Le père venu des étoiles

 

 

Ce dossier est dédié à Todd Andrews et Tim Gathercole, de l’association Spotlight Starman, et à Kathy Maxwell, sans qui il n’aurait jamais été possible.

Greetings and Blue Lights !

 

 

En 1984, lorsqu’il décide de produire le film Starman, Michael Douglas en confie la réalisation à John Carpenter, connu pour les succès de Halloween ou New York 1997. « Je savais », confiait le producteur, « que John avait envie de réaliser un film romantique sur l’aventure d’un couple. » Telle était la définition que donnait l’acteur-producteur de ce film dans la lignée du E.T. de Spielberg, où un extraterrestre égaré sur la Terre est traqué par des « hommes du gouvernement ». Carpenter lui-même insistait sur le « ton drôle et chaleureux du scénario ». De fait, Starman n’est pas le genre de film qui révolutionne le cinéma mais il baigne dans une philosophie d’ouverture et d’humanité. Un visiteur d’une autre planète, répondant à l’appel lancé par la sonde Voyager II que les hommes ont expédiée dans l’espace en 1977, débarque sur notre Terre et prend la forme d’un homme récemment décédé, faisant brusquement irruption dans la vie de sa jeune veuve qui, réalisant son innocence, décide de l’aider à regagner son vaisseau spatial quelque part en Arizona. Une longue route les en sépare, sur laquelle ils vont devoir échapper à un agent fédéral et à un scientifique obsédés par l’idée de capturer l’extraterrestre.

Le scénario de Starman  était particulièrement propice à une adaptation au format série. L'idée d'un extraterrestre pourchassé par un agent fédéral à travers les Etats-Unis, s'arrêtant de loin en loin pour partager un bout d'existence de personnages épisodiques, avait tout pour donner un de ces road movies dont la télévision américaine est friande. Michael Douglas prête donc son nom à partir de 1986 à un nouveau Starman  pour la télévision, qui sera diffusé sur la chaîne ABC pendant un an.

 

 

 

Y A-T-IL UN ADO DANS LA SALLE ?

 

Le concept reste le même que celui du film mais, comme il est peu probable que l'extraterrestre revienne pour les mêmes raisons (surtout après l'accueil qu'il a reçu), Douglas et ses comparses James Henerson et James Hirsch imaginent de lui donner un fils, lequel serait la raison naturelle de son retour : un ajout tout à fait logique puisqu'en quittant la jeune Jenny Hayden au terme de son premier séjour le Visiteur lui annonçait la naissance prochaine d'un enfant (rappelez-vous, il s'agissait d'un film "ro-man-tique"). Starman (à défaut d'autre nom laissons-lui celui-là) revient donc sur la Terre pour répondre à un appel que lui aurait lancé, à son insu, son fils Scott Hayden.

Difficile cependant de développer un bon rapport père-fils avec un marmot de 24 mois, âge que devrait avoir ledit fils deux ans après le film : qu'à cela ne tienne, on n'insistera pas sur le temps écoulé depuis la première venue de l'extraterrestre sur notre planète et on fera comme si quatorze années avaient passé. Quatorze ans, c'est l'âge idéal pour découvrir la vie et faire connaissance avec un père venu des étoiles. L'autre "problème" que posa le retour du Starman fut un problème de casting : le comédien Jeff Bridges, qui avait prêté ses traits au personnage dans le film de 1984, ne souhaitait pas reprendre le rôle. On fit donc appel à Robert Hays, l'un des pilotes de la fameuse série des ZAZ (Zucker-Abrams-Zucker), Y a-t-il un pilote dans l'avion ? Du même coup, il fut décidé que Hays n'aurait pas à imiter le jeu très naïf de Bridges, qui avait interprété l'extraterrestre avec toute la candeur que l'on pouvait prêter à un Visiteur peu au fait des us et coutumes terriens et gêné de plus par le "véhicule" particulier qu'il avait dû emprunter. Alors que les gestes de Bridges étaient parfois lourds et maladroits, comme ceux d'un nouveau-né, le jeu de Hays sera plus naturel, partant du principe que l'extraterrestre a eu le temps depuis sa première visite de s'habituer au comportement des humains et qu'il éprouve désormais moins de difficulté à "habiter" un corps terrien.

 

 

 

 

VOUS AVEZ DIT FOX ?

 

Pour donner vie au fils du Starman dans la série, les producteurs engagent un jeune comédien qui colle parfaitement au personnage. Né le 7 novembre 1972 dans le Maine, patrie de Stephen King, Christopher Daniel Barnes a en effet l’âge de son rôle. Après avoir fait partie quelques mois de la distribution du soap As The World Turns et joué dans deux téléfilms, il devient Scott Hayden, à qui il prête son jeu naturel et ses mimiques d’adolescent un rien mature, emporté dans une série d’événements peu ordinaires. Dès la fin, prématurée, de la série, il trouvera un autre rôle régulier dans Day By Day, une sitcom où il aura pour partenaire Doug Sheehan, le futur Ben Gibson de Côte Ouest, mais gardera un souvenir particulier de sa collaboration avec Hays. Le rôle de l'agent fédéral George Fox (vous avez dit Fox ?), tenu dans le film par Richard Jaeckel, fut lui aussi redistribué et confié à Michael Cavanaugh, un acteur entrevu dans de nombreuses séries (il a joué un procureur dans Santa Barbara  et un commissaire dans Rick Hunter, notamment).

Plutôt que de lui adjoindre un autre scientifique on le flanqua d'un assistant un peu candide, Wylie, joué par Patrick Culliton. Dans le film en effet le scientifique finissait par se ranger du côté de l'extraterrestre et le laissait s'en aller. La série, s'appuyant sur une opposition répétitive entre l'extraterrestre et l'agent fédéral, s'accommoderait plus facilement d'un personnage de second plan, amené à rester dans l'ombre de son patron. La série se concentre ainsi sur l’opposition entre le traqueur et le traqué car, soulignent les producteurs, le rôle d’allié occasionnel sera tenu dans les différents segments du show par les personnages épisodiques, qui rendent caduc la présence du scientifique incarné dans le film par Charles Martin Smith.

 

JE EST UN AUTRE

 

Le premier épisode montre donc le retour du Starman sur la Terre. Comme il a besoin, pour prendre forme humaine, de "cloner" l'ADN d'un être mort depuis peu, il emprunte un nouveau "véhicule" et se paie la tête d'un reporter dont l'avion s'est écrasé dans les montagnes. Robert Hays joue ainsi le journaliste juste avant sa mort puis l'extraterrestre qui a reproduit son corps.

Cette nouvelle identité offre des possibilités inédites puisque, cette fois, les gens que va rencontrer l'alien ignorent la mort de l'homme dont il a pris les traits. Il va donc devoir jouer d'astuce et d'à propos pour emprunter non seulement le corps de son "hôte" mais aussi sa vie, sa personnalité, son passé, ce qui donnera lieu à quelques scènes amusantes et à d'inévitables quiproquos, notamment dans l'épisode "Les meilleurs amis".

Devenu donc Paul Forrester, l'extraterrestre retrouve son fils, Scott Hayden, dans une institution de Seattle. Réchappé miraculeusement d'un accident de voiture qui a coûté la vie à ses parents adoptifs, l'enfant refuse d'abord de croire que l'inconnu est son père, jusqu'à ce qu'une cassette laissée par Jenny Hayden lui apprenne la vérité. De plus, Paul (appelons-le comme ça maintenant) possède une petite sphère identique à celle que Scott tient de sa mère, et qui a la particularité (ce n'est qu'un début...) de s'illuminer curieusement à son contact.

Au sujet de ces sphères Robert Hays rapportait une anecdote amusante. L'idée de les appeler ainsi viendrait de la difficulté de les nommer plus simplement "boules", ce qu'elles sont néanmoins. Quoiqu'il fût plein d'humour, l'acteur s'imaginait mal disant sérieusement à l'écran qu'il allait "prendre ses boules". Cela faisait peu sérieux... Les sphères des deux protagonistes leur serviront à maintes reprises à se défaire de situations délicates, grâce aux pouvoirs dont elles sont détentrices. En se concentrant très fort, en effet, les personnages peuvent libérer une énergie assez dévastatrice : Scott en fera l'expérience dans l'épisode "Des lumières bleues dans la ville", où il produira maladroitement une gerbe de lumières bleues (comment, vous aviez deviné ?) en voulant vérifier son influence sur l'objet fabuleux. Plus tard, il parviendra plus efficacement à faire fondre la serrure d'une cellule où l'aura enfermé un shérif un peu trop zélé.

 

 

 

 

ON THE ROAD AGAIN

 

Starman, cependant, ne mise pas sur les effets spéciaux. Plutôt rares, ceux-ci sont toujours subordonnés à l’histoire et non l’inverse, comme c’était d’ailleurs déjà le cas dans le film. « On ne peut pas rivaliser avec les films de cinéma, ni même avec les gens de télé qui utilisent [les effets spéciaux] », déclarait le producteur James Hirsch. « On ne veut pas essayer de le faire. » Dès le début en effet l’idée des producteurs est clairement de faire de la série une formule centrée sur les personnages, où la nature extraterrestre du protagoniste ne sera, somme toute, qu’un élément parmi d’autres. Le souvenir du Fugitif est présent à leur esprit aussi bien que d’autres séries inspirées du même schéma, comme L’Incroyable Hulk. L’image du Starman et de son fils sur les routes, à la fin de l’épisode pilote et de plusieurs autres par la suite, évoque d’ailleurs immédiatement dans l’esprit de n’importe quel téléphile celle de David Banner reprenant chaque semaine sa longue errance à travers le pays, le sac en bandoulière et le pouce levé. Quelques années plus tard, la même image conclura l’épisode pilote d’un autre road movie réussi, L’Homme de Nulle Part, qui revendiquera plus ouvertement que les autres, peut-être, une parenté avec l’un des classiques du « maître » Hitchcock, La Mort aux Trousses. (Puisqu’on est au rayon littérature, rappelons en passant que le créateur du Fugitif avait lui-même en tête un chef-d’oeuvre du patrimoine littéraire mondial, puisque son duo traqueur-traqué s’inspirait ni plus ni moins du couple Valjean - Javert dans Les Misérables. Le road movie à l’américaine a donc de qui se réclamer...)

L’odyssée de Starman et de son fils n’a cependant pas le ton tragique, oppressant, de celles d’un Kimble ou d’un Banner. Certes, ils doivent fuir pour ne pas tomber entre les mains de l’agent Fox, qui s’empresserait de les confier à une horde de savants malintentionnés avec mission de mettre à nu les secrets de l’« être venu d’ailleurs » (on reconnaît là une intrigue à la Charlie, de Stephen King, également au centre de E.T.). Mais ici, six bonnes années avant le grand débarquement de l’autre Fox (Mulder, encore un Martien...), point de silhouettes menaçantes vêtues de combinaisons à la Strange World, ni de grand complot gouvernemental orchestré par d’inquiétants Hommes en Noir. L’agent George Fox, comme son illustre successeur, est considéré par ses pairs comme une sorte d’illuminé monomaniaque, obsédé par la capture d’un prétendu extraterrestre (le journaliste McGee, dans Hulk, avait le même problème), mais autant le phénomène qu’il traque inlassablement est parfaitement inoffensif autant lui-même est tout sauf réellement dangereux.

 

LES MALHEURS DE FOX

 

En conséquence, le personnage de Fox, même s’il a pour fonction d’entretenir une menace et de « dynamiser » un peu l’errance des héros, qu’il piste sans relâche à la manière des Limiers de L’Age de Cristal, manie son épée de Damoclès comme un Don Quichotte et est sans cesse ridiculisé. Conformément à la règle en vigueur dans la grande bible des road movies, il a en général un train de retard sur ses proies et, lorsqu’il lui arrive de les suivre de très près, voire de leur mettre la main dessus, ce qui se produit tout de même plusieurs fois dans la saison, il est joué immanquablement par des témoins rétifs voire complices qui permettent au père et au fils de reprendre leur route.

Les crises de colère de l’agent Fox, proches parfois de la démence (demandez à sa secrétaire ou à ses collègues de bureau), en font une sorte de diablotin ridicule, une comparaison qu’encourage sa petite taille : on sourit, à la fin de « Fièvre », de le voir emporté sans ménagement par deux infirmiers baraqués qui le soulèvent avec facilité malgré ses protestations véhémentes. Il faut avouer que, dans un hôpital surtout, un type qui hurle qu’il est agent fédéral et qu’il traque un alien a de quoi susciter la perplexité, sinon le doute.

Les producteurs ont pris soin pourtant de ne pas faire du personnage un pantin sans envergure. Ridiculisé certes, Fox n’en est pas moins un danger pour Starman, non pas tant parce qu’il représente un gouvernement lointain, dépersonnalisé, que parce qu’il est un obstacle permanent à la réunion de l’extraterrestre avec son fils et à la quête qui motive leur errance à tous deux : retrouver Jenny Hayden, la mère de Scott, la seule humaine que Starman ait jamais aimée. De plus, les scénaristes ont pris soin de lui conserver une once d’humanité : à la fin de « La sonde », il paraît heureux pour le Dr Katherine Bradford que Starman a aidée à retrouver le signal d’une sonde spatiale perdue deux ans plus tôt dans l’espace. A cet instant, le regard tourné vers les écrans qui font défiler les données envoyées par la sonde et l’esprit dans les étoiles, Fox cesse d’être antipathique, et l’on devine que son opiniâtreté cache, aussi, une réelle passion pour ce que les étoiles ont à leur apprendre. Cette manière de donner vie même au « méchant » de l’histoire est significative de l’optimisme que la série a choisi de mettre en avant, au risque parfois de paraître simpliste, ce qui, on le verra plus loin, n’est pas toujours le cas.

 

 

 

 

FAMILY BUSINESS

 

Un bon road movie se doit d’offrir à ses héros un enjeu important, suffisamment passionnant pour que le public puisse partager la quête des personnages. Kimble cherchait un assassin et la preuve de son innocence (comme, bien plus tard, les héros du Rebelle et de Two), Logan et Jessica recherchent le Sanctuaire, un refuge pour les fugitifs, dans L’Age de Cristal, et Banner espère trouver un remède au destin tragique qu’il partage avec sa verte moitié. Toujours, l’enjeu proposé aux héros est significatif du ton donné à la série et oriente une partie des intrigues. En pleine crise de la famille, au milieu des années quatre-vingt, Starman et son fils cherchent deux choses : se connaître, d’abord, afin de rattraper le temps perdu et de grandir ensemble (l’extraterrestre, étranger parmi les hommes, est un enfant avide de savoir, comme le sera plus tard le Caméléon), et surtout retrouver la femme qui, seule, leur permettra de former une famille.

Le coeur de Starman n’est donc ni policier ni à base de thriller politique. C’est la famille qui est la grande affaire des héros, et la série tout entière est plus proche des futures Routes du Paradis que des X-Files. Voilà pourquoi les effets spéciaux se font discrets, au profit des rapports qui se nouent peu à peu entre les protagonistes. Les premiers épisodes en particulier s’attachent à suivre les sentiments de l’enfant à qui un inconnu vient révéler un jour qu’il est son père. Par souci d’efficacité, les producteurs Henerson et Hirsch font intervenir dans le pilote une sorte de deux ex machina à travers une cassette que sa mère a enregistrée à l’attention de Scott et qui lui est remise justement quand son père ressurgit (le hasard a parfois de ces fantaisies !). La sphère que possède l’adolescent et dont l’étranger lui montre une réplique exacte, douée des mêmes pouvoirs mystérieux, matérialise la relation existant entre les deux personnages, qui finissent par s’enfuir ensemble lorsque l’agent Fox fait son entrée en scène.

Tout n’est pas pour autant gagné. Le premier contact a été difficile, la suite le sera tout autant. Dans le deuxième épisode, « Tel père, tel fils », Scott et son père poursuivent l’apprentissage de la famille et apprennent à se connaître. L’enfant, s’il a admis l’idée que son père était un extraterrestre, ne lui fait pas encore confiance. Il faudra une épreuve imposée par l’extérieur et la rencontre d’un autre tandem filial, sorte de double féminin des héros constitué d’une mère et de sa fille également en fuite, pour que l’ado habitué à la solitude ouvre son coeur à l’étranger. Au terme de cette épreuve ô combien initiatique, l’enfant accorde à son compagnon le nom de père, et un sourire.

Le troisième épisode achève de mettre en scène les retrouvailles et la lente maturation des sentiments. En expérimentant la jalousie lorsque Scott se prend d’amitié pour un adulte plus « cool » que lui, Starman éprouve à son tour la difficulté d’aimer et accomplit d’une certaine manière le même rite de passage que son fils dans l’épisode précédent. Les voilà enfin sur la même longueur d’onde, ce qui se traduit par une virée à moto à la fin de l’histoire, conclusion d’une sorte de traversée du désert initiatique, la moto ayant été le premier motif de discorde au début de l’épisode. Dès le quatrième opus, le père et le fils cheminent de conserve et entament l’étape suivante : l’apprentissage de la vie, chacun ayant autant à apprendre de l’autre.

 

UNE PROGRAMMATION SUICIDAIRE

 

Loin donc d’être une « simple » série de science-fiction, Starman est avant tout un programme familial, l’une de ces histoires humanistes comme les Américains savent si bien en raconter, de La Petite Maison dans la Prairie à la famille turbulente de Huit ça suffit. La différence, c’est que cette série-là ne parle pas d’une famille unie mais, selon les mots de C.B. Barnes, « plutôt d’une relation. Elle parle de liens affectifs, de la construction d’un pont » entre un « homme » et son fils, ce qui la met d’emblée à la portée d’un large public.

On ne peut que s’étonner, du coup, que la série n’ait pas eu le succès escompté, mais la curieuse stratégie de programmation d’ABC n’y est certainement pas étrangère : la chaîne, en effet, programma la série le vendredi soir, face à des géants comme Falcon Crest et La Loi de Los Angeles, puis la déplaça au samedi, l’opposant tour à tour à Dallas, Deux Flics à Miami ou le sacrosaint Cosby Show. De quoi couler plus d’une série, quelles que soient par ailleurs ses qualités ! « C’était ridicule », déclarait C.B. Barnes. « De plus, nous avons été annulés plusieurs fois. Personne ne savait jamais quand diable on pouvait nous voir ! » James Hirsch, en apprenant que la série serait opposée d’entrée aux grosses pointures du vendredi soir, se dit qu’il vaudrait peut-être mieux changer le titre de la série en « Le créneau de la mort » et ne put que s’étonner qu’ABC diffuse un programme résolument familial comme Starman, conçu comme un produit léger et distrayant, un soir traditionnellement occupé par les soap operas luxueux. L’un des épisodes, d’ailleurs, se fera l’écho de cette confrontation en faisant dire à un personnage qu’elle connaît tout des héros de soap operas : « Krystle, J.R. », etc. (Il s’agit de l’aveugle Julie dans l’épisode « Appearances »)

Robert Hays et Erin Gray : Starman retrouve Jenny Hayden

Hirsch, cependant, va chercher plus loin encore les causes de l’échec de la série, échec finalement tout relatif puisque Starman fit un meilleur score le vendredi soir que bien d’autres programmes d’ABC dans la même case horaire. Le problème, selon le producteur, a commencé avec la présentation de la série à la presse. En l’absence d’un seul épisode achevé  -  et pour cause, puisqu’aucun scénario n’était encore bouclé lorsqu’ABC décida de présenter le programme à la presse  -, ABC montra aux critiques une cassette d’une trentaine de minutes établissant les bases du programme. D’une qualité déplorable, filmée en video et montée dans la précipitation avec des musiques diverses (notamment du Jean-Michel Jarre), cette cassette est une suite de situations mettant l’accent sur le spectaculaire bon marché à travers des effets pyrotechniques plutôt cheap. Michael Douglas assure lui-même la promotion de son produit, jouant le rôle de cicerone, mais on peut comprendre que beaucoup de journalistes n’aient guère été convaincus par ce montage maladroit que Hirsch qualifiera lui-même de « film d’amateur ». D’après Robert Hays, qui incarnait Starman, cette cassette n’était pas destinée à la presse mais aux responsables de la chaîne et n’aurait jamais dû être montrée aux journalistes. Quoi qu’il en soit, elle le fut et un journaliste put écrire, avant même la diffusion de la série : « Starman prouvera que la science-fiction ne peut pas marcher à la télévision ».

Comme si cela ne suffisait pas, ABC encouragea presque la désaffection du public en « oubliant » de promouvoir convenablement sa série. Même le double épisode commandé par la chaîne, où les héros devaient retrouver enfin Jenny Hayden, l’objet même de leur quête, passa presque inaperçu, souffrant en premier lieu de la diffusion cérémonielle des Oscars et, aussi, du déplacement de la série au samedi quelques semaines plus tôt. L’audience continua de baisser et la chaîne se désintéressa de la série, de même d’ailleurs que la Columbia, qui la produisait.

 

 

 

 

 

Tag(s) : #Dossiers, #Dossiers 1980s
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :