Guide réalisé par Thierry Le Peut
Pour parcourir l'ensemble de la série :
saison 1 - saison 2 - saison 3 - saison 4 - saison 5
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Pour revoir la saison 5 en DVD, il faut passer par la VO (sans sous-titres), disponible chez VEI. Sans bonus. En France, seules les saisons 1 et 2 sont disponibles en DVD. |
Saison 5
(1975-1976)
Producteur exécutif Quinn Martin
Produit par Anthony Spinner
On n'indique pas ci-dessous la distribution des épisodes, que l'on trouvera sur Imdb. Si une indication est portée, c'est pour compléter ou corriger Imdb.
5.01 Nightmare (Vendetta)
CBS, 10 septembre 1975
Ecrit par Robert W. Lenski
Réalisé par Paul Stanley
Cannon est appelé en pleine nuit par le Capt Al Corday qui lui demande de le rejoindre en prison, où un détenu blessé durant une tentative d’évasion, Robert Hardy Koll, un tueur à gages, sur le point de mourir, veut lui faire une ultime confession : il avoue le meurtre de Laura et David, la femme et le fils de Cannon, quatorze ans plus tôt. La seule explication qu’il donne tient une phrase : « C’était une prostituée. » Bouleversé, Cannon est déterminé à trouver lui-même la vérité enfouie sous cette confession et ces mots insupportables. Il en vient à penser que Laura et David ont été assassinés par erreur parce que Laura a été confondue avec une autre femme, qui avait occupé leur appartement juste avant qu’ils n’y emménagent. Une prostituée, Marlene Thompson, devenue une femme mariée respectable sous le nom de Richards, qu’il va trouver à Portland. C’est une autre femme, cependant, Wanda Backus, co-locataire de Marlene à cette époque, qui semble avoir été la cible. Cannon la retrouve morte. Visiblement, Wanda essayait de faire chanter un homme puissant, le Sénateur Andrews, en lequel elle venait de reconnaître son ancien amant, « Buck », meurtrier d’une vieille femme renversée en voiture, et qui s’est soustrait à la justice quatorze ans plus tôt. Laura et David sont morts à la place de Wanda, qu’Andrews, depuis lors, était convaincu d’avoir fait assassiner…
L’implication personnelle de Cannon fait évidemment tout l’intérêt de cet épisode, où l’on voit le détective bouleversé jusqu’aux larmes, hurlant dans la nuit en direction du meurtrier repenti un « Menteur ! » retentissant, et peinant à retenir sa douleur, ses larmes et sa haine quand enfin il se trouve devant l’homme qui fit assassiner sa famille.
On peut regretter que John McLiam n’ait pas conservé, pour l’occasion, le nom du detective qu’il incarnait en 1.08, Sean Loomis.
Les bureaux de la police de L.A. sont dans le Parker Center (comme, à la même époque, dans certains épisodes de Mannix).
5.02 The Deadly Conspiracy (Fatalement frauduleux)
CBS, 17 septembre 1975
Ecrit par Stephen Kandel
Réalisé par Michael Caffey
Doris Grady, une employée de la puissante compagnie IRI (Independent Redevelopment Incorporated), a découvert une véritable conspiration au sein de la société. Lorsqu’il s’en aperçoit, le « responsable des relations publiques » Don Corcoran, suivant les instructions de son patron, assassine Doris en faisant accuser un pauvre livreur à domicile, Walt Miller. Ce dernier, déjà condamné pour viol, est le coupable idéal. Apprenant qu’il est impuissant, à la suite d’une thérapie particulière qu’il a suivie en prison, Cannon accepte d’enquêter à la demande de son avocat Paul Goldberg. Il en vient rapidement à penser que Miller a bel et bien été piégé et il se met donc en devoir de démasquer les véritables coupables. Il travaille en collaboration avec son ami Barnaby Jones, détective privé, engagé par le D.A. Tom Lochner pour enquêter sur la conspiration que Doris Grady avait découverte. Leurs soupçons se portent sur les frères McKenna, Bud et Gordon, qui dirigent l’IRI, et sont renforcés par la mort prétendument accidentelle de Matthew Vaner, propriétaire d’une mine d’uranium dans le Montana, que les McKenna essayent désespérément d’acheter. Vaner refusant de vendre, sa mort leur permet opportunément de faire pression sur sa fille Laura, laquelle, cependant, refuse également de vendre. A mesure que les deux détectives s’approchent de la vérité, les McKenna avancent leurs pions : ainsi Miller choisit-il de confier son sort à un nouvel avocat, Royce, manifestement engagé par les McKenna, en demandant à Cannon de cesser son enquête. Cannon et Jones misent alors sur l’honnêteté de Dave Tolchuk, un ancien agent du FBI devenu chef de la sécurité à l’IRI, pour mettre la main sur un document compromettant pour les McKenna. Les détectives confrontent Bud McKenna au moment où Corcoran essaie d’assassiner celui-ci, devenu gênant à cause de ses scrupules, sur l’ordre de son frère Gordon, véritable maître d’œuvre de la conspiration…
Initialement, l’épisode était la première partie d’un crossover avec Barnaby Jones. La version que l’on peut voir depuis en syndication et dans le coffret DVD de VEI présente une fin indépendante, qui met un terme à l’histoire, tandis que le résumé de la première partie diffusé en ouverture de l’épisode de Barnaby Jones offre une conclusion différente, qui marque le point de départ de la suite. Dans la conclusion de Cannon, Murray Hamilton échappe à la mort et dénonce son frère en présence de Cannon et Barnaby Jones. Pour prolonger l’histoire dans Barnaby Jones, les « extraits de la première partie » présentent une version alternative où Murray Hamilton est tué par… sa secrétaire Alice Parks, experte en arts martiaux ! La scène est si surprenante, quand on vient de voir la conclusion du Cannon, qu’elle donne l’impression de basculer brusquement dans un « multivers ».
Dans l’épisode de Cannon, le rôle de la secrétaire, Alice Parks, est secondaire. Il sera en revanche essentiel dans l’épisode de Barnaby Jones. De même, Sharon Acker apparaît brièvement dans le rôle de Laura Vaner, en compagnie de William Bryant, mais leur présence sera renforcée dans Barnaby Jones.
5.03 The Wrong Medicine (Négligence)
CBS, 24 septembre 1975
Ecrit par Norman Lessing
Réalisé par Paul Stanley
Le Dr Jeff Reston injecte de l’insuline à une patiente diabétique en état de choc, alors que de nombreux blessés entrent aux urgences à la suite d’un accident. La patiente meurt. Il apparaît qu’elle ne portait pas le nom inscrit sur son bracelet de diabétique… qui a disparu de son poignet. L’hôpital engage Cannon pour faire la lumière sur cette étrange affaire. Le veuf, Dave Tillis, se montre hostile, déterminé à poursuivre l’hôpital. Cannon, lui, se demande si Sarah Tillis avait des ennemis. Reston dirige ses soupçons vers Cy Carter, un infirmier qu’il a fait renvoyer récemment après qu’on l’eut surpris à voler des médicaments : Carter se trouvait au milieu des blessés le jour de l’accident, en tenue d’infirmier. Il prétend qu’il passait simplement voir sa petite amie, l’infirmière Amy Wilson. Peu de temps après avoir reçu la visite de Cannon, Carter donne rendez-vous à Dave Tillis ; il est prêt à monnayer ses « informations » sur Reston. Mais il réalise qu’il a déjà vu Tillis et celui-ci s’inquiète de ce qu’il pourrait révéler à son sujet, aussi lui fournit-il de la drogue. Il ne s’agit pas d’héroïne, cependant, comme le croit Carter, mais de morphine pure, qui tue Carter lorsqu’il se l’injecte. Cannon, qui a un moment soupçonné le psychiatre de Sarah Tillis, Adam Chekko, cherche maintenant à savoir qui, à l’hôpital, a pu avoir accès à la morphine. Ayant recueilli les confidences de Chekko, il pense que Dave Tillis avait une liaison avec une infirmière et que cette liaison est la cause de la mort de Sarah Tillis. Mais Tillis et sa complice pointent une arme sur le détective et l’obligent à avaler un poison violent…
L’intrigue est bien menée et culmine avec la mort programmée de Cannon, qui cède aux menaces et avale un poison mortel. On sait bien sûr qu’il ne mourra pas : reste à savoir quelle parade il a trouvée à l’effet du poison. Pour le savoir, suivez le chat.
5.04 The Iceman (Services secrets)
CBS, 1er octobre 1975
Ecrit par Larry Alexander
Réalisé par William Wiard
Matt Carver est en prison depuis dix ans pour le meurtre de sa femme mais il continue de clamer son innocence et refuse la libération sur parole. Ce qu’il veut, c’est être innocenté. Cannon, qui était policier au moment de l’affaire, peine à croire en l’innocence de Carver mais il accepte néanmoins d’enquêter pour le compte de son ami Bob Costigan. Quand il s’intéresse à Lanny McCrae, qui a joué les grands frères pour le fils de Carver, Jimmy, et qui n’avait que dix-sept ans au moment du meurtre de Laura Carver, il récolte un rendez-vous « secret » avec John Sturdevant, responsable d’une branche des services secrets. Cannon soupçonne McCrae du meurtre, récent, d’un vétéran du Vietnam, Pete Scofic, abattu au bord d’une route à deux pas d’une maison que McCrae possède dans les collines, et pense que ce meurtre a quelque chose à voir avec l’affaire Carver. Scofic a peut-être essayé de faire chanter McCrae, qui en sait sans doute plus long sur la mort de Laura, qu’il a peut-être lui-même assassinée. Mais McCrae est un élément précieux pour Sturdevant, qui le protège. Se sentant intouchable, McCrae tente de se débarrasser lui-même de Cannon en posant chez lui une bombe qui, en l’absence du détective, tue Bob Costigan. McCrae tue ensuite sa propre petite amie, Sondra Munson, susceptible de le compromettre, en maquillant sa mort en suicide. Dans le bras de fer qui l’oppose à l’assassin, Cannon voudrait pouvoir compter sur Jimmy Carver, qui se trouvait avec McCrae quelques minutes avant le meurtre de Scofic, mais Jimmy se refuse à croire que McCrae puisse être un meurtrier, et moins encore celui de sa mère…
Le scénario repose sur une galerie de personnages convaincants, en tête desquels Robert Foxworth campe un meurtrier sûr de lui, vétéran du Vietnam, jeune prodige des services secrets, persuadé de son invulnérabilité.
5.05 The Victim (La victime)
CBS, 8 octobre 1975
Ecrit par Jimmy Sangster
Réalisé par Lawrence Dobkin
A la demande de son ami le Lt Jake Schlatter, Cannon rencontre Janice Elder, une femme retrouvée battue et droguée sur une route. Elle affirme avoir voulu porter secours à son amie la chanteuse Lena Michaels, retenue contre son gré dans une maison où, allée la retrouver, Janice a été frappée par deux hommes qui ont emmené Lena. Mais quand Cannon l’accompagne dans cette maison, ils y trouvent un couple de retraités, Hank et Grace Olsen, qui affirment ne pas comprendre de quoi parle Janice. Cannon relève cependant un indice indiquant que, comme le prétend Janice, des changements récents ont été réalisés sur la maison. Le détective a bien du mal à localiser Lena Michaels, dont l’entourage prétend qu’il ne lui est rien arrivé et qu’elle va très bien. Le détective finit par découvrir qu’elle est la petite amie de Sean Doniger, dont les accointances avec le « milieu » sont connues de la police. Il est si amoureux d’elle qu’il fait fi des soucis qu’elle lui pose dans ses relations avec ses associés de Chicago. Lena en effet est mentalement instable. Elle a bel et bien appelé Janice pour la secourir mais elle reste à présent auprès de Doniger de son propre gré. Lorsque son producteur Allan Farrell lui demande, sans succès, d’appeler au moins Janice pour la rassurer, et que, se rendant compte de son instabilité, il lui suggère de consulter un médecin, elle se jette sur lui avec une paire de ciseaux et le tue. Doniger essaie de maquiller sa mort en accident en plaçant son corps dans sa voiture et en la poussant au bas d’une falaise, mais l’incident paraît bien étrange à Cannon, d’autant que le précédent producteur de Lena, Arthur Bigelow, est mort dans des circonstances également curieuses. Quand enfin Cannon réussit à retrouver Lena, il ne tarde pas à se rendre compte que son comportement est inquiétant. Elle tente alors de le poignarder avant de se retourner vers Janice…
La personnalité de Lena Michaels est au centre de cette histoire qui baigne dans une atmosphère inhabituelle, à mesure que le détective s’approche de la vérité.
L’adresse de Cannon : 8358 West Sunset Boulevard, est mentionnée plusieurs fois et visible sur un bout de papier.
5.06 The Man Who Died Twice (L’homme qui mourut deux fois)
CBS, 15 octobre 1975
Ecrit par S.S. Schweitzer
Réalisé par William Wiard
Weller Dane, un ancien policier devenu le patron d’une agence de police privée, Danetec, dont l’efficacité repose en partie sur une banque de données informatique, fait appel à Cannon. Il pense que Dave Baylor vient d’assassiner un usurier, Jerry Musso. Or, Dave Baylor est censé être mort depuis huit ans : policier, il fit échouer une opération destinée à coincer le trafiquant de drogue Stanley Holtz. Cannon, alors policier, a retrouvé ensuite chez Baylor une mallette pleine de billets. Le prix de la corruption. Le capitaine de police Ed Madigan pense que Baylor refait aujourd’hui surface parce qu’il est sur le point d’obtenir enfin des preuves, après huit années. Madigan en effet est en mesure de coincer Holtz grâce au témoignage d’une call girl qu’il a battue, Diana Keefer, mais il veut lui proposer de fermer les yeux sur cette agression en échange d’informations sur Baylor. Mais Cannon et Dane retrouvent Madigan mort ; tout désigne Baylor comme le meurtrier. Sa fille, Susan, n’a jamais voulu croire en la culpabilité de son père. Quand il la contacte, elle accepte de le voir ; mais Cannon s’invite au rendez-vous et Baylor – en tout cas l’homme à la chevelure et à la barbe épaisses, affublé de lunettes noires, qui se fait passer pour Baylor – s’enfuit en essayant de renverser le détective et Susan au volant de sa voiture. La jeune femme se met alors à douter. Dans le même temps, on apprend la mort de Diana Keefer : certainement un meurtre maquillé en accident. Mais Holtz est victime à son tour d’un attentat : une bombe placée dans sa voiture l’envoie à l’hôpital, dans un état critique. Cannon apprend de son assistant, Higgins, que Holtz a toujours pensé que son collaborateur Nick Musso, le frère de Jerry, l’avait donné à la police. Or, c’est avec Nick Musso que Baylor est mort : et si, au lieu d’être à la solde de Holtz, Baylor avait en fait cherché à démasquer un autre policier, le véritable ripou ? Cannon a bien découvert la vérité : le ripou a entrepris de faire le ménage afin d’empêcher la vérité de se faire jour, en faisant croire au retour de Dave Baylor. Il lui reste un témoin à éliminer : Susan…
Vf Jean-Claude Michel (Dane), Georges Aubert (Madigan / employé vestiaires), Jean Berger (Holtz), Jean Roche (Higgins), Catherine Lafond (l’éducatrice)
De nouveau une affaire qui réveille le passé de Cannon, après les épisodes 5.01 et 5.04.
5.07 A Touch of Venom (Pour une larme de poison)
CBS, 22 octobre 1975
Ecrit par Larry Alexander
Réalisé par Chris Robinson
William Conrad face à Armand Alzamora (en kaki)
Cannon se rend chez le riche Joseph Matthews à la demande de sa fille Leslie. Elle a des raisons de vouloir retrouver très vite son frère disparu. Cannon la laisse après avoir avalé une tasse de café. Peu de temps après, il ressent de violents maux d’estomac et est approché par un jeune homme, Warren Michaelson, qui lui apprend qu’il a été drogué. Avec le café, il a bu un poison qui le tuera dans 72 heures et dont Michaelson est le seul à connaître l’antidote. S’il veut vivre, il doit retrouver Tracy Murdock, la fille d’un Sénateur, et la livrer à Michaelson. En consultant le Dr Browdy, Cannon apprend qu’il est en effet condamné si un antidote ne lui est pas donné. Mais, pour le trouver, il faut déjà savoir ce qui l’a empoisonné, et procéder à des examens. Or, le détective n’a pas le temps d’attendre. Il se met à la recherche de Tracy. Un an plus tôt, il a tenté de retrouver la jeune femme pour le compte de son père, avant de renoncer. Aujourd’hui, le Sénateur, dont on vient de forcer le coffre-fort, refuse de se préoccuper davantage d’une enfant qui lui a tourné le dos. Cannon questionne néanmoins l’un des employés, Manuel Ortega, dont il connaît la proximité avec Tracy. En exerçant une pression sur lui, il en tire un aveu : Tracy se cache à bord d’un paquebot. Faisant jouer ses relations, Cannon découvre lequel, ancré dans le port de Los Angeles, et parvient à retrouver Tracy. La jeune femme a rejoint un groupe d’activistes dirigé par Michaelson, qu’elle a finalement décidé de quitter, provoquant leur colère et devenant une cible, car elle détient sur eux trop d’informations pour être laissée en paix. C’est elle qui permet à Cannon de découvrir qui a synthétisé le poison : un étudiant en chimie employé au Lake Hospital, Gus Porter. Cannon croit le forcer à lui inoculer l’antidote mais réalise trop tard qu’il s’est fait mener en bateau. Toujours malade, il se retrouve à la merci des activistes au moment où il croyait les abuser en faisant croire à la mort de Tracy. Trop faible pour se défendre, il est jeté dans le port de Los Angeles. Il parvient pourtant à s’extirper des eaux et à alerter la police. Il sait à présent que les activistes ont prévu de faire exploser un barrage dans la région, au moment où le Sénateur Murdock y effectue une tournée d’inspection. Reste à savoir quel barrage, à arrêter les terroristes et, cerise sur le gâteau, à sauver sa propre peau avant que le poison n’ait achevé son œuvre…
Un scénario dense qui mêle plusieurs situations et repose sur la mise en danger personnelle de Cannon. Empoisonné (comme Mannix ou Starsky & Hutch à la même époque), le détective lutte pour sa vie tout en essayant de mener sa mission à bien avant que l’ultimatum qui lui a été fixé n’ait expiré. Face à lui, une brochette de jeunes activistes, dont deux filles de bonne famille, animées par une révolte juvénile contre les valeurs de l’establishment dont elles sont issues. Le chef de la bande est un idéologue dénué de scrupules que la mort de dizaines de milliers de personnes ne fait pas broncher, déterminé qu’il est à imposer ses idées politiques au prix d’une violence spectaculaire. Sondra Locke se fait remarquer dans le rôle de la fille de Sénateur qui, revenue de ses velléités activistes, devient la cible de ses anciens compagnons et oscille ensuite entre auxiliaire du héros et victime désignée.
Cannon est qualifié de « fat man » et « fat pig » par Michaelson.
Scène de tournage
5.08 Man in the Middle (Pris entre deux feux)
CBS, 29 octobre 1975
Ecrit par Richard Landau
Réalisé par Allen Reisner
Santa Croce, au Mexique. Ernie Morgan paie un pot de vin à un policier, Rodero, qu’il abat au moment où il saisit l’argent. Deux hommes qui ont observé la scène à distance à travers une paire de jumelles tentent d’arrêter Morgan lorsqu’il s’éloigne de sa victime. Morgan s’enfuit, est abattu d’une balle dans le dos et tombe dans la mer.
Los Angeles. Walt Morgan, qui attend la mort sur un lit d’hôpital après vingt ans de service dans la police, demande à Cannon de ramener au pays le corps de son fils Ernie, dont il vient d’apprendre la mort par une lettre de sa femme Maria. Les deux hommes ne s’appréciaient guère et avaient perdu le contact ; Walt ignorait même que son fils était marié.
Cannon se rend à Santa Croce et rencontre Maria Morgan. Elle est pleine de colère à l’égard de Walt Morgan, qui n’a jamais aimé son fils, et répète à Cannon ce qu’il a déjà appris : Ernie est mort en mer et son corps, déchiqueté par les requins, a été incinéré. Elle a ensuite répandu les cendres en mer. Il n’y a donc rien à rapporter à Walt Morgan. Cannon constate que son enquête attire sur lui l’attention de deux hommes qui le suivent en voiture mais aussi celle d’un certain Nelson Brill, qui tient à lui parler. Brill prétend qu’Ernie travaillait pour lui, ou avec lui. Ils recherchaient des trésors dans les fonds marins. Cannon y croit d’autant moins que, sitôt après sa rencontre avec Brill, il est brutalement attaqué par Holt, son homme de main, puis questionné par le Capitaine Gomez et le Sgt Molina. Ce sont les deux hommes qui l’ont suivi en voiture. Ils lui apprennent que Brill est un trafiquant qu’ils tentent de coincer depuis longtemps, sans succès.
Entre-temps, Maria a rapporté à Ernie sa rencontre avec Cannon. Déserteur, Ernie craint que le détectine n’ait été envoyé après lui par le gouvernement américain. Etant donné le soin qu’il a mis à faire croire à sa mort, il demande à Maria de remettre au détective des cendres qu’elle fera passer pour les siennes, qu’elle n’aurait finalement pas répandues en mer. Une erreur de débutant : Cannon fait analyser les cendres par Gomez et découvre qu’elles ne sont même pas humaines. Il est désormais persuadé qu’Ernie est en vie. Maria, qui espère à présent que le détective pourra aider Ernie, est prête à dire la vérité ; c’est pourquoi Ernie la tue, avant d’emmener Cannon sous la menace d’une arme. Puisqu’il envisage de le tuer lui aussi, il ne voit pas d’inconvénient à lui avouer qu’il trafique de la drogue avec Nelson Brill. Ce dernier, cependant, a décidé de les tuer tous les deux afin de récupérer la marchandise qu’Ernie devait lui livrer…
L’action est très lente, bien que les personnages soient intéressants et le scénario cohérent et méthodique. Le tournage en décors naturels est, comme souvent, un atout qui rend l’histoire attrayante. Le personnage incarné par Stuart Whitman retient l’attention : c’est a priori un bad guy conventionnel, un « requin » prêt à tuer, rendu légèrement plus complexe par l’infirmité qui est révélée au milieu de l’épisode et qui ne l’empêche pas d’affronter directement Cannon dans le dénouement. Son infirmité est compensée par une volonté puissante qui le pousse à entretenir son corps et fait de lui un prédateur dangereux.
L’épilogue est surprenant. On comprend pourquoi Cannon ment à son ami Walt Morgan au sujet de son fils mais on a du mal à croire que cette compassion aille jusqu’à réhabiliter un homme aussi dénué de scrupules, déserteur, meurtrier d’un policier (certes corrompu) et de sa propre femme (dont le seul tort était de l’aimer). L’absence de scrupules s’exprime notamment par le cynisme, lorsqu’Ernie Morgan déclare à Cannon qu’au Vietnam il a tué avec moins de raisons que récemment en tant que trafiquant, et qu’il a été décoré pour cela. Le père, d’ailleurs, n’est pas a priori plus sympathique que le fils : il est décrit comme un homme têtu et rude, incapable de manifester de l’amour à son fils, et l’unique trait d’humanité que lui prête le scénario est d’être mourant et de montrer une forme tardive de remords à l’égard de son fils.
Cannon résumé par Holt : « Frank Cannon, ex-lieutenant, LAPD. Licensed Private Investigator. Solid reputation. Good police contacts. Successful. And not a smell on him. » Commentaire de la dernière remarque, par Brill : « Which means that he is remarkably honest or remarkably clever. »
Face à Brill, Cannon complète lui-même la description, en confirmant son prénom : « Frank. It means honest, open, straightforward, direct. »
Puis le Sgt Molina ajoute encore un qualificatif, en disant que l’homme à qui il a parlé au Consulat (en se renseignant sur Cannon) a décrit le détective comme « stubborn », avant de préciser que le mot qu’il a effectivement utilisé était : « pig-headed ».
Cannon : « Treasure hunting [under water] is not my game. I float too high in the water. »
5.09 Fall Guy (Le bouc émissaire)
CBS, 5 novembre 1975
Ecrit par Howard Dimsdale
Réalisé par Lawrence Dobkin
Cannon est engagé par Mike Marsh, vice-président d’Anacott Corporation, pour enquêter sur une fraude massive au sein de l’entreprise, qui a coûté la vie à un employé de la filiale suisse, Guy André, assassiné alors que Marsh venait de le rencontrer. Le détective est témoin de l’entrée en fanfare de la patronne d’Anacott, Vivian Cabe, qui accuse Marsh d’être l’auteur de la fraude et lui ordonne de vider les lieux avant midi. Marsh n’entend pas se laisser pousser ainsi vers la sortie, ni porter le chapeau pour le vrai coupable. En enquêtant, Cannon met le nez au beau milieu d’un nid de vipères dont il risque à son tour d’être victime. Alors qu’il veut parler à Phil Sedakis, un employé, il est passé à tabac par celui-ci. Marsh nie avoir donné l’ordre, qui selon toute apparence émanait directement de Vivian Cabe. L’antipathie de celle-ci pour Marsh est amplifiée par la liaison de Marsh avec la fille de Vivian, Marian Balford. Quand Sedakis est assassiné, les apparences accusent Marsh, qui se voit peu à peu acculé, incapable de prouver son innocence, suspect même aux yeux de Cannon. Ce dernier découvre cependant que Sedakis a été l’amant de Vivian Cabe, qu’il soupçonne de l’avoir envoyé en Suisse assassiner Guy André. Aucune preuve hélas ne vient étayer cette théorie et Marsh, menacé à présent de poursuites pour fraude et meurtre, envisage de s’enfuir avec la complicité de Marian. Cannon – qui entre-temps a été victime d’une tentative de meurtre lui-même, sa voiture ayant été poussée dans un ravin par un bulldozer ! – commence à croire qu’il a effectivement été piégé. Mais par qui ?
Un scénario poussif, dont le principal intérêt est de confier à Vera Miles un rôle de femme d’affaires absolument détestable. Le cœur de l’enquête est une fraude au sein d’une compagnie pétrolière et l’intrigue prend la forme de discussions sans fin et de péripéties téléphonées dont l’unique fonction est d’occuper les cinquante minutes réglementaires. L’ensemble ne brille pas par sa cohérence et peine à retenir l’attention. Au bout de l’épisode, un dénouement en deux temps (simplement pour allonger la sauce) qui n’est ni surprenant ni captivant, et qui démasque un coupable dont on peine à croire qu’il ait accompli tout ce qui s’est passé auparavant (un double meurtre et une attaque au bulldozer). Comme tout cela n’a pas suffi à remplir les 50 minutes, l’épilogue est lui aussi anormalement long et à peu près dénué d’intérêt. Si ce n’est d’offrir une scène de plus à Conrad et Miles, dans laquelle Cannon dame le pion à la femme d’affaires virile qui croyait le tenir à sa merci.
Vivian Cabe et sa fille Marian sont incarnées par deux Miles, mère et fille, Kelley Miles étant la fille de Vera Miles.
L’action est censée se dérouler à San Diego, Cannon conduit une voiture de location (777 EHY) qui n’a pas de téléphone intégré ; il transporte donc un téléphone mobile dans une valise.
Vivian Cabe à Cannon : « Your fees are exorbitant. » (Elle le dit deux fois.)
5.10 The Melted Man (Tel est pris)
CBS, 12 novembre 1975
Ecrit par Norman Lessing
Réalisé par Leo Penn
Cannon répond à l’appel de Nedra Cameron, héritière du ranch de son père qui était un ami de Cannon, descendant de l’homme qui fonda Cameronville. Le compagnon de Nedra, Steve Portugal, est menacé : ils ont trouvé un bonhomme de neige devant la maison, avec une hachette Tong plantée dans la tête. Le message est clair : il renvoie à un meurtre dont Steve fut accusé avant d’être acquitté par la Justice. C’était en Alaska, dix ans plus tôt, dans une mine où il était ingénieur ; son associé tenta de le tuer, il s’enfuit mais on retrouva plus tard l’associé avec une hachette dans le crâne, complètement gelé. Les Tongs cherchent-ils encore à se venger ? Cannon parle avec Su Chin, le frère du mort, un homme d’affaires au sens pratique qui affirme être bien éloigné des histoires de vengeance que l’on associe aux Tongs mais qui n’en est pas moins le chef redouté de la communauté chinoise de Cameronville. Quand deux hommes, un Chinois et un Blanc, tuent un policier, Joe Morgan, en visant vraisemblablement Steve, Cannon découvre que le Chinois est Tang Ho, le neveu de Wan Lee, l’employé de maison de Nedra. Tang Ho et son complice Charlie Michaels échappent à Cannon à cause de Wan Lee, que le détective fait arrêter par le shérif Slade, mais que Nedra s’empresse de faire libérer. Cannon découvre ensuite des éléments l’incitant à soupçonner Steve d’avoir lui-même engagé les deux hommes dans le but d’assassiner Nedra en la faisant passer pour une victime collatérale d’un attentat dirigé contre lui. Steve, qui est en secret l’amant de la sœur de Nedra, Casey, aurait conçu ce moyen de se débarrasser de Nedra pour vivre ensuite avec Casey, héritière du ranch. L’hypothèse du détective semble tomber à l’eau quand on retrouve Steve… mort, recouvert de neige ! Nedra l’accuse de s’être trompé sur toute la ligne et ne veut plus de lui dans son ranch. Mais on ne détourne pas Frank Cannon de la vérité quand il s’est mis en tête de la trouver. Même si cette vérité est déplaisante…
Comme l’épisode précédent, celui-ci combine des situations de soap opera et une enquête policière. C’est cette fois Diana Hyland qui endosse le rôle d’une femme de caractère, moins forte que Vera Miles la semaine précédente mais capable d’être une vraie « bitch » pour obtenir ce qu’elle veut. Ce n’est pas sa fille mais sa sœur qui joue un rôle secondaire tandis que le petit ami passe tour à tour du rôle de victime présumée à celui de coupable potentiel, comme Mike Marsh dans l’épisode précédent. Et au milieu se dresse le détective… qui en cherchant la vérité met les pieds dans un nid de vipères où il faudra bien mettre de l’ordre pour que le nœud soit dénoué. Le tout dans une petite ville fondée par l’arrière-grand-père de la femme forte, où la police semble au service de l’héritière et qui a son propre Chinatown avec leader ambigu et traditions Tongs. Le résultat n’est pas détestable mais peut-être un peu indigeste.
Cannon à Su Chin : « It once took me fifteen years to find a killer ». Référence au meurtrier de sa femme et de sa fille, démasqué dans l’épisode 5.01.
5.11 The Wedding March (La marche nuptiale)
CBS, 19 novembre 1975
Ecrit par Brad Radnitz
Réalisé par Leo Penn
William Conrad et Tina Louise
Travaillant sous couverture pour la brigade des mœurs, Nell Dexter ramène chez elle un homme qui l’a abordée dans un bar. Cheveux blancs, lunettes noires, il demande à jouer une cassette de la Marche Nuptiale de Wagner pour accompagner leur rendez-vous, qui prend vite la forme de coups. Les deux équipiers de Nell, postés à proximité, font irruption pour la secourir et l’agresseur prend la fuite. Nell, que son supérieur le Capitaine Marsh refuse de muter à la Criminelle pour enquêter sur son agresseur dont elle est sûre qu’il a déjà agressé plusieurs femmes, demande à Cannon de l’aider à enquêter pour son propre compte durant le congé forcé que lui a ordonné Marsh. Le père de Nell fut en quelque sorte le mentor de Cannon qui fut à son tour celui de Nell, aussi ne peut-il lui refuser son aide. Ensemble, ils retrouvent deux précédentes victimes de l’agresseur : la prostituée Cora Bloom et Nancy Prochak, qui depuis son agression est internée dans un établissement psychiatrique. Mais Cora Bloom, au lieu de les aider, décide de faire chanter celui qu’elle pense être l’agresseur : l’honorable juge Norman Killian. Celui-ci est effectivement le « tueur à la Marche Nuptiale », comme l’a baptisé Nell. Ecrasé par son épouse Sylvia, qui rêve pour lui d’une brillante carrière politique, Killian a trouvé dans l’agression de femmes un exutoire à ses frustrations. Malheureusement pour elle, Cora en le faisant chanter devient sa victime. Cannon et Nell arrivent trop tard pour la sauver. En découvrant qu’elle a appelé le juge le jour même de sa mort, cependant, Cannon et Nell font le lien avec le magistrat. Se voyant près d’être démasqué, Killian paye un homme accusé de meurtre, Rick Harney, pour le débarrasser de Cannon, en échange de la clémence du juge. Harney attaque Cannon mais doit s’enfuir sans l’avoir tué. Le juge le paye alors pour enlever Nell pendant que lui-même, surveillé par Cannon, assiste à une soirée de collecte de fonds. Harney coiffe la perruque blanche et chausse les lunettes noires du tueur afin d’approcher Nell et de la forcer à le suivre…
Cannon est moins présent à l’écran dans cet épisode qui fait de lui l’auxiliaire d’une femme flic enquêtant sur un tueur en série. Les véritables protagonistes de l’épisode sont la femme flic et le juge tueur, incarnés par Tina Louise et James Olson. Bien que le thème soit conventionnel (le juge frustré agressant des femmes sur la musique de Wagner) et les péripéties attendues, l’ensemble est bien mené et Tina Louise forme un tandem sympathique et efficace avec William Conrad.
Cannon à Nell, pour la dissuader de ne pas traquer seule le tueur : « Even the Lone Ranger had Tonto. » En l’occurrence, c’est Cannon qui jouera le rôle de Tonto dans cet épisode dont Nell Dexter est la Lone Ranger.
5.12 The Hero (Le héros)
CBS, 26 novembre 1975
Ecrit par Irving Pearlberg
Réalisé par William Wiard
Tom Longman, déjà bien éméché dans le bar où il a avalé plusieurs verres, intervient dans une querelle entre un homme et une femme. Il réalise soudain qu’il vient de s’en prendre à Paul Rogan, soupçonné de kidnapping, torture et meurtre mais remis en liberté par la justice. Quand il quitte le bar, plus tard, il est suivi par Rogan qui l’oblige à arrêter sa voiture au milieu d’une route, en pleine nuit. Tom s’enfuit, poursuivi par Rogan armé d’un couteau. Il tombe et perd connaissance. A son réveil, il tient un couteau couvert de sang et Rogan est étendu à côté de lui.
Le Général Longman engage Cannon pour faire entendre raison à son fils : alors même que le public le considère comme un héros et qu’aucun tribunal ne le condamnerait pour avoir tué Rogan en état de légitime défense, Tom persiste à nier être l’auteur des coups de couteau. Ce n’est pas l’innocence de son fils qui intéresse le Général mais sa libération, qu’il estime plus facile si Tom reconnaît les faits dont on l’accuse. Cannon accepte de parler à Tom, dont il croit le récit. Tandis que Tom est libéré sous caution, le détective cherche à découvrir ce qui s’est passé pendant les quinze minutes où Tom a perdu connaissance cette nuit-là. Rogan, cependant, était le leader charismatique et vénéré d’une secte d’adeptes, hommes et femmes, qui sont décidés à venger sa mort en exécutant son meurtrier. L’une des femmes du groupe tire des balles empoisonnées au cyanure en direction de Cannon, puis la groupe terrifie la femme de Tom, Dana, en l’acculant dans la salle de bain de sa chambre avant de mettre le feu à la maison des Longman. Tom, lui, partagé entre son respect pour la vérité et le besoin irrépressible qu’il a de plaire à son père le Général, qui persiste à vouloir voir en lui le héros qui a tué Rogan, hésite sur l’attitude à adopter. Il se range néanmoins à l’avis de Cannon afin de tendre un piège aux adeptes. Le plan est de se réfugier avec Dana dans un ranch que possède son père, en compagnie de Cannon qui a préparé le guet-apens avec le Lt Gold. Le piège doit se refermer sur les adeptes. Mais ils se montrent plus intelligents que ne l’avait prévu Cannon…
Avec Laurie Walters (l’une des Rogan Girls), Buck Young (bartender [Benny]) John Petlock ([Walter] Carew)
Imaginez Charles Manson assassiné et ses adeptes décidés à le venger : ici Manson s’appelle Paul Rogan et ses adeptes sont de jeunes gens apparemment éduqués et dénués de scrupules. Un scénario sans fioritures, qui traite personnages et situations honnêtement, dominé par un Dean Stockwell bien entouré. L’important ici n’est pas tant de savoir qui a tué (cette révélation apparaît presque superflue quand elle survient dans les dernières minutes) : le cœur de l’histoire est la relation de Tom Longman à son Général de père, et la façon dont il entend prouver sa virilité, c’est-à-dire (pour gloser sur les derniers mots du Général dans l’épilogue) devenir un homme aux yeux de son père.
Le Général au sujet de Cannon : « He has an impeccable reputation. » (22’)
Cannon reçoit une gifle monumentale d’Ellen Marks, en même temps qu’une réplique sans appel : « You, pig ! » Si « pig » est l’insulte classique adressée aux flics, c’est aussi un mot dont le détective est honoré de temps en temps dans la série, même s’il est moins fréquent que « fat » ou « fat man ». En 5.07, il avait droit à un mix : « fat pig ».
5.13 To Still the Voice
CBS, 3 décembre 1975
Adaptation de S.S. Schweitzer, histoire de Robert Heverly et S.S . Schweitzer
Réalisé par Leo Penn
Willa Raymond, une militante noire, est assassinée sur le campus de l’université d’Edgevale par un jeune homme que poursuit et abat Rafe Pecora, responsable de la sécurité sur le campus. Le fils de Willa, Garth, engage Cannon car il n’est pas convaincu par la conclusion officielle de l’enquête. Il pense que sa mère a été tuée pour une autre raison que la haine de Kingston. Cannon questionne Pecora qui lui donne un élément pour commencer son enquête en lui révélant que Kingston était un junkie. En cherchant son revendeur, Cannon marche sur les pieds de Hank Colcutt, dont la drogue est la source de revenus, mais Colcutt préfère lui livrer le nom du revendeur, Mike Demery, plutôt que de risquer des ennuis avec le D.A. Allen. Malheureusement, Demery est tué par une grenade avant que Cannon ait pu lui parler. Le détective s’intéresse aussi à une entreprise, ETT, car il soupçonne un trafic d’armes sur lequel Willa s’apprêtait peut-être à faire des révélations. ETT le mène à Austin Bishop, jeune homme de bonne famille, ancien officier au Vietnam, qui affirme que la société ne fait aucune affaire illégale. Cannon pense pourtant que Bishop cache quelque chose. Alors qu’il se rend dans une maison sur les collines dont lui a parlé Lee Watson, l’amie de Demery, comme un lieu que fréquentait Kingston, Cannon essuie un coup de feu tiré par Bishop qui, en voulant s’enfuir au volant de sa voiture, percute un arbre. Sur lui, Cannon trouve une lettre qui contient des poèmes d’amour. Louise Bishop y voit la confirmation que son mari la trompait avec une autre femme mais Cannon est perplexe. Il pousse Bishop à admettre que ces lettres étaient en fait destinées à Kingston, dont il est tombé amoureux au Vietnam et qu’il a revu ensuite, de retour au pays. La peur du scandale empêche Bishop d’avouer cet amour, le souci est que son silence le rend suspect aux yeux du D.A., qui pense que Kingston a tué Willa pour le compte de Bishop. Cannon promet à celui-ci de garder son secret. Il ne fait pas que des heureux, cependant, en continuant de chercher un coupable alors que Bishop est le candidat idéal.
C’est une facture retrouvée dans les dossiers de Willa qui apporte une nouvelle piste : elle mentionne le nom de Bernard Fordnay. Celui-ci a acquis une statue de guerrier grec exposée au musée de l’université. Or, cette statue a été dédicacée à Jordan Price, philanthrope et administrateur de l’université. Cannon pense que Price est Fordnay et contrôle ETT, dont il se sert pour des ventes d’armes illégales. Pecora a tué Kingston délibérément après que Price l’avait engagé pour tuer Willa, de peur que celle-ci ne dévoile le pot aux roses. Et maintenant, Cannon et Margaret, la secrétaire qui l’a guidé jusqu’à la facture et l’a fait entrer au musée, sont les personnes à abattre…
Avec Pat Waind ([George Michael] Kingston).
Allen, à Cannon qui lui pose une question à la fin d’une conférence de presse : « Vous représentez quel journal ? L’hedbo de Weight Watchers ? » (« What paper do you represent ? The Weight Watchers Weekly ? ») La plaisanterie fait rire les journalistes, Cannon reste de marbre.
Austin Bishop, quand Cannon lui demande si c’est au Vietnam qu’il a appris à tirer : « A l’époque, j’ai fait ce que je pensais être mon devoir. Apparemment c’est une idée ridicule aux yeux de beaucoup de gens aujourd’hui. » (« At that time, I did what I thought was my duty. Apparently that’s a ludicrous idea to a lot of people today. »)
Cannon à Austin, pour le convaincre qu’il ne s’intéresse pas à sa vie personnelle mais à la vérité sur la mort de Willa Raymond : « Ecoutez, j’ai toujours cru et vécu selon une règle simple, c’est que tout homme devrait avoir le droit de faire ce qu’il veut et d’être ce qu’il veut du moment qu’il ne fait de mal à personne. » (« Look, I’ve always believed and lived by one rule, and that is that every man should be able to do whatever he wants to do and be whatever he wants to be, as long as he doesn’t hurt someone else. ») Cannon fait profession de tolérance et se montre compréhensif envers le secret de Bishop, qu’il promet de préserver. Le thème de l’homosexualité, bien qu’il soit parfois évoqué dans les séries de l’époque, avait de quoi choquer d’autant plus qu’il s’applique ici à un ancien officier, vétéran du Vietnam, qui avoue avoir vécu une histoire d’amour avec un jeune soldat pendant la guerre. L’évocation délicate que fait Bishop de cet amour est filmée en gros plan, de façon délicate également.
17’ : l’ombre du micro s’agite sur le mur derrière Joseph George.
5.14 The Star (La star) – 100’
CBS, 10 décembre 1975
Ecrit par Margaret Armen
Réalisé par William Wiard
Joan Fontaine et William Conrad
Part I : Terry Cain s’amuse à une party avec une amie. Il accepte un verre, servi par un homme qui se tient au bar. Peu après, il ressent des vertiges. Il sort et monte dans un taxi qui attend près de l’entrée, sans voir que le chauffeur n’est autre que l’homme du bar. Celui-ci le fait sortir brutalement du taxi sur un pont, puis il tente de l’écraser. Terry saute à l’eau. Excellent nageur, il parvient à regagner la rive. On le retrouve plus tard au poste de police, racontant au Lt Hutton ce qui lui est arrivé. Mais Hutton, ayant accès à son casier judiciaire qui indique déjà plusieurs problèmes avec la police, de drogue notamment, et reconnaissant en lui le fils de l’actrice Thelma Cain, connu pour ses frasques, est tenté de ne pas accorder grand crédit à ce qu’il raconte. Terry s’enfuit alors du poste de police. Il monte dans un bus, aussitôt suivi par le taxi et son conducteur, Gino Castagna, qui rend compte des événements à son employeur, Tom Shaw, par téléphone. Shaw lui rappelle sa mission : tuer Terry Cain. Castagna suit donc Cain jusqu’à un portail où est affiché le nom Havenhome ; il l’aborde, et le pousse dans un buisson sous la menace d’une arme munie d’un silencieux. On entend un coup de feu.
Cannon est engagé par Thelma Cain pour retrouver son fils. Thelma est une femme riche, de caractère, mariée à un ancien acteur plus jeune qu’elle, David Farnum. Terry est son fils unique, qu’elle aime et pour lequel elle s’inquiète vivement. Cannon se rend au Graystone Hotel, où Terry avait une petite chambre ; tout ce qu’il y voit, ce sont deux types s’enfuyant après avoir agressé le gérant et mis sens dessus dessous la chambre, et qui pour se débarrasser de Cannon tirent sur sa voiture avec un pistolet mitrailleur. Il trouve ensuite la maison où eut lieu la fête à laquelle Terry participait le soir de sa disparition ; elle est habitée par deux hôtesses de l’air qui n’ont pas grand-chose à apprendre au détective. Questionnant ensuite Wilson, le chauffeur du bus dans lequel est monté Terry en fuyant le poste de police, il apprend que le jeune homme est descendu précipitamment non loin de la résidence de sa mère, Havenhome. En inspectant les abords de la grille, il découvre un corps dissimulé dans les buissons. Thelma Cain bouleversée identifie son fils quelques minutes plus tard.
C’est à ce moment que le corps de Peggy Mason est rejeté sur la plage. Tom Shaw redoutait ce moment mais l’attendait ; Terry possédait une preuve du meurtre de Peggy Mason et c’est cette preuve que cherchaient dans sa chambre les deux hommes aperçus par Cannon – qui se trouvent être des policiers travaillant pour Shaw, Lopez et Drake. Terry Cain est à peine enterré que Cannon est écarté de l’affaire par la police, vraisemblablement à la suite de pressions venant de la hiérarchie. Puis il est approché par un homme qui se présente sous le nom de Ned Hurley, avocat, chargé de retrouver des bijoux qu’aurait volés Terry. Cannon croit à son histoire et se retrouve otage de Lopez et Drake dans un camion où Hurley l’a forcé, sous la menace d’une arme, à faire entrer sa voiture. Tout ce monde ne veut qu’une chose : les effets personnels de Terry, et ils pensent que Cannon sait où ils sont. Le détective parvient à leur fausser compagnie. Il se rend aussitôt à Havenhome pour confronter Thelma Cain et David Farnum, car il est persuadé qu’ils ne sont pas honnêtes avec lui. Impossible cependant d’en tirer quoi que ce soit, sinon que parmi les effets de Terry, que l’on n’a pas retrouvés, devait se trouver du matériel photographique. En parlant avec l’une des hôtesses de l’air, Cannon en vient à supposer que Terry pourrait avoir déposé quelque chose dans une consigne de l’aéroport. En s’y rendant, il voit le chauffeur de Thelma Cain, Dieter, retirer les fameux effets personnels de Terry, en présentant la clé du casier. Cannon suit Dieter jusqu’à la voiture et en ouvre vivement la portière arrière. Le couple qu’il y découvre est quelque peu surprenant…
Part II : (Attention, spoilers !) Cannon connaît maintenant la vérité et la vraie raison pour laquelle Thelma Cain l’a engagé. L’examen des affaires de Terry lui permet de comprendre ce que cherchent les tueurs. Une fois développées les photos, leurs raisons ont toutes les chances d’être expliquées. John Brinegar le comprend lui aussi, comme l’homme du Syndicat pour lequel il travaille ainsi que Tom Shaw, Arthur Correll. Ce dernier confie à Brinegar le soin de nettoyer lui-même le bazar qu’il a engendré. Brinegar élimine donc personnellement Shaw, dont il jette le corps dans un puits où nul n’a de raison d’aller mettre son nez. Lopez et Drake se chargent de faire taire l’amie de Peggy Mason, Marilee Burton, sitôt son retour à L.A. Malheureusement pour eux, Cannon les surprend dans leur fuite et parvient à les arrêter. Le danger désormais ne peut plus être ignoré de Correll, qui suggère à Brinegar de faire éliminer Cannon par le Lt James, qui travaille pour le Syndicat. James attire donc Cannon sur les docks où l’attend un tueur ; lequel ne remplit pas sa mission. La vérité cachée par Thelma Cain ne peut plus à présent être dissimulée aux autorités. Persuadé que les tueurs n’hésiteront pas à venir chercher Terry dans la maison de sa mère, Cannon l’en exfiltre. Ensemble, ils développent les dernières photos de Terry et y découvrent Peggy Mason agrippée par deux hommes sur le yacht de Shaw, le Dolphin IV : l’un de ces hommes est Shaw, l’autre Brinegar. Cannon prend conscience de l’ampleur des enjeux pour le Syndicat mais, au même moment, trois tueurs forcent la porte de Havenhome et menacent de s’en prendre à Thelma et David si Cannon ne leur apporte pas les photos. Cannon temporise en exigeant de voir personnellement le chef des opérations, et Correll accepte de le rencontrer, estimant qu’il n’a rien à craindre de lui. De fait, le détective comprend que Correll se pense intouchable. Terry, cependant, refusant de mettre sa mère et David en danger, décide de son propre chef de porter lui-même les photos et les négatifs aux tueurs. Ce faisant, il met sa propre vie entre leurs mains et compromet l’unique preuve reliant Brinegar au Syndicat. Le détective tente donc de sauver les gentils et de perdre les méchants…
et (non crédité) Paul Koslo (Drake), George Sawaya (le tueur sur les docks).
Un excellent scénario servi par des acteurs qui lui donnent de l’épaisseur, à commencer par Joan Fontaine. La star de cinéma bénéficie d’un temps d’écran conséquent et partage de nombreuses scènes avec William Conrad, dans lesquelles son talent d’actrice est mis à contribution, non sans ironie parfois (car son personnage entend se servir de ces talents pour manipuler Cannon). En multipliant les rôles du côté des méchants, Margaret Armen s’assure d’avoir de la matière pour alimenter la durée exceptionnelle du téléfilm (diffusé en une partie à l’origine, même s’il a été coupé en deux pour les rediffusions ultérieures) mais développe aussi tout un arrière-plan qui donne de la consistance à la machination et rend crédibles les enjeux et les péripéties.
Thelma Cain s’est renseignée avant d’engager Cannon : il est « the best in [his] profession », et aussi « hardheaded, arrogant and stubborn ». Elle le vérifie quand il lui rend son chèque après qu’elle l’a menacé de faire opposition s’il ne revenait pas vite avec des résultats.
Le chèque en question est de 25.000 $, et ce n’est que la moitié de ce que Thelma Cain promet à Cannon s’il retrouve son fils disparu. Thelma Cain est une femme riche mais on sait aussi que les tarifs de Cannon sont exorbitants.
Le Lt Hutton indique que Terry Cain a 24 ans. Richard Hatch en avait trente à l’époque.
La mélodie au piano qui accompagne l’arrivée de Cannon à la résidence de Thelma Cain ressemble fort à la mélodie composée par Patrick Williams pour l’épisode « La tragédie de la tour » des Rues de San Francisco (diffusé le 28 octobre 1972). On la réentend au tout début de l’épisode 5.16.
A la fin de l’acte I, la Ford Lincoln Continental de Cannon est stoppée net par des balles tirées dans son moteur : c’est l’une des rares fois où la voiture est endommagée (même si elle sert de temps en temps à une petite poursuite). Il doit en louer une autre (immatriculée 183 HYE).
Enfermé dans sa voiture à l’intérieur d’un camion, Cannon s’en extirpe sans fioritures : il ouvre sa portière pour écraser Lopez contre les parois du camion, avance sa voiture pour renverser Drake puis fait une marche arrière qui l’éjecte du camion en train de rouler. Une petite cascade efficace.
Le film que regardent Thelma Cain et David Farnum dans l’acte III est Rebecca d’Alfred Hitchcock (1940). Judith Anderson y apparaît avec Joan Fontaine.
William Conrad se prend une magistrale gifle (de cinéma) de la main de Joan Fontaine (34’).
Joan Fontaine, Richard Hatch et William Conrad
5.15 The Games Children Play (Opération survie)
CBS, 17 décembre 1975
Adaptation de Albert Aley, histoire de Jack Turley
Réalisé par William Wiard
Johnny Malin, un garçon de douze ans, est intrigué par un couple d’hommes vêtus à l’arabe qui sortent un homme d’une ambulance et entrent dans un immeuble désaffecté. En regardant par une fenêtre, il voit les deux Arabes ôter leurs vêtements et leur fausse barbe, sous lesquels se cachent deux Américains. D’autres hommes sont penchés au-dessus d’un homme étendu sur une civière. Soudain, l’un des Américains aperçoit Johnny et saisit aussitôt un revolver, tirant une balle dans la direction de la fenêtre. Johnny s’enfuit sans attendre.
L’enfant court raconter à sa sœur Ruth, serveuse dans un café, ce qui vient de lui arriver. Elle n’accorde pas grande attention à ce qu’elle prend pour une nouvelle élucubration d’un enfant passionné de comic books. Johnny s’adresse alors à son « Oncle Frank », qui se trouve être Frank Cannon. Il persuade ce dernier de se rendre jusqu’à l’immeuble désaffecté où, hélas, ils ne trouvent rien. Du moins jusqu’à ce que Cannon avise un trou percé par une balle et retrouve le projectile dans le mur d’en face. Il prend alors au sérieux l’histoire de Johnny, qui prend corps davantage encore lorsqu’il entend la nouvelle de l’enlèvement du prince Ahmad El Mussein : venu aux Etats-Unis pour subir une opération du cœur, il a été emmené par une fausse ambulance. Son frère le prince Hassan a reçu une demande de rançon, cinq millions de dollars, qu’il communique au capitaine de police Carl Masters, lequel en fait état à Piermont, un émissaire de Washington. En fait, Piermont est le responsable de l’enlèvement, l’homme qui a tiré en direction de Johnny. Il amène bientôt le Capitaine Masters à lui révéler où Cannon cache Johnny. Entre-temps, celui-ci a été traqué et retrouvé par le complice de Piermont, Boruff, qui a tenté de le renverser en voiture sous les yeux de Ruth, raison pour laquelle Cannon a emmené l’enfant chez lui en lui recommandant de n’ouvrir à personne. Boruff et Piermont parviennent malheureusement à lui faire ouvrir la porte et s’emparent de lui. Il est alors urgent pour Cannon de retrouver le camion dans lequel est détenu le Prince Ahmad, et dans lequel Piermont a emmené Johnny…
Avec Fritz Weaver (Piermont), Kirby Furlong (Johnny Malin), Tannis G. Montgomery (Ruth Malin), Paul Jenkins (Dr Mark Spellers) et Norman Fell (Capt. Carl Masters). Et avec Charles Drake (Dr Martin Larkin), Thaao Penghlis (Prince Hassan), Vince Martorano (Boruff), Tony Cristino (Russo), Scott Ellsworth (newscaster), Shirley O’Hara (nurse), Howard Maurer (Prince Ahmad El Mussein), George Planco (foreman), Tony Gaznick (man), Philip Larson (Detective Henderson), Ric Carrott (policeman).
Johnny et Ruth appellent Cannon « Oncle Frank ». Il fut semble-t-il l’un des équipiers du père aujourd’hui décédé des deux enfants. (On notera que la belle maison que Ruth occupe avec Johnny dans un beau quartier résidentiel est bien au-dessus des moyens d’une serveuse, ce qui est la profession de Ruth.)
Il est établi depuis la première saison que Cannon vit au sommet de l’immeuble Sunset Towers. C’est donc par « licence cinématographique » que Johnny, en regardant par la fenêtre de la cuisine du détective, voit Piermont sortir de sa voiture comme s’il regardait du premier étage, non des hauteurs.
Où l’on voit Cannon jouer à la marelle (dans l’épilogue).
Dans une scène à l’hôpital Bauer, la caméra fait un gros plan sur une Croix Rouge et l’appel à dons « Help us ». La Croix Rouge est visible dans d’autres épisodes (notamment le 5.21).
5.16 The Reformer (Machination)
CBS, 7 janvier 1976
Ecrit par Larry Forrester
Réalisé par Lawrence Dobkin
James Matthews, patron de The Independent Press Telegram, a une réputation de great crusader. Alors qu’il s’attaque à la dénonciation du jeu illégal, on le retrouve sans connaissances dans une chambre de motel à côté d’une mineure assassinée, détentrice d’un demi-billet de banque. Machination, clame-t-il, mais pour la police (et en particulier le Capitaine Styles qui n’apprécie pas l’ingérece de Cannon) c’est une affaire pliée d’avance. Aussi Emily Matthews a-t-elle engagé Cannon pour démontrer l’innocence de son mari. La croisade de Matthews pourrait être liée à la corruption dans la police et Cannon marche sur des œufs. Il est d’ailleurs arrêté sans raison valable par deux policiers en uniforme alors qu’il vient d’être attaqué par deux hommes de main qui ont pris la fuite, devant le Mustang Motel où il avait questionné le gérant Ryan. Le Capitaine Styles, cependant, après un premier contact agressif, tend l’oreille aux arguments du détective et lui donne l’un des noms associés au jeu illégal dans la ville, Casimir Grant. De fait, les gorilles envoyés après Cannon travaillent pour Grant. Ce dernier nie évidemment être impliqué dans la prétendue machination dont serait victime Matthews mais son nom ne tarde pas à revenir dans l’enquête : la prostituée avec laquelle James Matthews est entré dans le motel, Karla Novakovitch, retrouvée morte chez elle par Cannon, travaillait avec Grant et envoyait régulièrement des clients vers ses tripots clandestins, qui changent de lieu tous les deux jours. Le demi-billet trouvé sur la mineure, non analysé par la police, porte les empreintes de Grant, ce qui conduit le détective tout droit chez lui. Grant reconnaît alors avoir piégé Matthews avec Karla mais il n’a pas tué la mineure : Karla a drogué Matthews, Grant est entré ensuite et a payé la mineure pour piéger Matthews, mais quelqu’un est entré après son départ et celui de Karla, quelqu’un qui a tué la fille…
Avec Tim O’Connor (James Matthews), Ramon Bieri (Capt. Jack Styles), Lawrence Pressman (Kent Preedy), Otis Young (Casimir Grant) et Patricia Smith (Emily Matthews). Et avec Wallace Rooney (Blair Simmons), Reid Cruickshanks (Sgt Buck Holden), Barney Phillips (Police Officer [Duggan]), John Dullaghan (Mitch [the bartender]), Jette Seear (Karla Novakovitch), James Nusser (Ryan), Steve Pendleton (businessman [Barrington]), Ed Fury (patrolman), Marla Carlis (young hooker).
Machination sans surprise mais mise en scène assez habilement pour faire de cet épisode un divertissement honorable. L’enquête du détective consiste à mettre en lumière les relations entre les différents suspects et leur entourage, notamment au sein de la famille Matthews. Le personnage de James Matthews en sort blanc comme neige et peut être vu comme un bon exemple de journalisme réformateur (d’où le titre original de l’épisode).
Le finale a lieu dans les sous-sol du journal, entre presses au travail et rouleaux de papier. Ces derniers fournissent d’ailleurs une arme à Cannon (non sans un petit problème de continuité : quand Cannon s’abrite derrière les rouleaux, ceux-ci forment une ligne continue entre lui et le criminel qu’il poursuit ; un instant plus tard, il y a entre le rouleau de Cannon et celui qui dissimule le criminel un grand espace vide). On notera que ces sous-sols sont presque vides et que la poursuite du détective et du criminel, tous deux armés et se servant de leurs armes, n’interrompt pas le travail des quelques employés visibles. Quelques coups de feu n’empêchent pas la presse de fonctionner !
Notons aussi, dans cette poursuite finale, que Cannon est incapable, en raison de sa corpulence, de se glisser dans l’issue qu’a choisie le criminel ; il doit emprunter un petit ascenseur à la place.
Emily Matthews et son mari fument des Gauloises bleues (en paquet souple). Inhabituel dans une série américaine. Evidemment, ces cigarettes jouent un rôle dans l’intrigue.
Emily Matthews à Cannon : « You have a reputation of getting to the truth. » C’est sans doute une raison un peu vague (et passe-partout) pour faire venir un détective privé d’une autre ville !
L’action se passe à Dunston (comme l’indiquent les écussons des policiers en uniforme et le casier judiciaire de Karla Novakovitch), Cannon conduit une voiture de location, certaines plaques d’immatriculation sont jaunes (et non bleues comme à L.A.) et Cannon est décrit par le Capt. Styles puis Casimir Grant comme un détective « out-of-State ». Un drapeau californien flotte néanmoins au-dessus de l’entrée de l’hôtel de police.
Cannon croise dans l’hôtel de police de Dunston le Sgt Buck Holden, avec qui il a travaillé dans la police de L.A.
Grant à Cannon : « You have a flair for making entrances, Cannon. »
5.17 House of Cards (Scandale à la Une)
CBS, 14 janvier 1976
Ecrit par Robert I. Holt
Réalisé par Kenneth Gilbert
Madge Cleary engage Cannon pour démontrer que Jack Sheffield a tué son mari Sidney Cleary. Sheffield est le président d’Eden Opportunities, une société dont Cleary était le comptable. Un détournement de fonds serait à l’origine de la disparition de Cleary, dont on a retrouvé la voiture mais pas le corps, après qu’il eut rendu visite à Sheffield pour l’informer qu’il ne pouvait pas garder le silence sur ce qu’il avait découvert. Cannon parle au shérif Blake et à Julie Foster, journaliste au Desert Star. La seconde soupçonne le premier de couvrir Sheffield. Mais c’est en trouvant le chemin du cœur de Consuelo Martinez, l’employée de maison de Sheffield – qu’il surprend dans sa cuisine à préparer des tortillas -, que Cannon reçoit l’information la plus intéressante : elle a entendu Sheffield et Cleary se disputer, puis Cleary partir précipitamment et Sheffield peu après lui, chacun dans sa voiture. Tout cela peu avant la disparition du comptable. Face à Cannon, Sheffield ne nie pas ces faits mais affirme n’avoir pourtant rien à voir avec la disparition de Cleary. Au même moment, l’homme d’affaires Jason Smith – dont les affaires sont liées à la pègre – charge son fils Paul de remettre la main sur les trois millions qu’ils soupçonnent Sheffield d’avoir détourné (car Eden Opportunities leur appartient). Paul et son homme de main Chris enlèvent donc Sheffield peu après la visite de Cannon à son bureau ; mais leur interrogatoire est fatal à Sheffield, fragile du cœur, et Paul incline à croire que Sheffield ne savait rien en réalité des trois millions disparus. Paul et Chris pendent donc Sheffield chez lui en un simulacre de suicide qui convainc le shérif, et pour cause : il travaille pour la Famille, mais pas Cannon. Smith père et fils en viennent à soupçonner Cleary d’être le véritable auteur du détournement de fonds, et d’avoir simulé sa mort pour disparaître avec leur argent. C’est aussi la conclusion à laquelle arrive Cannon, qui pense savoir en plus sous quelle identité d’emprunt se cache Cleary, pratiquement sous le nez de tout le monde…
Avec Pernell Roberts (Sid Cleary / Phil Denton), Katherine Justice (Julie Foster), Robert Pine (Sheriff Jeff Blake), Dabney Coleman (Jack Sheffield), Michael Anderson, Jr (Paul Smith), Martine Bartlett (Madge Cleary). Et avec Tina Menard (Consuelo [Martinez]), Regis J. Cordic (Jason Smith), Marguerite Ray ([Sheffield’s] secretary), Loutz Gage (President), Franco Corsaro (man [in Smith’s office]), David Hinton (deputy).
Une histoire sans étincelles mais très bien écrite, qui développe action et personnages de façon convaincante jusqu’à un dénouement lui aussi simple mais efficace. La « révélation » de la double identité de Cleary n’est pas en soi une surprise mais elle l’est assurément pour le personnage de Julie Foster, qui tombe des nues lorsque le détective dévoile (quasiment au sens littéral) la vérité sous ses yeux.
Katherine Justice en journaliste audacieuse joue dans quelques scènes le rôle de partenaire de Cannon. Elle n’aurait pas fait mauvaise figure dans Lou Grant, lancée l’année suivante sur CBS.
Mention spéciale à la scène que partagent William Conrad et Tina Menard dans le rôle de l’employée de maison Consuelo Martinez. C’est en suivant l’odeur de sa cuisine que Cannon arrive jusqu’à elle et il sait, par son verbe hispanisant et attentionné, gagner son cœur, au point que la femme, d’abord muette, livre bientôt les informations qu’il n’aurait jamais obtenues sans cela. Elle explique elle-même ce revirement par une raison simple : Cannon a eu la délicatesse de s’intéresser à elle en lui demandant tout bêtement son nom. Gageons que l’intérêt pour sa cuisine a joué aussi un rôle, ce qu’elle récompense en offrant au détective une tortilla garnie. Evidemment succulente, et qui comble de bonheur le détective.
Un seul « fat man » dans cet épisode, prononcé par le shérif dans le dénouement.
Paul Smith appelle Cannon (ironiquement) « the best gumshoe in the business », en disant à son père mafieux qu’en retrouvant l’homme qu’ils recherchent le détective travaille pour eux.
Dans l’épilogue, Cannon déchire le chèque que lui a remis sa cliente. Deux raisons à cela, qui ne sont pas formulées mais que l’on peut deviner : la première est que Madge Cleary n’a pas beaucoup d’argent, elle l’a dit au détective en l’engageant tout en affirmant qu’elle avait néanmoins de quoi payer ses honoraires ; la seconde est que Cannon la trouve sympathique et qu’il n’a pas envie de lui prendre son argent.
5.18 Revenge (Le pays des songes)
CBS, 21 janvier 1976
Ecrit par Gene Thompson
Réalisé par Paul Stanley
Dans un hôpital militaire américain de Corée du Sud, le Capitaine Robert Clawson s’éteint en prononçant un nom. Il vient de parler au fils qu’il a eu d’une Coréenne vingt-quatre plus tôt et qu’il n’avait jamais vu. Il lui a expliqué ce que le jeune homme avait ignoré toute sa vie et lui a livré en expirant le nom de l’homme responsable de tous ses malheurs : Frank Cannon.
Los Angeles, Californie. Ho Nan Sung assiste au procès de Lucius Delgado, accusé de meurtre sur la foi du témoignage de Cannon mais relâché pour vice de procédure. Sung entend Cannon promettre à Delgado de le coincer. Peu de temps après, Sung se présente chez Cannon sous le nom de Kim Lee et lui demande de retrouver sa femme Mei Ling, une Vietnamienne. A l’insu du détective, il s’arrange pour pouvoir entrer plus tard par une fenêtre. Cannon se met en quête de Mei Ling sur la base des renseignements fournis par son client ; il remonte jusqu’au père de la jeune femme, L. Thiem, qu’il ne trouve pas chez lui. Plus tard, informé de la présence de Thiem chez lui, par un homme en réalité payé par Sung, Cannon revient chez Thiem et y découvre le corps de Lucius Delgado, que vient d’assassiner Sung, qui s’est servi de l’arme de Cannon, subtilisée chez le détective à l’insu de celui-ci et remplacée par un autre revolver identique. Sung assomme Cannon, emporte le second revolver et place celui de Cannon dans la main du détective, avant d’appeler la police et de s’enfuir.
Cannon est arrêté et mis en cellule. Le Lt Dexter se fie aux preuves qui sont accablantes. Aussi Cannon se résout-il à s’évader en simulant une tentative de suicide qui lui vaut d’être transporté à l’hôpital. S’étant échappé, il prend une chambre au Pavilion, un hôtel miteux sur Alvarado, sans se douter qu’il est suivi par Ho Nan Sung depuis son départ de l’hôpital. Sung ne tarde pas l’appeler pour lui faire savoir qu’il le surveille et qu’il a l’intention de le tuer. Avant cela, il veut le laisser vivre dans la peur. Cannon demande l’aide de son ami le journaliste Andrew McGill, qui a accès à des informations bientôt capables de donner un sens à la machination. Ils découvrent la véritable identité de « Kim Lee » et son lien avec le Capitaine Clawson. Il faut à Cannon une visite au Général Beardsley pour apprendre les tenants et les aboutissants de la mission qui valut à Clawson d’être capturé, torturé durant des semaines et brisé pour le reste de sa vie. Des informations qui innocentent Cannon mais que Ho Nan Sung n’a jamais eues, puisque son père les ignorait.
Pendant ce temps, Ho Nan Sung prend en otage la femme de McGill, Rose, et oblige Cannon à se rendre à Indian Springs, à cinquante miles dans le désert, s’il veut la sauver…
Un scénario intelligent doté de l’un des dénouements les plus touchants de la série. Gene Thompson ancre son histoire dans la guerre de Corée, où Cannon servit en qualité de lieutenant. Un incident survenu vingt-quatre ans plus tôt produit des conséquences inattendues quand un fils décide de venger son père sur la base d’informations partiales. On ne découvre qu’à la fin de l’épisode pourquoi le Capitaine Clawson a désigné Cannon comme le responsable de son malheur. Dans les 24 ans qui séparent la guerre de ses conséquences, un jeune homme eurasien a grandi sans père, un soldat a subi la torture, le déshonneur et une vie entière de remords et de culpabilité avant de mourir à 46 ans dans un hôpital militaire, en se méprenant sur lui-même. C’est le poids de ces 24 années qui pèse sur le personnage incarné par Jesse Dizon et qui le conduit inexorablement vers le dénouement dont Cannon est le témoin impuissant.
De l’aristocratie des séries : Jesse Dizon, qui tient le rôle principal et est présent dans tout l’épisode, n’a pas l’honneur du générique de début, ouvert en revanche à Bert Freed ou Frank DeKova qui ont un rôle moins important.
Cannon accepte sans broncher l’enveloppe de 5000 $ que lui tend Kim Lee en guise de paiement pour ses services. On sait que les tarifs de Cannon sont exorbitants mais à ce point, c’est indécent !
L’épilogue se passe sur fond de soufflé (encore au four) et d’une bonne bouteille de vin si agréable à respirer.
Cannon précise qu’il connaît McGill depuis vingt ans.
Ho Nan Sung désigne Cannon sous le nom de « fat man ».
Delgado – What are you trying to do, Cannon ? Take the case in your own fat hands ?
Cannon – The only thing I’m gonna take in my fat hands is your neck.
5.19 Cry Wolf (Au loup !)
CBS, 28 janvier 1976
Adaptation de Stephen Kandel, histoire de Carey Wilber et Stephen Kandel
Réalisé par Lawrence Dobkin
Benjey Holbrook III, le petit-fils du richissime Benjamin Holbrook, a investi 150.000 $ dans un spectacle monté par Mark Terrence. Mais celui-ci et son comptable Sammy Elias apprennent à Benjey que le concert a coûté de l’argent au lieu d’en rapporter ; non seulement il ne touchera aucun bénéfice mais sa mise est tout simplement perdue. Benjey se sent floué et, furieux, veut effrayer Mark en fonçant sur lui avec sa voiture ; malheureusement, il percute la petite amie de Mark, Jo Anne Wallace, qui est transportée à l’hôpital. Benjey, lui, disparaît et son grand-père reçoit par sa petite amie Julie Armendez une cassette sur laquelle le jeune homme prétend avoir été enlevé par des gens qui exigent trois millions de dollars pour le libérer. Holbrook croit à une manipulation de son petit-fils, qui a déjà eu recours à un acteur de ses amis, Bruno, pour tenter de lui extorquer de l’argent. Il engage Cannon pour découvrir la vérité. Cannon commence par questionner Julie Armendez, qui le convainc de sa sincérité quand elle affirme ne pas savoir où est Benjey, ni ce qui lui est arrivé. Peu de temps après, elle est agressée chez elle par Mark Terrence et le frère de Jo Anne, Pete Wallace ; les deux hommes cherchaient Benjey pour lui faire payer ce qu’il a fait à Jo Anne. La voiture de Benjey est, elle, retrouvée en pleine nature et la police n’y relève que les empreintes de Benjey lui-même. Tout indique que ce dernier s’est effectivement « enlevé » lui-même pour extorquer de l’argent à son grand-père. Mais, en découvrant où il se terre, Julie Armendez conduit aussi Terrence et Wallace jusqu’à lui. Pour s’en sortir, Benjey leur propose la rançon ! Mais les deux hommes n’ont pas l’intention de ménager leurs otages ; ils arrachent au doigt de Benjey une bague qu’ils envoient, tachée de sang, à son grand-père. Et rien ne dit que, une fois leur coup réalisé, ils laisseront Benjey et Julie en vie. Leur seule chance est que Cannon les retrouve à temps…
Avec Ralph Bellamy (Benjamin Holbrook), Gary Lockwood (Mark Terrence), John David Carson (Benjey Holbrook III), Maria Grimm (Julie Armendez), James Keach (Pete Wallace). Et avec Michael Ebert (Eugene (Bruno) Bernardi), Laura Hippe (Jo Anne Wallace), Leonard Stone (Sammy Elias), Carle Bensen (Walter Glidden), Sterling Swanson (Lt [Al] Nugent), Emilio Delgado (Dr Gutierrez), George Margo (Sgt Donner), Richard Ford Grayling (Sgt Fisher), Joseph D’Alessio (messenger).
Variation sur le thème de l’enfant qui crie au loup et finit par être victime de lui-même. Benjey Holbrook III est en effet un jeune adulte immature, à qui son grand-père refuse la fortune qui lui revient parce qu’il n’a pas confiance en lui. Sa petite amie Julie, en revanche, est une jeune femme intelligente et honnête capable à la fois d’aider Cannon et de tenir tête au grand-père.
La voiture de Terrence a une immatriculation déjà vue dans d’autres épisodes : 777 EHY (voir 5.09 et 5.23).
Déjà vue aussi, la Croix Rouge figure sur une affiche bien mise en évidence dans le bureau de Sammy Elias (13’).
5.20 Quasar Kill (La mort venue de l’espace)
CBS, 4 février 1976
Ecrit par Karl Tunberg et Terence Tunberg
Réalisé par William Wiard
Cannon se rend dans les collines, où un centre de recherches abrite le Projet Contact dont le but est d’entrer en contact avec des intelligences extra-terrestres. Les résultats du Dr Carl Bruckner ont été mis en cause par son confrère le Dr James Golden ; or, ce dernier a perdu la vie dans le laboratoire même, lorsque le laser projetant sur un écran un signal prétendument venu de l’espace s’est retourné contre lui, le brûlant littéralement en quelques secondes. Un troisième scientifique, le Dr Sam Tree, a donc fait appel à Cannon, ancien camarade d’université. Peu enclin à croire à l’hypothèse de « la mort venue de l’espace » que veut lui vendre le responsable du projet, le Dr Aaron Lawrence, Cannon cherche une explication rationnelle et plus pragmatique. Puisque Tree affirme que le signal pourrait être truqué… à condition de disposer de cinq millions de dollars de matériel de pointe, c’est cette hypothèse que privilégie Cannon, et il tient vite le suspect idéal : Bruckner. D’autant que ce dernier est l’amant de Inge Golden, que son mari n’a jamais regardée comme une femme. Le shérif local, Ryder, en est lui aussi convaincu mais, au contraire du détective, il ne s’embarrasse pas du souci de trouver des preuves : Cannon doit tirer Bruckner de ses pattes pour l’empêcher de lui extirper des aveux par la force. Tree en vient lui aussi à soupçonner Bruckner lorsqu’il découvre que du matériel a été volé : précisément celui qui permettrait d’émettre un faux signal. Tree est aussitôt victime à son tour du même « incident » que Golden, et n’en réchappe que grâce à l’intervention de Cannon. La disparition de Bruckner ne le rend que plus suspect encore, et Ryder se lance à ses trousses, talonné par le détective. Mais Bruckner cherche-t-il à fuir, ou à prouver son innocence en découvrant le véritable coupable ?
On n’attendait pas forcément Cannon dans une histoire d’intelligence extra-terrestre, avec laboratoire high tech et effets sonores à la Envahisseurs et Star Trek. Le scénario joue donc à fond la carte du détective sceptique, faisant affirmer à Cannon son pragmatisme farouche en l’opposant à des physiciens farouchement convaincus, eux, qu’ils reçoivent bien des messages venus de l’espace. L’adjonction d’un universitaire protestataire qui incite une poignée d’étudiants à envahir le centre de recherches pour dénoncer le danger que le Projet Contact fait courir à la Terre (en révélant à des extra-terrestres la localisation de la planète bleue) ajoute une péripétie qui permet d’allonger la sauce, dans un huis clos aux ressorts assez limités. L’adultère et le shérif ripou remplissent la même fonction, composant un cocktail peu inventif mais malgré tout insolite.
Le Dr Tree déclare que Cannon, étudiant, rendait fou ses professeurs en posant incessamment la même question : « Pourquoi ? » On se souvient que c’est aussi cette question qui rendait « fou » le super-ordinateur de l’épisode « Le Général » du Prisonnier.
5.21 Snapshot (Les négatifs)
CBS, 11 février 1976
Ecrit par Leonard Kantor
Réalisé par Michael Caffey
Cannon ne travaille pas pour des gangsters. Aussi repousse-t-il l’enveloppe que lui tend Johnny Behr, qui lui a donné rendez-vous dans un parc d’attractions. Mais lorsque Behr prétend que la vie de son ex-femme Phyllis est menacée, le détective accepte de la voir. Phyllis a pris une balle qui était probablement destinée à Johnny, tirée par un tueur à gages depuis l’arrière d’un taxi. L’information essentielle que retire Cannon de son entretien avec Phyllis, à l’hôpital, est qu’elle déteste son ex-mari, qui la harcèle toujours dix-sept ans après leur séparation, et qu’elle ne serait pas surprise qu’il ait voulu la tuer pour toucher le montant de son assurance sur la vie. Mais, dans la mesure où elle est elle-même bénéficiaire de celle de son ex-mari, d’un montant trois fois supérieur, aux yeux de Cannon elle est tout aussi suspecte. C’est pourtant bien sur Johnny que tire de nouveau le tueur à gages, avant de s’enfuir avec une balle de Cannon dans l’épaule. Le détective retrouve le tueur dans le cabinet du Dr Galavan et le remet à la police. Il apprend du même coup le nom du commanditaire : Lucius Guarelli. L’information fait cogiter Johnny Behr : il a été l’homme de confiance de Guarelli durant des années et il détient des négatifs qui le montrent en train de commettre un meurtre. Ces négatifs, cachés dans une cabane depuis des années, semblent bien être au cœur de l’affaire. Quand Behr veut les reprendre, il découvre qu’ils ont disparu. Qui avait connaissance de leur cachette ? Phyllis en tout cas avait accès à la cabane, mais également son avocat Ernie Buckingham, qui se trouve être aussi son amant, et Allan, le fils de Phyllis et Johnny. Cannon essaie de négocier avec Guarelli mais, lorsque Johnny vient se remettre entre les mains de ce dernier dans ce qu’il pense être un geste de bonne volonté, Guarelli le fait interroger durement par ses gardes du corps. Si durement qu’il en meurt. On retrouve son corps sans aucun indice pouvant conduire à inquiéter Guarelli. Mais celui-ci a les mains vides : les négatifs sont toujours dans la nature. Guarelli croit un moment que le maître-chanteur qui lui réclame un million en échange des négatifs est Cannon, mais celui-ci le détrompe. Le détective a des soupçons, de son côté. En cherchant à les confirmer, il se retrouve au beau milieu de l’échange entre Guarelli et le maître-chanteur…
Et avec Paul Lukather (Dr [Andrew] Stone), Michael Masters ([Guarelli’s] bodyguard).
Un scénario solide, des personnages bien trempés et des acteurs convaincants pour les incarner : « Snapshot » est d’une excellente tenue, d’un bout à l’autre. Ses mafieux se nourrissent aux sources du cliché (Robert Loggia en fait des tonnes en gangster coiffé d’un chapeau de feutre, qui ne sait que hurler quand il ouvre la bouche, et David Opatoshu est un « parrain » à la retraite plein d’affection pour son petit-fils Mark) mais cela fait finalement partie du plaisir de l’aventure.
Dr Galavan à Cannon : « You’re not only fat but dumb. » (18’)
Une affiche de la Croix Rouge portant la formule « Red Badge of Courage » est en évidence sur le mur du bureau du Dr Galavan. On la retrouve dans d’autres épisodes.
La maison de Guarelli, dont on voit la piscine, une pelouse et quelques murs, est Gull’s Way, qui a déjà servi dans plusieurs épisodes de la série et qui deviendra la maison du juge dans Le Juge et le pilote.
La palme de l’effet spécial le plus mal fagoté revient à l’explosion dans la cabane, au dernier acte.
Question à un cinéphile éclairé : les photos montrant Guarelli commettant un meurtre sont-elles issues de l’un des vieux films de David Opatoshu ?
5.22 Point After Death (Intrigues amoureuses)
CBS, 18 février 1976
Adaptation de Robert I. Holt, histoire de Mann Rubin et Robert I. Holt
Réalisé par Chris Robinson
Laurie Strickland est assassinée. Elle a passé une partie de la nuit avec le footballeur Joe Gantry, quaterback vedette de l’équipe de Hartford Dunne, qui au moment du meurtre était chez lui, sous l’effet de drogues. Bien que la police l’ait innocenté, le père de Laurie, l’ancien Colonel Elliott Strickland, est convaincu de sa culpabilité et jure qu’il appliquera de ses propres mains la justice que la Loi refuse de rendre. Il le déclare devant Cannon, engagé par sa femme Nancy pour découvrir qui a tué leur fille. Cannon alerte l’inspecteur en charge de l’enquête, Sam Blaine, tout en menant sa propre enquête dans l’entourage de Joe Gantry. Il constate vite que Dunne protège son joueur vedette et n’est prêt à tolérer aucune ingérence, comme l’entraîneur de l’équipe, Herb Landon. Gantry, lui, est d’autant plus affecté par la mort de Laurie qu’il se souvient de l’avoir amenée chez lui pour mettre fin à leur relation mais qu’il a oublié ce qui s’est passé ensuite. Un autre joueur de l’équipe confie à Cannon qu’il a entendu Laurie menacer Gantry de révéler « qui était vraiment le Merveilleux Joe Gantry ». En voulant examiner l’appartement de Laurie, Cannon y surprend un homme qui s’enfuit après l’avoir bousculé. Il n’a pas grand peine à retrouver cet homme : Hartford Dunne. Ce dernier avoue avoir récupéré chez Laurie des lettres qu’il lui avait écrites alors qu’ils avaient une liaison, avant qu’elle ne le quitte au profit de Gantry. Le mariage de Dunne n’est manifestement pas une réussite et Laurie n’était pas sa seule liaison. Pourtant, sa femme qui le déteste affirme qu’il a passé avec elle la nuit du meurtre de Laurie. Cannon soupçonne quelque secret dans la gestion des biens de Gantry par Karen Jennings mais, là encore, il semble n’y avoir finalement rien à découvrir. De son côté, le Colonel Strickland, obsédé par le désir de vengeance, se prépare à assassiner Gantry lors d’un match, muni d’un fusil de précision dissimulé dans un appareil photo…
Cannon explore les pistes que lui offre une galerie de personnages qui, s’ils n’ont rien de particulièrement remarquable, sont traités de façon honnête par un scénario qui évite les morceaux de bravoure et se concentre sur l’investigation et les sentiments ambigus des personnages. Au cœur de l’affaire, la personnalité de la victime, qui se révèle complexe à mesure que l’enquête la dévoile.
Après le 5.13, c’est le deuxième épisode de la saison à aborder le thème de l’homosexualité.
Cannon – The name is Cannon.
Landon – I don’t care if your name is Little Pistol.
5.23 Blood Lines (Liens de sang)
CBS, 25 février 1976
Adaptation de Robert C. Dennis et Anthony Spinner & Gene Thompson, histoire de Robert C. Dennis
Réalisé par David Whorf
Cannon est engagé par le riche et autoritaire Sosa Narak pour faire la lumière sur la mort de son fils Michael. Ce dernier s’est tué en sautant d’une falaise à Acapulco. La police locale a conclu au suicide, commis en état d’ivresse, mais Sosa Narak refuse d’y croire : si son fils s’est tué, quelqu’un l’y a forcément poussé. Cannon se rend à Acapulco et apprend d’un garçon d’étage, Diego Serra, que Michael a reçu une femme le soir de sa mort. Il n’a pas vu son visage mais il pense que cette femme lui a donné des tranquillisants. La valise de cette femme finit, par un concours de circonstances, entre les mains de Cannon qui la rapporte à sa propriétaire, l’actrice Charlotte Frawley, qui était la femme de Michael. Elle a bien vu ce dernier le soir de sa mort, il était dans un état de déprime profond et avait trop bu mais, selon elle, il n’a pas pris les tranquillisants qu’elle lui a proposés. Elle a quitté Acapulco précipitamment après sa mort. Pour Sosa Narak, il est inutile d’en dire plus. Charlotte, qu’il a toujours détestée, est forcément, à ses yeux, la responsable de la mort de Michael. Comme elle n’a rien fait de répréhensible, cependant, il ordonne à son neveu Andreas de la compromettre. On ne peut pas l’accuser du meurtre de Michael ? Soit. Il faut donc la faire accuser d’un autre meurtre, quitte à commettre celui-ci. Andreas se rend donc à Acapulco et persuade Diego Serra de se rendre à Los Angeles pour remettre à Charlotte un flacon de tranquillisants qu’elle aurait égaré dans la chambre de Michael. Il affirme que Charlotte attend sa visite et qu’elle lui remettra 50.000 pesos, un argent dont Diego a bien besoin pour soigner sa mère malade. Diego prend donc le vol que lui a réservé Andreas. Au moment que lui indique ce dernier, il se rend chez Charlotte, ignorant qu’Andreas a tout préparé pour le tuer et abandonner l’arme du crime dans la maison. Hélas pour Andreas, Cannon se trouve là ce soir-là et réplique aux tirs dont il ne voit pas l’auteur. Andreas s’enfuit en emportant l’arme. Diego, lui, est mortellement touché. Le plan initial échoue mais Sosa voit un moyen de rattraper l’incompétence de son neveu : attirer Charlotte chez lui, la forcer à prendre l’arme et l’accuser ensuite d’avoir voulu le tuer après avoir assassiné le pauvre garçon d’étage. Entre-temps, Cannon découvre la véritable raison de la déprime de Michael, la cause de son suicide, que personne ne pouvait deviner. Pourra-t-il pour autant empêcher Sosa Narak de réaliser son plan diabolique ?…
Et avec Carlos Romero (Captain [G.] Landivar)
Certaines péripéties sont un peu tarabiscotées mais répondent à un plan logique qu’il revient à Cannon de débrouiller tout en cherchant la vérité sur la mort de Michael Narak. La fin prend la forme d’un coup de pied de l’âne qui reporte le poids de la culpabilité sur le véritable méchant de l’histoire, responsable en cours de route de plusieurs morts, même s’il n’ajamais pressé la gâchette.
Pour la troisième fois cette saison, l’homosexualité joue un rôle dans le nœud de l’histoire.
L’immatriculation de la voiture de Diego (29’) est la même que celle de la voiture de location de Cannon en 5.09, 777 EHY, vue aussi dans l’épisode 5.19.
5.24 Mad Man (L’halluciné)
CBS, 3 mars 1976
Ecrit par Larry Forrester
Réalisé par William Wiard
Cannon arrive au Fort Rayburn pour rencontrer une ancienne fiancée, Janet Grovner, qui l’a appelé à l’aide. Le mari de Janet, Ben, semble devenu fou : il a tiré sur le chauffeur de la voiture du Dr Paul Danvers et peut maintenant se trouver n’importe où dans le périmètre de la base militaire, armé d’un fusil M16. Si l’armée le trouve, Janet craint qu’il ne soit abattu, aussi implore-t-elle Cannon de le retrouver. Pour avoir accès aux différents services de la base, Cannon doit faire intervenir le père de Janet, le Général Mitch Stevenson, qui se déplace tout exprès du Pentagone pour soutenir sa fille. Le Dr Danvers accepte de répondre à ses questions mais ne cache pas sa réticence ; il affirme que Grovner est en proie à une paranoïa schizophrénique et capable du pire. Cannon parvient à trouver Grovner tapi près de la maison de Danvers, qu’il a piégée avec des explosifs volés dans un camion de la base. Grovner est de toute évidence sujet à de violentes hallucinations, mais il possède encore assez de lucidité pour parler à Cannon du Projet Achille, dans le cadre duquel Danvers se livre à de la manipulation mentale sur des militaires en utilisant de puissantes drogues. Mais Grovner refuse de se livrer ; il donne rendez-vous à Cannon le lendemain. Cannon s’y présente mais essuie plusieurs coups de feu tirés par Grovner, qui se sauve encore. Dans le même temps, Cannon essaie d’en savoir plus sur le Projet Achille ; l’un des cobayes, Buck Martinson, lui en parle comme d’une expérience affreuse qui l’a empli de terreur, mais quelque temps plus tard, devant le Colonel Haggard, chef du Fort Rayburn, il a totalement changé d’attitude et prétend n’avoir jamais vu Cannon. Avec le soutien du Général Stevenson, le détective découvre dans les papiers de Ben Grovner une preuve de l’utilisation de drogues par Danvers. Quelques minutes plus tard, ce dernier est tué alors qu’il cherchait à parler à Haggard ; le Colonel déclare avoir vu Grovner tirer sur Danvers. Mais Cannon a des doutes…