Comme tous les succès, celui des séries bioniques L'Homme qui valait trois milliards et Super Jaimie a suscité de nombreuses publications, dès les premières années de leur diffusion. Le livre The Six Million Dollar Man and The Bionic Woman de Joel H. Cohen a été publié en 1976 aux Etats-Unis, par Scholastic Book Services (une division de Scholastic Magazines, Inc.). En une centaine de pages, illustrées de quelques photos, l'auteur suit le parcours des deux acteurs vedettes, Lee Majors et Lindsay Wagner, et retrace le chemin des héros qu'ils incarnent. A l'époque, Super Jaimie vient d'être lancée, après le succès des deux épisodes en deux parties qui ont introduit son personnage dans L'Homme qui valait trois milliards. La popularité du personnage de Jaime Sommers (Jaimie dans la version française) a surpris les producteurs de L'Homme qui valait trois milliards, qui s'inquiétaient de la perte d'audience de la série et cherchaient un moyen d'attirer un nouveau public mais qui ne s'attendaient sans doute pas à ce qu'un personnage incarné par une actrice quasi inconnue touche le public au point que son retour soit réclamé par des milliers de lettres. 

L'histoire de Steve Austin et Jaime Sommers, l'homme et la femme bioniques, est bien connue des fans et ils n'ont sans doute plus grand-chose à apprendre de la lecture du livre de Joel H. Cohen, cinquante ans après sa publication. Nous avons voulu néanmoins rendre ce texte accessible en en proposant une traduction non officielle et non autorisée, qui permettra de se replonger dans l'aventure bionique en respectant le regard d'un contemporain. 

Le texte ci-dessous est la traduction des chapitres 12 à 17 du livre de Joel H. Cohen, les six derniers du livre.

 

Traduction non officielle et non autorisée, par TLP.

Le texte original est (c) copyright 1976 by Joel H. Cohen

A lire aussi : le dossier Super Jaimie

 

Photo (c) 1975 NBCUniversal. All rights reserved.

 

 

Avant-propos : j'ai systématiquement traduit The Bionic Woman, quand il désigne la série, par Super Jaimie, sa traduction française officielle, mais "bionic woman" par "femme bionique" quand l'expression ne désigne pas la série mais son personnage. J'ai aussi traduit systématiquement Jaime (le prénom américain) par Jaimie (sa version dans le titre français). Pour Six Million Dollar Man, j'ai évidemment traduit L'Homme qui valait trois milliards, y compris quand l'auteur américain se contente de Six Million pour faire court (en français, Trois milliards serait curieux). Les photos qui accompagnent cette traduction ne sont pas celles du livre de Joel H. Cohen, même si certaines s'y trouvaient effectivement (comme les deux ci-dessus). En cliquant sur le lien TV Guide, le lecteur trouvera la traduction d'une page de l'article de Bill Davidson dont il est question ici. 

 

Steve aime Jaimie

 

Superman peut dépenser du temps et de l’énergie à éviter des rendez-vous avec Lois Lane, et Batman peut se réfugier en rougissant dans sa batcave à chaque fois qu’une jeune femme lui témoigne de l’intérêt. Mais Steve Austin est un super-héros heureux d’avoir une petite amie.

Il n’avait de toute façon pas le choix. Les décideurs de L’Homme qui valait trois milliards ont décrété que, pour attirer davantage de spectateurs adultes, Steve devait avoir une histoire d’amour. Aussi le personnage de Jaimie Sommers fut-il introduit comme sa fiancée dans une histoire en deux parties, au début de 1975.

Dans la première partie, Steve retourne dans sa ville natale d’Ojai (prononcez O-Hai), Californie, où il rencontre Jaimie, son flirt de lycée, et ils s’intéressent de nouveau l’un à l’autre. Ils tombent amoureux et fixent une date pour le mariage.

Mais avant que ne sonnent les cloches du mariage, Jaimie a un sérieux accident de parachute qui la laisse gravement blessée. Le Dr Rudy Wells, le médecin qui dirigeait l’équipe qui fit de Steve Austin le premier homme bionique, remet en état le corps disloqué de Jaimie, l’équipant de jambes bioniques, d’un super bras droit et d’une oreille droite dotée d’une ouïe extraordinaire.

Oscar Goldman veut tirer profit des capacités bioniques de Jaimie ; il veut qu’elle utilise son acuité auditive pour ouvrir un coffre inviolable contrôlé par un réseau de faussaires. Steve ne veut pas mettre sa vie en jeu mais, dans la seconde partie, elle insiste pour utiliser ses pouvoirs, en dépit des risques. Oscar et elle persuadent Steve que son ouïe est sans doute le seul moyen d’ouvrir le coffre pour s’emparer des plaques de contrefaçon.

Steve accompagne Jaimie dans la mission, qui implique de pénétrer dans le quartier général des faussaires et d’essayer de trouver la combinaison du coffre en seulement cinq minutes.

Les deux segments de « La femme bionique » dans L’Homme qui valait trois milliards furent si populaires qu’un autre épisode en deux parties, « Le retour de la femme bionique », fut commandé.

Jaimie semblait aller très bien mais soudain ses membres bioniques commencent à dysfonctionner et elle doit subir une opération pour surmonter le rejet par son corps des membres bioniques.

De longues heures d’angoisse se passent tandis que les médecins s’emploient à essayer de la sauver. Mais alors tombe l’horrible et choquante nouvelle : Elle est morte. Steve apprend que Jaimie est morte sur la table d’opération.

Mais l’est-elle vraiment ?

Est-ce un effet de son imagination endeuillée, ou cette patiente d’hôpital qu’il a vue le temps d’un instant fugace est-elle sa bien-aimée prétendument décédée ?

Espérant contre tout espoir, le cœur brisé, Steve s’obstine à découvrir la vérité et finalement y parvient. Le Dr Wells lui dit que son jeune assistant, Michael Marchetti, a réussi à maintenir Jaimie en vie grâce à des techniques expérimentales de cryogénisation (cette science hypothétique de la congélation de corps morts dans l’espoir qu’un remède sera finalement découvert à la cause de leur mort, quelle qu’elle soit, auquel cas le patient serait alors dégelé et ramené à la vie). Steve n’avait pas été informé de l’expérimentation.

Même si Jaimie a survécu, elle a été dans le coma pendant une longue période et les perspectives de guérison sont ténues.

Jaimie survit miraculeusement mais sa mémoire a été affectée. Les pensées qu’elle formule s’adressent principalement au Dr Marchetti, qui l’a sauvée de la mort. Elle n’a aucun souvenir d’avoir été la petite amie de Steve. Steve l’emmène dans leur ville natale pour une visite, dans l’espoir qu’elle recouvrera la mémoire, mais il n’en résulte que de violents maux de tête et de la frustration lorsqu’elle essaie de se rappeler son passé.

Considérant que peut-être de l’action pourrait aider Jaimie à retrouver son état normal, Oscar l’envoie avec Steve sur une île des Caraïbes pour combattre un Américain qui a fourni des armes à un groupe de terroristes.

Le public voudrait voir beaucoup plus cette belle et grande (1 m 75) femme bionique, qui rappelle à certains la jeune Lauren Bacall.

Qui est cette lumineuse actrice qui joue Jaimie Sommers, et comment cette nouvelle venue charmante mais relativement inconnue a-t-elle été choisie pour jouer « Super Jaimie » ?

 

 

Improbable, mais vrai

 

Un critique a qualifié son nom d’« improbable » mais Lindsay Wagner – deux noms qui se trouvent être ceux de deux récents maires de New York – est son vrai nom.

« Mon nom de famille est vraiment Wagner et mon père est un fan de football qui voulait un fils nommé d’après Lindsey Nelson (un commentateur sportif de la télé). Quand c’est moi qui suis arrivée, il m’a appelée Lindsay quand même », a-t-elle raconté à Arthur Unger du Christian Science Monitor. « Et rappelez-vous, je suis née à Los Angeles, donc si j’avais dû inventer un nom porté par un maire, je me serais probablement appelée Bradley Yorty » (deux récents maires de L.A.).

 

 

Lindsay est née le 22 juin 1949, fille de Bill Wagner, un photographe professionnel, et de feue Marilyn Thrasher (dont le père, Edward Lee Thrasher, avait été conseiller [municipal] à Los Angeles durant 15 ans).

Sa mère et son père « se sont mariés alors qu’ils n’étaient que des enfants et m’ont eue à seulement 18 ans », a-t-elle dit selon Marilyn Beck du St Petersburg Times. « Nous bougions tout le temps. Je me souviens qu’à chaque fois que je commençais à apprendre à lire à l’école, nous déménagions – et je n’ai jamais appris à lire aussi bien que j’aurais dû. »

Ses parents ont divorcé quand elle avait sept ans. « Quelquefois je me sentais déprimée », a-t-elle dit à Lois Armstrong de People.

D’après Bill Davidson, dans TV Guide, Lindsay « s’est frayé un chemin hors de l’enfance dans un quartier difficile d’Eagle Rock, une banlieue pas glamour de Los Angeles. »

Quand Lindsay eut 13 ans, elle commença à prendre des leçons de danse avec Joby Best, puis a commencé à apprendre la comédie avec le mari de Mrs Best, James.

L’actrice aux cheveux blond foncé et aux yeux noisette est apparue dans une représentation de la pièce de Tennessee Williams This Property is Condemned (Propriété interdite), et un recruteur de la MGM qui l’a vue dans la pièce et a aimé sa performance lui a proposé le premier rôle dans une série télé. Mais James Best estimait qu’il valait mieux attendre qu’elle soit mieux formée. Au lieu de cela elle devint photographe de mode.

« Il m’a convaincue que les enfants acteurs ont un avenir limité », a-t-elle dit. « Il m’a fait entrer dans la tête que plus je serais une personne accomplie, plus je serais capable de donner en tant qu’actrice. Alors j’ai fait toutes ces autres choses – danser, chanter avec un groupe de rock, poser comme modèle, taper à la machine, vendre des chaussures -, tout ce temps durant lequel j’ai refusé des opportunités de jouer parce que je savais que je n’étais pas encore prête. »

Lindsay est entrée au lycée de North Hollywood puis elle a déménagé avec sa mère et son beau-père, Ted Ball, à Portland, Oregon, où elle est entrée au lycée David Douglas. Comme on pourrait s’y attendre, elle est apparue dans des représentations scolaires.

Après avoir reçu, son diplôme, Lindsay a passé trois mois en France avec un groupe d’étudiants. Elle est entrée à l’Université d’Oregon pendant un an puis est passée pendant six mois au Mt. Hood Community College à Portland.

Elle a étudié le chant et a même chanté avec un groupe de rock, qui, Lindsay l’a reconnu pour le magazine People, n’a duré que « deux nuits à Dallas ». Mais à la fin de 1968 elle était de retour à Los Angeles et décidait de faire de la comédie son métier.

Quand elle sentit soudain que l’heure était venue d’agir, « J’ai juste appelé un vieil ami à Universal, qui m’avait regardée et encouragée pendant longtemps, et j’ai dit : ‘Ça y est, je suis prête. Qu’est-ce que je fais, maintenant ?’ Il m’a adressée au directeur de casting de Marcus Welby et j’ai tourné dans la série deux jours plus tard. »

Dans la brève prestation qu’elle fit pour Marcus Welby M.D., Lindsay se fit si bien remarquer qu’elle attira l’attention de Monique James, qui était responsable du programme de recherche de talents au studio Universal. Miss James convainquit les représentants du studio de donner à Lindsay un contrat.

Au milieu de l’année 1971, âgée de 22 ans, Lindsay signa avec Universal un contrat d’actrice pour $162 la semaine. L’espoir, c’était qu’elle se ferait un nom après avoir joué de petits rôles dans diverses séries Universal.

Lindsay a déclaré à un intervieweur : « Quand ils ont vu les rushes (de sa première apparition dans Marcus Welby), il y a eu un peu d’excitation à Universal et on m’a fait signer un contrat. Trois jours après, j’étais partie pour tourner douze épisodes en sept jours dans différentes séries. C’était un entraînement parfait pour moi. »

Avant d’entrer dans le monde de la bionique, Lindsay apparut dans The FBI (Sur la piste du crime), Owen Marshall, Counselor at Law, Night Gallery, The Bold Ones, trois épisodes de Marcus Welby (dont un où elle était une patiente ayant reçu une greffe de rein) et The Rockford Files (Deux cents dollars plus les frais).

On lui donna un rôle de premier plan dans le film Two People (Brève rencontre à Paris) avec Peter Fonda, réalisé par Robert Wise. « Des gens géniaux pour me soutenir », commente-t-elle. C’était son premier long-métrage.

Two People (Brève rencontre à Paris) était l’histoire d’une liaison entre un déserteur de la guerre du Vietnam et sa petite amie. « C’est dommage », a-t-elle dit à Dorothy Manners du Boston Herald American, que le film « ait reçu des critiques mitigées ou indifférentes. Je ne pense pas qu’elles étaient justifiées. Je pense que le film avait quelque chose à dire sur un problème contemporain et le faisait bien. J’ai adoré le rôle. C’était très vrai, pour moi. »

Grâce à son travail sur Two People (Brève rencontre à Paris), Lindsay remporta le premier rôle féminin dans un autre film, Paper Chase (La Chasse aux diplômes), une production 20th Century Fox avec Timothy Bottoms. Elle a fièrement raconté que le réalisateur et le producteur « m’ont prise tout de suite. »

Paper Chase est un film sur l’école de droit de Harvard et les effets de la pression sur un groupe d’étudiants diplômés. Cela parle aussi de la relation d’une fille avec son père et son petit ami.

Parlant de la relation parent-enfant dans le film, Lindsay a dit à un auteur : « Ma mère est la seule personne qui m’ait jamais poussée à être à la hauteur. » Le père de Lindsay, pour citer Marilyn Beck du St. Petersburg Times, « ne voulait pas de moi jusqu’à ce que je sois adulte et qu’il réalise que j’étais sa chair et son sang. Mais, pour alors, je ne voulais rien avoir à faire avec lui… Nous nous entendons très bien maintenant. »

Lindsay sentait que l’histoire aussi bien que le personnage qu’elle jouait dans Paper Chase étaient modifiés dans la réécriture constante qui eut lieu pendant le tournage du film. Elle l’a qualifié de « bon film, mais pas celui que je croyais être en train de faire. » Elle reconnaît que si quelqu’un lui tendait le script aujourd’hui, elle ne sait pas si elle accepterait le rôle ou non, dans la mesure où elle ne ressent pas grand-chose pour la fille qu’elle interprétait. Mais Lindsay a aimé le film en soi, a-t-elle insisté dans un entretien. « Si ce n’était pas le cas, je peux vous assurer que je ne serais pas là à le promouvoir maintenant. »

Ses réflexions sur le film reflètent son désir d’être claire et honnête quand elle donne son opinion.

Après Paper Chase, Lindsay a déclaré que ce qu’elle voulait faire ensuite, c’était davantage de films. « Je ne veux pas faire de série télé », a-t-elle déclaré à l’époque. « Travailler avec ce genre de pression incessante, ne jamais avoir le temps de faire une autre prise pour la rendre meilleure, à moins de tousser ou autre chose d’aussi sournois pour qu’on soit obligé de faire une autre prise. C’est étouffant. J’aime la variété. J’aimerais chanter et danser dans un film. »

Lindsay a ajouté : « J’ai tout fait d’un seul coup – poser comme modèle, jouer à la télé, au cinéma – tout ça en moins de deux ans. Cela fait beaucoup d’un seul coup. »

Et puis tout a failli « ne pas arriver » d’un seul coup…

 

 

Un cadeau d’anniversaire bionique

 

D’après TV Guide, en dépit des critiques enflammées reçues par Lindsay Wagner décrite comme « une actrice extraordinaire et instinctive », le studio la trouvait « trop grande, trop maigre, trop plate, pas très glamour », et au début de 1975 on laissa son contrat expirer.

Au moment où le service du casting songeait à laisser tomber le contrat de Lindsay, les responsables de la programmation de L’Homme qui valait trois milliards cherchaient une jeune femme pour interpréter l’histoire d’amour en deux parties avec Lee Majors.

Harve Bennett, le producteur exécutif de la série, a raconté à Bill Davidson, de TV Guide, comment les choses se sont passées :

« Le président du département télé, Frank Price, m’a téléphoné un jour et m’a dit : ‘Trop de gens pensent que c'est une série pour enfants où on ne fait que courir et sauter. Pour attirer un public adulte et rendre Steve plus humain, plaçons-le dans une relation avec une fille qui compte beaucoup pour lui. Au cours de l’histoire elle a un accident et elle ne peut être sauvée que par la greffe d’un bras bionique et de jambes comme les siennes, mais au bout d’un certain temps ça ne fonctionne pas et il la perd. Ça va pleurer dans les chaumières.' »

Selon Davidson, quand il fut question de savoir qui allait jouer la fille, Bennett a dit : « La qualité qui me séduit à tous les coups, c’est la vulnérabilité. De qui étais-je amoureux quand j’étais gosse ? Judy Garland. J’avais vu Lindsay Wagner dans Two People (Brève rencontre à Paris) et je savais qu’elle avait cette qualité. Je savais aussi qu’elle était sous contrat chez nous et qu’elle ne coûterait pas cher. Alors nous avons fait l’histoire d’amour en deux parties pour L’Homme qui valait trois milliards avec Lindsay, et je fus absolument sidéré au milieu du tournage quand on m’a dit que son contrat avait expiré et qu’elle était virée. Il a fallu, aussi fou que ça paraisse, qu’on prolonge son contrat cinq ou six jours. »

Lindsay elle-même n’est pas certaine de la raison pour laquelle on l’a choisie pour le rôle de la femme bionique. « Une certaine capacité à avoir l’air amoureuse », a-t-elle supposé.

Elle a déclaré qu’elle acceptait cette première apparition de Jaimie Sommers dans L’Homme qui valait trois milliards comme un cadeau pour la quatorzième anniversaire de sa demi-sœur, dont le programme favori était L’Homme qui valait trois milliards. Le meilleur cadeau que Lindsay pouvait faire à sa sœur, a-t-elle dit, était de jouer dedans.

Quand l’histoire d’amour en deux parties a été diffusée, les audiences du programme ont commencé à grimper. Lindsay plaisantait : « Les gens se sont branchés pour voir si une passion pouvait exister entre deux personnes montées comme des horloges. » (who were part Timex, c’est-à-dire « qui étaient en partie des Timex », marque de montre célèbre)

Et puis ABC et Universal ont commencé à recevoir des milliers de lettres protestant contre la mort par « rejet de la greffe bionique ». Une psychologue pour enfant de l’Université de New York s’est plainte en disant qu’elle n’avait jamais vu des enfants si émotionnellement impliqués dans une mort télévisuelle. La pression du public devint trop forte pour être ignorée et ABC décida que Jaimie devait être ramenée d’entre les morts pour un autre épisode en deux parties de L’Homme qui valait trois milliards.

Ken Johnson, qui allait devenir le producteur de Super Jaimie, a expliqué pourquoi Jaimie est apparue, est presque morte, a été ressuscitée par la bionique, et est presque morte de nouveau. Il avait créé Jaimie, a-t-il dit, parce que « nous voulions que Steve Austin soit amoureux. Mais nous ne voulions pas le lier par un mariage. Alors nous avons créé cet accident pour Jaimie et nous l’avons fait mourir.

 » Mais la réaction du public à sa mort à été fantastique. Nous avons reçu des milliers de lettres nous suppliant de la ramener. Alors je me suis mis au travail et j’ai écrit cet épisode spécial dans lequel Jaimie est ramenée à la vie et transformée en une femme bionique. »

Le producteur de L’Homme qui valait trois milliards, Lionel Siegel, fut crédité de l’idée de son retour miraculeux à la vie après le rejet de la greffe bionique. Il a suggéré que Jaimie, bien que morte, avait été conservée dans un état de stase par congélation jusqu’à ce qu’on pût lui greffer des membres bioniques que son corps ne rejetterait pas. Puis, rendue à la vie, elle ne se souviendrait pas de sa relation avec Steve, ce qui amènerait une autre situation dramatique.

Cette idée allait très bien à ABC. Un responsable a dit : « Continuons avec Lindsay Wagner. »

Mais le contrat de Lindsay avait déjà expiré et elle était engagée comme vedette sur un film canadien, Second Wind. D’autres actrices furent suggérées pour L’Homme qui valait trois milliards mais le network voulait Lindsay.

Un représentant d’Universal a appelé l’agent de Lindsay pour demander sa participation à deux autres épisodes de L’Homme qui valait trois milliards. L’agent, Ron Samuels, qui estimait que le studio n’avait pas été juste avec elle, a demandé un salaire très élevé, en partie peut-être pour les décourager. Mais, à sa grande surprise, sa demande a été acceptée quelques jours plus tard, même si le bruit a couru que c’était dix fois ce que le studio avait offert d’abord.

Donc, après avoir terminé son film au Canada, Second Wind, Lindsay a donné un « second souffle » à L’Homme qui valait trois milliards et a interprété son second épisode en deux parties pour la série.

« Les gens me demandent encore comment j’ai pu oublier mon amour pour Steve », a déclaré Lindsay lors d’un entretien avec Holly Hill. « C’est parce que le network me l’a demandé. Serons-nous jamais de nouveau ensemble ? Cela dépend du temps que dureront nos séries. »

Johnson annonçait que Steve et Jaimie feraient des apparitions ponctuelles dans leurs séries respectives, de sorte qu’il y aurait toujours la possibilité d’une autre romance.

Pour l’heure, il était clair pour tout le monde que la femme bionique ne pouvait pas être détruite. Les épisodes dans lesquels Jaimie Sommers (Lindsay Wagner) était apparue étaient extrêmement populaires et L’Homme qui valait trois milliards entra dans le Top 10.

Comme le succès appelle le succès, Fred Silverman, le nouveau chef des programmes à ABC, fit une suggestion : « Pourquoi pas une série appelée Super Jaimie, mettant en vedette la merveilleuse Lindsay Wagner ? » On refit la réponse embarrassée qu’elle n’était pas sous contrat pour plus de deux épisodes et on proposa de nouveau les noms d’autres actrices. Mais seule Lindsay convenait pour le rôle.

Aussi ont-ils accordé à Lindsay un salaire très élevé, plus quelques autres avantages non négligeables, comme la promesse d’un rôle vedette dans un film Universal par an. Super Jaimie, a-t-elle commenté, « est juste un tremplin pour ce que je veux vraiment faire – des films. »

Selon les rumeurs, Lindsay devait recevoir une part de la vente des figurines et d’autres objets et être payée $17.500 par épisode. Un journaliste a calculé que si la série durait douze ans, elle aurait un compte en banque de trois milliards [de francs de l’époque, soit six millions de dollars, le « prix » de Steve Austin dans la VO].

La populaire actrice, qui avait été presque virée avant sa première apparition dans le rôle de Jaimie Sommers, est maintenant sous contrat avec Universal pour sa propre série, un contrat dix fois supérieur à celui qu’elle avait avant d’être virée. « C’est un contrat bionique et j’ai un agent bionique », a dit Lindsay de Samuels, son agent, qui portait un casque de protection sur le plateau et fut applaudi le lendemain du jour où le studio avait accepté ses conditions.

« Après toutes ces années dans la peau d’un enfant pauvre », fit remarquer Lindsay, « je dois finalement apprendre à être une enfant riche. »

Et pourtant, d’après le magazine Time, Lindsay déclare : « Je suis si occupée, je n’ai pas le temps de dépenser un centime – même pas pour une nouvelle paire de jeans. »

 

Lee Majors, Lindsay Wagner et (derrière eux) Richard Lenz dans le rôle du Dr Michael Marchetti

 

Première mission réussie pour Super Jaimie

 

La technologie cryogénique a sauvé la vie de Jaimie Sommers mais il y a quand même quelques dommages cérébraux. Au début, elle ne reconnaît même pas Steve, auquel elle était fiancée.

Ensuite, elle éprouve une souffrance intense quand elle se rappelle son passé, spécialement ce qui concerne Steve.

Les médecins poursuivent leurs examens et leurs tests afin de déterminer ce dont elle se souvient exactement. Interrogée au sujet de Steve, Jaimie déclare : « Mon ami bionique. »

« Que vous rappelez-vous de lui ? » demande Michael Marchetti. (C’est le docteur qui l’a empêchée de mourir et elle pense être amoureuse de lui.)

« Il est bionique, mignon… nous avons grandi ensemble. »

Mais Jaimie ne se souvient pas de son accident de parachute ni, pour la même raison, d’avoir pratiqué le saut en parachute.

Dans « Welcome Home, Jaime » (part 1) (« Bienvenue Jaimie », 1e partie) les médecins décident qu’il faut faire davantage de tests.

Ils lui montrent des diapositives et elle parvient à identifier Forest Hills et Wimbledon (de célèbres courts de tennis où elle a disputé des matchs de championnat), Oscar Goldman, une voiture et sa ville natale, Ojai.

Elle parvient à identifier des images de ses parents qui sont morts dans un accident de voiture, la mère de Steve et son beau-père, les Elgin, qui sont devenus ses tuteurs légaux.

Elle réussit aussi à identifier Steve mais alors elle se souvient d’elle courant sous la pluie, de Steve la trouvant, et de la souffrance intense et de la violente réaction qu’elle a eue.

Elle se souvient de ses parents et de son enfance sans éprouver de douleur et elle reconnaît son institutrice d’école primaire et le joueur qu’elle a battu à Forest Hills, mais n’a toujours aucun souvenir de l’accident de parachute.

Avant de retomber malade, Jaimie a dit à Steve qu’elle sentait que ce serait injuste pour elle de reprendre les championnats de tennis. « Je ne pense pas que même Jimmy Connors puisse retourner ce service », disait-elle, et elle a illustré son propos en servant avec sa force bionique une balle qui a traversé le court et est passée au travers d’un grillage en fer.

Dans un entretien avec la journaliste Holly Hill, Lindsay a ri de son rôle de championne de tennis. « Je suis la personne la moins athlétique du monde », a-t-elle dit. « C’est ce qu’il y a de plus ironique dans le fait qu’on m’ait engagée pour le rôle de Jaimie Sommers. Une fois dans ma vie j’ai joué au tennis pendant une demi-heure et j’ai souffert pendant trois jours. Je pouvais à peine marcher.

 » J’ai pris des leçons de tennis pendant trois jours pour mon premier épisode de L’Homme qui valait trois milliards et j’étais surprise de voir à quel point les images étaient convaincantes. Les balles volaient dans toutes les directions mais ça, on ne le voyait pas. »

Lindsay ajoutait : « Je n’ai pas suivi d’entraînement particulier pour jouer Jaimie Sommers. On s’est juste lancés. Est-ce qu’on a besoin d’entraînement quand on est bionique ? »

Mais pour en revenir au tournage de L’Homme qui valait trois milliards : Jaimie dit à Oscar qu’elle devrait travailler pour le gouvernement en échange de l’argent dépensé pour la remettre en état.

« J’ai sans doute coûté plus cher que Steve », dit-elle.

« Pas tout à fait trois milliards », dit-il, « tes pièces sont plus petites. »

Même si Oscar lui dit qu’elle devrait vivre sa vie, elle se sent obligée de remplir des missions secrètes. « Si je ne reçois pas très vite une mission », menace-t-elle, « je défonce votre porte. »

Oscar répond : « Vous en seriez bien capable. »

Elle décide de reprendre l’enseignement.

Elle embrasse Michael, son ami médecin, fait ses adieux et s’envole pour Ojai, où il se trouve que des méchants cherchent à s’emparer d’elle.

Les parents de Steve donnent à Jaimie un grenier plein de toiles d’araignée pour s’y installer. Usant de sa force bionique, elle la nettoie, l’astique et la peint en quelques minutes et cela devient un bel appartement.

Les parents de Steve lui montrent un album de photos d’elle et Steve pendant leur enfance. (On dit que la production a utilisé de vraies photos de bébé de Lee et Lindsay pour cet épisode.)

« Steve et toi étiez bien plus proches que tu ne t’en souviens », dit la mère de Steve à Jaimie. Elle tourne une page de l’album où se trouve une coupure de journal annonçant le prochain mariage de Steve et Jaimie. Ils montrent ensuite l’article à Jaimie mais elle ne se souvient toujours pas.

Le père de Steve se propose de révéler à Jaimie qu’elle et Steve étaient fiancés avant l’accident.

Le père de Steve lui apporte une nouvelle cuisinière, qu’elle descend facilement du camion et pose doucement sur le sol.

Oscar appelle pour dire qu’il a obtenu un poste d’enseignante pour elle à la base aérienne de Ventura à Ojai.

Une enseignante accueille Jaime à la base et la prévient qu’elle pourrait avoir besoin d’aide plus vite qu’elle ne croit avec les « douze monstres » [dirty dozen, référence aux « douze salopards » dans le film de Robert Aldrich], le groupe d’enfants de militaires difficile à gérer qu’on lui a attribué.

« Vous avez dû arrêter le tennis, hein ? » dit l’un des enfants avec insolence. Jaimie enchaîne, décidée à faire son travail. « J’ai écrit les instructions au tableau », dit-elle, mais quand la classe se met à rire elle se rend compte qu’ils ont effacé ce qu’elle avait écrit. Alors elle retourne le tableau pour qu’ils ne puissent pas la voir et, usant de sa force bionique, elle réécrit tout – en un rien de temps.

La classe n’en a pas encore fini avec son « bizutage », cependant. Alors qu’elle se retourne, elle reçoit une boulette de papier. Puisque personne ne se dénonce, Jaimie leur dit : « Je suppose que vous êtes capables d’être une bande de durs et de chahuteurs », mais elle prévient : « Je suis là pour rester. »

Alors elle saisit un gros annuaire téléphonique et, tout en parlant doucement et calmement, le déchire en deux. « Je n’aime pas faire de menaces », dit-elle en le déchirant une fois. « La meilleure manière d’enseigner est la manière douce », poursuit-elle en déchirant un peu plus l’annuaire. Elle estime que le respect se mérite, et elle déchire l’annuaire encore une fois, devant une classe ébahie.

Entendant un garçon murmurer quelque chose au sujet de son exploit, elle sourit et commente : « Faisons un marché. Je ne vous traiterai pas de morveux de service et vous ne me traiterez pas de meuf. »

« Comment elle a pu entendre ? » dit l’un des enfants surpris.

« J’ai une ouïe très fine. »

La disposition des élèves que l’on voit dans la classe quand Jaimie Sommers fait cours était l’idée de Lindsay elle-même. Elle utilisait la même disposition en cercle quand elle enseignait à des élèves de 6e, 5e et 4e dans une école religieuse. A ce sujet, Lindsay déclare : « Quand tout le monde, y compris l’enseignant, fait partie du cercle, toute l’énergie est concentrée vers l’intérieur et on peut fonctionner comme une entité sans éprouver de gêne et sans que personne puisse se cacher dans le fond. »

Les ennuis commencent pour Super Jaimie quand elle porte secours à un homme prisonnier d’une voiture accidentée. Elle va chercher de l’aide mais quand elle revient avec une ambulance la « victime » n’est plus là. Oscar lui dit que l’accident qu’elle a vu n’était pas un accident. Elle pourrait être en danger. Est-elle capable de gérer un accident dans lequel elle-même serait impliquée ? « Oui », dit-elle, « je ne veux pas partir. »

Steve fait un saut et se souvient de leurs années d’école… du jour où il lui a mis un lézard dans le dos pour se venger du fait qu’elle l’avait défié de manger tout ce qu’il y avait dans la cafétéria.

Ils vont se promener et Jaimie voit un cœur qu’il avait gravé dans un arbre, « Jaimie & Steve. » Pourtant, elle est toujours incapable de se rappeler avoir été amoureuse de lui.

Plus tard, elle conduit le long d’une route de montagne quand ses freins lâchent, et elle est obligée de se servir de son pied contre le bitume pour arrêter la voiture. Elle est épiée par Carlton Harris, un sale type qui possède une raffinerie dans laquelle Steve et elle ont tenté de s’introduire.

« Est-ce que vous essayez une voiture si vous n’avez pas l’intention de l’acheter ? » demande-t-elle à Oscar, qui pense comme elle que Harris l’a mise à l’épreuve parce qu’il a l’intention de louer ses services.

Se sachant écoutée par les hommes de Harris, elle fait semblant d’avoir une dispute avec Oscar au sujet de son salaire. Oscar fait semblant d’appeler « le Secrétaire » pour évoquer l’augmentation de son salaire. Quand il annonce un chiffre à Jaimie, elle réplique indignée : « Vous me prenez pour qui, une sorte de serveuse de bar bionique ? »

Tout cela fait partie d’un jeu pour convaincre Harris qu’elle est susceptible d’accepter son offre. Cela ne lui prend pas longtemps pour l’inviter à une rencontre, dans une allée étroite. La voiture de Harris fonce sur elle et le seul moyen qu’elle a d’éviter d’être tuée est de sauter sur une échelle d’incendie. « Vous êtes spéciale », dit un Harris admiratif.

Elle lui fait savoir qu’elle peut mettre ses compétences particulières à son service s’il lui fait une bonne offre. Il déclare : « Que diriez-vous de vous faire un million de dollars dans les prochaines 24 heures ? » Elle accepte.

Sa première mission est d’ouvrir un coffre-fort protégé par un système de verrouillage et de voler un document appelé Projet Rebound, un élément important d’un projet secret de l’U.S. Navy. Elle accepte, et Harris et elle se rendent à une réception dans la maison de l’homme dont le coffre-fort est leur objectif. Elle trouve le coffre, arrache le système qui le protège puis ouvre le coffre à main nue. Après avoir retiré le document secret, elle laisse une note qu’elle a griffonnée à la hâte, « Contactez Goldman, de l’OSI », et s’en va avec le document.

Malheureusement pour elle, la note est trouvée par le fils de Harris, Donald, un étudiant en droit qui est loyal à son père bien qu’il n’approuve pas les activités illégales passées de Harris. Un peu plus tôt, Donald a reproché à Jaimie d’avoir si rapidement accepté l’offre de son père. A présent, il y a de grandes chances qu’il la dénonce à Harris, mais il y renonce, pour l’instant.

Sa première mission pour Harris accomplie, elle est prête pour la suivante, et elle s’en sort tout aussi bien. Elle arrache un verrou à main nue puis se sert de sa main pour déchirer un grillage de fer entourant son nouvel objectif.

Jaimie essaie de laisser une nouvelle note disant « Contactez Goldman de l’OSI » mais Donald pointe un revolver sur elle et l’oblige à admettre qu’elle est une espionne.

D’une certaine manière, il est content, dit-il, de découvrir qu’elle ne s’est pas vendue comme il l’a cru d’abord. Il lui propose un marché – qu’elle laisse libre son père, et il rendra le document du Projet Rebound.

Mais Jaimie lui dit qu’elle ne peut pas accepter. Son père a déjà tué trois agents de l’OSI.

A l’insu de Jaimie, l’homme dont elle a forcé le coffre-fort a appelé Harris pour le prévenir de renforcer la sécurité afin de contrer toute personne qui tenterait de voler les documents secrets. Puis, malheureusement pour Jaimie, il dit à Harris qu’Oscar Goldman l’a assuré qu’il avait un agent infiltré travaillant sur l’affaire.

Harris avait des soupçons depuis le début. A présent, il est sûr que Jaimie est l’agent infiltré mais il ne lui fait pas savoir qu’il sait. Il la charge de prendre un circuit imprimé dans une usine (qui, elle l’ignore, lui appartient).

Jaimie bondit par-dessus un haut grillage, puis saute sur un balcon à plusieurs étages de hauteur et avance vers l’endroit où elle croit trouver l’objet de sa mission. Au lieu de cela, elle se précipite dans une pièce où Harris et un groupe d’« associés » étrangers armés ont suivi ses exploits sur un circuit de télévision fermé.

Ses amis étrangers sont impressionnés, déclare Harris, et intéressés par l’opportunité de découvrir comment elle fonctionne.

« Ne faites rien d’insensé », prévient-il. « Vous êtes rapide mais vous ne pouvez pas aller plus vite qu’une balle. »

Entre-temps, Donald a appris que son père lui avait menti. Il a découvert la preuve que les affaires de Harris sont corrompues et violentes, et qu’il pourrait être inculpé du meurtre de trois hommes. Donald se précipite dans la pièce pour la sauver, juste au moment où un ordinateur explose.

Grâce au travail de Jaimie, Carlton Harris est inculpé de meurtre.

C’est sa première mission réussie.

 

Lindsay Wagner et Richard Anderson, alias Oscar Goldman dans les deux séries bioniques

 

Une merveille

 

« Au contraire de Steve Austin, qui utilise régulièrement sa puissance physique pour piéger les méchants, Jaimie utilise rarement sa force pour autre chose que se protéger et esquiver ses adversaires », lisait-on dans le magazine Time en janvier 1976, quand Super Jaimie est apparue à l’antenne. « Le scénario typique semble être… une série d’incidents destinés à mettre en valeur les pouvoirs de Jaimie : elle arrête un éléphant affolé en tirant sur sa chaîne, elle utilise son pied pour freiner une voiture hors de contrôle, saute sur une échelle de secours au deuxième étage pour éviter le danger. »

« Tout est très réaliste et très naturel à part la force de mon bras droit, de mes deux jambes et de mon oreille droite », déclarait Lindsay, précisant qu’avec son oreille droite elle peut entendre le mécanisme d’un coffre-fort et « entendre les enfants murmurer dans ma classe ».

Quand Super Jaimie est montée dans les sondages, certains critiques ont semblé étonnés de sa popularité. [Harve] Bennett a décrit la série comme « un mélange de Mary Tyler Moore et de Ma Sorcière bien-aimée. »

Quand il a commencé à être question de faire une série sur une femme bionique, Lee Majors n’était pas sûr que ce fût une bonne idée. D’après certains comptes rendus, il l’évoquait comme « l’arnaque bionique ». Il disait qu’il s’y opposerait.

« Cela diluerait mon personnage au point que Steve Austin paraîtrait ridicule », déclara Lee à Walter Saunders du Rocky Mountain News. « On finirait par avoir des gens bioniques dans tous les coins… »

Certains ont suggéré qu’il était un peu fâché du super contrat que Lindsay avait négocié.

Concernant leur relation, « Nous rions, plaisantons et passons de bons moments ensemble maintenant », a déclaré Lindsay au magazine People.

Quoi qu’il en soit, Super Jaimie se débrouille bien.

Ken Johnson, le créateur du personnage et producteur de la série, a déclaré que Jaimie ne tuerait jamais personne délibérément dans la série.

« Elle n’utilisera ses pouvoirs que pour assommer les ‘méchants’ et gagner du temps pour s’en sortir. Par exemple, dans un épisode elle jette un baril de pétrole sur des gangsters. Le baril atterrit devant les types, éclate et répand le pétrole. Les gangsters trébuchent et glissent sur le pétrole pendant que Jaimie s’échappe.

» C’est ce genre de choses qui fait de Jaimie l’une des ‘gentilles’ sans vraiment blesser personne. Et des scènes comme celle du pétrole ajoutent un peu d’humeur à la série, aussi. »

 

L’incident du pétrole répandu se trouvait dans un épisode intitulé « A Thing to the Past » (« Témoin du passé », saison 1), où un conducteur de bus scolaire apprécié, Harry Anderson (joué par Donald O’Connor), est menacé par une sorte de gangster qui sait que Harry l’a vu assassiner un ancien patron de Harry, des années plus tôt à Chicago.

Harry a vécu à Ojai sous une fausse identité durant des années. Alors que Jaimie et lui reviennent d’un pique-nique avec les élèves de celle-ci, le bus a un accident. Harry sauve un enfant du bus en flammes et, quand un journal publie sa photo en l’appelant un héros, il a peur que les gangsters ne puissent le retrouver.

Il a raison, mais Jaimie – qui accomplit des prodiges comme de faire tourner une voiture dans une flaque de graisse pour retarder deux des hommes qui menacent Harry – non seulement l’empêche d’être blessé mais appréhende le tueur, un homme qu’Oscar Goldman veut arrêter pour un vieux meurtre.

 

Le rôle d’Oscar Goldman dans Super Jaimie est toujours joué par Richard Anderson. Jouer le même personnage dans deux séries, pense-t-il, constitue une première.

Dans Super Jaimie, toutefois, Oscar semble un peu plus soucieux du bien-être de Jaimie. Il y a beaucoup d’humour dans leur relation.

Dans un épisode, un groupe de malfrats cherchant à assassiner Goldman a, grâce à la chirurgie esthétique, transformé une fille en sosie de Jaimie. Alors que Jaimie est jetée par-dessus bord et laissée pour morte dans les Caraïbes, son double, qui a appris à parler exactement comme elle, cherche à tuer Goldman.

Les pouvoirs bioniques de Jaimie lui permettent de s’échapper du container qui devait être son cercueil sous-marin et elle revient à temps pour arrêter son double – après quelques échanges dangereux et dramatiques avec des membres du gang qui la prennent pour son double.

Une fois les choses arrangées, en guise de plaisanterie Oscar place sur son fauteuil une réplique en carton grandeur nature de lui-même – que le gang utilisait pour des exercices de tir. Jaimie entre dans le bureau et, faisant semblant de ne pas remarquer que c’est une copie en carton plutôt qu’Oscar, commence à bavarder comme si c’était Oscar en personne.

 

« Nous voulons beaucoup d’humour dans la série », a déclaré Lindsay, « pour que ce ne soit pas juste des bagarres et des intrigues gouvernementales.

» La série a été amusante à tourner. J’ai appris beaucoup en matière de jeu, mais avant tout, j’aime le show parce qu’il donne aux filles quelqu’un à qui s’identifier. Super Jaimie n’est pas une combattante. Mais elle fait toujours le job. »

Mais, insiste Lindsay : « Je suis une actrice sérieuse et j’essaie de ne pas devenir Wonder Woman.

» Je ne veux pas que le fait d’être la femme bionique me colle à la peau pour le reste de ma vie et de ma carrière. Parfois c’est beaucoup de plaisir. Vous enfoncez une porte et vous rentrez à la maison un peu plus détendue. D’autres fois, je suis en situation de challenge et c’est éprouvant. Ils essaient d’écrire la série en restant aussi proche de moi que possible, et cela peut évoluer à mesure que je progresse en tant qu’actrice. »

Elle a déclaré que la série était conçue pour qu’elle puisse jouer différents rôles – une nonne, une infirmière de la Croix Rouge, une candidate à un concours de beauté, une chanteuse, parmi d’autres choses. Au début et à la fin de chaque épisode, elle redevient Jaimie – enseignante la semaine, agent secret le week-end.

Dans un épisode où elle est déguisée en infirmière secouriste, Jaimie a pour mission de voler vers un pays d’Amérique du Sud en proie à une guerre civile. Elle s’envole avec un pilote d’hélicoptère un peu tête brûlée pour secourir un ambassadeur américain et sa femme. Le pilote (joué par Andy Griffith, que vous connaissez probablement comme le shérif de Mayberry [dans le Andy Griffith Show, 1960-1968]) est convaincu qu’une guerre dans la jungle n’est pas un endroit pour une femme. (Bien sûr, il ne sait pas que Jaimie est bionique.) Il admire son courage, toutefois, spécialement quand leur hélicoptère est abattu et mis hors d’usage et qu’ils doivent terminer leur périlleux voyage à pied.

Quand ils arrivent finalement jusqu’à la femme de l’ambassadeur, ils la découvrent coincée dans des débris à la suite d’une explosion. Jaimie montre alors au pilote de quoi est capable un « Ange de la Miséricorde » bionique.

 

Comme Steve, Jaimie se retrouve parfois du mauvais côté de la loi.

Dans un épisode, Jaimie, accusée à tort d’avoir volé un décodeur, s’évade de prison en passant à travers le mur. Pour appeler Oscar Goldman d’une cabine téléphonique, elle démonte le boîtier du téléphone pour trouver une pièce pour téléphoner et explique alors sa situation à Oscar. Elle lui dit qu’elle est poursuivie et en grand danger.

« Maintenant je sais ce que Bambi a ressenti le premier jour de la chasse », lui dit-elle.

Jaimie a donné le décodeur à un homme se faisant passer pour un Général mais qui est en réalité le bras droit du Dr Hatch (joué par l’acteur vétéran Barry Sullivan), qui a développé le décodeur.

La super ouïe de Jaimie lui permet d’écouter les conversations : « Ted était censé faire s’écraser l’hélicoptère et laisser des indices pour les flics » (pour piéger Jaimie), « mais Ted a été tué dans le crash. Les flics ont quand même avalé notre mise en scène contre la fille (Jaimie), alors on est tranquilles. »

Mais ils ne le sont pas, bien sûr, pas avec Jaimie en liberté. Quand elle confronte le Dr Hatch au Laboratoire de Recherche Hatch, le docteur prétend appeler Oscar pour s’expliquer. En réalité, il appelle un assistant qui a comploté avec lui. Le Dr Hatch avoue à Jaimie qu’il a volé son propre décodeur parce que c’était « une camelote inutile ».

A ce moment, l’assistant, armé d’un pistolet, entre et force Jaimie à se rendre dans un vaste coffre qui contient des papiers prouvant que le décodeur ne fonctionne pas. Il a été piégé pour exploser quelques minutes plus tard, détruisant toutes les preuves de la défectuosité du décodeur, en même temps que Jaimie. Ils prévoient de dire aux autorités, après coup, qu’elle a dû essayer de forcer le coffre.

Jaimie réussit à faire entrer le Dr Hatch dans le coffre avec elle mais l’assistant ferme le coffre quand même, les piégeant tous les deux.

Jaimie pense qu’elle peut sortir du coffre mais elle ne le fera que si le Dr Hatch accepte de lui donner les dossiers prouvant que le décodeur est sans valeur. Quand il réalise qu’elle est sérieuse, il lui remet les dossiers, mais voilà que Jaimie découvre qu’il est presque impossible de s’échapper en passant par la porte verrouillée, en acier épais. Il ne reste que quelques secondes. Finalement, une poussée fantastique de Jaimie les fait sortir juste à peine une fraction de seconde avant que tout n’explose.

« Vous êtes en état d’arrestation », dit l’un des policiers qui l’ont poursuivie.

« Reparlez-m’en après avoir lu ceci », répond Jaimie, lui passant les documents qui prouvent que le décodeur est sans valeur.

Sur ce, Oscar et ses hommes arrivent, l’assistant véreux du docteur est arrêté et tout est résolu.

« Vous avez fait une sortie en fanfare », plaisante Oscar.

Lindsay aime plaisanter au sujet de son personnage. Pendant le tournage d’un épisode, par exemple, elle était assise inconfortablement sur le dos d’un éléphant et le dresseur de l’éléphant a suggéré : « Ce serait bien si vous serriez fort avec vos genoux derrière ses oreilles. »

Lindsay a répondu : « Vous oubliez que j’ai des jambes bioniques. »

Hors plateau, aussi, Lindsay fait des allusions à ses pouvoirs particuliers. Elle a tourné une publicité à Londres pour promouvoir la série – faisant semblant de soulever une voiture à trois mètres au-dessus du sol (c’est en réalité une grue hydraulique qui soulevait la voiture) pour le plaisir des photographes.

Dans l’avion qui la ramenait, quelqu’un lui a demandé s’il pouvait serrer son bras bionique.

« Qu’est-ce que vous diriez d’une petite tape bionique sur votre bouche ? », a-t-elle répondu.

 

Lindsay Wagner elle-même

 

En janvier 1976, Lindsay et Michael Brandon, l’acteur-scénariste, conduisaient dans Coldwater Canyon quand la MG décapotable de l’actrice s’est écrasée contre un arbre. Malgré sa super force à la télé, Lindsay s’est entaillé la lèvre si profondément qu’il a fallu des points de suture, et la production de la série a dû être interrompue pendant deux semaines.

« Si seulement cette gamine avait une lèvre bionique ! » a-t-on entendu dire à l’un des exécutifs. A quoi un autre, qui avait participé à la dure renégociation de son contrat, a répondu en se moquant : « Elle a déjà une bouche bionique. »

Mais Lindsay ne riait pas sur le coup. En plus de sa coupure sérieuse à la lèvre, elle a eu besoin de points de suture sur le crâne et elle s’est aussi froissé les côtes, ce qui a mis un mois à guérir. Hors plateau, être une femme bionique ne vous protège pas tant que ça !

 

Lindsay Wagner et son petit ami de l'époque, l'acteur-scénariste Michael Brandon

 

Lindsay avait été mariée à un directeur de maison de disque quelques années avant de rencontrer Michael Brandon. Elle s’était mariée très jeune, comme Lee Majors, et le mariage n’avait pas duré.

Brandon, qui a travaillé sur un script pour Super Jaimie au milieu de l’année 1976, a déclaré que pour Lindsay et lui cela avait été le coup de foudre. « Elle est belle, elle est intelligente et nous apprenons l’un de l’autre constamment », dit-il.

 

Récemment, interviewée par Bill Boggs dans l’émission Friends de NBC, Lindsay s’est entendu demander si elle accordait une grande valeur au fait de vouloir ou d’avoir besoin d’amis. « Oh, oui, beaucoup », a-t-elle répondu. Elle n’a pas eu beaucoup d’amis proches dans sa vie, a-t-elle dit à Boggs, mais « les amis que j’ai sont très proches et je perds rarement un ami. Une fois que je me sens très proche de quelqu’un, homme ou femme, c’est en général pour la vie. A ce stade de ma vie, en tout cas. »

Les gens dont elle a partagé la vie, a-t-elle dit, comptent parmi ses meilleurs amis et continueront de le faire. « Ce sont eux qui me connaissent le mieux, qui m’ont connue le plus longtemps, ils ont vécu avec moi des choses très différentes. C’est comme des parents, disons la famille que je n’ai pas eue… »

Lindsay a aussi des amis animaux. Elle possède un cheval nommé Lulu, une mule blanche nommée Nebbin et deux chats.

 

Lindsay est particulièrement heureuse de ce qu’elle a accompli en tant qu’actrice. « Aucune femme n’est passée de la télévision au cinéma. Les hommes oui, mais il n’y a pas eu de femme en vedette dans les séries dramatiques à la télévision. En général, elles sont l’épouse de, ou le faire-valoir de. La raison pour laquelle je fais cette série est que j’ai le contrôle et que je peux améliorer mes talents d’actrice en ayant la possibilité de jouer beaucoup d’autres personnages quand je travaille sous couverture dans le show – infirmière, nonne ou même candidate à un concours de beauté. De cette façon, quand un grand rôle au cinéma se présentera, le studio ne va pas me voir uniquement en Jaimie, capable de jouer uniquement ce rôle. »

« J’aimerais pouvoir tourner des films ayant de la substance », a-t-elle dit à Boggs. « Des films qui, à mon sens, aient de l’intérêt pour le public et pour moi-même.

 » Avec Super Jaimie, c’est vraiment la première fois que je fais quelque chose qui ne soit pas un drame très sérieux pour moi. Malgré tout, les premiers épisodes de Super Jaimie sont très dramatiques », a-t-elle ajouté.

Elle a fait remarquer qu’on ne lui avait jamais donné l’opportunité de jouer une comédie, « ce que j’aimerais vraiment beaucoup. J’ai eu la possibilité de jouer un peu de comédie dans le show, et c’est vraiment agréable. C’est une expérience sympa.

» Dans Two People (Brève rencontre à Paris), par exemple, j’étais une fille très malheureuse. Un mannequin célèbre de New York qui rencontre un homme, en tombe amoureuse et découvre qu’il s’agit d’un déserteur… Vous passez quatre mois à jouer quelqu’un qui est malheureux et vous avez passé quatre mois à être malheureuse – chaque fois vous y allez et vous vous rendez malheureuse. C’était la même chose avec Paper Chase (La Chasse aux diplômes) – une autre fille avec des problèmes. »

Le Christian Science Monitor a repris ses propos : « La seule chose dont je sois vraiment sûre aujourd’hui est que j’ai besoin d’un pied-à-terre dans la campagne. J’éprouve un sentiment profond pour la terre – les bois, en particulier. Alors, en 1974, j’ai acheté 160 acres dans l’Etat de Washington. Vingt-cinq acres dégagés, le reste boisé, avec une petite maison pittoresque vieille de soixante ans posée dessus comme ça et deux vieilles granges. Personne n’a vécu là depuis 25 ans. De devant la maison, on peut voir le Mont Hood, cette grande montagne couverte de neige. On peut s’asseoir là et le contempler toute la journée. Il n’y a pas des milliards de gens autour, comme à Los Angeles ou New York. Il n’y a plus rien pour moi dans les villes. A part les films. »

 

Lee Majors, après avoir bouclé 16 épisodes en 20 semaines, a commenté avec un sourire : « Un sacré boulot, même pour un homme bionique. » Il n’est pas surpris de la popularité de sa série. « Cela tient au culte du héros chez les gamins », selon lui. Ayant lui-même connu ce culte du héros, il sait de quoi il parle.

Mais à en juger d’après les audiences, les gens de tout âge  regardent autant la série de Lee que celle de Lindsay.

C’est peut-être Ken Johnson qui a la meilleure explication à la popularité de personnages comme Jaimie et Steve. Voici ce que dit le créateur et producteur de Super Jaimie : « Je pense que tout le monde rêve d’être bionique. Est-ce que ce ne serait pas sympa d’être capable de courir 60 miles à l’heure ou d’entendre des conversations à un mile de distance ? »

Ou de voir des choses très éloignées – même dans le noir – que n’importe qui ne pourrait voir en plein jour qu’avec un télescope ?

Grâce à Jaimie et Steve vous pouvez faire ça deux fois par semaine. Rien n’est impossible – en tout cas à la télé.

 

 

De passage à Londres, Lindsay Wagner se prête à une séance de photographies publicitaires pour mettre en scène la formidable puissance bionique de Super Jaimie. La voiture qu'elle soulève d'un bras est évidemment fixée au camion garé à côté.

 

 

Tag(s) : #Dossiers 1970s
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :