Guide réalisé par TLP
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Executive producer Quinn Martin
Avec Karl Malden (Lt Michael Stone) et Michael Douglas (inspecteur Steve Keller)
Voix françaises : Claude Joseph (Stone), Georges Poujouly (Keller)

Pilot
The Streets of San Francisco (Les rues de San Francisco)
95’
ABC, 16 septembre 1972
Producteur exécutif Quinn Martin
Produit par Arthur Fellows et Adrian Samish
Adapté pour la télévision par Edward Hume d’après le roman Poor, Poor Ophelia de Carolyn Weston
Réalisé par Walter Grauman

Robert Wagner, Karl Malden et Michael Douglas
Le corps d’une jeune femme est rejeté sur la plage et découvert par un homme qui court avec son chien. Elle porte sur elle la carte de l’avocat David J. Farr. Le Lt Stone et son équipier l’inspecteur Keller le convoquent donc au commissariat. Il identifie le corps de la jeune femme, Holly Jean Berry, et raconte qu’il l’a aidée une semaine plus tôt et qu’il l’a laissée dans un motel. Mais Stone et Keller découvrent bientôt qu’il ne leur a pas tout dit ; de toute évidence, il a fait plus que lui rendre un service. On l’a vue dans son immeuble, entrant et sortant de son appartement, et on l’a vu, lui, dans son appartement à elle, où il est passé prendre des vêtements pour elle. Stone et Keller ne le lâchent donc pas, Keller d’ailleurs l’a immédiatement pris en grippe et s’est déjà forgé une idée de sa culpabilité. Stone, plus prudent, demande des preuves avant d’émettre une théorie. Mais le faisceau de témoignages qui impliquent toujours plus Farr dans la mort de Holly finit par le convaincre de demander un mandat d’arrêt.
Farr, cependant, se fatigue vite de l’investigation serrée dont il fait l’objet, et qu’il qualifie de harcèlement. Contraint de répondre aux questions pressantes des inspecteurs, il a raconté une histoire bien peu vraisemblable, selon laquelle Holly était terrifiée par un homme qui, dit-elle, voulait la tuer, ainsi que son frère Del, après que celui-ci, pompiste, eut vu dans le coffre de cet homme quelque chose qu’il n’aurait pas dû voir. C’est pourquoi Del se cache, et c’est cet homme, affirme David Farr, que la police devrait chercher. Devant l’obstination de Stone et Keller à le poursuivre, lui, il décide de retrouver lui-même Delbert Berry afin de faire la preuve de son innocence.
Il y parvient effectivement, mais, ce faisant, il conduit lui-même l’assassin jusqu’au jeune homme qui, drogué et en manque, se cache dans un entrepôt près de l’Embarcadero. Un assassin grimé, affublé d’une grosse moustache, un homme dont Stone s’est mis peu à peu à penser qu’il existait bel et bien et qu’il pouvait être le meurtrier recherché dans une autre affaire, impliquant des meurtres d’enfants. Cet homme, en effet, plusieurs témoins l’ont mentionné et décrit, tantôt avec une moustache, tantôt avec une barbe, tantôt chauve, tantôt portant perruque. Selon M. Saretti, le concierge de l’immeuble où vivait Holly, et selon un collègue de travail de Del, il aurait prétendu être l’oncle de ce dernier ; selon Kenji, professeur de karaté de David Farr, il serait venu un soir observer ce dernier dans le dojo. Il tue Del Berry et assomme Farr, qu’il emmène dans la propre voiture de l’avocat, en laissant la sienne sur place, où les policiers n’y prêteront pas attention lorsqu’ils retrouveront le corps de Del Berry.
Sur Del, cependant, on retrouve un reçu de la station service portant le nom de Gregory Praxas ; et sur un programme de télévision dont Del avait déchiré une page, Stone relève le même nom, Gregory Praxas, un acteur apparu dans de vieux films d’aventures. Dans l’un d’entre eux, il était l’Ange de la Mort, indestructible et terrifiant. Sa photo conforte Stone dans l’idée qu’il faut rencontrer cet homme : Praxas est chauve. Stone et Keller se rendent donc chez lui de bon matin. Quand il voit ses mensonges mis au jour, Praxas se précipite dans le sous-sol de sa maison, où il a laissé David Farr ligoté et bâillonné. Stone et Keller l’y poursuivent…

Michael Douglas, Karl Malden et Tom Bosley
Avec Karl Malden (Lt Mike Stone), Robert Wagner (David Jerome Farr), Michael Douglas (Inspecteur Steve Keller), Andrew Duggan (A.R. Malone, Chief of Inspectors), Tom Bosley (M. Saretti), John Rubinstein (Lindy), Carmen Mathews (Sally Caswell), Edward Andrews (Joe Caswell), Lawrence Dobkin (Gregory Praxas) et Kim Darby (Holly Jean Berry). Et avec Brad David (Delbert Berry), Mako (Kenji), et Naomi Stevens (Mrs Saretti), Lou Frizzell (Lou), Bill Quinn (Medical Examiner), Richard Brian Harris (mechanic), Don Spruance, William Swan (Larry Pyle), Victor Millan (Detective Tony), June Vincent (Diana), Robert Mandan (dockmaster), George Burrafato (Officer in hallway), Diane Darnell, Justin Smith (Mr Washington), Ed Hall (fingerprint technician), Nakita Knatz (le barbu russe), Don Ross (Detective), Joseph Miksak (l’homme sur la plage), Ryan Mac Donald, Tina Menard (Maria Ramirez).

Karl Malden est le Lieutenant Michael Stone
Ophelia, personnage du Hamlet de Shakespeare, illustrée notamment par un tableau célèbre de John Everett Millais, est la morte qui flotte à la surface de l’eau, comme ici Holly Jean Berry rejetée sur la plage. Le scénario la fait revivre à travers plusieurs retours en arrière traités sur le mode mélancolique, qui révèlent la relation tendre et ambiguë que David Farr a partagée avec elle, ambiguë parce qu’il aurait pu l’aimer mais qu’il se l’est interdit. Il se reproche, la découvrant morte, de ne pas l’avoir sauvée. Vus à travers ses yeux, Stone et Keller sont indéniablement coupables de harcèlement, comme le sont au fond beaucoup de policiers : c’est l’issue du scénario qui permet de faire la part entre harcèlement et opiniâtreté. En l’occurrence, Keller, d’emblée agressif – on devine qu’il reproche à l’avocat sa réussite arrogante, même si ce n’est jamais dit -, finit par faire amende honorable. Son attitude permet de dessiner la relation filiale entre les deux inspecteurs, l’aîné tempérant l’ardeur du plus jeune, qu’il surnomme une fois Wonder Boy, comme le Robin de Batman, et ensuite « buddy boy » (« fiston », « mon petit bonhomme », une expression récurrente durant toute la saison et que la VF traduit parfois, par « mon garçon » par exemple, parfois pas).
Stone appelle Keller « Wonder Boy » puis « buddy boy », enfin « lover boy » quand il l’arrache, de bon matin, aux bras de sa dulcinée. Il mentionne son diplôme de criminologie et moque sa manière élégante de s’habiller.
Stone à Farr : « Ma femme est morte il y a deux ans » (« My wife’s been deceased for two years »). Sa fille, Jean, étudiante, est mentionnée par le mot qu’elle a laissé sur le frigo.
« Watch out for the wolf in people » est une phrase que Stone a dite à Keller, qui la lui rappelle en pensant à Farr ; Stone lui réplique qu’elle vaut aussi pour lui (Keller).
On retiendra la première apparition de Stone et Keller, sur le mode héroïque : sitôt le corps découvert, cut, parking du commissariat (situé dans le Hall of Justice sur Bryant Street, c’est Stone qui l’indiquera bientôt à Farr), une Ford marron (immatriculée 199 CYW) démarre sec, conduite nerveuse, la voiture bondit en passant l’une des bosses de San Francisco et finit par s’arrêter brusquement près de la plage pour laisser sortir Stone et Keller. Cette manière de traiter le duo est conforme à nombre de séries policières et, ici, elle coïncide avec le thème musical de la série pour introduire le tandem de policiers sur le mode « Un meurtre a été commis, Stone et Keller se lancent immédiatement sur la trace du meurtrier, c’est pour cela que les policiers sont là, vous êtes protégés ! » Toute la suite de l’histoire démontrera que ces inspecteurs-là, pourtant, ne sont pas des cow-boys mais des professionnels méthodiques et que la série est bien moins tonitruante que cette entrée en matière ne pourrait le faire penser. 235 PCE : l’immatriculation de la Jaguar jaune de Farr.
A.R. Malone, Chief of Inspectors, joué ici par Andrew Duggan, sera remplacé par le Capitaine Rudy Olsen, qui ne fera que des apparitions dans la série, Stone et Keller n’ayant pas de supérieur régulier.

Lawrence Dobkin as Gregory Praxas

FICHE TECHNIQUE (PILOTE)
Associate producer Howard Alston. Assistant to the executive producer John Conwell. Director of photography William W. Spencer ASC. Music by Pat Williams. Production manager Dick Gallegly. Unit production manager John Wilson. Assistant director Paul Wurtzel. Art director Richard Y. Haman. Film editor Richard Brockway. Set decorator Hoyle Barrett. Music supervisor John Elizalde. Music editor Ken Wilhoit. Sound effects editor Bill Phillips. Assistant film editor Richard Haines. Sound by Ray Barons. Makeup artist Don Schoenfeld. Hair stylist Annabell Levy. Property master Mike Miner. Men’s costumer Ed McDermott. Women’s costumer Paula Giokaris. Cameras and lenses by Panavision. A QM Production in association with Warner Bros. Television © MCMLXXII by QM Productions All rights reserved
Saison 1
(1972 - 1973)
1.01 (02) The Thirty-Year Pin (Trente ans de service)
ABC, 23 septembre 1972
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Robert Lewin
Réalisé par Bernard L. Kowalski



Karl Malden avec Edmond O'Brien, Eileen Eckhart et Tim O'Connor
Gus Charnovski, un policier qui a choisi de patrouiller dans la rue toute sa carrière, est abattu par un cambrioleur alors qu’il intervient dans la bijouterie de Joseph Beemer. Stone l’accompagne dans l’ambulance et lui parle dans l’espoir de le maintenir en vie. Les deux hommes ont patrouillé ensemble trente ans plus tôt et sont restés très amis. Aussi Stone est-il particulièrement en colère et anxieux de retrouver le responsable. Il se montre brutal avec son collègue le Lt Roy Devitt et oblige le bijoutier à revenir dans sa boutique le soir même pour en tirer le maximum d’informations sur l’agresseur. Il écarte même Steve Keller en lui demandant de ne pas se mettre en travers de son chemin, alors que le jeune inspecteur s’inquiète de son attitude. Alors que Gus semble aller mieux, Stone se rend seul dans l’appartement d’un suspect, Harry Jarvis ; quand il trouve de la drogue chez lui, il le bouscule au point que l’homme le frappe et s’enfuit. Keller, qui retrouve à ce moment-là son partenaire, aide Stone à le poursuivre sur les toits et à l’arrêter, en renvoyant Stone à l’hôpital de crainte qu’il ne commette une faute. A l’hôpital, Stone trouve un Gus convaincu de vivre ses derniers instants, et qui s’éteint effectivement peu après.
Jarvis a un alibi mais cet alibi met en cause l’un des hommes avec qui il se trouvait au moment du cambriolage, Fisher. Stone et Keller trouvent l’homme et l’arrêtent au terme d’une poursuite jusque dans un métro en construction…

Michael Douglas et Ed Lauter
Avec Edmond O’Brien (Gus Charnovski), Tim O’Connor (Lt Roy Devitt), David Opatoshu (Joseph Beemer) et Eileen Heckart (Stella Charnovski). Et avec Rex Holman (Harry Jarvis), Leo Gordon (Eddie Suslow) et Ed Lauter (Dr Joe Ford), Maurice Argent (Garland), Winifred Mann, Maudelle L. Kary (nurse Marjorie), Frank Orsatti (Fisher), Yolan Chan (ballistics expert), Ed McCready (Sharp), Lee Harris (Det. Lee Lessing).
La rue, les toits, les souterrains du métro : les policiers explorent toutes les strates de la ville, conformément à la volonté de Quinn Martin de tourner la série en extérieurs. Le trajet en ambulance de l’acte I est commenté par Stone, qui exhorte son ami à rester en vie en lui expliquant précisément où ils sont, jusqu’à l’arrivée aux urgences, mais qui, du même coup, fait visiter une partie de la ville aux spectateurs.
Ce premier épisode met Stone dans une situation particulièrement tendue et personnelle. Mais la relation entre Stone et Keller bénéficie aussi de cette personnalisation car Keller affirme rapidement une personnalité forte face à un « mentor » qui dérape. Dès la première apparition du tandem, avant même que Stone n’entre en croisade, les deux hommes sont en désaccord et le jeune inspecteur reproche à Stone sa façon d’agir (en l’occurrence, le fait de ne jamais, par gentillesse, exiger un retour d’ascenseur de ceux qui ont une dette envers lui) ; c’est la prémisse du conflit à venir, dans lequel le cadet doit surveiller son aîné et lui rappeler ses propres leçons. Keller prouve ainsi sa capacité à rester intègre et à veiller sur son mentor. Dans l’épilogue, un Stone assagi reproche d’ailleurs à son partenaire – sur le mode de la plaisanterie – de l’avoir trompé en le renvoyant à l’hôpital sous le prétexte que Gus le réclamait, alors qu’il craignait surtout que Stone ne dépasse les limites durant l’arrestation de Jarvis.
S’il montre un Stone acharné et borderline, cet épisode montre aussi un Stone ému aux larmes, qui blottit sa tête dans le creux de l’épaule de Gus sur son lit d’hôpital, pour laisser couler ses larmes, incapable d’exprimer par des mots ce qu’il ressent à ce moment.


1.02 (03) The First Day of Forever (Le premier jour de l’éternité)
ABC, 30 septembre 1972
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Robert W. Lenski
Réalisé par Walter Grauman

Michael Douglas et Janice Rule
Beverly Landau, qui gagne sa vie en se prostituant, a été agressée par un homme armé d’un couteau et n’a dû son salut qu’à un camion qui a providentiellement percuté l’homme. Celui-ci s’est enfui en boitant. Stone et Keller raccompagnent la jeune femme chez elle après qu’on a soigné son bras entaillé. Là, l’agresseur appelle Beverly pour lui dire qu’elle doit mourir. Stone l’oblige alors à mettre quelques affaires dans un sac et à passer la nuit dans un hôtel minable (budget limité oblige) avec Steve, qui n’en est pas ravi. Stone, pendant ce temps, enquête sur plusieurs hommes dont les noms figurent dans le carnet d’adresses de la prostituée. La promiscuité forcée amène Steve à considérer Beverly moins comme une prostituée et davantage comme une personne, qu’il encourage à quitter un métier qui la dévalue et la rend malheureuse. Au cours de la nuit, quelqu’un essaie d’entrer dans la chambre, mais Steve ne peut le voir, l’homme a vite filé.
Le lendemain, tandis que Stone le remplace dans la chambre, Steve continue d’enquêter. Puis il décide d’emmener Beverly ailleurs que dans cet hôtel ; ils passent la fin de journée ensemble sur le Wharf. L’agresseur les y a suivis. Il tente de s’en prendre à Beverly et Steve le poursuit sur un toit. Stone, dont l’enquête l’a mené également à cet homme, Loren Graham, client repentant des prostituées qu’il cherche ensuite à assassiner (il en a tué deux avant de s’attaquer à Beverly), l’y rejoint bientôt. Steve empêche Graham, acculé, de se jeter du toit et l’homme, dans une sorte de dédoublement de la personnalité, suit paisiblement Stone en acceptant de répondre à ses questions.
Dans l’épilogue, Mike propose une pause à Steve devant la terrasse d’un restaurant : Beverly s’y est fait embaucher comme serveuse. Pour elle c’est, pour reprendre une expression utilisée par Steve plus tôt, « le premier jour de l’éternité », l’aube d’une nouvelle vie…
Avec Janice Rule (Beverly Landau), James Olson (Loren Graham). Et avec Joby Baker (Jamie Lane), Phillip Pine (salesman), Lawrence Montaigne (Officer Morgan), Ken Lynch (Joslin) et Carl Byrd (doctor), Rebecca Sand (Miss Winters), Michael L. Davis (van driver), Rick Cimino, Lee Harris (Det. Lee Lessing).
Dès le deuxième épisode, Steve Keller occupe le premier plan. Le scénario fait une place significative à ses échanges avec Mike Stone (qui l’appelle quatre fois « buddy boy ») et Steve est peint comme un jeune homme intelligent (il mentionne son âge, 28 ans, et ses études, et l’une des premières choses qu’il regarde dans l’appartement de Beverly ce sont ses livres), dans les silences duquel on sent une forte personnalité, qui observe et jauge même s’il ne parle pas. Son manque d’enthousiasme pour la protection de Beverly est flagrant mais son intérêt pour la personne l’est aussi, dès lors qu’il voit la femme au-delà de la prostituée. Dans une scène à deux, Stone affirme sa volonté d’être impliqué (« I care », dit-il avec insistance pour se distinguer de l’image du policier indifférent qui ne se soucie pas des gens que son métier l’amène à côtoyer) mais aussi son souci que Steve le soit également. Plus tard, il le dira à Beverly : Steve n’est pas seulement un jeune homme brillant, c’est un homme concerné (« he cares »). L’intérêt qu’il porte à Beverly ne va pas jusqu’à la romance, ce qui permet de garder l’accent sur ce sentiment du care dégagé de tout intérêt personnel.
Focalisé sur les policiers, le scénario s’intéresse moins au tueur, caricatural dans sa détermination maniaque, et la preuve qui le confond relève du gimmick : une croix chrétienne en bois sous le socle de laquelle il a gravé les noms de ses trois victimes ; celui de Beverly étant déjà gravé, elle doit mourir. L’autre preuve est constituée par les articles de journaux relatant les précédents assassinats, sur lesquels Graham a écrit à l’encre rouge SAVED : ses actes relèvent de la mission divine, de la croisade, et dans son délire final sur le toit il qualifie ses victimes de femmes impures (« unclean »).

Karl Malden et Michael Douglas avec Janice Rule

Michael Douglas et Janice Rule
1.03 (04) 45 Minutes from Home (Mésaventures)
ABC, 7 octobre 1972
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Robert I. Holt
Réalisé par Walter Grauman

Michael Douglas et Karl Malden avec William Windom
Un représentant en pharmacie venu de Los Angeles pour assister à une convention annuelle à San Francisco (45 minutes de vol) rencontre à un feu de circulation une jeune fille, Lita Brewer, qui a l’âge de sa propre fille. Elle l’interpelle et saute dans sa voiture en lui demandant de la déposer de l’autre côté du Golden Gate Bridge, puis elle lui fait du charme, l’entraîne dans sa maison-bateau près de Sausalito (Marin County), commence à l’embrasser. Gêné et tenté à la fois, il se laisse faire, mais elle se moque vite de lui. Il la repousse alors et sa tête heurte une poterie ; il s’enfuit sans vérifier si elle vit encore afin de ne pas croiser un jeune homme qui rentre justement à la maison-bateau. Le jeune homme, Bret Wilson, se dispute avec Lita qui reprend connaissance ; il est fatigué de la voir ramener d’autres hommes à la maison. Dans un accès de rage, il la tue en brisant sur sa tête une autre poterie. Puis il appelle la police et dit avoir vu s’enfuir le meurtrier ; il a même son nom, que lui a donné Lita avant de mourir : Tom Garver. L’homme a aussi laissé une pochette d’allumettes au nom de l’hôtel Towne.
Stone et Keller ont vite fait de trouver Tom Garver mais celui-ci prétend n’avoir rien à voir avec cette affaire et Bret Wilson en effet ne le reconnaît pas. En revanche, il reconnaît l’homme qu’il a vu s’enfuir : Russell Rankin. Ce dernier a donné à Lita le nom d’un collègue. Au lieu d’en parler aux policiers, Wilson décide de faire chanter Rankin.
Aux abois, Rankin essaie sans succès d’emprunter de l’argent à ses collègues et vole à l’un d’eux, John Collins, le revolver qu’il transporte avec lui. En quittant la chambre de Collins, Russell se trouve brusquement face à sa femme Emily, qui lui a fait la surprise de venir le retrouver ! Il lui avoue ce qui s’est passé et sort, avec l’arme. Stone et Keller, qui entre-temps ont suivi la piste du faux Tom Garver et découvert que Bret Wilson, impuissant, était constamment trompé par Lita, frappent alors à la chambre de Rankin et Emily leur raconte toute l’histoire. Ils se rendent aussitôt à Sausalito où Russell menace de son arme Bret Wilson…
Avec William Windom (Russ Rankin), Jacqueline Scott (Emily Rankin), Jo Ann Harris (Lita Brewer), Stephen Oliver (Bret Wilson). Et avec Robert Hogan (Tom Garver), Dick Van Patten (John Collins), John Lasell (Clark) et Paul Sorensen (Officer Wade), Sarah Fankboner (rental car clerk), Clyde Ventura, Walter Reed, Dan Barton, Gail Bryant Cameron, Stu Klitsner, Robert LeMond.
William Windom porte sur lui l’essentiel de cette histoire sur un modeste représentant d’âge mûr, mari et père exemplaire, qui par faiblesse tombe dans le piège tendu par une jeune allumeuse et fournit à un amoureux trompé l’opportunité de se débarrasser de la femme qui l’humilie. Lita et Bret appartiennent à la jeunesse artiste de Sausalito, un univers totalement étranger au représentant, comme l’est l’univers du crime dans lequel il bascule brusquement. Faible, naïf, sans défense, Russell Rankin est victime d’un enchaînement de circonstances qu’il ne contrôle pas, jusqu’à ce que Stone et Keller l’empêchent in extremis de devenir effectivement un criminel.
La nymphomane, l’impuissant et l’épouse aimante sont les autres protagonistes de cette fable. Le discours que tient Bret Wilson à Russell Rankin venu le tuer fait du bad guy une victime lui aussi : Lita lui a pris tout ce qu’il avait y compris sa dignité en le ridiculisant et la mort lui paraît comme une délivrance.
On retiendra une scène de rue où Stone et Keller dialoguent en marchant tandis que les badauds sont visiblement très intéressés par la caméra, que nous ne voyons pas mais qu’eux voient très bien. Sans doute se demandent-ils ce que c’est que ce film que l’on tourne chez eux ! A noter aussi : la visite touristique qu’offre Lita Brewer en faisant l’historique du Golden Gate Bridge à Russell Rankin, dans l’acte I. Rankin, ici, est une projection du public de la série : venu de Los Angeles (où se tournent la plupart des séries), il a besoin d’être introduit à la ville de San Francisco.
1.04 (05) Whose Little Boy Are You ? (Une adoption illégale)
ABC, 14 octobre 1972
Producteur Cliff Gould
Scénario : Cliff Gould, histoire de Donn Mullaly
Réalisé par Walter Grauman

James Stacy et Stephen Manley
Stone et Keller se rendent chez les Reardon, un couple qui a surpris un homme dans la chambre du petit Sean, cinq ans. L’homme est entré par la fenêtre et a pris la fuite quand le père, alerté par le bruit, a surgi dans la pièce. Pour les Reardon, il s’agissait d’une tentative de cambriolage, mais les policiers n’y croient pas et constatent que le couple regrette d’avoir prévenu la police. Peu de temps après, Mme Reardon surprend le même homme parlant à son petit garçon, accompagné cette fois d’une femme. Stone et Keller obligent alors les parents à leur avouer ce qui les inquiète réellement : leur petit garçon a été adopté illégalement avec la complicité d’un médecin, le Dr Kemp, et ils pensent que l’homme et la femme sont les véritables parents de l’enfant.
L’enquête permet bientôt d’identifier l’homme : le Sgt Peter James Forrest, AWOL (porté manquant), et la femme : Joan Genetti Forrest, qui a divorcé pendant qu’il était au Vietnam, où il a effectué deux tours, ayant demandé à repartir alors que Joan était enceinte. A 19 ans, seule et sans nouvelles de son mari qui ne répondait pas à ses lettres, elle a décidé de faire adopter l’enfant. Mais aujourd’hui Peter conteste le divorce et veut reprendre son fils et former une famille avec l’enfant et Joan.
Peter enlève le petit Sean alors que sa mère l’a emmené sur un manège. Il se rend ensuite à l’adresse de Joan mais comprend que la police l’y a précédé : Steve y est en effet avec Joan, dépassée par l’attitude de son ex-mari. Peter repart alors, suivi par Steve que rejoint bientôt Stone accompagné des Reardon. Peter se réfugie dans un bunker désaffecté où Stone entre seul pour tenter de le raisonner…
Avec James Stacy (Peter Forrest), Linda Marsh (Joan Genetti Forrest), Nancy Wickwire (Martha Reardon), Richard O’Brien (Barney Reardon). Et avec Douglas Henderson (Dr Kemp), Stephen Manley (Sean Reardon) et Louise Fitch (Alma), Peter Mamakos (Sal, le commerçant).
Pas de méchant dans cet épisode : les Reardon sont de braves gens qui ont adopté un enfant illégalement parce qu’ils ne pouvaient le faire légalement en raison de l’état de santé de Mme Reardon ; Joan était dépassée par sa maternité et perturbée par l’attitude de son mari (qu’elle qualifie de « war lover » car elle n’a pas compris pourquoi il avait demandé à repartir au Vietnam alors qu’elle était enceinte et qu’elle avait besoin de lui), et aujourd’hui elle est dépassée par les événements ; Peter, le véritable moteur de l’intrigue, est un homme qui a mûri au Vietnam et qui voit désormais sous un angle nouveau sa vie et sa paternité, un homme en quête de stabilité familiale mais également un homme sensible, qui demande l’amour de son ex-femme et recherche celui de son petit garçon.
Le personnage entre aussi, toutefois, dans la catégorie des vétérans perturbés : il porte une veste militaire, transporte une arme avec lui, suit un plan rigoureux et raisonne avec autant de rigueur même lorsqu’il tente d’expliquer ses sentiments ; cherchant l’adhésion du petit garçon (qui ne comprend pas la situation et suit l’étranger comme s’il s’agissait d’une excursion, d’un simple jeu avant de rentrer à la maison), il se donne le rôle du sergent et à l’enfant celui du soldat, de même qu’il évoque la police sous le sobriquet de Charlie, qui, au Vietnam, désigne l’ennemi (le Charlie est le Viet-cong). Il évoque le Vietnam à la fois comme ce qui a donné un sens à sa vie (pour la première fois, il a senti que quelqu’un avait besoin de lui) et lui a fait regarder celle-ci d’une façon différente.
Mais perturbé ne veut pas dire psychopathe. L’homme garde toujours son calme et ne menace réellement personne. Il aime réellement sa femme et son petit garçon, dans son désir sincère d’avoir une famille pour constituer, après son unité décimée au Vietnam, une nouvelle cellule qui donne un sens à son existence. Il se rend finalement à Mike Stone parce qu’il comprend ce que celui-ci lui explique : que pour l’enfant les Reardon sont les seuls parents qu’il connaisse et que lui enlever cette certitude en lui révélant une vérité qu’il ne peut pas comprendre ne peut que le traumatiser et lui enlever ce qu’il a déjà, une identité. « Whose little boy are you ? » est la question que pose Stone à l’enfant ; la réponse vient comme une leçon apprise par cœur : « le fils de Martha et Barney Reardon ».
1.05 (06) Tower Beyond Tragedy (La tragédie de la tour)
ABC, 28 octobre 1972
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Mort Fine
Réalisé par Walter Grauman

Stefanie Powers et Edward Mulhare
Amory Gilliam se dispute avec Toni Craig, qui ne supporte plus la tyrannie qu’il exerce sur sa vie : Amory l’a façonnée à l’image de la femme idéale avec laquelle il rêve de vivre, modifiant son apparence, choisissant sa coiffure aussi bien que ses vêtements, les tableaux qui ornent ses murs, les meubles de son appartement, les livres qu’elle lit. Perdant le contrôle de lui-même quand elle lui jette son dégoût au visage, Amory saisit une statuette et tue la jeune femme.
Amory Gilliam a passé cinquante ans. Terrifié par l’idée de vieillir, il a quitté sa femme et tenté à plusieurs reprises de façonner sa compagne idéale, jeune, belle, cultivée et totalement soumise à sa tyrannie. La police en est encore à rechercher l’identité de la jeune femme retrouvée enterrée dans le Golden Gate Park qu’il a déjà découvert, dans une autre agence d’escort girls, le parfait sosie de Toni Craig. Elle s’appelle Kim Ahern, est passionnée de peinture et travaille à l’agence Bay Area Escort Service pour l’argent qui lui offre une certaine liberté mais aussi pour rencontrer des hommes cultivés, intéressants, avec lesquels passer quelques soirées. Les quelques heures passées avec Amory sont charmantes et elle apprécie cet homme élégant, un brin mystérieux. Elle s’inquiète, certes, de constater ensuite qu’il la suit mais l’homme est si plein d’attention et si charmant qu’elle accepte volontiers ses cadeaux et les nouveaux rendez-vous qu’il lui propose. Peu à peu, Amory modifie son apparence et commence à la modeler selon l’idéal qu’il poursuit inlassablement, d’une femme à l’autre.
Pendant ce temps, Stone et Keller suivent la piste des hommes qu’a rencontrés Toni Craig, qui travaillait elle aussi comme escort girl. Ils découvrent bientôt que Toni était le sosie d’une autre femme assassinée, Cara Hale, également escort girl. Dès sa première rencontre avec Gilliam, qui est sorti à trois reprises avec Toni Craig, Stone sent qu’il tient son homme. Quand enfin les inspecteurs découvrent le visage de Kim Ahern, le profil psychologique du meurtrier se précise. Stone et Keller apprennent alors que Gilliam est parti avec Kim en direction de Crystal Cove Point. Après lui avoir parlé de la tour que s’était bâtie le poète Robinson Jeffers pour s’y isoler du monde, Gilliam a tenu à emmener Kim voir leur propre tour, une maison qu’il a achetée à Crystal Cove et dans laquelle il voudrait l’enfermer avec lui…
Avec Edward Mulhare (Amory Gilliam) et Stefanie Powers (Kim Ahern / Toni Craig / Cara Hale). Et avec Vic Tayback (Sgt Norm Haseejian), Fred Sadoff (Dr Lenny Murchison), Doris Dowling (Miss Ryan), Anne Randall (Robin Short), Joseph Perry (Murray Taylor) et Jeanne Bates (Mrs Gilliam), Nolan Leary (Mr Conroy), Selette Cole (Mrs Holloway), William Keene, Mason Curry, Mark Rasmussen (David).
On peut noter la parenté de cette histoire avec le Vertigo (Sueurs froides) de Hitchcock mais aussi, plus éloigné et plus fondamental, le mythe de Pygmalion et Galatée. Sur une mélodie envoûtante, à la fois triste et inquiétante, l’épisode place au premier plan le couple formé par Amory Gilliam et Kim Ahern, l’enquête de Stone et Keller se déroulant en parallèle afin de les amener à intervenir comme deus ex machina pour le dénouement. Celui-ci ne se déroule pas en haut d’une tour (même si la tour est présente dans le titre et dans l’histoire) mais sur la côte californienne, dont Jeffers a chanté la beauté sauvage dans ses poèmes. C’est sur les falaises, dans son cottage, que Jeffers a terminé sa vie, à l’écart du monde, entre Carmel by the Sea et Big Sur, là même où Mort Fine a choisi de poser le dénouement de cette histoire. La présence de la littérature dans la série est récurrente et lui confère un charme supplémentaire.
1.06 (07) Hall of Mirrors (Le couloir des miroirs)
ABC, 4 novembre 1972
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Walter Black
Réalisé par Arthur Nadel

David Soul
En l’absence de Steve, Stone emmène le jeune inspecteur Jim Martin avec lui au marché de Mission District, où un homme a été découvert mort. Stone a la surprise de découvrir que Jim parle l’espagnol. Les informations données par le marchand qui a trouvé le corps conduisent Stone et Jim à rechercher Rafael Diaz, un Mexicain qui pourrait avoir commis le meurtre. Chez lui, Stone trouve sa sœur Juanita, qui prétend qu’il n’est pas là ; mais Jim le coince alors qu’il essaie de filer par l’arrière. Le jeune inspecteur se montre agressif et brutal avec Diaz, qui réagit en s’enfuyant. Stone et Jim le poursuivent mais Mike se tord la cheville et le Mexicain en profite pour leur filer entre les doigts. Coincé chez lui avec un pied dans le plâtre, Stone confie l’enquête à Steve qui garde Jim Martin avec lui. Mais Steve constate à son tour l’agressivité de son jeune collègue à l’égard des hispaniques et sa susceptibilité quand on lui en fait la remarque. Il est obligé de revenir sans lui questionner le propriétaire d’un bar de Mission District parce que la brutalité de Martin a braqué l’homme, Loza. Avec Steve seul, Loza se montre plus loquace et se souvient d’avoir vu Diaz traîner avec deux hommes que l’inspecteur ne tarde pas à identifier d’après les informations du barman : Johnson et Clark. Vérification faite, les deux hommes viennent d’acheter une voiture avec ce qui représente les deux tiers des deux mille dollars volés à la victime du marché. Il est facile de supposer que le dernier tiers est la part de Diaz.
Entre-temps, Stone a repris le travail avec une canne et mis Martin sur la touche. Mais il a aussi profité de son congé forcé pour se rendre à Salinas, où a grandi Jim Martin. Là, il a parlé avec la mère de l’inspecteur, Mme… Martinez. Celle-ci lui raconte l’enfance difficile qu’a vécue Jim, les humiliations essuyées à cause de ses origines et la décision qu’elle a prise de l’inscrire à l’université de San Jose sous le nom de James Martin au lieu de Jaime Martinez. Ces révélations permettent à Stone de comprendre d’où vient l’agressivité de Martin à l’égard de ceux qui partagent les origines dont lui-même a honte. L’humiliation qu’il a subie, c’est sur tous les autres hispaniques qu’il la reporte.
Martin, mécontent d’être écarté de l’enquête par Stone, laisse à Juanita Diaz un faux message pour son frère, afin de le rencontrer dans une église en se faisant passer pour un nommé Campos. Diaz ouvre le feu sur lui mais, une fois son chargeur vide, il est à la merci de Jim. Celui-ci, furieux contre lui, au lieu de l’arrêter lui ordonne de s’enfuir. Stone et Keller les trouvent ainsi tous les deux. Stone apaise Jim en lui parlant de ce qu’il a découvert, et en lui offrant d’en parler. La colère de Jim se calme, et Stone et Keller lui suggèrent de lire ses droits à Diaz et de l’arrêter.
Martin prend de la distance pour faire le point avant de reprendre le travail. En attendant, il aide des gamins des quartiers en faisant du sport avec eux…

Karl Malden et David Soul
Avec David Soul (Jim Martin), A Martinez (Rafae Diaz). Et avec Carmen Zapata (Mrs Martinez), Priscilla Garcia (Juanita Diaz), Armand Alzamora (Officer Cruz), Val De Vargas (Emilio Loza) et Solomon Sturges (Clark), Shelly Novack (Johnson), Lillian Bronson (Mrs Elliott), Victor Campos (Campos), Al Checco (Mr Candoni), Pepe Hern (Mr Gomez), Ruben Moreno (Mr Diaz), Ray K. Goman.
Une vie de policiers, explique Stone à Mrs Martinez, est comme un long couloir de miroirs où chaque affaire renvoie au policier une part de lui-même, « et s’il n’aime pas ce qu’il voit il ne peut pas faire son travail ». C’est le problème de Jim Martin, qui ne pourra être un bon policier qu’en acceptant de se regarder lui-même en face. Stone et Keller font tous deux preuve de patience avec lui et lui permettent de faire ce chemin sans déraper.
L’absence de Steve au début de l’acte I est une astuce de scénario pour ouvrir la voie à Jim Martin. A son retour, Steve est en charge de l’enquête – du moins jusqu’au retour de Mike. L’occasion pour ce dernier de montrer la confiance qu’il a dans son jeune partenaire, mais aussi son incapacité à rester en retrait : il reste constamment en contact avec le Department (Haseejian en l’occurrence) pour suivre l’avancée de l’enquête. Ce sur quoi Steve ne se prive pas d’ironiser. La situation permet aussi à Steve d’être lui-même en charge d’un jeune inspecteur et de mettre à profit les leçons qu’il a lui-même reçues de Stone.
On notera la tendresse de Mike à l’égard de Mme Martinez, dont il essuie les larmes d’un doigt compatissant.
Les toits de San Francisco sont de nouveau mis à contribution lors de la poursuite de Diaz.

Carmen Zapata et Karl Malden
1.07 (08) Timelock (Liberté conditionnelle)
ABC, 11 novembre 1972
Producteur Cliff Gould
Scénario : Charles A. McDaniel & Cliff Gould et John Wilder, histoire de Charles A. McDaniel
Réalisé par Robert Douglas

Bernie Casey et Peter Strauss
Bobby Jepsen, condamné pour homicide en état d’ivresse, est relâché de la prison de San Quentin pour une période de 32 heures dans le cadre d’un programme destiné à permettre la réinsertion de certains détenus : il n’a que ce laps de temps pour trouver un emploi, faute de quoi il reprendra sa place en prison. Bobby a le soutien du directeur de la prison, Richard, mais d’un entretien d’embauche à l’autre il découvre que trouver un emploi n’est pas si simple. Il est remercié poliment au terme de ses trois premiers entretiens du matin, pour une raison ou pour une autre, quand bien même les entreprises auxquelles il s’adresse sont connues pour accepter d’embaucher d’anciens détenus. Déprimé, il s’arrête dans un bar, alors que sa libération conditionnelle stipule qu’il ne doit pas toucher une goutte d’alcool. Il n’en a pas le temps, de toute façon, car il est abordé par une ancienne connaissance, l’escroc Herb Shako, qui a été victime d’une tentative d’assassinat le matin même et qui, très nerveux, demande à Jepsen s’il a des informations sur l’homme qui a ordonné un contrat sur lui. Alors que Jepsen essaie de se débarrasser de Shako qui l’a suivi au milieu d’un petit groupe de gens qui attendent le tram ou le bus, un autre homme s’approche sans être remarqué ; il suffit d’un instant pour que tout bascule : un camion passe très près du groupe, l’inconnu pousse Shako sous ses roues, seul Jepsen le voit mais, quand il essaie de le suivre, l’un des citoyens tente de le retenir en appelant la police et en criant qu’il a tué Shako. Avant d’être interpellé, Jepsen a le temps de passer un coup de téléphone à Mike Stone.
Stone et Keller, en arrivant sur place, interrogent le témoin, qui assure qu’il a vu Bobby pousser la victime sous les roues du camion. Keller se rend vite compte qu’en fait il regardait le camion au moment fatidique et qu’il n’a pas vu ce qu’il dit ; il a vu, en revanche, Shako et Jepsen se disputer. Bobby est placé en cellule et Stone, qui le connaît et le considère comme un homme bien, veut absolument l’aider, dût-il ce faisant renoncer à ses vacances à Hawaii, déjà programmées.
Comme personne d’autre que Bobby n’a vu l’inconnu, que Bobby peut à peine le décrire, le point de départ de l’enquête est Mick McFee, un détenu dont Shako a prononcé le nom, pensant que c’était lui qui voulait sa mort. Un patient travail de recherche permet d’identifier l’homme que Bobby a vu, Darryl LeBeau, un ancien co-détenu de McFee dans la prison de Chino. Il est possible alors de le trouver avant qu’il n’embarque sur le Mariposa, en partance pour Hong Kong.
Epilogue : Stone, Keller et Richard accompagnent Bobby à un nouvel entretien d’embauche qui, cette fois, se solde par un emploi et donc la promesse d’un nouveau départ pour Bobby, dont la femme Irene attend le retour…
Avec Peter Strauss (Bobby Jepsen), Bernie Casey (Richard, le directeur de la prison), Elaine Giftos (Irene Jepsen). Et avec Scott Walker (Darryl Le Beau), Paul Marin (Mickey McFee), Felice Orlandi (Herb Shako), Booth Colman (record clerk), Dan Ferrone (young man) et Pepe Callahan (trucking firm interviewer), Allen Jung (apartment manager), Carey Kevin Wong (manager’s grandson), Winifred Mann (typing speed tester), Lenore Kasdorf (Ms Allen), Don Spruance, Maurice Argent, Joe Riley, William Browder, Chuck Hicks (Dominic), Lee Harris (Det. Lee Lessing).
Dramatique concours de circonstances pour le détenu Bobby Jepsen, un homme honnête condamné pour une faute malheureuse. Stone démontre ici à quel point il « cares » en renonçant (pour la seconde fois) à ses vacances pour sortir Bobby des problèmes. « La vie d’un homme est en jeu ici », dit-il à Steve qui le pousse à partir et à lui laisser la direction de l’enquête. Un homme que Stone sait honnête et qu’il refuse de laisser perdre sa chance de se réinsérer.
Les vacances de Stone permettent aux scénaristes d’insister une nouvelle fois sur la relation entre Steve et Mike, le premier donnant son avis sans détour et avec force au second qui l’appelle toujours « buddy boy ».
Haseejian et Olsen sont mentionnés (par Steve).
1.08 (09) In the Midst of Strangers (Au milieu des étrangers)
ABC, 25 novembre 1972
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Del Reisman
Réalisé par Robert Douglas

David Wayne et Karl Malden
Wally Sensibaugh vend le journal au coin de Powell et Geary, en face de l’hôtel St. Francis. Il est là depuis des années, est connu des habitués et connaît lui-même les gens et leurs habitudes. Ce jour-là, il échange quelques mots avec Jules Rhinelander, en charge de la construction de logements sociaux à l’Hôtel de Ville, avant que l’homme ne monte dans le tramway. Il ne remarque pas, en revanche, l’homme qui suit Rhinelander, Dennis Hailey, ni la voiture qui les suit tous les deux à distance, transportant deux complices de Hailey. Les trois hommes attendent l’occasion de pousser Rhinelander dans la voiture pour lui voler les objets de valeur qu’il a sur lui, et spécialement un bijou précieux qu’il vient d’acheter chez un joaillier, sous les yeux de Hailey. Rhinelander se débat, un coup de feu part et le tue. Ils abandonnent le corps dans une ruelle.
Stone et Keller sont chargés de l’enquête. Les suspects évidents sont les opposants politiques, extrémistes de droite comme de gauche, représentés respectivement par Harold Spring et le Dr Gary, que les inspecteurs interrogent évidemment. La piste la plus probante surgira pourtant de Wally Sensibaugh : après avoir été attaqué par le même trio et délesté des trois mille dollars qu’il venait de retirer à la banque, les économies d’une vie de travail destinées à payer ses premières vacances avec sa femme Harriet, en Europe, Wally reconnaît par hasard les chaussures de l’un de ses agresseurs aux pieds de l’un des clients du cireur de chaussures installé juste à côté de son stand de journaux. Il le suit dans l’hôtel St. Francis, jusqu’à l’appartement qu’il occupe. Surpris, il parvient à s’enfuir et à alerter la police.
Quand Stone et Keller arrivent sur place, il les conduit à l’appartement, déjà abandonné par les trois hommes, mais le directeur de l’hôtel est en mesure de leur donner la plaque d’immatriculation de leur voiture. Ils sont bientôt repérés alors qu’ils se dirigent vers California Street et vers le Golden Gate. La police les accule dans Fort Point, le site historique aux pieds du pont. Wally est dans la voiture de Stone et Keller lorsque ceux-ci poursuivent les trois hommes dans les couloirs du monument. L’un des trois hommes est abattu, les deux autres arrêtés…
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Avec David Wayne (Wally Sensibaugh), Louise Latham (Harriet Sensibaugh), Ramon Bieri (Skolimowski) et Robert Foxworth (Dennis Hailey). Et avec Richard Eastham (Jules Rhinelander), Johnnie Collins III (Lowell Allencamp), Ivan Bonar (Harold Spring) et Dennis Redfield (complice de Hailey), David Pritchard (Marlon), Kenneth O’Brien (Dr Gary), Deidre Hall (bank teller), Jay Jacobus (hotel manager), Kathy Donovan (Marian), Lee Harris (Det. Lee Lessing).
C’est cette fois Wally Sensibaugh qui porte l’épisode sur ses épaules, servi par la prestation de David Wayne qui en fait un personnage honnête et sympathique, sautillant avec ses journaux à bout de bras en criant que ses pages sont pleines d’heureuses nouvelles (même les meurtres sont joyeux dans sa bouche !) sans jamais se départir de son enthousiasme. Un homme simple, aussi, qui parle sans méfiance, en pleine rue et près du cireur de chaussures, des trois mille dollars qu’il va retirer à la banque et du bonheur de ses premières vacances. Un mari aimant et aimé, enfin, qui n’ose pas avouer à son épouse le vol de l’argent, de peur de la bouleverser. On retiendra son enthousiasme toujours vivace quand il aide la police à trouver les criminels : il est si heureux qu’il passe devant Stone et s’installe à la place du passager dans la voiture des inspecteurs, obligeant un Stone surpris et décontenancé à s’installer à l’arrière ! Puis il encourage Keller à appuyer sur le champignon pour rattraper les fugitifs, toujours avec le même naturel.
Du haut de leur appartement du St Francis, les trois criminels surveillent la ville à leurs pieds, décrivant les hommes comme des soldats de plomb (toy soldiers). C’est l’image que prend Hailey en évoquant son enfance, quand il jouait avec ses figurines et les déplaçait à sa guise. Plus tard, Stone et Keller contemplent eux aussi la fourmilière à leurs pieds.
En contemplant la carte de la ville sur laquelle les policiers épinglent des drapeaux de couleurs différentes pour distinguer les types de crimes commis à ces endroits, Stone médite sur « la civilisation » : « Bientôt il y aura plus d’épingles qu’il n’y a de place sur la carte ».

Tournage dans la rue, sous le regard curieux des badauds
1.09 (10) The Takers (Chasse gardée)
ABC, 25 novembre 1972
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Guerdon Trueblood, Cliff Gould et John Wilder
Réalisé par Arthur Nadel

Michael Douglas, Russ Marin et Karl Malden
Deux femmes, Stephanie Brown et son amie Glenda, infirmières, sont retrouvées mortes dans leur appartement d’une résidence occupée par des célibataires. Dix-huit balles ont été tirées. On retrouve par terre des échantillons de bijoux. Les deux femmes partageaient l’appartement avec une troisième, Lyn Chase, hôtesse de l’air ; Stone l’interroge dès son débarquement, elle arrive de Chicago et elle était en vol au moment du meurtre. Ils questionnent aussi un autre résident, Rex Reilly, qui leur décrit les deux victimes comme des « profiteuses » (« takers »), des femmes qui se jetaient sur les hommes, en tiraient tout ce qu’elles pouvaient et passaient à un autre quand il n’y avait plus rien à prendre. Ils ne prêtent pas attention, pour l’instant, à un représentant qui fréquente les lieux et qui porte une boîte marquée « Jewels by Jacques ».
Arthur Lavery déteste son métier de représentant. Il passe sa vie à démarcher, à présenter ses échantillons, avec de plus en plus de difficultés à vendre quoi que ce soit. Sa femme Edna le supplie d’abandonner et de rentrer ensemble dans l’Indiana, où ils seront plus heureux, mais il esquive la discussion. Quand il retourne à la résidence, Keller et Stone cette fois le remarquent et font le lien avec les échantillons trouvés sur la scène de crime. Reilly et le concierge Lou Watkins décrivent Lavery comme un homme discret mais aussi une poire : selon Reilly, Stephanie et Glenda en faisaient ce qu’elles voulaient, se moquaient de lui tout en lui soutirant ses plus beaux échantillons.
Quand les inspecteurs se présentent à sa porte pour l’interroger, Lavery s’enfuit au volant de sa voiture et finit par faire des tonneaux, ne blessant heureusement que lui-même. A l’hôpital où il doit être opéré, Stone et Keller interrogent sa femme. Ils se rendent compte alors que chacun croit l’autre coupable du meurtre des deux femmes : Edna s’est aperçue du jeu qu’elles jouaient avec son mari et elle s’est rendue à la résidence pour leur parler ; les trouvant mortes, elle a pensé qu’Arthur les avait tuées ; mais Arthur, les trouvant mortes lui aussi, après le passage de sa femme, a cru qu’elle les avait tuées, par jalousie.
Cette découverte amène Stone à Keller à s’intéresser de nouveau à Lyn Chase et à vérifier son alibi. Il apparaît qu’elle n’était pas réellement sur le vol où elle était inscrite, parce qu’elle s’est fait remplacer par une collègue sans en avertir sa direction. Quand Stone lui a parlé à son retour, le vol qu’elle était censée avoir pris n’avait pas encore atterri. La jeune femme, voyant les policiers, essaie de s’enfuir mais elle est rattrapée par Stone, avec dans la main le revolver qu’elle a utilisé pour assassiner Stephanie et Glenda. La première avait fait échouer ses projets de mariage avec un beau parti…
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Avec Harold Gould (Arthur Lavery), Michael Lerner (Lou Watkins), Heidi Vaughn (Lyn Chase), Robert Gentry (Rex Reilly) et Barbara Baxley (Edna Lavery). Et avec Gary Clarke (operations clerk), Vic Tayback (Sgt Haseejian), Richard Yniguez (Tim Duran) et Nancy Marlow (Nancy Evers), William Stevens (Officer), Russ Marin (Harry, Medical Examiner), Anne Loos (nurse supervisor), Ed Deemer (Officer), Ray K. Goman (Officer Briles).
Après le représentant en pharmacie de « Mésaventures » (1.03), c’est un autre représentant qui occupe ici le devant de la scène. Un personnage également pathétique mais foncièrement honnête, criminel potentiel mais aussi victime de sa naïveté, emporté dans un enchaînement de circonstances où le malentendu joue un rôle crucial. Le couple qu’il forme avec son épouse est touchant par sa détresse et sa simplicité. Le véritable coupable, ici, passe au second plan, donnant toutefois le prétexte à une scène de poursuite dans l’aéroport.
Apparition de Norm Haseejian (une scène), crédité Sgt Haseejian au générique de fin.
1.10 (11) The Year of the Locusts (Le vol des sauterelles)
ABC, 9 décembre 1972
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Theodore J. Flicker
Réalisé par Arthur Nadel

Michael Ansara et George Voskovec
Stone et Keller enquêtent sur le vol de joyaux de jade et le meurtre d’un vigile. Les cambrioleurs étaient visiblement très bien organisés. Keller relève des résidus d’une sorte de goudron. En quittant les lieux, Stone avise sur le boulevard un camping car au volant duquel il reconnaît les Ferguson, des gitans qui ont fait parler d’eux lors de leur dernier passage à San Francisco, des années plus tôt : c’est une famille spécialisée dans les escroqueries diverses, qui tombe sur une ville comme une armée de sauterelles, sévit de tous les côtés à la fois et disparaît avant qu’on n’ait pu prouver quoi que ce soit.
Les Ferguson sont en fait les auteurs du cambriolage mais le vieil Angus Ferguson, le chef du clan, n’en sait rien encore. C’est son fils Albert qui a organisé le cambriolage avec plusieurs des petits-enfants et un beau-fils, Josh Evans. Le vigile a été abattu par Josh. Celui-ci pousse Albert à se lancer dans un coup plus ambitieux encore, qui peut rapporter bien plus que les escroqueries habituelles du clan. Quand l’enquête le conduit vers les Ferguson, Stone organise un rendez-vous avec Angus afin de l’informer de ses soupçons. Angus est amer : non seulement il a la confirmation que sa famille a tué, ce qui n’était jamais arrivé jusqu’alors, mais il constate à quel point il a perdu l’ascendant sur tout le clan, fatigué de recevoir des ordres d’un vieil homme. Il décide alors de tirer sa révérence en permettant à Stone de surprendre le clan dans son repaire, un vaste entrepôt sur les docks, alors qu’ils sont tous en train de préparer leur coup du siècle…
Avec George Voskovec (Angus Ferguson), Michael Ansara (Al Ferguson), Christopher Stone (Josh Evans). Et avec Penny Santon (Ma Ferguson), John Roper (Jerry Ferguson), Rita Lynn (Bonnie Lewis), Philip Ahn (Mr Wu) et Lewis Charles (Mr Dunn), Dorothy Konrad (Mrs Cartwright), Robert Gibbons (l’une des victimes des Ferguson), Alan Abelew, Lee Harris (Det. Lee Lessing), Stephen Bradley, Bill Jelliffe, Bill Catching, Bennett Ohta (Ben, police scientist), Tiger Joe Marsh (Tiger).

1.11 (12) The Bullet (La balle dans l’épaule)
ABC, 16 décembre 1972
Producteur Cliff Gould
Scénario : Barry Trivers et Cliff Gould & John Wilder, histoire de Barry Trivers
Réalisé par Walter Grauman

Carl Betz et Karl Malden
Jeff Williams, professeur de littérature à l’Université, se rend chez Jim Dayton, policier à la retraite, pour lui remettre une enveloppe. C’est l’argent du chantage que Dayton exerce sur lui depuis des années : Williams en effet a, dans sa jeunesse, été condamné pour meurtre et il redoute que ce passé enterré ne lui fasse aujourd’hui perdre son travail et le respect de ses collègues comme de ses étudiants. Mais alors qu’il se trouve chez Dayton, un autre « client » arrive, en avance sur son heure, aussi Dayton pousse-t-il Williams dans la cuisine, attenante à son bureau, pour recevoir l’intrus. Celui-ci n’est pas le client attendu mais un tueur, Victor Coyle, engagé par le Dr Borrman pour mettre un terme au chantage d’une façon définitive : Dayton saisit un revolver mais est abattu par Coyle. Une balle cependant traverse la porte de la cuisine et va se loger dans l’épaule de Williams. Celui-ci se sauve par la porte de derrière mais Coyle comprend, à la vue des gouttes de sang sur le sol de la cuisine, ce qui s’est passé. La balle qui se trouve maintenant dans l’épaule du témoin pourrait servir contre lui, aussi doit-il le retrouver. Il s’en va avec la page de l’agenda de Dayton portant les noms des trois « clients » de la journée.
Le troisième client, Phillips, est tué par Coyle. Borrman est questionné et arrêté par Stone et Keller, qui se rendent également chez Jeff Williams. Le nom des trois hommes a en effet été retrouvé sur la page vierge de l’agenda qui a gardé l’empreinte de ce qui avait été écrit sur la page arrachée. Mais Williams, qui ne nie rien, refuse de laisser la police extraire la balle, arguant du droit du citoyen à disposer de son corps. Il avoue en revanche à sa femme Alice la vérité sur son passé et sur les dépenses régulières qu’elle avait évidemment constatées et qu’elle mettait, à tort, sur le compte d’une liaison de son mari. C’est avec la balle dans son épaule que Williams retourne faire cours, bien que son état se détériore à vue d’œil.
C’est finalement Coyle qui l’oblige à revoir sa décision : le tueur, en effet, pour l’obliger à se rendre à lui, enlève Alice. Trop faible pour agir, Williams accepte de s’en remettre à Stone et Keller, qui le conduisent à l’hôpital et tendent un piège à Coyle. Stone se fait passer pour Williams et se rend au rendez-vous, suivi à distance par Keller et Lessing ainsi que par un hélicoptère de la police…
Avec Carl Betz (Jeff Williams), Geraldine Brooks (Alice Williams), Patrick Conway (Victor A. Coyle), Norman Alden (Sgt Dan Healy), Hari Rhodes (Charlie Johnson). Et avec Barney Phillips (Jim Dayton), Peter Hobbs (Dr Marvin Borrman), Robert Cleaves (Albert Phillips) et Ruth Kobart (motel manager), Flip Mark (Mr Miller, college student), Jim Waring (Mr Gerhart, college student ?), Read Morgan (police officer), Lee Harris (Det. Lee Lessing), William Tregoe (Medical Examiner), Joseph Reynolds (police officer in chopper ?).
Williams pose à ses étudiants un problème de jugement et de conscience intéressant, en lien avec sa situation personnelle : si l’on considère que les actes privés d’un homme, quels qu’ils soient, sont indissociables de son image publique, qu’advient-il lorsqu’un homme qui fait profession de raison et d’éthique – comme un enseignant de littérature – se révèle auteur de faits qui trahissent et la raison et l’éthique ? Peut-il encore être digne du respect qu’on lui accordait avant de connaître ces faits ? L’exemple d’Ezra Pound, grand poète méprisé dans son pays pour avoir fait de la propagande en faveur de l’ennemi en temps de guerre, sert d’introduction à ce problème.
Stone et Keller parlent littérature : leurs commentaires à la porte du cours de Williams, pendant que celui-ci parle d’Ezra Pound à ses étudiants, sont savoureux. Keller, évidemment, connaît le poète ; Stone, en revanche, malgré ses protestations, n’est manifestement pas un lecteur de poésie. Il le confirme dans l’épilogue, quand Keller lui offre un recueil d’Ezra Pound : à la lecture de quelques vers seulement, Stone s’indigne qu’on veuille lui faire lire de telles inepties. Il sort de son portefeuille une lecture qui, selon lui, a un sens clair et direct (« straight to tthe point » !) : les droits que chaque policier lit à un suspect en l’arrêtant (loi Miranda) !
On est tellement habitué à voir des scènes de voiture tournées en conditions réelles, que la caméra soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la voiture, que celles du dernier acte, tournées en studio avec derrière les vitres un décor déroulant, accrochent forcément l’œil.
1.12 (13) Bitter Wine (Le vin est tiré)
ABC, 23 décembre 1972
Producteur Cliff Gould
Scénario : Hal Sitowitz et John Wilder, histoire de Hal Sitowitz
Réalisé par Christopher Nyby

Nehemiah Persoff et Michael Glaser
Jason Kampacalas sort de la prison de San Quentin. Il y a passé douze ans pour avoir avoué un délit de fuite après avoir causé la mort de deux enfants au volant. Il se rend en bus jusqu’à la Taverne Grecque, le restaurant que son frère a ouvert cinq ans plus tôt, réalisant l’un des rêves de leur père. Le vieux Kampacalas est là qui danse avec des amis. C’est une fête privée, Dimitri, le frère aîné, vient parler à Jason et lui donne les clés de sa Jaguar, garée sur le parking, en l’invitant à l’attendre chez lui. Sur le parking, Jason est interpellé par un employé, Paul, qui le prend pour un voleur ; Jason réagit avec le poing, un autre employé s’en mêle, Jason frappe sans discernement, y compris sur Mike Stone qui intervient à son tour. Jason est arrêté. Son père se présente au poste avec un avocat et l’employé qui reconnaît avoir commis une erreur. Stone comprend la situation et décide de libérer Jason. Son père le gifle devant les inspecteurs. C’est une question d’honneur.
Jason se rend au vignoble familial, un autre rêve de son père concrétisé par Dimitri. Mais le père ne trouve pas d’autres mots que des mots de dégoût et de reproche en évoquant la honte du crime commis par son fils. Jason comprend que Dimitri n’a jamais dit la vérité à leur père. Il ne lui a jamais dit qui conduisait réellement ce jour-là. Jason a donné douze ans de sa vie pour que son frère reste libre et il ne trouve que reproche et détestation dans le regard et dans la bouche de son père. Il s’en va en sommant Dimitri de dire la vérité.
Sa sœur Thalia, en revanche, est heureuse de le revoir. Elle n’a cessé de l’aimer car elle n’a jamais cru qu’il ait vraiment tué ces deux enfants. Elle seule est allée le voir chaque semaine en prison durant toutes ces années. Elle lui amène leur jeune frère Thanos, encore petit garçon à l’époque, aujourd’hui un jeune homme. Dans la journée, Jason retourne parler à Dimitri, à la Taverne. Il lui demande de l’argent pour prendre un nouveau départ. Mais Dimitri lui apprend qu’il est ruiné, il a tout hypothéqué, y compris le vignoble, il envisage même de mettre le feu au restaurant pour toucher l’argent de l’assurance, ne voyant pas d’autre issue à sa situation. Ce soir-là, c’est ce qu’il fait, sans se douter qu’un employé est ivre au sous-sol, dans la cave.
Quand Stone et Keller se présentent chez les Kampacalas et expliquent que l’incendie pourrait être criminel et que la mort de l’employé, de ce fait, devient un meurtre, c’est Jason que soupçonne le père. Parce que Dimitri a raconté que Jason était venu lui demander de l’argent et était parti en colère. La seconde partie est fausse mais elle suffit à diriger les soupçons sur Jason. Stone et Keller essaient de lui parler mais il s’enfuit, prévenu par Thalia de ce qui se passait. C’est en parlant avec la jeune femme que Stone reconstitue la vérité cachée durant douze ans, et cachée par Jason lui-même. C’est vers Dimitri que veut aller Jason, pour l’obliger enfin à dire la vérité. Stone et Keller les trouvent en train de se battre au vignoble, où la vérité éclate enfin.
Dimitri paiera sa dette en prison. Jason, enfin, retrouve sa place dans la famille, et l’amour de son père. Il espère sauver le vignoble en travaillant dur, avec sa famille…
Avec Nehemiah Persoff (‘Papa’ Kampacalas), Scott Marlowe (Dimitri Kampacalas), Michael Glaser (Jason Kampacalas), Donna Baccala (Thalia Kampacalas), Michael Margotta (Thanos Kampacalas). Et avec Robert F. Simon (Captain Rudy Olsen), John Holland (Sloan), Arthur Batanides (Greek Tavern Maitre’d), Robert Broyles (Paul Croft), Jerry Walter (Mark).

Scott Marlowe et Karl Malden
Un scénario exemplaire, qui laisse le premier plan aux Kampacalas et particulièrement à Jason, sorte de spectre rendu à une vie qui ne l’attend plus, objet de détestation pour avoir tu, et taire encore, la vérité au sujet de ce dont on l’accuse. Une affaire de famille avant d’être une enquête policière. Stone y apparaît comme un protecteur, qui comprend immédiatement le contexte familial, peut-être (dit-il à Keller) parce qu’il est slave, et que le Slave en lui comprend le Grec qu’il voit en Kampacalas Père. C’est ainsi Stone qui comprend la vérité avant les autres. Dans le bureau du Capitaine Olsen, en outre, il plaide pour la bienveillance et fustige le discours de réhabilitation qui s’accompagne d’une défiance envers ceux qui sont rendus à la société après avoir payé leur dette en prison.
Stone rappelle à Keller qu’il a grandi à Potrero. Il évoque aussi son frère Alex, mort à la guerre. Celui sur qui comptait leur père, et qui n’est jamais revenu. Stone a les larmes aux yeux quand il en parle.
1.13 (14) A Trout in the Milk (Comme un poisson dans l’eau)
ABC, 6 janvier 1973
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Robert Malcolm Young
Réalisé par Lawrence Dobkin

Roscoe Lee Browne et Karl Malden
Un jeune artiste, Robb Evanhauer, est défenestré. Il est entre la vie et la mort. Stone et Keller trouvent dans son appartement, d’où il est tombé, une boucle d’oreille comme on en vend sur les marchés. Sur l’un des tableaux de l’artiste, des boucles d’oreilles identiques sont représentées sur une jeune femme noire. Celle-ci est Genea, un mannequin qui pose régulièrement pour les peintres et qui avait une relation avec Evanhauer, et Stone et Keller la recherchent. D’après Omar, le vendeur de bijoux sur le marché, elle a partagé la vie du poète Yale Courtland Dancy. Quand Stone et Keller questionnent ce dernier, il leur donne une adresse… qui se révèle être celle d’une blanchisserie. Retour chez le poète, qui confesse la plaisanterie ; Genea, en réalité, est sa fille, et il cherche visiblement à la protéger. Keller la retrouve dans un défilé de mode mais elle lui fait du charme pour endormir sa méfiance et réussit à s’éclipser tandis qu’il l’attend gentiment. C’est en suivant Dancy que les inspecteurs lui mettent enfin la main dessus. Genea, cependant, nie avoir tué Evanhauer – car le jeune homme, entre-temps, est mort à l’hôpital. Et c’est Dancy qui, devant les inspecteurs, confesse le meurtre ; il avait, dit-il, une relation homosexuelle avec Evanhauer et il ne veut pas que Genea l’apprenne.
Mais Stone n’y croit pas. Il pense que Dancy s’accuse du meurtre pour protéger sa fille, qu’il croit coupable. Mais il y a une autre personne visiblement impliquée dans l’affaire, une femme que Stone a vue à l’hôpital et qui était bouleversée par la mort d’Evanhauer, une femme qui conduit une voiture immatriculée CASSEY. Vérification faite, il s’agit de la voiture de Cassandra Lauritsen, la femme d’un juge. Selon toute apparence, Evanhauer l’avait séduite et finalement la faisait chanter. Stone et Keller la retrouvent sur un ferry dans la baie de San Francisco, où elle a manifestement l’intention de mettre fin à ses jours, tourmentée par la situation. C’est elle, en effet, qui a tué Evanhauer et laissé la boucle d’oreille pour diriger les soupçons sur Genea…
Avec Roscoe Lee Browne (Yale Courtland Dancy), Brenda Sykes (Genea Dancy), Carol Lawson (Cassandra ‘Cassey’ Lauritsen), Allen Emerson (Rembrandt van Savinu*). Et avec Ed Lauter (Dr Ford), Vic Tayback (Officer Hassejian**) et Bern Hoffman (apartment manager), Rod Arrants (Robb Evanhauer), Nancy Roth (Melissa), Ray K. Goman (Officer Briles), Al Berry (le barman), Michael Greer (Omar – non crédité).
* Savinu dans les sous-titres du DVD, Saveneau sur Imdb. ** orthographié de cette manière.

Brenda Sykes avec Roscoe Lee Browne
L’épisode est dominé par la prestation de Roscoe Lee Browne en poète élégant, que la caméra prend le temps d’écouter réciter ses vers devant un public fasciné. Keller est visiblement plein d’admiration pour lui : en l’entendant, il applaudit spontanément, tandis que Stone applaudit par imitation. Ironique, placide, le poète Dancy s’amuse avec les policiers mais sait aussi adopter un ton grave, en faisant un aveu difficile… qui se révèle mensonger. L’art n’est-il pas un mensonge qui dit la vérité ? Aux inspecteurs de trouver la vérité derrière le mensonge. Chacun son métier. La relation complexe avec sa fille complète le portrait du poète.
« Some circumstantial evidence is very strong, as when you find a trout in the milk. » (Henry David Thoreau, Journal, 11 novembre 1850) Variante de Dancy : « Certain things should be ovious, my friends, like a trout in the milk. » (36’) C’est Stone, dans l’épilogue, qui apprend à Keller que cette citation est de Thoreau, et comme c’est en général Keller qui détient la culture Stone, cette fois, fait le paon en moquant son ignorance ! A rapprocher du « poisson dans le percolateur » du téléfilm pilote de Twin Peaks.
Dancy : « Evanhauer was a dichotomous man, parading his passions on both sides of the street. Unfortunately, I caught him at it.
Stone – You’re losing me, Dancy.
Dancy – How clear do I have to make it ?
Stone – Clearer than that.
Dancy – Evanhauer and I had a homosexual relationship. (Keller, puis Stone, baissent le regard.) And, gentlemen, I swear by all the fibre in my being that if Genea learns of this, I’ll dedicate the rest of my life to killing you both. »
Sekulovich (Art de son prénom) apparaît toujours dans le bureau des inspecteurs (et toujours silencieux) mais on croise aussi, parmi les scientifiques sur la scène de crime, un « Zaculovich » !

Karl Malden avec Ed Lauter
1.14 (15) Deathwatch (Impuissant devant la mort)
ABC, 13 janvier 1973
Producteur Cliff Gould
Scénario : Harry Kronman, John Groves, Cliff Gould, histoire de Harry Kronman
Réalisé par Walter Grauman

Enquête en eaux troubles pour Keller et Stone
Joe Patruro et Louis Rosselli sont pêcheurs ; ils possèdent ensemble le bateau Friendship et font équipe depuis vingt-sept ans. Une nuit, alors qu’ils rentrent sans lumières à cause d’une pièce défectueuse, ils manquent percuter deux autres bateaux arrêtés au milieu de nulle part, sans lumières également. Il s’agit de Reg Norris, qui fait passer d’un bord à l’autre des immigrés clandestins. Ayant reconnu le Friendship, Norris va trouver Lou Rosselli sitôt revenu au port, alors que Joe est parti changer la pièce défectueuse. Norris et son complice menacent Lou qui se défend ; ils tirent sur lui et il tombe à l’eau, sous les yeux de Joe qui, à quelques mètres de là, se cache. La honte, surtout, empêche ensuite Joe de dire ce qu’il a vu, car il n’a pas aidé son meilleur ami. Stone et Keller, en l’interrogeant, perçoivent sa culpabilité et savent qu’il ne dit pas tout. Ils remarquent des impacts de balles sur le bateau : ce sont les balles tirées par le complice de Norris quand le Friendship les a surpris en mer.
Relancé par Stone, Joe finit par avouer ce qu’ils ont vu cette nuit-là mais il refuse d’identifier les passeurs d’immigrés clandestins. Stone et Keller enquêtent donc de leur côté et entendent une immigrée illégale, Eugenia Rodriquez, que leur amène leur collègue Pete Delgado, de l’Immigration. Ce qu’elle a vu confirme d’autres renseignements conduisant à Victor Snider, un chef d’entreprise qui possède un yacht. Cependant, Joe, menacé par Reg Norris, accepte de prêter son concours à une nouvelle « livraison » ; mais il est déterminé, en fait, à faire sauter les bateaux de Norris et le sien. Il se rend à leur rendez-vous en ayant chargé son bateau de près de deux cents litres d’essence. Stone et Keller l’apprennent par Paco Esquivel, qui vend l’essence aux pêcheurs, alors qu’ils viennent de coincer Snider et plusieurs complices au moment du déplacement d’un groupe d’immigrés. Ils embarquent sur un hydroglisseur des garde-côtes pour tenter d’arrêter Joe avant qu’il ne mette son projet à exécution…
Avec Nicholas Colasanto (Joe Patruro), Victor French (Reggie ‘Reg’ Norris), Anthony Caruso (Louis ‘Lou’ Rosselli), Hari Rhodes (Charlie Johnson). Et avec Rodolfo Hoyos (Paco Esquivel), Eugene Mazzola (Angie Rosselli), Carlos Romero (supervisor Pete Delgado), Maria Elena Cordero (Eugenia Rodriguez), Lou Krugman (Nick Lamotta) et Ruth Storey (Ruthie Rosselli), Mort Mills (Victor W. Snider), Tony Epper (Norris’ henchman), Bob Hoy (Snider’s henchman), Donald W. Blair, Stu Klitsner (Detective), Lee Harris (Det. Lee Lessing), David Brandon.
L’épisode est tourné en grande partie sur l’eau et notamment sur le bateau Friendship, ce qui lui confère une identité propre et originale. Si l’intrigue de son côté suit un schéma conventionnel, l’accent est mis sur le dilemme moral de Joe Patruro, que sa lâcheté d’un instant conduit à une réaction extrême dictée par la culpabilité.
1.15 (16) Act of Duty (Victime du devoir)
ABC, 18 janvier 1973
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Robert Malcolm Young
Réalisé par Lawrence Dobkin

Brenda Vaccaro et Karl Malden
Stone et Keller surveillent ce soir-là un supermarché dans l’espoir de coincer un violeur qui a déjà attaqué deux femmes dans le quartier de Pacific Heights. Evelyn Hennick, une jeune policière dont Steve est amoureux, y joue les appâts. Mais la souricière échoue à cause d’une indiscrétion de l’un des caissiers. Stone et Keller se séparent d’Evelyn sur le parking, sans se douter que le violeur est bien là et qu’il les a repérés. Il suit Evelyn jusque chez elle et l’agresse dans son appartement. Sa mort bouleverse Steve autant que Sherry Reese, une autre jeune recrue, la meilleure amie d’Evelyn. Anxieuse d’aider l’enquête, Sherry se met en danger en menant ses propres investigations, par exemple en interrogeant de nouveau une victime encore en vie, Nancy Connors, qui lui parle de bottes en cuir que portait son agresseur mais aussi d’une expression qu’il a utilisée : « Opie’s off base now » (« Opie est en perm »). Ces deux détails conduisent Stone et Keller dans le bureau du Colonel Frawley, officier commandant du Presidio, et « Opie » se révèle désigner les initiales d’Oren Prentiss, un militaire dont le dossier médical s’accorde avec le profil du violeur dressé par le psychiatre de la police Lenny Murchison. Forts de ces informations, Stone et Keller tendent un nouveau piège au supermarché et sont furieux d’y voir débarquer Sherry, qui joue les appâts hors de toute protection officielle, pour son propre compte. Stone la fait sortir aussitôt du supermarché et charge Steve de la reconduire chez elle. Elle ne se doute pas que l’Oren Prentiss dont ils lui parlent est l’homme qui l’a abordée dans la buanderie de son immeuble, lui faisant des avances dénuées de finesse. Prentiss l’a en fait choisie dès l’enterrement d’Evelyn, auquel il a assisté, et il n’a cessé de la suivre depuis. Ce soir-là, il est déjà dans l’appartement de Sherry quand Steve l’y dépose, la croyant en sécurité. Ce n’est qu’en quittant le parking de la résidence qu’il y avise une voiture identifiée comme celle de Prentiss. Il se précipite au secours de Sherry que Prentiss est en train d’attaquer…

Fred Sadoff, Karl Malden et James Sikking
Avec Michael Burns (Oren ‘O.P.’ Prentiss) et Brenda Vaccaro (Officer Sherry Reese). Et avec Keith Andes (Col. Frawley), Judith McConnell (Evelyn Hennick), Fred Sadoff (Dr Lenny Murchison), Anne Collings (Nancy Connors) et Carleton Young (minister), James Sikking (Major Frank Kamer, US Army Doctor), Lee Harris (Det. Lee Lessing), Grace Bauer (Mrs Wentworth), Charles B. Dorsett, Henry Chazann.
Sur le thème du violeur récidiviste, Robert Malcolm Young propose un scénario adapté au style Rues de San Francisco, qui parvient à garder au premier plan l’intérêt pour les personnages. Si le profil du violeur n’a rien d’original, on retient la volonté de le considérer – en dépit de son attitude qui ne suscite aucune sympathie – comme une victime lui aussi. « Au début il y a l’enfance », dit avec humour le psychiatre, phrase que répète Stone à Keller à la fin de l’épisode, pour rappeler que Prentiss est un malade, nécessitant un traitement. Brenda Vaccaro donne, elle, de l’épaisseur à Sherry Reese, jeune recrue certes mais dotée d’un fort caractère, qu’elle démontre face à Stone – dont elle dénonce le paternalisme – mais aussi face au violeur, par lequel elle ne se laisse pas intimider quand il la coince dans la buanderie (même si, de toute évidence, elle pense avoir affaire alors à un dragueur très lourd, non au violeur qu’elle recherche).
1.16 (17) The Set-Up (Le traquenard)
ABC, 25 janvier 1973
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Douglas Roberts
Réalisé par George McCowan

Stuart Whitman et Jason Evers
Stone et Keller sont responsables de la protection de Fred Barber, un détenu qui a accepté de témoigner contre le gangster Johnny Harmon, qui a essayé de le faire tuer en prison. Ils apprennent l’arrivée à San Francisco d’un tueur à gages, Nick Karl, que l’on croyait mort depuis huit ans car il avait entièrement disparu de la circulation après avoir travaillé pour Harmon. Karl s’est en fait retiré en France, dans la Loire, où il a une jeune femme, Michelle, et deux enfants, Paul et Nicholas. Il n’est revenu aux Etats-Unis, mettant sa nouvelle vie heureuse en danger, qu’à la demande de son ami Tim Murphy, un barman aveugle, qui l’a contacté au nom de Johnny Harmon. Nick s’apprête à exécuter un dernier contrat pour celui-ci, au nom de leur vieille amitié. Mais ce sont d’autres tueurs, les frères Sangster, que Johnny envoie après lui. Johnny et Murphy ont en réalité conspiré pour attirer Nick, que le premier souhaite réduire au silence au moment où la Justice resserre le filet autour de lui. A Murphy, Johnny a promis l’argent pour une transplantation d’organes qui pourrait lui rendre la vue.
Après la tentative d’assassinat contre lui, Nick a tôt fait de comprendre dans quel piège il est tombé. Il oblige Tim à l’accompagner à un rendez-vous avec Johnny au Palais des Beaux-Arts, de nuit, où les Sangster essaient de nouveau de l’abattre ; Tim est tué, ainsi que l’un des frères Sangster, l’autre est arrêté par Stone et Keller qui avaient pris Nick en filature. Nick s’enfuit mais il a reçu une balle et son état est grave. Sachant la mort inéluctable, il met l’argent qu’il a déjà touché de Johnny dans une enveloppe adressée à sa famille, qu’il joint une dernière fois par téléphone. Puis il se rend chez Johnny Harmon. Quand Stone et Keller l’y retrouvent, il est déjà à terre, terrassé par sa blessure ; avant de mourir, cependant, il remet à Stone deux enveloppes, celle contenant l’argent pour sa famille, une autre contenant sa confession d’un meurtre commis huit ans plus tôt pour Johnny…
Avec Stuart Whitman (Nick Karl), Jason Evers (Johnny Harmon), Claudine Longet (Michelle Karl) et Jack Albertson (Tim Murphy). Et avec John Kerr (Gerald O’Brien), George D. Wallace (Fred Barber) et Brian Fong (motel desk clerk), Don Pulford (Bobby Sangster), Randy Faustino (Paul Karl), Brad Savage (Nicolas Karl), Lomax Study (l’hôtelier français), Craig Guenther, Lee Harris (Det. Lee Lessing), George Burrafato (Harmon’s bodyguard), David Bond (homeless man), Maudelle Kary (nurse Marjorie), Al Wyatt, Glenn Wilder (Bernie Sangster).
Le scénario et le style sont bien dans le ton des années 1970 : un tueur à gages sort de sa retraite pour exécuter un dernier contrat au nom d’une fidélité ancienne. Loyal, implacable, il est trahi par ses amis et décide de rétablir la justice avant de mourir. Stuart Whitman est parfait dans le rôle d’un homme qui s’est bâti une nouvelle vie, un foyer idéal dans la lointaine France, loin de sa vie d’antan, et qui essaie de survivre entre ses anciens amis et la police. Le tueur apparaît ainsi comme le personnage sympathique et Stone et Keller jouent davantage le rôle d’adjuvants (qui gardent constamment un temps de retard, pour lui laisser le premier plan).
Haseejian est mentionné plusieurs fois, sans apparaître.
1.17 (18) A Collection of Eagles (La collection d’aigles)
ABC, 1er février 1973
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Robert I. Holt
Réalisé par Walter Grauman

Joseph Cotten, Michael Douglas et Karl Malden
Ernie Walker prend une chambre dans un hôtel minable et appelle Vince Hagopian qui tient une boutique de pièces de collection près de Powell Street. Il confirme qu’il a apporté ce dont ils étaient convenus. Hagopian envoie son protégé Tommy s’emparer de la livraison et tuer Ernie. Stone et Keller sont appelés sur les lieux une fois que l’incendie a brûlé la chambre et son occupant. Sur le sol, Steve découvre une pièce en or non frappée, ce que les spécialistes appellent une « rondelle » (« a planchette »). Cet indice les conduit à s’intéresser au marché des pièces de collection. La rondelle trouvée dans la chambre est sans doute tombée d’un lot entier. Les inspecteurs feront bientôt appel à Hagopian pour les conseiller, lui demandant notamment une liste des collectionneurs susceptibles d’acheter des pièces volées. Leur idée est que l’assassin d’Ernie a l’intention de réaliser des contrefaçons qu’il substituera à de véritables pièces de valeur, ni vu ni connu.
Pendant ce temps, Hagopian est effectivement en train de réaliser des copies de pièces, une collection d’« aigles » en or que possède le riche John R. James dans sa maison de Nob Hill. Il compte sur Karen Pierson, une étudiante que James héberge chez lui car il lui a demandé d’écrire ses Mémoires. James a une grande confiance en Karen, ignorant ses relations avec Hagopian. Ce dernier a séduit la jeune femme et se sert d’elle pour réaliser son plan intelligemment conçu, tout comme il se sert de Tommy, visiblement épris de lui, pour accomplir les sales besognes. Quand Tommy, diabétique, lui est devenu inutile, il le tue en lui injectant une surdose d’insuline, et se débarrasse du corps dans la baie.
Plus elle passe de temps avec James et plus elle réalise qu’il a une totale confiance en elle, plus Karen se sent coupable d’abuser de sa confiance. Quand elle réagit et décide de ne pas aller jusqu’au bout, il est trop tard : Hagopian a déjà remplacé les pièces par des contrefaçons en s’introduisant dans la maison par la fenêtre qu’elle a laissée ouverte. L’arrivée de Stone et Keller – ils ont retrouvé le nom de John James par hasard et ont constaté qu’il ne figurait pas sur la liste fournie par Hagopian – la pousse à s’enfuir et elle se précipite dans la boutique d’Hagopian. Elle réalise alors qu’il s’est servi d’elle et qu’il compte partir seul avec les pièces. Stone et Keller l’en empêcheront…

John Saxon et Belinda J. Montgomery
Avec John Saxon (Vince Hagopian, Jr), Belinda J. Montgomery (Karen Pearson), Hari Rhodes (Charlie Johnson) et Joseph Cotten (John R. James). Et avec William Gray Espy (Tommy Hendriksen), Richard Bull (coroner) et Jamie Farr (Ernie Walker), Ysabel McCloskey (Ysabel), Lee Harris (Det. Lee Lessing).
La relation complexe des trois criminels, le manipulateur et ses deux instruments, tient une place centrale dans le déroulement de l’intrigue. L’affection (ou l’amour) de Tommy pour son protecteur est évidente dès leur première scène, où l’injection que fait Hagopian au jeune homme annonce le dénouement (de leur relation). Celle de Karen est plus explicite mais la jalousie de Tommy à son égard se passe d’explication. La relation entre Karen et le collectionneur, John R. James (Joseph Cotten), est un autre point d’ancrage de la prégnance émotionnelle du scénario. Le tourment de la jeune femme est constamment visible et, s’il n’est pas déterminant pour l’intrigue, il enrichit considérablement l’histoire.
Une fois de plus, la culture de Steve laisse Stone sans voix : il c’est ce qu’est une « rondelle » et utilise des mots savants comme « numismatique ». Steve se justifie en disant qu’il fait des mots croisés, à quoi Stone réplique qu’il ne lui donne sans doute pas assez de travail, s’il a le temps de faire des mots croisés. Tout cela avec humour, évidemment.
Humour de l’épilogue : James envoie à Stone et Keller, pour les remercier, un dollar d’argent de 1882 ; aussitôt ils épluchent la documentation qu’ils ont réunie pour l’enquête, anxieux de découvrir la valeur marchande de ce présent. La richesse est peut-être au bout de leurs doigts ! Mais non : valeur de chacun de ces dollars d’argent, quatre dollars. Eclat de rire.
Peut-être l’épisode où Stone prononce le plus souvent l’expression « buddy boy ». (Mais ce serait à vérifier !)

Joseph Cotten et Belinda J. Montgomery

Michael Douglas, Hari Rhodes et Karl Malden
1.18 (19) A Room With a View (Chambre d’en face)
ABC, 8 février 1973
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Del Reisman
Réalisé par Walter Grauman

Shirley Knight Hopkins et Steve Forrest : l'enseignante et le tueur
Frankie Chaffee, lié au marché des paris illégaux, est assassiné dans une rue de la ville. Son frère Roy est recherché par la police et par Hoyt Llewellyn parce qu’il pourrait témoigner contre ce dernier, qui cherche à prendre le contrôle de l’ensemble des paris. Stone et Keller ont donc l’œil sur ce dernier et son associé Abby Groat, ainsi que sur Art Styles, le tueur de Llewellyn, probablement responsable de la mort de Frankie. Steve le voit, dans Church Street, observer les immeubles des deux côtés de la rue et finalement entrer dans l’appartement d’une enseignante, Mary Rae Dortmunder, dont il ne sort plus. Mary Rae, célibataire réservée qui se passionne pour la littérature, est la première étonnée de voir ce grand gaillard se présenter chez elle sous un faux prétexte et finalement s’installer devant sa fenêtre pour observer la rue tout en parlant avec elle. Au lieu de s’y opposer, elle parle, lui sert à manger, prend plaisir à sa compagnie et ne songe même plus à lui demander les raisons de sa présence, pas plus qu’à le repousser.
Pendant ce temps, on repêche le corps de Llewellyn, assassiné par Groat. La guerre pour le contrôle des paris se poursuit et Stone et Keller surveillent Angela Chaffee, la femme enceinte de Roy, dans l’espoir qu’elle les conduise jusqu’à ce dernier : Groat était lié aux Chaffee et la tournure des événements pourrait être favorable à Roy, aussi sortira-t-il peut-être de sa cachette. Stone et Keller réalisent bientôt que Roy se cachait presque sous leur nez : dans l’immeuble en face de celui de Mary Rae, sur Church Street. Voilà pourquoi Styles s’est établi là. Il attend que Roy sorte afin de l’abattre. C’est ce qui se produit au moment où les inspecteurs arrivent sur place ; Roy, seulement blessé, est emmené en ambulance. Styles, lui, s’est enfui en emmenant Mary Rae avec lui. Déjà amoureuse, au fond, de ce parfait étranger qui l’a écoutée durant des heures, elle a tenté en vain de le faire renoncer à son contrat. Elle ne peut éviter, pas plus que Stone et Keller, que Styles ne soit abattu par Groat à l’aéroport, alors qu’il tentait de quitter la ville…

Michael Strong, Karl Malden et Richard Anderson
Avec Steve Forrest (Art Styles), Michael Strong (Abby Groat), Richard Anderson (Hoyt Llewellyn) et Shirley Knight Hopkins (Mary Rae Dortmunder). Et avec Betty Ann Rees (Angela Chaffee), Norman Alden (Sgt Dan Healy), Sandy Kenyon (Roy Chaffee), Eddie Ryder (Frankie Chaffee) et Bennett Ohta* (Ben, police scientist), Joe Whipp (officer Jim), James M. Scott. * orthographié Ohto.
Comment détourner une banale histoire de guerre de gangsters et de tueur à gages en une fable humaniste d’où se détache la figure d’une enseignante réservée et solitaire. Le scénario assume le danger de la caricature (témoin ce dialogue entre Stone et Keller, quand ils surveillent l’appartement de la femme : « Mary Rae Dortmunder ? C’est un nom minable, pour une stripteaseuse. – Elle est enseignante. Au collège [Junior High School]. – Ah, c’est mieux ! Mary Rae Dortmunder. Ça, c’est un nom parfait pour une enseignante de collège. » / « Mary Rae Dortmunder ? That’s a crummy name for a go-go dancer. – She’s a teacher. Schoolteacher. – Well, that’s better. Mary Rae Dortmunder. Now that’s a good name for a schoolteacher. »). Le personnage du tueur bénéficie du même éclairage ambigu et attentif que l’enseignante : ce n’est pas l’arme à la main et le visage menaçant qu’il s’introduit chez Mary Rae mais le sourire aux lèvres, amical mais ferme, et il s’incruste en accordant à la femme une attention qui lui fait accepter sans protester la présence de cet étranger avec lequel elle évoque sa passion de la littérature. Le tueur écoute mais ne cache pas que, à ses yeux, elle vit dans un monde imaginaire qui n’a rien à voir avec le monde réel dans lequel il évolue, lui. C’est de la littérature qu’elle se sert pour tenter à son tour de discuter la vie du tueur et de l’amener à changer : d’un côté un monde de livres qui protège du monde réel, de l’autre la soumission à une réalité âpre qui n’est peut-être pas si inéluctable que veut le croire le tueur. C’est la réalité, malgré tout, qui rattrape l’enseignante mais Art Styles n’en a pas moins révélé une sensibilité inattendue. Une scène le montre plongé dans l’un des livres de Mary Rae, visiblement intéressé, mais l’arme posée sur la table, prête à être saisie.
Haseejian (avec son prénom, Norm) est évoqué une fois (il a Keller au téléphone).
Le Petit Prince de Saint Exupéry et Les Tueurs de Hemingway sont les deux livres dont parle Mary Rae, le second pour établir un parallèle avec la situation d’Art Styles et tenter de le persuader que, comme le personnage d’Hemingway, il a le choix de refuser la vie qu’on veut lui imposer.
Stone montre avec fierté une photo de sa fille à Keller, mais aussi à Mary Rae à la fin de l’épisode (nous ne voyons pas la photo). Jean sort avec un étudiant en médecine, Brad, avec lequel elle a décidé de passer les vacances plutôt qu’avec son père. Aussi celui-ci propose-t-il à Mary Rae de profiter de la maison qu’il avait louée pour sa fille et lui. La tendresse de Stone pour Mary Rae est manifeste.
1.19 (20) Deadline (Dernière heure)
ABC, 15 février 1973
Producteur Cliff Gould
Ecrit par David Friedkin
Réalisé par Seymour Robbie

Barry Sullivan et Terrence O'Connor
Chris Bane, qui tient la colonne « Deadline » (« Dernière heure » dans le titre VF, « Echéance » dans les sous-titres VF) dans le San Francisco Telegraph, attend anxieusement le retour de sa compagne, la journaliste Maggie Ames, sur la petite jetée de la maison qu’elle a louée au bord de la baie. Il a trop bu, il est tourmenté par la grande différence d’âge qui les sépare (elle pourrait être sa fille), il doute et, quand elle est déposée sur la jetée par un bateau qui repart sans qu’il ait pu distinguer le visage du pilote, il exige des explications. Quand elle les lui refuse, il la frappe violemment et la tue involontairement. Pris de panique, il s’en va en laissant le corps au bord de l’eau, sans se douter que Roger, un jeune homme qui tient une boutique à quelques centaines de mètres, a observé toute la scène à travers un téléscope.
Stone et Keller sont en charge de l’enquête sur la mort de Maggie Ames. Chris Bane, que Mike connaît depuis ses premières années dans la police (alors qu’il faisait équipe avec le vieux McIntyre), apporte son concours. Il décrit Maggie comme une journaliste talentueuse qu’il connaissait professionnellement (elle écrivait une colonne dans le Telegraph également), sans plus, et il affirme vouloir aider à l’arrestation de son meurtrier. Stone et Keller apprennent qu’elle sortait depuis peu avec un jeune acteur de la troupe ACT (American Conservatory Theatre), Peter Anthony, et Chris essaie d’identifier ce dernier, qui serait donc le fameux rival dans le bateau, dont il n’a pu voir le visage. Quand Roger vient à lui et le fait chanter en menaçant de révéler ce qu’il a vu, Bane le tue dans une allée sombre et jette à côté de lui un médaillon qu’il a pris chez Maggie, portant gravé le nom de Peter Anthony, afin de porter sur ce dernier les soupçons de la police.
Mais Chris Bane n’a pas anticipé la surprise qui l’attend, ainsi que Stone et Keller, quand on met enfin la main sur Peter Anthony : ce nom d’acteur est utilisé en fait par Greg Bane, le fils de Chris. A cause en partie de son père, il est maintenant le principal suspect du meurtre de Maggie et de celui de Roger. Stone et Keller en viennent rapidement, cependant, à comprendre la vérité. C’est chez Maggie qu’ils retrouvent Chris plongé dans de sombres réflexions, cherchant le moyen de se sortir de cette situation…

Barry Sullivan et Geoffrey Deuel
Avec Barry Sullivan (Chris ‘Ace’ Bane), Geoffrey Deuel (Greg Bane / Peter Anthony), Greg Mullavey (Roger). Et avec Richard Bull (Medical Examiner), David McLean (harbor master), Anna Lee (Mrs Claridge), Thomas Kirk (Roland Claridge) et Alan Caillou (man at Marina), Joe Miksak (Mr Martin), Terrence O’Connor (Maggie Ames), Chris Beaumont (copy boy), Lee Harris (Det. Lee Lessing), Bob Trebor, Wayne Grace (apartment manager) et l’American Conservatory Theatre of San Francisco : William Ball, John Hancock, Roberta Callahan, Deborah S. May (dans leurs propres rôles).
Barry Sullivan campe un journaliste tourmenté mais cynique, qui paraît sans état d’âme quand il prétend aider la police pour en réalité la diriger vers le coupable idéal. Que ce dernier soit son propre fils ajoute évidemment au scénario, banal en soi, la dimension humaine et familiale que recherche constamment la série.
Haseejian est de nouveau cité (Stone à Lessing qui lui parle d’une affaire : « Donne-la à Haseejian ! »).
1.20 (21) Trail of the Serpent (La piste du serpent)
ABC, 22 février 1973
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Cliff Gould et John Wilder
Réalisé par John Badham

Karl Malden face au Cobra
Un policier est abattu lors d’un cambriolage dans l’épicerie de George et Angela Barberio, attaquée par plusieurs membres du gang des Cobras. L’un des agresseurs, Buddy Simms, est blessé et arrêté mais ses complices, qui ont réussi à s’enfuir, ne tardent pas à capturer Mike Stone qui patrouille dans le voisinage à la recherche de témoins ou de Cobras. Le gang s’est servi du jeune Davey, le frère d’un des leurs, Richard Sung, pour attirer le policier en lui inspirant confiance. Ils le retiennent dans un immeuble désaffecté qui leur sert de quartier général secret et téléphonent à la police en menaçant de le tuer si Buddy n’est pas libéré dès le lendemain matin. Keller met tout en œuvre pour le retrouver, après avoir bousculé le Lt Roy Devitt pour qu’il agisse. Il est hors de question cependant de transiger à la politique habituelle dans ce genre de situation : il n’y aura aucune négociation avec les ravisseurs. D’où l’importance de retrouver Mike avant l’échéance de l’ultimatum. Keller et Devitt glanent donc tous les renseignements possibles au sujet des Cobras, de leurs lieux de rencontre et de leurs habitudes, et finissent par découvrir l’immeuble où ils pourraient se terrer.
Pendant ce temps, Mike a tenté de s’échapper par ses propres moyens mais il a reçu une balle tirée par le plus dangereux de ses ravisseurs, Chick Kramer, qui se glorifierait de tuer un flic, comme Buddy l’a fait devant l’épicerie. Voyant le dénouement arriver, il tente de jouer sur la corde sensible de Richard, qui le surveille, en lui faisant considérer le sort de son jeune frère, un garçon visiblement curieux et intelligent qui a encore une chance d’échapper à l’influence des gangs s’il est placé dans une bonne famille d’accueil quand son aîné, inéluctablement, sera en prison. Lorsque Stone se lève et se dirige vers la porte, Richard hésite visiblement sur la décision à prendre ; c’est le moment où Keller, qui vient d’investir les lieux avec Devitt et d’arrêter les autres Cobras, surgit dans la pièce. Richard tire, il réplique et le tue. Il est aussi triste que Stone de ce dénouement mais Richard ne lui a pas laissé le choix.
Davey, au moins, aura la chance promise par Stone. On le retrouve travaillant dans une épicerie et heureux de voir Stone et Keller s’inquiéter de son sort…

Frank Michael Liu et Brian Tochi
Avec Tim O’Connor (Lt Roy Devitt), Cal Bellini (Buddy Simms), Brad David (Chick Kramer). Et avec Frank Michael Liu (Richard Sung), Hal Smith (Johnny Dolan), Brian Tochi (Davey), Paul Micale (George Barberio), Shelley Morrison (Angela Barberio), Doug Chapin (Jerry), Jim Boles (Ed Davis), Wayne Heffley (officer), Vince Howard (Stan), Victor Millan (Ben), Keone Young (Willard Lu), Stephen Bradley, David Mink, Ben Niems.
Le scénario met en jeu la vie de Stone, rendant l’engagement de Keller personnel et pressant. Le jeu de Karl Malden évite toute forfanterie chez Stone, dont on ressent la peur derrière un visage qui veut rester impassible. L’absence de scrupules moraux de Chick Kramer qui entraîne les autres gang members rend le sort de Stone plus incertain et dramatique. Mais très vite la relation dominante est celle que parvient à tisser le policier avec le jeune Davey et, indirectement, avec son grand frère. Davey, complice volontaire de ses aînés, dont il recherche l’assentiment, est aussi un adolescent sensible et curieux ; le voyant lire, Stone l’interroge sur ses lectures, lui conseille celle de Robin des Bois et des Trois Mousquetaires, lui fait entrevoir ce que l’école – à laquelle il ne va pas – lui apporterait en matière d’ouverture d’esprit et de possibilités. Le sort du gamin est aussi une voie d’accès à la raison et à la sensibilité de son grand frère. Le dénouement refuse le happy end idéal où tout le monde s’en sortirait indemne mais il sauve en tout cas le plus jeune, que Stone et Keller prennent sous leur aile. On apprend dans l’épilogue que l’un de ses travaux d’école, choisi librement, est… une biographie de Dumas.

Tim O'Connor et Michael Douglas

Karl Malden et Michael Douglas
1.21 (22) The House on Hyde Street (Le mort vivant)
ABC, 1er mars 1973
Producteur Cliff Gould
Scénario : John Wilder, histoire de Cliff Osmond
Réalisé par Walter Grauman

Albert Salmi et Michael Douglas
Entraînés par leur copain Billy Rudolph, Tommy Cochran et Mark Dunham, des enfants, décident de s’introduire dans la grande maison de Harlan Edgerton sur Hyde Street, une vieille bâtisse qui nourrit des rumeurs depuis trente ans : on a alors accusé l’un des frères Edgerton, Donald, d’avoir violé et tué une fille. La mort de Donald a fait cesser les rumeurs et l’agitation mais Harlan est toujours regardé de travers, on murmure qu’il cache une vraie fortune dans sa maison et que même, peut-être, son frère est toujours en vie, cloîtré avec lui dans la maison. Le père de Billy a farci la tête de son fils avec ces histoires et l’enfant veut trouver le magot. Mais une porte qui s’ouvre alors que Harlan est sorti faire des courses terrifie Mark et Billy, tandis que Tommy est resté sur le toit, par où les autres sont entrés en ouvrant un vasistas ; Billy et Tommy s’enfuient à toutes jambes mais Mark ne sort pas de la maison. Harlan, en rentrant, découvre horrifié le corps sans vie de l’enfant dans le grenier.
Billy et Tommy gardent le silence sur leur escapade mais la mère de Mark prévient la police, inquiète de l’absence de son garçon. Joe Rudolph raconte à Stone et Keller les histoires qui circulent sur la maison Edgerton. Ils pressentent que Billy ne leur dit pas la vérité mais la présence de ses parents l’encourage à mentir plutôt qu’à parler. En surveillant la maison de Hyde Street, Stone et Keller voient Harlan en sortir et suivent sa voiture jusqu’au Golden Gate Park ; là, ils le surprennent tentant d’enterrer un mannequin… à l’intérieur duquel est dissimulé le corps de l’enfant.
Arrêté, Harlan ne reconnaît pas le meurtre de l’enfant mais il garde le silence. Stone et Keller, en se rendant dans la maison, y découvrent un amoncellement d’objets hétéroclites, de vieux journaux à une Ford T rutilante assemblée pièce par pièce dans ce qui ressemble à une salle de jeux pour adultes. Ils y détectent aussi les traces d’un second occupant, qui semble s’être enfui par la fenêtre. Harlan reconnaît, sur l’insistance de Stone, que son frère Donald vit effectivement avec lui. Il le protège depuis trente ans, en secret. Mais Donald est un enfant dans un corps d’adulte depuis qu’il a été traumatisé par l’attaque de Pearl Harbor, où il servait sur l’USS Oklahoma. Il est incapable de faire du mal à qui que ce soit et a été injustement accusé trente ans plus tôt ; quant à Mark Dunham, Stone et Keller réussissent à obtenir enfin la vérité de la bouche de Tommy et Billy : il est tombé en tentant de s’échapper par l’échelle menant au vasistas.
Joe Rudolph, cependant, a entraîné deux voisins avec lui dans la maison de Hyde Street. Cherchant vengeance, ils ont commencé à casser ce qu’ils y ont trouvé et Rudolph parle déjà de mettre le feu à la bâtisse pour faire sortir l’assassin qui s’y cache. Ils sont arrêtés par Stone et Keller qui, avec Harlan, retrouvent Donald terré dans un poulailler aménagé sur le toit.
La vie des Edgerton reprend comme avant. Ou presque : les enfants, qui ne sont plus effrayés par les rumeurs, sont heureux semble-t-il d’aider Harlan à dénicher de petites merveilles dans les poubelles du voisinage…

Clint Howard et Michael Morgan
Avec Lew Ayres (Harlan Edgerton), Albert Salmi (Joe Rudolph), Clint Howard (Billy Rudolph) et Joyce Van Patten (Mrs Rudolph). Et avec John Kerr (Gerald O’Brien), Kerry MacLane (Tommy Cochran), Michael Morgan (Mark Dunham), Jay W. MacIntosh (Mrs Dunham) et Bill Baldwin (TV Newscaster), Jan Stratton (cashier), Shirley Slater (customer), Michael Falco (Rudolph’s neighbor), Frank Albertson (Rudolph’s neighbor).

Karl Malden et Lew Ayres
Conclusion de Stone et Keller : « C’est bien de voir que certaines choses ne changent pas. – Et c’est bien de voir que certaines choses changent ! » (En parlant du changement d’attitude des enfants.)
Steve démontre ses connaissances en architecture en faisant une présentation bien informée de la maison Edgerton, dont il définit les caractéristiques architecturales au premier coup d’œil.
Inspirés des frères Collyer, qui entassèrent tant de choses dans leur maison de Harlem qu’ils finirent par en mourir, l’un écrasé par une pile de journaux (il y en a d’impressionnantes dans la maison de Hyde Street), l’autre mort de faim dans les jours qui suivirent, les frères Edgerton sont indéniablement des personnages originaux dans le cadre d’une série policière. La série, suivant son fil humaniste, place Harlan Edgerton au centre du scénario, mais aussi les enfants et leurs parents, pour faire de cette histoire une aventure humaine avant tout, nourrie de curiosité et de peurs enfantines, de médisance et d’hystérie, de secrets et de tolérance. La maison de Hyde Street intrigue mais séduit aussi, lorsque l’on découvre ses passages étroits entre des piles de journaux branlantes, son ours empaillé, sa Ford Modèle T rutilante, tout un bric à brac de caverne d’Ali Baba alimentée par les poubelles de la société de consommation. Epouvantails du voisinage, les frères Edgerton sont touchants dans leur autarcie et leur vulnérabilité, finalement plus inoffensifs que certains de leurs voisins « normaux ». Outre Joe Rudolph, on retiendra la femme du supermarché : sa « normalité » est marquée par le petit enfant qu’elle porte dans les bras et le régime de bananes qu’elle tient dans la main (quoi de plus inoffensif qu’une bonne mère de famille qui fait les courses à la supérette du coin ?) mais elle s’écarte de Harlan Edgerton comme d’un pestiféré tout en le dévorant d’un regard dégoûté et accusateur, avant de libérer sa langue de vipère dans les oreilles de la caissière dès que le vieil homme s’est éloigné, répétant les rumeurs accumulées durant des décennies et déposées dans ses propres oreilles par la génération précédente. Le traumatisme de Pearl Harbor ne fait évidemment, par contraste, que souligner la sympathie que les frères Edgerton doivent inspirer selon les scénaristes, et rendre plus grande la honte que devraient ressentir leurs accusateurs. On retiendra, aussi, le dialogue entre Stone et les deux enfants Billy et Tommy à ce propos : quand il leur demande s’ils ont entendu parler de Pearl Harbor, ils répondent que oui, avec quelque chose qui ressemble à du respect ; on peut y voir une trace des bienfaits de l’éducation, que la série célèbre fréquemment, par exemple dans « Chambre d’en face » et « La piste du serpent ». L’éducation ouvre une possibilité de communication avec les enfants et de transmission de valeurs positives, à même de contrebalancer l’influence négative de certains parents (comme le père Rudolph) sur l’esprit malléable des enfants.
1.22 (23) Beyond Vengeance (Au-delà de la haine)
ABC, 8 mars 1973
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Robert Malcolm Young
Réalisé par Virgil W. Vogel

Darleen Carr et Karl Malden : père et fille
Stone accueille Jean à son arrivée à la gare routière d’Oakland et la ramène à la maison pour partager sa cassolette de thon. La compagne de chambre de Jean à l’université, Valerie Mercer, reste dans le bus jusqu’à San Francisco. Au terminus, le chauffeur, Herman Ledeker, la trouve morte, un couteau dans le flanc. Dès le lendemain, Jean, dans le tramway, entend jouer sur un harmonica le même air, Amazing Grace, qu’elle a entendu la veille dans le bus, et elle voit un homme la regarder avec insistance. Dans le bureau de Mike, elle reconnaît cet homme dans les albums de la police : Leonard Collier Cord, arrêté pour viol et meurtre douze ans plus tôt et envoyé en prison par Stone. Celui-ci appréhende l’homme, qui a touché un héritage et vient de s’acheter un bel appartement et une voiture, et qui se moque ouvertement des policiers, provoquant Stone en particulier : il a sur lui une série de photos de Jean mais rien ne permet de le relier au meurtre de Valerie Mercer et il doit être relâché. Stone réalise bientôt que Cord a réussi à s’introduire chez lui en dépit des deux detectives qui surveillent la maison. Il envoie Jean hors de la ville et fait surveiller Cord par Keller tandis que toute une équipe d’inspecteurs est sur le pied de guerre pour trouver quelque chose sur Cord. Mais ce dernier réussit à surprendre Keller et à le ligoter avant d’attirer Stone dans un piège…
Avec Joe Don Baker (Leonard Collier Cord), Darleen Carr (Jeannie Stone), Ken Swofford (Herman Ledeker). Et avec Norman Alden (Sgt Dan Healy), Robert F. Simon (Captain Rudy Olsen), Julie Mannix (Valerie Mercer) et Claudio Martinez (Roberto Valdez), Rosa Turich (Senora Valdez), Byron Mabe (Det. Brice), Lee Harris (Det. Lee Lessing), Abigail Shelton (nurse), Adele Claire (nurse), David Brandon, Craig Kelly (Det. Lochner).

Karl Malden écoute le petit Claudio Martinez
En mettant en jeu la vie de Jean, l’épisode montre un Mike Stone capable de fureur et de violence mais qui, pour autant, ne perd pas son sang froid : pris pour cible par Cord à la fin de l’épisode, il commence par tirer sur les sources de lumière qui l’exposent. On notera une explosion spectaculaire et peu crédible : une balle de Stone suffit à faire exploser une voiture. Sans doute une métaphore pour la rage intérieure du detective…
Les rapports de Jean et Stone insistent sur l’amour et la complicité (les retrouvailles à la station de bus, la scène dans la cuisine tandis que Stone prépare sa cassolette de thon) pour donner plus de profondeur à la fureur ultérieure du père.
Stone vit dans une grande maison avec une baie vitrée donnant sur la ville.
1.23 (24) The Albatross (L’albatros)
ABC, 15 mars 1973
Producteur Cliff Gould
Ecrit par Cliff Gould & John Wilder, histoire de Cliff Gould
Réalisé par Robert Day

Ed Nelson et John Kerr devant Michael Douglas et Karl Malden
Robert Alan Hobbes rentre chez lui après son travail. Il découvre le corps sans vie de son petit garçon, Johnny, dans le salon, puis se trouve nez à nez avec un homme qui s’apprête à fuir la maison. Ils se battent, l’homme parvient à s’enfuir à moto. Il est pris en chasse par la police et interpellé ; Keller lui dit ses droits en lui passant les menottes et l’homme déclare qu’il ne voulait pas tuer le gamin.
Lors de l’audience préliminaire, l’aveu de l’homme, Artis Pierce, est déclaré irrecevable lorsque son avocat, Courtney, démontre que son client est sourd : il n’a donc pas entendu l’énoncé de ses droits et tout ce qu’il a pu dire est alors sans valeur légale. Seul le témoignage de Robert Hobbes peut permettre au procureur O’Brien de le poursuivre. Mais, à la surprise générale, Hobbes déclare sous serment qu’il s’est trompé et qu’il n’a jamais vu Pierce, qui est donc libéré.
Stone soupçonne le père de vouloir faire justice lui-même, ce que démontre bientôt sa tentative d’acheter un revolver ; informé par le père de Hobbes, Stone fait opposition à la délivrance du permis. Hobbes n’en met pas moins à exécution son projet : il suit Pierce et l’agresse avec une clé à mollette, mais Pierce a facilement raison de lui. Hobbes cependant n’abandonne pas ; il se procure une arme illégalement, en soudoyant le vendeur d’une boutique.
Pendant ce temps, Stone et Keller recherchent un appareil auditif que Pierce pourrait avoir perdu chez Hobbes, en se battant avec ce dernier. Ce petit objet serait la preuve qu’il se trouvait bien dans la maison. Il finit par être retrouvé parmi les débris d’un jouet du petit Johnny, au moment où Hobbes agresse Pierce chez lui avec l’arme qu’il a achetée. Stone et Keller interviennent à temps pour empêcher Pierce de retourner l’arme contre Hobbes…

Karl Malden et Ed Nelson
Avec Ed Nelson (Robert Alan Hobbes), Kaz Garas (Artis Pierce), Douglas V. Fowley (Mr Hobbes). Et avec John Kerr (Gerald O’Brien), Jim Antonio (Robert Courtney), Roy Applegate (Danny), Arch Whiting (gunshop clerk) et Alex Henteloff (Dr Markman), Lee Harris (Det. Lee Lessing), Jay Jacobus (judge), Claire Brennen (Mrs Poston), George Neise (real estate agent), Bob Trebor, Dan Caldwell, Jack Starr, Bob Harris.
Le petit garçon mort, taché de sang, est une image particulièrement choquante, surtout dans le contexte d’une série américaine de prime time en 1973. Elle imprime dans l’esprit du spectateur la gravité du crime, que l’assassin, lui, ne semble pas percevoir ; s’il déclare au moment de son arrestation qu’il ne voulait pas tuer l’enfant, que celui-ci s’est « simplement » trouvé là, à aucun moment on ne perçoit chez lui de véritable remords, et lorsque le père le traque il se dit capable de le tuer : s’il ne le fait pas, c’est en considérant les conséquences pénales pour lui-même, et lorsqu’ensuite il est prêt à commettre un nouveau meurtre il le présente comme un acte de légitime défense. Le personnage du père en revanche est bouleversant par son calme, voire son mutisme, qui est la conséquence de sa détermination : dès l’audience au tribunal, il renonce à reconnaître le criminel pârce qu’il a compris que la Justice ne pourrait rien et déjà décidé de faire justice lui-même. Stone le comprend bien et ne peut que le mettre en garde contre ce qui n’est déjà plus une tentation de vengeance mais un projet bien arrêté. Le parcours du père apparaît alors comme une fatalité, due à l’incapacité de la Justice d’appliquer, en l’occurrence, la justice. Le père de Hobbes, qui comprend lui aussi les intentions de son fils, contribue à ce sentiment de fatalité qui domine le scénario. Le jeu d’Ed Nelson, néanmoins, laisse percevoir le tourment intérieur du père : sa souffrance s’exprime sans effusion mais elle est présente et profonde. On voit là le refus du mélodrame et la volonté de peindre des situations réalistes, humaines, tout en posant des questions que la Loi ne s’autorise pas mais que l’humanité oblige à regarder en face.
1.24 (25) Shattered Image (L’image brisée)
ABC, 22 mars 1973
Produit par Cliff Gould
Ecrit par Guerdon Trueblood, histoire de Roland Wolpert et Jack Guss
Réalisé par Michael O’Herlihy

Jim Davis et Karl Malden
Marshall, un membre du Commerce Department, est trouvé mort sur un yacht appartenant à Reid Bradshaw, un constructeur de bateaux. Il se serait tué accidentellement avec un harpon, mais Keller trouve l’hypothèse de l’accident assez invraisemblable, ce que confirment ensuite les analyses. Stone et Keller commencent à enquêter dans l’entourage de Marshall et se heurtent à de fortes et susceptibles personnalités ainsi qu’à une réticence très nette à parler des activités de Marshall. Son assistant Boyd Caldwell, le sénateur Ralph Bowen et Reid Bradshaw conseillent tous aux policiers, de façon plus ou moins courtoise, de ne pas faire de vagues. Lorsque la veuve, Anne Marshall, arrive en ville, Stone a la surprise de se trouver face à une fille avec qui il a grandi dans le Potrero. Ils s’autorisent une balade sur les lieux de leurs souvenirs communs mais Stone comprend bientôt qu’elle non plus ne souhaite pas que la police mène une enquête approfondie. Keller n’en retrouve pas moins l’homme qui a réellement tué Marshall, Skip Hunter (alias Skip Harper), mais celui-ci est tué en tentant de se soustraire à l’arrestation. Les inspecteurs gardent sa mort secrète jusqu’au soir : Hunter en effet devait rencontrer son commanditaire pour se faire remettre l’argent. Stone et Keller sont présents au rendez-vous à la place du meurtrier, et c’est Anne Marshall qui se présente…

Karl Malden et Barbara Rush
Avec Barbara Rush (Anna Slovatzka Marshall), Dick Sargent (Boyd Caldwell), Jim Davis (Reid Bradshaw), Jeff Corey (Ralph Bowen), Richard Ely (Terry Stillwell). Et avec Scott Hylands (Skip Hunter), Robert F. Simon (Capt. Rudy Olsen) et Lee Harris (Det. Lee Lessing), Robert Rhodes, Louis Picetti (bell captain), Stu Klitsner (doctor), Jimmy Diamond, Gene Nelson, John Lester, Joe Nobriga, Mike Steele.
Nostalgie, amertume et réflexion sur les ambitions et le cours de la vie : les retrouvailles entre Stone et Anne ont quelque chose d’émouvant mais révèlent deux évolutions bien différentes. Stone est sorti du Potrero mais resté à San Francisco, Anne s’est élevée en épousant un homme influent mais elle vit dans la peur de déchoir ; plutôt que de divorcer de son puissant mari, elle préfère le tuer pour, devenue veuve, ne pas perdre son statut social et avoir plus de chance de refaire sa vie au sein du même milieu. « Ne te permets pas de me juger ! » dit-elle furieuse en giflant Stone après son arrestation.
Jim Davis apparaît peu (deux scènes) mais impose l’image d’un homme puissant et autoritaire qui affiche la fierté de sa réussite et son mépris pour le fonctionnaire (Stone) qui a l’arrogance de venir le questionner alors qu’il vit des impôts que lui, le self made man, paye.
1.25 (26) The Unicorn (La licorne)
ABC, 5 avril 1973
Produit par Cliff Gould
Ecrit par Jerry Ziegman et Mort Fine, histoire de Jerry Ziegman
Réalisé par Virgil W. Vogel

Jonathan Lippe, Michael Douglas, Karl Malden, Art Passarella (alias Sekulovitch) et Richard Egan
L’officier Frank Wade est tué et son équipier Pete Morgan blessé lors d’une patrouille sur les docks. Ils ont surpris deux voleurs en train de sortir deux petites caisses d’un cargo. L’une des caisses a brûlé avec le camion qui a explosé durant la fusillade, tuant l’un des voleurs, l’autre a disparu avec son complice, atteint par une balle. Dans les cendres du camion, Stone et Keller trouvent un dessin de licorne qui conduit à la société Unicorn et à son directeur le Dr Robert Jayson, qui leur apprend que ce qui a été volé est du venin de cobra, un produit difficile à obtenir et indispensable aux recherches que mène sa société. Qui diable pourrait s’intéresser à un tel butin ? Morgan dit avoir vu non loin de là le Père Scarne, un religieux qui a bourlingué en Birmanie avant d’arborer le col de prêtre et qui s’occupait de ramener chez lui une de ses ouailles, un docker. Scarne a effectivement vu le second voleur, Abel Hoffman, et l’a retrouvé, caché sur les docks, mais Hoffman refuse de se livrer à la police et de renoncer au profit qu’il espère tirer de son butin. Scarne voudrait obtenir de Mike de quoi le soigner malgré tout, car sa blessure le tuera en quelques heures si elle n’est pas soignée. Stone et Keller ne tardent pas à découvrir que Jayson est impliqué dans le vol : incapable de rembourser d’importantes dettes de jeu à des gangsters de Las Vegas, il a accepté de faire entrer de la drogue du Triangle d’or dans les caisses contenant le venin de cobra. C’est là le véritable butin que les hommes de Las Vegas cherchent à récupérer et ils n’hésitent pas à tabasser le Père Scarne pour lui soutirer des informations, qu’il ne donne pas. Ils le suivent alors en comptant sur lui pour les conduire à Hoffman. Stone et Keller y parviennent eux aussi en enquêtant de leur côté mais l’affaire ne se résoudra pas sans son lot de victimes…
Avec Richard Egan (Père Joe Scarne), Charles Aidman (Dr Robert Jayson), Mitchell Ryan (Abel Hoffman), Jonathan Lippe (le gangster de Las Vegas). Et avec William Bramley (Officer Pete Morgan), David McLean (deputy harbor master), Bill Williams (Burt Logan), Taylor Lacher (Officer Frank Wade) et Eve McVeagh (Mrs Logan), Paul Genge (henchman), Stephen Bradley, George Sawaya (officer), Darwin Gillett, William James Madden, Bennett Ohta (Ben, police scientist), Joe Nobriga, Don Michaelian.
La culture de Keller est utile pour donner au spectateur les informations utiles : il explique le symbolisme de la licorne et fait à Stone un cours accéléré sur le Triangle d’or.
Scarne dit à Stone que leurs métiers sont similaires : tous deux cherchent des réponses dans les livres, simplement ils ne se réfèrent pas aux mêmes livres (la parole religieuse pour le prêtre, les livres de lois pour le policier).
Scarne est l’image du prêtre impliqué dans la vie de ses paroissiens, portant blouson sur son habit de prêtre et arpentant les docks pour aider ceux qui y travaillent et les remettre sur le droit chemin en cas de besoin. La parenté avec le travail de la police est soulignée dès la première séquence, où il remet aux policiers Morgan et Wade le couteau qu’il a pris à un docker ivre qu’il s’apprête à ramener chez lui.
1.26 (27) Legion of the Lost (La légion des épaves)
ABC, 12 avril 1973
Produit par Cliff Gould
Ecrit par Calvin Clements
Réalisé par Robert Douglas

Karl Malden et Leslie Nielsen
Un SDF est retrouvé mort dans la rue, roué de coups. C’est le troisième d’une liste qui commence à inquiéter la police. Rentré prématurément de sa semaine de pêche – non à cause de cette enquête mais parce qu’il est incapable de profiter d’une semaine de vacances -, Stone décide de revêtir ses habits les plus miteux et de se mêler à la foule des âmes perdues dans l’espoir d’en apprendre davantage et plus vite qu’en enquêtant de façon traditionnelle. Il est brutalement bousculé par Jake Wilson, un ancien boxeur, alors qu’il cherche à réconforter un jeune SDF, Paul Thomas. Wilson lui conseille de rester loin de Paul. Est-il pour autant l’agresseur en série ? Stone croise de nouveau sa route en demandant une chambre dans un refuge et de nouveau Wilson se montre méfiant et menaçant, sentant que Stone n’est pas ce qu’il prétend. Pendant ce temps, Keller enquête sur Paul Thomas, qui se révèle être en réalité Paul Cullen, héritier d’une entreprise familiale dont il refuse d’assumer la charge et qui est dirigée par Roy Richardson. En parlant à sa sœur, Cathy Cullen, Keller croit noter du ressentiment envers le frère, favori du père qui en a fait son héritier au détriment de sa fille. Quand Paul se retrouve à l’hôpital après avoir été agressé, Wilson l’en fait sortir en déjouant la surveillance du policier de garde. Mais il apparaît que Wilson s’est investi du rôle de protecteur de Paul et qu’il cherche à le soustraire à ceux qui lui veulent du mal. Stone et Keller soupçonnent en effet peu à peu que Paul est la véritable cible de l’agresseur en série, qui n’a tué d’autres SDF que pour brouiller les pistes. L’agresseur tente de s’en prendre à Paul qui s’en sort grâce à l’intervention de Wilson, mais ce dernier est tué. Stone et Keller connaissent cependant maintenant l’agresseur, un boxeur du nom de Terry Benner, que Keller a croisé en rendant visite à Cathy Cullen. Mais celle-ci se défend d’avoir voulu tuer son frère : Benner, dit-elle, était venu lui porter un message de Roy Richardson, qui l’emploie. Paul, cependant, a lui aussi compris qui lui en voulait et il va trouver Richardson pour venger la mort de Wilson…

Max Kleven, Dean Stockwell et Tom Troupe
Avec Leslie Nielsen (Big Jake Wilson), Karen Carlson (Cathy Cullen), Tom Troupe (Roy Richardson) et Dean Stockwell (Paul Thomas / Cullen). Et avec Eddie Firestone (George Peele), Vaughn Taylor (Harry Gates) et Sam Edwards (bum), David Fresco (bum), Andy Albin (bum), Charles Wagenheim (bum), Al Nalbandian (bum), Ray K. Goman (officer Vic Briles), Stack Pierce (officer at hospital), Nancy Roth (Richardson’s secretary), Nancy Merwan (nurse), Max Kleven (Terry Benner).
L’enquête dans le milieu de la cloche présente quelque originalité (même si ce n’est pas ici la seule occurrence de ce thème) mais c’est surtout de voir Stone en clochard qui change de l’ordinaire de la série. On retiendra la scène où il quémande un billet à Keller qui rationne son obole en écartant la main rapace de son équipier, qu’il qualifie de « bum » (clochard). « Clochard ! » s’exclame Stone avec le sourire. « Il m’a appelé clochard ! »
Une scène dans la maison de Stone (première version, avec la grande baie vitrée donnant sur la ville).

Stack Pierce, Karl Malden et Michael Douglas
Remarque sur l'attribution des rôles : le générique de fin indique en général une série d'acteurs sans préciser leur rôle ; ce sont les derniers noms dans notre listing des acteurs, précédés de la mention "et". Nous avons en général suivi le listing d'Imdb, avec les risques d'erreur que cela comporte, et en le complétant quand nous le pouvions. Il arrive aussi que nous appliquions une orthographe différente de celle d'Imdb, en choisissant de suivre plutôt notre oreille ou les sous-titres de l'édition DVD (par exemple "Skolimowski" pour l'épisode 1.08, qui s'entend distinctement dans les dialogues et qui est attesté en outre par les sous-titres).