il faut coûte que coûte mener les Indiens jusqu’à la réserve alors que le convoi n’en est pas encore à la moitié du chemin et que des Indiens rebelles menacent de les attaquer, le détachement doit se plier à cette décision et Favor lui-même ne peut espérer obtenir paiement de ses vaches avant d’être parvenu à la réserve, où il sera payé par le bureau des affaires indiennes.
Si le manque d’enthousiasme et les doutes des hommes quant à la pertinence du commandement de Dasovik sont visibles dès le début, la menace que représente cette troupe insolite pour le jeune caporal sans expérience se précise à mesure que l’obstination du caporal devient manifeste. Eccles essaie sans succès de le faire changer d’avis, faisant valoir qu’il est plus sage de rebrousser chemin jusqu’au fort que de faire route vers la réserve, où ni les soldats ni les Indiens n’ont envie d’aller, pour honorer un traité dont tout le monde se moque, l’unique raison pour laquelle le gouvernement fait conduire les Indiens dans des réserves étant de s’emparer de leurs terres.

Le point culminant de cette situation erratique et explosive est la décision du caporal Dasovik d’accepter la reddition des Indiens rebelles, qui prétendent vouloir rendre les armes et accompagner le chef Ollocot à la réserve. Pour Eccles, il s’agit d’une ruse. Mais Dasovik décide de croire en leur sincérité et d’accepter leur demande. Ses hommes alors se mutinent mais il est trop tard : les Indiens rebelles se rendent maîtres du détachement. Le chef Ollocot, considérant l’autorité militaire comme la seule garantie qui lui reste, prend le parti du caporal et le libère ; Dasovik libère, lui, Eccles et lui cède le commandement en arrachant ses propres galons, fatigué d’une charge qu’il n’a pas demandée et qu’il ne sait pas assumer. Il ne le fait pas, cependant, sans un discours désabusé, dicté par l’impuissance et le sentiment de solitude, sur le devoir d’un soldat qui est selon lui de remplir sa mission de protection, quoi qu’il en coûte, et de tenir les promesses qui ont été faites. C’est ce qu’il a essayé de faire, sans y parvenir, et son discours cette fois se fraie un chemin dans l’indifférence et l’arrogance des hommes. Ils en ressentent la part de vérité, comme ils sentent l’embarras consécutif à la brusque démission du chef autoproclamé et jusque là contesté : car aucun d’eux, au fond, pas même Eccles, n’a envie de commander.
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Un sacrifice absurde

La situation se complique encore lorsque l’on apprend que les rebelles, qui pour l’instant se sont retirés, enverront le lendemain un champion tuer le chef Ollocot afin de prendre sa place. Ollocot confie alors à Dasovik qu’il n’a jamais remporté une victoire contre les Blancs et que la fonction de chef ne lui a été octroyée que pour signer un traité. Selon les coutumes des Utes, tout homme capable de le tuer peut prendre sa place. Une communion insolite se crée alors entre les deux chefs, qui se sentent et sont considérés comme aussi illégitimes l’un que l’autre. Le caporal décide de protéger le Chef au péril de sa vie. Il se tient donc seul à côté de lui, en attendant le matin, et l’arrivée du champion.
Après trois actes où la parole et les conflits larvés occupaient l’essentiel de l’espace dramatique, le dernier acte apporte l’action appropriée au dénouement : l’attaque des Indiens. De toute évidence, les Indiens ont un avantage sur les soldats de l’armée américaine et qui constitue un point commun avec Dasovik : ils suivent la ligne qu’ils ont tracée. Le champion rebelle descend donc de la colline où se sont retirés les rebelles, affublé d’un masque et prononçant des paroles rituelles de défi à l’adresse du chef Ollocot. A mesure qu’il avance, Dasovik lui crie de s’arrêter ; à mesure qu’il crie tandis que l’Indien continue d’avancer, les soldats crient au caporal de tirer au lieu de parler. Il tire en effet mais pour dissuader, non pour arrêter : il tire sur le sol, aux pieds du champion. Sans davantage d’effet. La tension monte. En dépit de leur volonté de laisser Dasovik se débrouiller seul avec sa conscience morale, les soldats, Eccles en tête, sont tentés d’intervenir. Dasovik enfin se décide à tirer sur le champion, qui tombe. Les rebelles alors passent à l’attaque, et les soldats ne peuvent rester plus longtemps sur la réserve.

Au cours de la fusillade, Dasovik et Ollocot sont touchés tous les deux. Une fois les rebelles mis en fuite, Dasovik meurt en demandant à Eccles d’honorer la promesse qu’il a faite à Favor : de lui payer le bétail réquisitionné, et il ajoute de le lui payer au prix qu’il demande et non au prix « réglementaire » prévu par l’Armée. On ne sait pas en revanche s’il a entendu les derniers mots d’Eccles, qui sont des mots d’excuse pour les choses qu’il lui a dites plus tôt. Par son discours qui a touché la fibre militaire de la patrouille, même si elle s’est tue, et par le sacrifice de sa vie au nom de son idée du devoir de soldat, Dasovik gagne finalement le respect, sinon de ses qualités de commandant du moins de sa probité et de son courage.
Et Favor, après avoir été consterné par le spectacle de cette patrouille en roue libre et finalement touché par le sacrifice du caporal, va pouvoir récupérer son dû et reprendre le cours normal de la série.
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ANALYSE
Just the facts, Ma’am
« Corporal Dasovik » a reçu un Western Heritage Award en 1965 (imdb). L’historien de la télévision Stephen Bowie le place dans sa liste des « 100 meilleurs épisodes de télévision de tous les temps » (à consulter sur son site). Il est réalisé par Bernard L. Kowalski, l’un des deux producteurs de cette saison (avec Bruce Geller). Geller et Kowalski ne produiront que cette saison de la série. Ils donneront naissance l’année suivante (1966) à Mission : Impossible, créée et produite par Geller et dont l’épisode pilote sera réalisé par Kowalski. Nick Adams, qui interprète le caporal Dasovik, avait été de 1959 à 1961 le héros de la série The Rebel, Johnny Yuma, un ancien soldat confédéré se déplaçant dans l’Ouest d’après la guerre de Sécession. Douglas Brode, dans son Encyclopedia of TV Western actors, 1946-Present (Shooting Stars of the Small Screen) voit dans son rôle de Dasovik « sa meilleure performance TV » (p. 19). John Drew Barrymore, fils de John et père de Drew, était apparu dans un épisode de Rawhide en 1959 et serait de nouveau sollicité pour un épisode en 1965 ; il joue ici le soldat Eccles.
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Une charge anti-militaire
Pour Stephen Bowie, « Corporal Dasovik » est « l’un des westerns les meilleurs et les plus dénués de concessions jamais réalisés pour la télévision » (1). Il y voit essentiellement une charge anti-militaire à travers la peinture de ce groupe de soldats dénués de discipline, paresseux, cyniques, menteurs, voleurs voire assassins (ils tirent sur Favor et prétendent qu’il a surgi de nulle part en leur tirant dessus le premier) ; que ce soit à Favor que soit donnée la réplique présentant ces soldats comme une bande de criminels obéissant davantage à l’un d’entre eux qu’à l’officier en titre ne donne que plus de poids à cette peinture. Le portrait de l’officier inexpérimenté dont l’incompétence devient dangereuse est l’autre aspect de cette critique. En définitive, ce qui apparaît comme un acte de bravoure de Dasovik (son sacrifice final) est moins dû à son courage qu’à une logique suicidaire : placé par le sort dans une position pour lui intenable, il va jusqu’au bout de sa logique du devoir en s’interposant dans un conflit entre Indiens qu’il ne comprend pas et sur lequel il n’a en vérité aucune prise. La mort du chef Ollocot rend absurde son sacrifice mais sa propre mort lui permet d’être en accord avec lui-même sans avoir à subir les conséquences de son renoncement à diriger la patrouille. Affronté à l’insubordination de ses hommes, il a arraché ses galons ; mais il ne renonce pas en revanche devant son propre impératif moral, c’est là la réalité de sa bravoure, que la mort vient sanctionner.
Avant cela, la façon dont il se retrouve commandant de la patrouille et son commandement indécis ont illustré l’arbitraire du pouvoir. Les soldats subissent son commandement sans y adhérer parce qu’ils ne voient pas la légitimité de sa position de chef et n’ont pas de raison de mettre leur vie en danger pour remplir une mission qu’ils ne comprennent pas et qui leur apparaît elle aussi comme illégitime. En l’absence d’une autorité reconnue, chaque soldat est libre de questionner la mission et ses finalités, et de mettre en question les décisions du chef lui-même : le devoir, le respect de la parole donnée, que brandit Dasovik pour justifier de continuer la mission, deviennent des impératifs moraux personnels, non reconnus par la collectivité. A mesure que le danger qui pèse sur la vie de tous s’accroît, l’indifférence devient protestation, contestation et finalement insubordination. L’attitude du chef Ollocot (c’est le chef des Indiens, extérieur au groupe, qui est le seul à reconnaître l’autorité du caporal) est un rappel de la mission de protection normalement incarnée par l’armée, garante d’un ordre qui dépasse les choix individuels. Elle fait pendant au discours que tient Dasovik en renonçant à son commandement : il a échoué à maintenir la cohésion de la patrouille, c’est-à-dire l’adhésion à une vision commune et la soumission à un impératif transcendant la sécurité individuelle. Seule sa bravoure au combat réussit à souder de nouveau la collectivité, quand le sort d’un seul se trouve lié de nouveau à la préservation de tous. Mais sa mort peut aussi marquer l’échec de cette conception et donc sonner comme une critique de l’armée.

Favor et Eccles au-dessus du caporal Dasovik
Un rapport avec la guerre du Vietnam ?
« Corporal Dasovik » a été diffusé le 4 décembre 1964, quelques mois après que les Etats-Unis, sous la présidence de Lyndon B. Johnson, eurent renforcé leur présence active au Vietnam. On peut, comme Stephen Bowie, voir dans le scénario de Lionel E. Siegel « une allégorie délibérée de la guerre du Vietnam » : ce contre quoi les soldats de Dasovik se rebellent, c’est l’exécution d’une mission dont ils ne comprennent pas les tenants et les aboutissants, et leur mise en danger au nom de motifs qui les dépassent et qui, selon Eccles, n’ont de réelle importance pour personne. Ils refusent de mourir en intervenant dans les affaires des Indiens. Le parallèle avec la guerre du Vietnam est donc justifiable ; dès mars 1965, l’immolation d’Alice Herz pour protester contre la guerre est précédée d’une lettre ouverte où elle dit avoir essayé d’autres moyens de protestation, sans succès, soulignant que la contestation était une réalité avant de devenir un vaste mouvement impliquant des personnalités célèbres (le refus de la conscription par Mohamed Ali en 1966), des groupes d’activistes commettant des attentats et des manifestations dans les universités et dans les rues.

L’impopularité de la guerre du Vietnam et la révélation de massacres tels que celui de My Lai en 1969 (un an après les faits) vont modifier profondément la perception de l’armée dans les mentalités américaines. En 1964, il est encore tôt pour voir dans « Corporal Dasovik » un reflet de cette évolution mais la critique de l’armée n’en reste pas moins évidente. La jeunesse de Dasovik en fait une possible projection de la jeunesse américaine que le gouvernement envoie mourir à l’autre bout du monde en la prenant au piège de responsabilités qu’elle est trop jeune pour assumer et en la laissant livrée à elle-même (Dasovik, ici, est le seul gradé et doit décider seul puis assumer seul ses décisions). Quant aux soldats qui constituent la patrouille, ils sont, on l’a dit, plus proches ici de bandits en maraude que des garants de l’ordre qu’ils sont censés être. Face à eux, Favor est plus menacé que protégé et face à Dasovik il se heurte à l’absurdité et à l’injustice du règlement militaire.
UNE CONCLUSION, MA’AM ?
Au sein de la série Rawhide, « Corporal Dasovik » est incontestablement original puisqu’il s’affranchit du cadre et des personnages habituels du programme : exit l’équipe de convoyeurs, exit le bétail (à l’exception de quelques têtes). La présence de Favor rattache seule cet épisode à la série qui l’héberge, et encore n’a-t-il qu’un rôle secondaire. Enlevez Favor, vous gardez l’essence de l’histoire. Si la série a, par son schéma récurrent (un incident sur le parcours du convoi, la rencontre chaque semaine d’un ou plusieurs personnages de passage), un aspect anthologique, « Corporal Dasovik » assume pleinement l’anthologie et se débarrasse de tout le reste ! Le scénario aurait donc sa place dans une autre série sans qu’il soit besoin d’y changer grand chose.
Il est difficile par conséquent de dire que « Corporal Dasovik » est l’un des épisodes les plus intéressants de Rawhide, précisément parce qu’il n’est pas caractéristique de la série. C’est sans doute pourquoi Stephen Bowie y voit « l’un des meilleurs westerns jamais réalisés pour la télévision » : l’intérêt de l’épisode réside dans son scénario, non dans son adéquation à la série Rawhide. Ce n’est évidemment pas l’épisode que l’on conseillera de voir en premier à quelqu’un qui voudrait découvrir la série.
En tant que western, donc, « Corporal Dasovik » est une excellente pièce de télévision, présentant un scénario adulte et intelligent qui vaut par ses personnages et les résonances de son sujet.
En tant qu’épisode de Rawhide, il est révélateur de l’orientation prise par la septième saison de la série. Bruce Geller et Bernard L. Kowalski, chargés de produire cette saison, ont décidé de réinventer la série en s’éloignant du concept fondateur. Comme pour la saison 4, le principe récurrent du titre en « Incident at… » ou « Incident of… » (avec des variantes en with, on ou near) est abandonné et Geller et Kowalski veulent faire du show « une étude de caractères résolument sombre plutôt que l’histoire d’un convoi de bétail » (l’expression est de David R. Greenland) (2). Choix finalement non entériné par CBS qui remercie le duo après la production de 21 épisodes et confie la fin de la saison à Endre Bohem, producteur aguerri de la série qu’il avait produite en 1960. C’est donc, d’une certaine façon, toute la septième saison de Rawhide qui est atypique.
Notes :
(1) « Siegel’s Rawhide script, “Corporal Dasovik,” is one the best and most uncompromising Westerns ever filmed for television (it won a Western Heritage Award). A blatantly anti-military piece, “Dasovik” depicted the Cavalry as filthy and criminal, its leadership as cowardly and absurdly unfit. It was either a conscious allegory for the Vietnam War, or else an accidentally prescient rendering of the way in which Americans would be forced to regard their armed forces after William Calley became a household name. » (from The Classic TV History Blog) (William Calley fut condamné après le massacre de My Lai et son nom reste associé aux exactions commises durant la guerre.)
(2) David R. Greenland, Rawhide, A History of Television’s Longest Cattle Drive, BearManor Media, 2011, p. 78.
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