Un article de Manuel Rouffia * et Thierry Le Peut

publié dans Arrêt sur Séries n°9 (juin 2002)

* Manuel Rouffia anime un blog et une page facebook, Séries Blog

 

 

Alerte à Malibu  était dans les années 1990 la série populaire par excellence, plébiscitée par le public mais pas par la critique. Considérée comme un catalogue de bimbos et de beaux gosses, elle a alimenté les pages de la presse hebdomadaire tout en faisant pouffer les « analystes sérieux ». On s’intéressait à la vie amoureuse de Pamela Anderson et de David Charvet mais il eût paru incongru de jeter un œil sur les scénarios. Le statut « culte » est peut-être venu avec Friends, qui, tout en traitant la série (et notamment son générique) comme une caricature, a aussi consacré son empreinte dans la culture populaire. Peu importe que l’on en parle pour s’en moquer : Alerte à Malibu  est incontournable et Joey et Chandler autorisent le public à assumer sans honte de regarder la série, et de l’aimer !

 

Saison 6 : David Hasselhoff entouré de Yasmine Bleeth, Jaason Simmons, Pamela Anderson Lee, Gena Lee Nolin, David Chokachi et Alexandra Paul

 

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est intéressant de comprendre pour quelles raisons la série eut si mauvaise presse au départ.

 

Tout d’abord, voyons le point de vue féminin. Ces dames pensent qu’Alerte à Malibu est une série faite par des machos. On y voit de jolies jeunes filles aux formes avantageuses, en train de courir dans leurs maillots de bain rouges pour sauver les baigneurs en détresse. Certes, elles font rêver les hommes. Mais de tout temps il y a eu à Hollywood des sex-symbols. Les femmes voient sans doute en elles des rivales et jalousent peut-être leur plastique. Il est vrai que certaines naïades de Malibu ont par le passé fait la Une du magazine Playboy en tenue d’Eve. Ce qui peut faire penser qu’Alerte à Malibu n’est pas une bonne série puisque les filles qui donnent la réplique à David Hasselhoff sont loin d’être (pour certaines) des actrices confirmées. David lui-même est, toujours selon ces dames, le macho fait homme. Un apollon sans cervelle qui exploite sans vergogne la plastique des filles qu’il engage et qui contribue à donner de la femme une mauvaise image. Les actrices, cependant, sont loin d’être bêtes et savent que la série est un tremplin formidable pour se faire connaître et devenir célèbres.

 

La deuxième principale critique que l’on fait à la série est son manque de scénarios intelligents. Cela, il faut bien le reconnaître, est en partie vrai. Les producteurs font souvent du « remplissage », emploient des clips musicaux où l’on voit les sirènes de Malibu danser ou se pavaner au bras de leurs boyfriends respectifs. Cela peut agacer mais au fil des années c’est devenu l’élément original de la série. Les scénarios les plus faibles restent ceux qui se consacrent essentiellement aux histoires d’amour des héros. A l’opposé, il y a des épisodes pleins d’action et de suspense et quelques-uns remplis d’émotion.

 

 

Pour répondre aux critiques générales, certains témoignages font l’éloge à eux seuls de la série. Quand on sait par exemple que, grâce aux techniques de réanimation qui y sont montrées, un jeune garçon a pu sauver la vie d’un de ses camarades, on ne peut que la plébisciter. C’est une série de divertissement qui peut être d’utilité publique et qui peut susciter de nombreuses vocations. Et puis, sauver des vies, n’est-ce pas le plus beau métier du monde ?

 

Comme on l’a dit plus haut, Alerte à Malibu a été plus ou moins boycottée par la presse, à ses débuts du moins. Pourtant, les magazines sur les séries ciblant les jeunes auraient dû s’y intéresser. Rares sont en effet les séries qui montrent à la fois la plage, le soleil, les vacances, des jolies filles, des beaux garçons et des sports extrêmes. Là encore, le « jeunisme » a frappé : le héros, Mitch Buchannon (joué par David Hasselhoff), va fêter ses 50 ans. Il est de bon ton de penser que, passé 40 ans, un acteur n’intéresse plus personne. Cela est particulièrement vrai dans les articles consacrés aux séducteurs d’Hollywood. Mieux vaut être jeune pour mériter ne serait-ce qu’une photo ! David Hasselhoff, par exemple, n’a jamais eu l’honneur d’une seule couverture digne de ce nom. Pourtant, il a derrière lui une longue carrière jalonnée de succès. Mais ce qui vaut pour lui vaut également pour d’autres, comme Richard Dean Anderson, Peter Graves, Patrick Macnee pour ne citer qu’eux. De même, de grandes actrices sont ignorées (Lindsay Wagner, Sheryl Lee, Kate Jackson, Jaclyn Smith, Angie Harmon, etc.).

 

Mais entrons maintenant dans le vif du sujet.

 

Saison 1 : Billy Warlock, Shawn Weatherly, David Hasselhoff, Monte Markham, Erika Eleniak et (devant) Parker Stevenson.

 

Quand tout a commencé…

 

A l’origine du projet, il y a un homme : Gregory J. Bonann. C’est un ancien sauveteur à la retraite qui a eu l’idée de faire de son ancien métier une série à succès. Il s’est inspiré de Rick Rosner qui, ancien policier, avait créé la série CHiPs. Mais comme ce n’est pas un homme de télévision, il a besoin de s’entourer de professionnels. Ces professionnels, ce seront Michael Berk et Douglas Schwartz, déjà producteurs en 1987 d’une série qui malheureusement ne connut pas le succès, malgré un concept finalement original : Le Magicien, dont la vedette était le nain David Rappaport. Leur collaboration s’impose d’autant plus facilement que Schwartz vient d’épouser la sœur de Bonann, Deborah, qui deviendra l’une des scénaristes attitrées de la série ! Berk et Schwartz sentiront assez vite le haut potentiel de la série. Ils aideront Bonann à la coproduire et réussiront à convaincre la société Freemantle d’investir à son tour dans l’épisode pilote, qui raconte notamment la nomination d’un certain Mitch Buchannon au poste de lieutenant de la brigade de sauveteurs de Malibu Beach (Baywatch en anglais). Freemantle cherchera ensuite un diffuseur : ce sera NBC, qui fondera de grands espoirs sur le programme.

 

Une fois le scénario écrit, ce sont les acteurs qu’il faut trouver pour incarner les personnages. Les responsables de NBC pensent tout de suite à David Hasselhoff pour le rôle de Mitch Buchannon : il avait déjà fait merveille dans K 2000 sur la même chaîne et il était susceptible d’amener un public féminin (la fameuse ménagère de moins de 50 ans). Pour David, ce sera l’opportunité de sortir d’une longue période de chômage (trois ans exactement) et de refaire surface après son divorce d’avec l’actrice Catherine Hickland en 1988 (celle-là même qu’il épousa dans K 2000). Il avait bien essayé de tourner dans quelques téléfilms, mais rien de bien convaincant. « Je dois beaucoup aux producteurs d’Alerte à Malibu », dira l’acteur. « Ils m’ont fait confiance à un moment où j’étais au plus bas. » (Spécial Télé n°9, janvier 1991)

 

Erika Eleniak et Billy Warlock, le premier couple jeune, sexy et romantique de la série

 

Une première saison de 22 épisodes est lancée. L’équipe formée autour de David Hasselhoff est un modèle d’équilibre entre les sexes et les générations. Monte Markham, qui incarne le Capitaine de la brigade, est un vieux routier puisqu’il a figuré dans de nombreuses séries et divers longs-métrages (il fut notamment le successeur de Raymond Burr dans une courte série fondée sur le personnage de Perry Mason puis l’Homme qui valait sept milliards face à Steve Austin). Côté femmes, la production a engagé rien moins qu’une ancienne Miss Univers, Shawn Weatherly (elle fut couronnée en 1979), qui venait de se faire remarquer par ses grandes qualités de plongeuse sous-marine dans une série de documentaires intitulée Ocean Quest. Plus jeune, Erika Eleniak a figuré en 1982 dans E.T. et a déjà, à vingt ans tout juste, soulevé un mini-scandale en posant nue dans les pages de Playboy. Pour favoriser un effet « couple jeune et romantique », Billy Warlock, l’ex-mari de Marcy Walker (Eden dans Santa Barbara), est aussi engagé, tandis que Parker Stevenson constitue avec David Hasselhoff le duo mûr de la distribution.

 

L’audience du téléfilm pilote est excellente et les premiers épisodes semblent recueillir les faveurs du public. En milieu de saison, pourtant, les chiffres inquiètent la chaîne. Lorsque Shawn Weatherly décide de quitter le programme, Douglas Schwartz imagine une fin tragique pour son personnage. Cet épisode semble créer un choc chez le public, qui réalise, selon les mots de Schwartz, que derrière la plage et l’action la série traite également des vrais dangers du métier de sauveteur. « Les requins tueurs », diffusé en mars, réalise l’une des meilleures audiences de la saison. Malheureusement, au terme de celle-ci, la série est annulée par NBC. Motif invoqué : la violence. En effet, la chaîne trouvait qu’il y avait trop de meurtres et les associations familiales étaient furieuses. David Hasselhoff lui-même s’en est plaint : « C’est évident, qu’il y avait trop de violence. Durant la saison, on a eu droit à une demi-douzaine de meurtres. Le slogan de la série aurait pu être : Venez donc vous faire assassiner à la plage ! »

 

Un an plus tard, pourtant, la série est reprogrammée en syndication (c’est-à-dire diffusée sur le circuit des chaînes locales américaines).

 

Erika Eleniak

 

Sauvetage de Baywatch

 

En fait, on doit la résurrection de la série à deux choses : la détermination de Gregory J. Bonann et la grande popularité de David Hasselhoff à l’étranger.

 

Nous sommes en 1990. La série n’est plus diffusée aux States et David se trouve en Allemagne. L’acteur s’est recyclé dans la chanson avec un beau succès, puisque son tube Looking for Freedom est numéro 1 des ventes dans ce pays. Un jour, il rencontre un producteur allemand qui lui demande de nouveaux épisodes de K 2000. « Je lui ai répondu que la série était terminée mais que je pouvais lui proposer un autre show, Baywatch. Il a trouvé le concept génial. » Ainsi, petit à petit, la série est achetée partout en Europe, où la notoriété de l’acteur-chanteur est grande.

 

En France, la série débute sous le titre Alerte à Malibu le 2 janvier 1991, dans un créneau « familial » puisqu’elle est diffusée le mercredi en début d’après-midi, à l’heure où les enfants rentrent de l’école et où les ménagères sont censées être devant leur télévision. Elle remporte un beau succès un peu partout à l’étranger et est produite en partie pour ce nouveau marché.

 

 

La reprise est un soulagement pour l’acteur vedette, qui avait été le premier surpris par l’annulation. « Je ne revivrai pas les années de cauchemar qui ont suivi l’arrêt de K 2000 », soupire le comédien. « Je ne trouvais plus de travail. Tous les producteurs voulaient des héros « genre David Hasselhoff » mais pas David Hasselhoff. » (Télé Poche n°1300, janvier 1991) La reprise de la série coïncide d’ailleurs avec un événement important de la vie du comédien puisque sa seconde épouse, Pamela Bach, rencontrée sur le tournage de K 2000 à l’époque où il était encore heureux auprès de Catherine Hickland, lui donne une petite fille, Taylor-Anne, la même année.

 

Concernant le casting de la deuxième saison, il n’y a pas de gros changement. Avec David, on retrouve Billy Warlock (Eddie Kramer) et Erika Eleniak (Shauni), le couple vedette de la saison. Richard Jaeckel, un acteur « vétéran » qui joua au côté de Lee Marvin dans le film Les Douze salopards, rejoint l’équipe, de même que le jeune Jeremy Jackson, qui interprétera désormais le fils de Mitch, Hobie, son prédécesseur Brandon Call ayant été engagé dans Notre belle famille qui débute en septembre 1991 sur ABC (mais on murmure aussi que Call grandissait trop vite pour le rôle). Le générique change lui aussi. Il se veut plus musclé et est interprété par Jim Jamison.

 

David Hasselhoff et Jeremy Jackson, qui remplace Brandon Call dès la deuxième saison dans le rôle de Hobie, le fils de Mitch Buchannon

 

C’est à partir de cette saison que David Hasselhoff devient co-producteur, veillant sur les scénarios et souhaitant faire de la série un spectacle familial. Selon lui, Alerte à Malibu ne doit pas se cantonner dans un simili-policier en maillots de bain, comme eut le tort de le faire la première saison. « Cette série ne retrace pas uniquement les aventures des sauveteurs professionnels. Elle s’intéresse surtout à tous ceux qui font cela bénévolement. Beaucoup sont avocats ou médecins [comme Craig Pomeroy dans la première saison]. Les fins de semaine, ils surveillent les plages. En un weekend, plus de 700 vies sont sauvées entre Santa Monica et Malibu. » (Télé Poche n°1300, janvier 1991) Des déclarations qui témoignent de l’implication du comédien dans la série, dont il s’emploie à mettre en avant ce caractère d’héroïsme quotidien et la bravoure des sauveteurs. « Grâce à ces êtres courageux », déclare-t-il alors, « j’ai découvert les vraies valeurs de la vie. Croyez-moi : je ne vois plus d’un même oeil des enfants partir en courant vers la mer, alors que leurs parents ne se soucient pas de ce qu’ils font. » Un enthousiasme emphatique que partageait son partenaire dans la première saison, Parker Stevenson : « En participant à de véritables opérations de sauvetage, j’ai ouvert les yeux et découvert que la course à la gloire est ridicule. Ces gens-là font un travail bien plus courageux que le nôtre, mais ils vivent dans l’anonymat. Ils méritent nos bravos. » (Spécial Télé n°9, janvier 1991) Stevenson, qui n’a pas réintégré l’équipe au moment de la résurrection, y retrouvera d’ailleurs sa place quelques années plus tard, réalisant même quelques épisodes. Ne ménageant pas ses efforts, David Hasselhoff participe également aux choix de casting et, comme le souligne Jeremy Jackson : « Avec Malibu, on pouvait être célèbre du jour au lendemain. David choisissait toujours les mecs et les filles les plus cools. »

 

Pamela Anderson, Alexandra Paul, David Charvet et Nicole Eggert intègrent la distribution dans la saison 3, rejoignant David Hasselhoff, Gregory Alan Williams et le jeune Jeremy Jackson.

 

 

Sur la voie du succès

 

En 1992, la série entame sa troisième saison. C’est avec cette dernière qu’elle va être vendue dans plus de 140 pays et conquérir son fameux milliard de fans. Au générique est créditée une certaine Pamela Denise Anderson, que David Hasselhoff a découverte dans un épisode de série télé. David Charvet, Nicole Eggert et Alexandra Paul (dans le rôle du lieutenant Stephanie Holden) font également partie de la distribution et contribuent eux aussi à la popularité de la série, notamment en France où l’on est ravi de souligner qu’un Français (David Charvet) est devenu une star internationale ! Très vite, ce sont les stars qui passionnent le public et, par voie de conséquence, la presse, qui suit avec intérêt l’évolution des relations au sein de l’équipe de tournage. Le départ de Shawn Weatherly au cours de la première saison avait déjà fait jaser : le bruit courut en effet que la jeune femme ne supportait pas qu’Erika Eleniak ait les faveurs du public... Avec la troisième saison et les suivantes, Pamela Anderson ne tarde pas à défrayer la chronique, au point qu’elle sera un temps mise à l’écart de la série pour sa conduite sulfureuse, à l’instar de Shannen Doherty dans Beverly Hills.

 

Une bombe nommée Pamela Anderson

 

Les producteurs se défendent pourtant de jouer une seule carte, celle du charme, quand bien même on voit se succéder sur le sable apollons et déesses aux corps fermes et bronzés. Nicole Eggert, par exemple, fut une autre Miss Univers... dans la catégorie junior, puisqu’elle n’avait que cinq ans lorsqu’elle reçut ce titre ! Quant à Kelly Slater, il est un authentique champion de surf. « On ne marche pas à contre-courant de son époque », explique alors David Hasselhoff. « La télé ne peut plus se passer de filles ou de garçons sexy. Regardez le marché de la pub. Même pour vanter les qualités d’un jus d’orange, on dévoile un sein. Je suis père de famille et j’affirme qu’il ne faut pas aller trop loin. Nous, notre objectif est d’apporter du rêve. Pas de transformer les téléspectateurs en voyeurs... » Même son de cloche chez le producteur Douglas Schwartz : « La série montre de jolies filles sur la plage, l’océan à l’arrière-plan, un ciel bleu et un soleil éclatant. Mais il n’y a pas que des fesses et des seins, il y a une histoire ! » (Les propos de ce paragraphe sont extraits de Spécial Télé n°34, mars 1993)

 

Gena Lee Nolin arrive en 1995

Donna D'Errico, nouvelle recrue de 1996

Mitzi Kapture rejoint la série en 1998

 

Les histoires, justement, prétendent s’inspirer de la réalité pour montrer une part du vrai métier des sauveteurs, même si c’est à travers un prisme glamour. Avec la séparation de Mitch Buchannon et de sa femme Gayle (incarnée par Wendie Malick qui depuis s’est fait connaître en jouant dans Dream On), ce sont aussi les relations père-fils dans un couple marqué par le divorce que les scénaristes explorent. « Je veux développer l’aspect psychologique du père divorcé qui établit une relation affective avec son enfant », commente Hasselhoff. « Malheureusement, cette situation est courante aujourd’hui. C’est une façon pour nous de montrer qu’un divertissement peut apporter du baume au cœur des gens. » (Spécial Télé n°34)

 

Gregory Alan Williams et David Hasselhoff, les hommes mûrs (de 1989 à 1995)

 

L’autre créneau de la série, que David Hasselhoff est le premier à mettre en avant, mais pas le seul, c’est la défense de l’environnement. « Alerte à Malibu doit rester un hymne à la mer et à l’environnement », déclare-t-il en 1994. « Notre planète est menacée. La pollution est en train de gagner. » (Télé Poche n°1495, octobre 1994) Alexandra Paul est elle-même une protectrice acharnée de la nature et consacre une partie de son temps à soutenir des causes diverses en faveur de l’environnement. La beauté de la série, les producteurs soutiennent donc qu’elle ne se situe pas seulement dans les corps de ses vedettes mais aussi dans le cadre du programme. Au-delà de la carte postale existe un véritable patrimoine naturel à préserver et à promouvoir. Beaucoup d’épisodes tournent autour de la pollution, Mitch étant lui-même victime de produits toxiques déversés dans l’océan dans l’un des épisodes, « Sauvez la baie » (7.11).

 

David Charvet, Alexandra Paul, David Hasselhoff

et (au-dessus) Nicole Eggert et Pamela Anderson

 

Quelle que soit la sincérité des uns et des autres lorsqu’il s’agit de défendre les qualités de la série, il est clair que celle-ci a constitué un enjeu dans la carrière de son héros David Hasselhoff. Michael Newman, un véritable sauveteur qui apparaît de temps à autre dans la série, parle de lui en ces termes : « Avant Baywatch, il n’avait de réelle expérience qu’avec son véhicule intelligent. Maintenant, quand on le voit sur la plage, il est plus vrai que nature. » Quant à Alexandra Paul, elle a été ravie de collaborer avec lui pendant cinq ans : « David est un type incroyable. A 4 h, il fait du sport. A 6 h, il est sur le plateau et tourne toute la journée. Le soir, il va enregistrer ses albums et quand il est en concert le week-end il s’arrange toujours pour revenir le dimanche soir. Et le lendemain il connaît bien sûr l’intégralité de son texte. »

 

David Charvet et Jeremy Jackson

 

Les années passent à Malibu

 

La popularité de Pamela Anderson fut telle qu’il était logique que la presse guette d’éventuelles rivales (c’était déjà le cas plus de dix ans plus tôt avec les femmes de Dallas, comme quoi rien ne change !). On parla donc beaucoup de Yasmine Bleeth, introduite dans la série en 1994, dans le rôle de Caroline Holden, la sœur de Stephanie. Aussi brune que Pamela est blonde, Yasmine ne cachait pourtant pas qu’elle s’était fait prier pour accepter le rôle, craignant de devoir jouer les utilités face à la star du moment. Ambitieuse, la jeune femme déclarait qu’elle rêvait d’autres rôles et son personnage sera d’ailleurs tourmenté par son rêve de devenir actrice ! Mais en définitive la cohabitation de Pamela et de la nouvelle sirène des plages se passe plutôt bien. Puis 1995 voit arriver Geena Lee Nolin dans le rôle de Neely Capshaw. La voilà, la première grande rivale de Pamela Anderson. D’ailleurs, son personnage va « toucher le gros lot » en épousant Mitch dans un double épisode mémorable de la huitième saison. Pour l’heure, cependant, son arrivée provoque bien des remous au sein de la brigade des sauveteurs : car la jeune femme (interprétée par une autre actrice dans le dernier épisode de la cinquième saison) a porté contre Matt Brody (David Charvet) une fausse accusation de harcèlement sexuel ! Comme entrée en matière, on a vu plus subtil mais le ton est donné : Neely Capshaw, de retour dès le début de la saison suivante, sera un personnage sulfureux, guère apprécié de ses collègues de travail, au début du moins. Le sixième épisode, intitulé « L’esprit de famille », joue d’ailleurs sur cette rivalité en obligeant les femmes de la série à cohabiter dans un espace restreint alors même qu’elles doivent apprendre à de jeunes aspirants sauveteurs... l’esprit de groupe !

 

Pamela Anderson et Yasmine Bleeth

 

1995 est aussi la date de création de la série Baywatch Nights (Mitch Buchannon), qui sera annulée au bout de deux saisons. Pendant deux ans, David Hasselhoff, se consacrant à cette nouvelle série, apparaît moins souvent dans Alerte à Malibu.

 

Enfin, c’est l’année où la série, qui était jusqu’alors classée deuxième dans le top 10 des séries en syndication, juste derrière Star Trek DS9, perd une place et se retrouve troisième, en faveur de Xéna princesse guerrière. On peut voir là le premier signe manifeste d’un essoufflement relatif. Eprouvant sans doute le besoin de se renouveler constamment pour éviter une réelle désaffection du public, les producteurs s’efforceront d’insuffler chaque année du sang neuf, accentuant l’aspect « catalogue » de la série.

 

Les hommes (on les oublierait presque) ne sont pas en reste dans cette recherche perpétuelle de nouveaux visages (et de nouveaux corps). Après le séducteur romantique Billy Warlock et le French Lover David Charvet, on assiste à la venue de David Chokachi et de Jaason Simmons, d’authentiques athlètes, ce dernier étant de plus Australien, histoire d’accentuer le côté international de la distribution et de la rendre plus attrayante sur les marchés étrangers. Puis un nouveau brin d’exotisme s’ajoute au casting avec José Solano, qui interprète le jeune Manny Guttierez.

 

En haut : David Charvet, David Hasselhoff et Alexandra Paul.

En bas : Yasmine Bleeth, Jaason Simmons et Pamela Anderson.

 

La saison 1997-1998 est assez riche en surprises et en émotion. Le personnage de Stephanie meurt, d’autres partis depuis longtemps reviennent en guest stars comme Craig Pomeroy, l’avocat-sauveteur de la première saison (joué par Parker Stevenson, le mari de Kirstie Alley). L’épisode « Charlie » s’inspire d’une histoire vraie, celle du courageux combat d’un jeune garçon contre le cancer. On assiste également au mariage de Mitch dans les deux derniers épisodes et dans « Nounou professionnelle » Pamela Bach, l’épouse de David Hasselhoff à la ville, interprète une psychopathe prête à tout pour détruire Mitch. Enfin, Pamela Anderson n’est plus créditée au générique puisqu’elle est partie jouer les gardes du corps dans V.I.P.

 

David Charvet

David Chokachi

Kelly Slater

Jose Solano

 

 

Baywatch Hawaii

 

A partir de 1999, les producteurs ont décidé de changer de décor. Les sauveteurs joueraient désormais les vacanciers hawaiiens. L’équipe s’était déjà déplacée dans l’archipel quatre ans plus tôt pour un épisode spécial de deux heures intitulé « Forbidden Paradise », tourné à la fin de la cinquième saison mais diffusé en avril 1996. Il faut dire que depuis plusieurs années les acteurs se plaignaient de la pollution, problème qui devait être résolu en tournant à Hawaii. De plus, les producteurs escomptaient avec ce changement de décor redresser l’indice d’audience de la série.

 

Nouveau lieu, nouveau casting, nouvelles couleurs

 

En fait, le changement de cadre ne fut pas une simple formalité. Il fut d’abord question d’émigrer aux alentours de Sydney, en Australie, où la production avait tourné un épisode en 1998. (C’est en Australie que fut tournée la nouvelle version de Mission Impossible, comme d’ailleurs la série Flipper de 1995. D’autres séries y transportent d’ailleurs leurs caméras, comme JAG où Sarah MacKenzie épouse un marin australien.) Mais la population locale protesta contre un projet que certains voyaient d’un mauvais œil, car le tournage de deux épisodes en 1998 n’avait pas fait que des heureux. Du coup, les producteurs entamèrent des négociations avec le gouvernement hawaiien, tout en poursuivant les discussions avec celui d’Australie. De part et d’autre, l’accueil du tournage représentait bien plus qu’un enjeu télévisuel : vue dans 148 pays à travers le monde, traduite en 41 langues, Alerte à Malibu donnerait du lieu où elle serait filmée une image à fort potentiel commercial. Plus qu’une carte postale, la série apporterait aussi du travail pour la main d’œuvre locale, sans compter l’argent que dépenseraient sur place les personnes travaillant sur le tournage. C’est finalement Hawaii qui emporta le marché, offrant à la production des avantages substantiels comme la gratuité des transports ou la remise à neuf des studios de Diamond Head, où furent tournées Hawaii Police d’Etat et Magnum. L’équipe de Baywatch s’installa donc au nord d’Oahu, une partie de l’île délaissée par les touristes (la fameuse plage de Waikiki se trouve au sud-est de l’île). Le titre de la série fut transformé en Baywatch Hawaii afin d’y intégrer le nom de l’archipel (une clause du contrat). Un minimum de 44 épisodes devait être tourné, soit deux saisons.

 

Jason Momoa

 

David Hasselhoff se contente d’apparitions dans cette nouvelle mouture, l’ensemble du casting ayant été recomposé, intégrant notamment des acteurs locaux. De nouvelles mais toujours charmantes jeunes femmes se portèrent donc au secours des nageurs imprudents en maillots... jaunes. Mais oui, vous avez bien lu ! Et pour faire bonne mesure ce sont les voitures de patrouille qui, jaunes jusqu’alors, ont viré... au rouge.

 

 

 

La fin de Baywatch

 

Malheureusement pour les producteurs, le lifting de la série ne s’est pas prolongé au-delà du minimum prévu par le contrat avec Hawaii. C’est en mai 2001 que les téléspectateurs américains découvrent le dernier épisode d’Alerte à Malibu (enfin, à Hawaii). L’audience n’a fait que chuter progressivement dans les trois dernières années. Les raisons en sont variées. Déjà, le départ de Pamela Anderson explique le début de l’érosion de l’audience. Ensuite, David Hasselhoff a annoncé son départ pour jouer dans une nouvelle production, A.K.A. Picasso. C’est le coup fatal, car David était la star de la série et sans lui les téléspectateurs sont privés d’un repère auquel ils étaient habitués.

 

Laissons le mot de la fin à Gregory J. Bonann: « Le succès de Baywatch, nous le devons à David. C’est lui qui a pris les choses en main pour ressusciter la série, qui a su se renouveler. On pourrait croire qu’il s’est contenté pendant toutes ces années d’être la vedette du show. Détrompez-vous ! Il s’est donné à chaque fois à 100 %. »

 

 

Tag(s) : #Dossiers, #Dossiers 1990s
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