Le numéro de TV Guide du 8 mai 1976 offrait la couverture à Lindsay Wagner, avec une photo où elle posait en Jaime Sommers saisie en pleine course, bras et jambes en mouvement, cheveux au vent. Un article de Bill DAVIDSON retraçait la carrière (encore jeune) de Lindsay Wagner afin de présenter au public le parcours étonnant de cette actrice hier inconnue qui se retrouvait propulsée sur le devant de la scène, plébiscitée par le public après son apparition dans le rôle de la petite amie de Steve Austin - le premier homme bionique, celui qui avait coûté six millions de dollars au contribuable américain, soit la bagatelle de trois milliards de francs de l'époque selon le calcul des adaptateurs français - et vedette de sa propre série diffusée en même temps que L'Homme qui valait trois milliards.
Dans la page de ce TV Guide que nous traduisons ici, Bill DAVIDSON entreprend de raconter comment cette inconnue qu'un guide du parc Universal confondait avec Lyle Waggoner (hier co-vedette du Carol Burnett Show et bientôt partenaire de Lynda Carter dans Wonder Woman, dans le rôle du Major Steve Trevor) a réussi à faire cracher à Universal (un studio que Stephen J. Cannell, qui y a travaillé longtemps, a qualifié un jour de marchands de saucisses, pas franchement une entreprise philanthropique) un salaire mirobolant pour devenir la première femme bionique de la télévision.
On trouvera, après la traduction, la page de l'article (la seule dont je dispose pour l'instant, amis qui sait ? demain, peut-être...).
Traduction non officielle et non autorisée, par TLP.
Le texte original est (c) copyright 1976 by Bill Davidson / TV Guide
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[…] Soudain, alors qu’un tram passait, l’agitation de Lindsay elle-même dépassa celle de Neil. Elle avait entendu le guide touristique annoncer : « Vous regardez maintenant le tournage de la série Super Jaimie. La femme au lion est la star de ce show : Lyle Waggoner. »
Je fus témoin de cet incident quelques jours avant la diffusion du premier épisode de Super Jaimie sur ABC. Peu de temps après, la série prit l’industrie par surprise en atteignant la quatrième place ex-aequo dans les sondages Nielsen, en même temps que sa série-mère, L’Homme qui valait trois milliards – et alors n’importe quel guide d’Universal sut la différence entre Miss Wagner et l’ancien faire-valoir du Carol Burnett Show. En outre, avec son visage et sa silhouette désormais connus des autres interprètes du parc Universal, Lindsay était regardée avec une admiration manifeste tandis qu’elle arpentait les rues du studio – mais pas en premier lieu pour ses regards ou ses audiences.
La raison de sa célébrité fut exprimée le plus simplement par l’acteur James Brolin de Marcus Welby, que j’avais entendu murmurer : « Alors c’est elle la fille qui a secoué l’arbre de la Tour Noire. » A Universal, la Tour Noire est l’immeuble de bureaux qui héberge les exécutifs du studio, qui ne sont pas connus pour leur générosité. Ainsi, à Universal, « secouer l’arbre de la Tour Noire » est l’équivalent de faire exploser la banque à Monte Carlo.
Et ça, en effet, c’est ce qu’a fait Lindsay Wagner.
Il y a un peu plus d’un an, elle était virtuellement inconnue. Lindsay s’était frayé un chemin hors de l’enfance dans un quartier difficile d’Eagle Rock, une banlieue pas glamour de Los Angeles ; et en 1971, à 22 ans, elle signait avec Universal un contrat d’artiste à $162 la semaine. En tant qu’artiste sous contrat, elle était censée jouer de petits rôles dans les séries Universal et se faire un nom d’actrice à mesure que son salaire augmenterait.
Lindsay reçut les augmentations de salaire mais pour ce qui est de se faire un nom, elle était un peu à la traîne. Elle aspirait à des rôles dans des films Universal aussi prestigieux que Tremblement de terre et Les dents de la mer mais tout ce qu’elle a eu c’est Owen Marshall, The Bold Ones et autres séries télé plus ou moins moribondes. Elle a obtenu des rôles de premier plan dans deux films – Two People (Brève rencontre à Paris) avec Peter Fonda, et The Paper Chase (La Chasse aux diplômes) avec John Houseman – mais Universal n’avait rien à voir dans ces contributions et le studio ne prêtait aucune attention aux critiques enflammées qui la décrivaient comme « une actrice extraordinaire et instinctive ». On la voyait au studio comme trop grande, trop maigre, trop plate, pas très glamour. Aussi, au début de 1975, ce qui devait arriver arriva. Le renouvellement de son contrat fut abandonné par Universal. C’est la façon polie de dire qu’elle fut virée.
C’est à ce moment-là, de manière assez surprenante, qu’elle se mit à secouer l’arbre de la Tour Noire. Comme dans toutes les grandes entreprises, il n’est pas rare que la main gauche ne sache pas ce que fait la main droite. Alors qu’on discutait du renvoi de Lindsay au département casting, les responsables de la programmation cherchaient une jeune femme pour jouer une histoire d’amour en deux parties avec Lee Majors dans L’Homme qui valait trois milliards. Certaines personnes pensaient que le show était trop impersonnel. Le producteur exécutif de la série, Harve Bennett, m’a déclaré : « Trop de gens pensent que c'est une série pour enfants où on ne fait que courir et sauter. Pour attirer un public adulte et rendre Steve plus humain, plaçons-le dans une relation avec une fille qui compte beaucoup pour lui. Au cours de l’histoire elle a un accident et elle ne peut être sauvée que par la greffe d’un bras bionique et de jambes comme les siennes, mais au bout d’un certain temps ça ne fonctionne pas et il la perd. Ça va pleurer dans les chaumières. »
Restait à savoir qui allait interpréter la fille. […]