Guide réalisé par Thierry Le Peut
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Avec James Stacy (Johnny Madrid Lancer), Wayne Maunder (Scott Lancer) et Andrew Duggan (Murdoch Lancer). Et avec Elizabeth Baur (Teresa O’Brien). Et Paul Brinegar (Jelly Hoskins).
Voix françaises : René Arrieu (Murdoch), Philippe Ogouz (Johnny), Georges Poujouly (Scott), Janine Forney (Teresa), Guy Piérauld (Jelly).
Créé par Samuel A. Peeples
Produit par Alan A. Armer (à partir de 1.02)
Thème musical de Jerome Moross
Supervision de la musique Lionel Newman
Première diffusion américaine : CBS, le mardi 24 septembre 1968, à 19 h 30
Première diffusion française : 2e chaîne de l’ORTF, du dimanche 26 avril au dimanche 26 juillet 1970 à 19 h 10 (13 épisodes)
Saison 1
(1968-1969)
1.01 The High Riders (La voix du sang)
CBS, 24 septembre 1968 – 2e chaîne de l’ORTF, dimanche 26 avril 1970
Musique de Hugo Friedhofer
Adaptation de Dean Riesner, histoire de Samuel A. Peeples
Produit et réalisé par Sam Wanamaker
Dans la vallée de San Joaquin en Californie, près de la ville de Morro Coyo, Murdoch Lancer a bâti un empire sur le point de s’effondrer. Son ranch de cent mille acres est l’objet d’attaques répétées dont la dernière a coûté la vie à son régisseur, Paul O’Brien, et lui a valu à lui-même une blessure dont il se remet encore avec peine. Un gunfighter, Day Pardee, lui a tiré dans le dos alors qu’il tentait de reprendre des chevaux qu’on lui avait volés. C’est la raison pour laquelle Murdoch charge l’agence de détectives Pinkerton de retrouver ses deux fils, nés de mères différentes, Scott et Johnny. Aucun des deux ne connaît l’existence de l’autre, et tous deux ont grandi loin de leur père. Le premier mène une vie de dandy à Boston tandis que le second, sous le nom de Johnny Madrid, va d’une aventure à l’autre et met sa vie en péril : l’agent de Pinkerton le retrouve alors qu’il est à deux doigts d’être fusillé par un peloton d’exécution au Mexique. Les deux hommes se retrouvent sans le savoir dans la même diligence qui les dépose à Morro Coyo. Là, ils apprennent la vérité de la bouche de Teresa, la fille d’O’Brien, qui vit au ranch Lancer avec Murdoch, qu’elle considère comme un second père. Si les sentiments de Teresa à l’égard de Murdoch sont faits d’admiration et de dévotion, il n’en va pas de même évidemment pour Scott et Johnny, qui pensent que leur père les a rejetés et n’a jamais voulu les connaître. Aussi répondent-ils avec prudence à sa proposition manifestement intéressée : il leur offre un tiers du ranch en échange de leur aide contre ceux qui cherchent à l’en dépouiller. Si Scott semble accepter sans ambiguïté les termes du contrat, les choses sont moins claires en ce qui concerne Johnny. Ce dernier, en effet, prend contact avec Day Pardee, qu’il a déjà rencontré et qui ne se doute pas de son lien de parenté avec Murdoch Lancer. Lorsque deux hommes de Pardee s’en prennent à Scott, il ne bouge pas. Plus tard, il refuse de se plier aux injonctions de Murdoch, préférant continuer de jouer la partie à sa manière. A-t-il l’intention de se ranger au côté de Pardee ?
Avec Joe Don Baker (Day Pardee) et Anthony Caruso (Toledano). Et avec Robert Adler (stage driver), Gil Barreto, Paul Fierro (Cipriano), Lisa Jak (Barbara), Gordon Jump (Pinkerton agent #2), John Leuger, Ruben Moreno (Isidro, le chef du peloton d’exécution mexicain), Alberto Morin (Don Valmero ou Baldomero), Vernon Rich, Julian Rivero (le porteur d’eau mexicain), Chuck Roberson (Paul O’Brien), Stephen Roberts (Pinkerton agent #1), Ref Sanchez, Ralph Server, Alex Tinne (un homme de Pardee, Indien), Stanley Waxman (Attorney Randolph), Jack Williams (un homme de Pardee) et Sean McClory (Coley McHugh).
Comme dans La Grande vallée, le premier épisode repose sur une situation familiale potentiellement conflictuelle qui sera atténuée dès l’épisode suivant. Scott et Johnny Lancer, qui découvrent chacun l’existence de l’autre et apprennent seulement à se connaître, n’éprouvent a priori ni amour ni confiance envers un père qu’ils n’ont jamais rencontré. Les circonstances de leur éloignement en bas âge pourront être évoquées et précisées dans des épisodes ultérieurs. Teresa, cependant, apprend à Johnny que, contrairement à ce qu’il pense, il n’a pas été rejeté par son père mais que c’est sa mère qui est partie avec un autre homme, en emmenant l’enfant avec elle. Murdoch Lancer, s’il conservera par la suite une certaine dureté, se montre ici particulièrement fier et fermé, de façon compréhensible puisqu’il n’a pas de ses deux fils une meilleure connaissance qu’eux de lui. Cette défiance réciproque sera atténuée dès le premier épisode régulier (le premier épisode étant une version remontée du pilote d’une durée d’une heure, tourné plus tôt par Sam Wanamaker, à la fois réalisateur et producteur, qui n’est pas impliqué ensuite dans la série), même si le thème de la construction progressive d’une relation filiale reste présent dans la série.
Le pilote fut tourné dans le Rancho San Carlos, une propriété dont la maison principale est une hacienda de type espagnol construite dans les années 1920 par l’homme d’affaires d’origine canadienne George Gordon Moore, devenue ensuite l’hacienda du Santa Lucia Preserve qui existe toujours dans la région de Carmel, en Californie. Si ce ranch continue d’apparaître dans le générique de la série, ce sont essentiellement des plans tournés pour le pilote qui seront utilisés ensuite tandis que les scènes se déroulant dans et autour du ranch seront tournées ailleurs. La vaste pièce principale où Murdoch Lancer accueille ses deux fils est bien celle du ranch original, avec la grande baie vitrée en forme d’arche, derrière le bureau de Murdoch, qui peut ainsi contempler son domaine lorsqu’il travaille chez lui. En revanche, pour la suite de la série, il s’agit d’un décor reproduit d’après les photos de la pièce originale.
1.02 Blood Rock (Le prix de la vérité)
CBS, 1er octobre 1968
Musique de Robert Drasnin
Ecrit par Jack Turley
Réalisé par Gene Nelson
Les Lancer assistent à l’enterrement de Louise Wallace, qui laisse un garçon orphelin, Ben. Celui-ci est recueilli par un couple mais est tourmenté par le désir de connaître son père. Or, ce dernier est un hors-la-loi fameux, Morgan Price, qui s’introduit de force dans le ranch L afin de remettre à Murdoch une somme qu’il lui demande de transmettre à l’enfant. Ben, dit-il, est et restera son fils, qu’il l’élève ou non. Mais deux de ses hommes, Harris et Baylor, décident de profiter eux-mêmes de l’intérêt de Price pour son fils : ils enlèvent Ben dans l’intention de monnayer sa libération. Murdoch et Scott se lancent à leur poursuite et parviennent à libérer l’enfant. Ils remettent les deux hommes au shérif de Blood Rock, qui voit là une opportunité intéressante. Il entend se servir de l’enfant pour attirer Morgan Price et capturer ou tuer ce dernier. Il s’arrange donc pour mettre Ben en présence de Kate, une fille du saloon qui est (secrètement, pense-t-elle) la petite amie de Morgan Price. Puis il se sert du désir de père de l’enfant pour amener Murdoch et Scott à concevoir l’idée d’un rendez-vous entre le garçon et son père. Celui-ci serait invité à venir en ville avec la garantie que le shérif ne tentera pas de l’arrêter. Le shérif se fait prier avant d’accepter, puis il tend une souricière destinée à prendre au piège le hors-la-loi. Price n’est évidemment pas dupe et c’est avec mille précautions qu’il s’introduit en ville à la nuit tombée. Il parvient jusqu’à la chambre des Lancer, où Murdoch le laisse voir Ben, non sans l’avoir exhorté auparavant à ne pas entretenir les illusions de Ben sur une vie heureuse avec son père. Une fois en présence de l’enfant, Price se fait passer pour un émissaire du hors-la-loi, puis déclare que ce dernier a été tué en tentant de rouler ses propres hommes, se rangeant finalement à l’avis de Murdoch. Il lui reste cependant à quitter la ville en trompant une nouvelle fois la vigilance du shérif…
Avec J.D. Cannon (Morgan Price) et John Anderson ([Blood Rock] Sheriff). Et avec Charles Dierkop (Harris), Rayford Barnes (Baylor), Jack Bannon ([Deputy Callis] Tacker), Tracy Morgan (Kate), Michael Stearns (Teague), Jon Lormer (preacher) et Barry Williams (Ben [Wallace]).
1.03 Chase a Wild Horse (Le cheval sauvage)
CBS, 8 octobre 1968
Musique de Leith Stevens
Ecrit par Paul Playdon
Réalisé par Walter Grauman
Johnny est partagé entre le désir de remplir ses responsabilités de Lancer et l’influence de Wes, l’un des employés du ranch, dont l’aspiration à la liberté lui rappelle sa vie d’avant, libre de tout engagement. Quand il décide de suivre Wes à la poursuite d’un étalon, capturant du même coup un troupeau de chevaux sauvages que convoitaient Samuel Stryker et ses fils Davie et Eli, il renonce en même temps à respecter un engagement pris auparavant auprès de Murdoch, qui le lui reproche amèrement. Sur ce, Stryker et son fils Eli viennent réclamer les chevaux capturés par Johnny, en prétendant les avoir pistés durant deux semaines. Murdoch, n’éprouvant aucun intérêt pour ces chevaux mais de la rancune envers Johnny, les lui accorde, à l’exception de l’étalon, provoquant la colère de Johnny qui se querelle avec Eli Stryker. Ce dernier dégaine son arme et Johnny, plus rapide, le blesse. Eli meurt ensuite de sa blessure et Stryker cherche vengeance. L’épisode, cependant, exacerbe le dilemme de Johnny qui décide de reprendre sa liberté en quittant le ranch et en suivant Wes, emmenant l’étalon avec lui. Il ne parvient pas, néanmoins, à partir l’esprit tranquille, encore moins quand, suivant l’avis de Wes, il vend à Dan Spencer, le responsable de l’écurie, la montre que lui avait donnée Murdoch. Et voilà que Wes est tué par l’étalon qu’il tentait de briser. Sa mort amène Johnny à réviser ses projets. Il propose à Spencer de lui laisser l’étalon, qu’il entend briser, en échange de la montre. Puis il rentre au ranch, sans se douter que Stryker et toute une bande de tueurs embusqués l’y attendent de pied ferme…
Avec Robert Wilke ([Samuel] Stryker) et James Gammon (Wes), Paul Carr (Davie [Stryker]). Et avec Vaughn Taylor (Dan Spencer), Bobby Clark (Eli [Stryker]), Lloyd Haynes (rider #1), Hick Hill (rider #2), Brick Huston (Lancer Ranch hand).
Le scénario prolonge la thématique du premier épisode en explorant le dilemme de Johnny, entre responsabilités de propriétaire terrien et aspiration à la liberté que lui procurait auparavant sa vie d’aventures, sans aucune attache. L’étalon fougueux et apparemment indomptable est une projection du caractère partagé de Johnny, tandis que le clan Stryker ajoute une menace qui encadre l’intrigue personnelle et nourrit les péripéties de l’histoire.
La fierté que ressent Murdoch à l’égard de Johnny est visible, bien qu’il s’emploie à dissimuler ses sentiments, ne laissant rien paraître lorsque Johnny décide de quitter le ranch. Murdoch explique ensuite à Scott pourquoi il ne veut pas faire pression sur son frère pour qu’il revienne : il veut que le jeune homme décide lui-même de la vie qu’il entend mener. Scott, de son côté, affiche également une distance digne, respectant le choix de son demi-frère, mais il est visible néanmoins qu’ils se sont attachés l’un à l’autre. Quant à Teresa, elle exprime sans ambages son attachement, se jetant au cou de Johnny en lui demandant de rester.
1.04 Foley (Duel pour un enfant)
CBS, 15 octobre 1968
Musique de Mullendore
Adaptation d’Anthony Spinner, histoire d’Anthony Spinner et Brian McKay
Réalisé par Alex Singer
En voulant porter secours à une jeune femme enceinte attaquée par plusieurs hommes, Scott se retrouve impliqué dans les affaires de Gant Foley et de sa famille. La jeune femme, Polly, a tué l’un des hommes, le dernier fils de Gant, avant de se sauver à la faveur de l’intervention de Scott. Gant cherche à la retrouver car il tient à élever lui-même l’enfant. Or, Polly ne veut pas que son enfant ait la moindre relation avec un homme qui, elle en est persuadée, gâcherait sa vie comme il a gâché déjà celle de ses fils. Scott soigne Polly quand elle s’évanouit en sa présence et, cherchant un médecin, se trouve face aux Foley qui, ne l’ayant jamais vu, sont dupes de ses mensonges. Lorsque Polly s’enfuit de la grange où il l’a laissée, parce que les Foley entreprennent de la fouiller, c’est lui encore qui la retrouve, avec Johnny. Gant Foley et son gang, cependant, traquent le dénommé Lancer et s’en prennent à Murdoch, investissant le ranch et y retenant prisonniers Murdoch et Teresa en attendant le retour de Scott. Celui-ci parvient à leur échapper quand il rentre avec Johnny et Polly. Il confie la jeune femme à Maria, qui pourra prendre soin d’elle et veiller à la naissance de l’enfant. Le gang Foley ne tarde pas néanmoins à les retrouver. Gant entre alors en conflit avec son neveu Corey sur la façon de gérer la situation et leur querelle pourrait tourner à l’avantage des Lancer…
Avec R.G. Armstrong (Gant Foley) et Lynn Loring (Polly), Don Quine (Corey [Foley]). Et avec Joe Perry (Marsh), Harper Flaherty (Lew), Rosa Turich (Maria), Bert Santos (vaquero), John McKee (man), Lorne McKellar (asst. bank manager), Arvo Ojala (Dee), June Dayton ([doctor’s] wife).
1.05 The Lawman (Un shérif en or)
CBS, 22 octobre 1968
Musique de Leith Stevens
Ecrit par Laurence Heath
Réalisé par Allen Reisner
Un vieil ami de Murdoch, le marshal Joe Barker, s’arrête au ranch sur la route de Sacramento, où il conduit le prisonnier Al Evans avec deux adjoints, Thompkins et Gibbs. Un an plus tôt, Murdoch avait écrit à Joe, qui prendra bientôt sa retraite, en lui proposant une association dans son ranch. Aussi Joe est-il surpris de découvrir que Murdoch a aujourd’hui partagé le ranch avec deux fils dont il n’était pas question dans la lettre. Joe ne le dit pas mais il comptait beaucoup sur une association avec Murdoch non seulement pour trouver un point de chute après avoir rendu son badge mais aussi pour se sortir d’embarras : il ne prend pas sa retraite, en effet, il est viré et doit beaucoup d’argent. Aux yeux de ses adjoints, Barker n’est plus qu’un vieil homme méprisable dont on attend le départ, dès la fin de ce voyage à Sacramento. Aussi, lorsqu’Evans fait miroiter au marshal une belle somme en échange de sa complicité pour s’évader, Joe se laisse tenter. Il accepte l’hospitalité de Murdoch durant une journée, au cours de laquelle Evans est placé dans une cellule dans l’un des bâtiments du ranch. Puis il lui retire ses menottes. L’adjoint Gibbs les surprend et Evans le tue. Joe le laisse s’enfuir et dispose le corps de Gibbs pour faire croire qu’il a été surpris par le prisonnier, mais Johnny, qui a entendu le coup de feu, arrive sur ces entrefaites et Joe, sans se faire voir, l’assomme et le laisse sans connaissance près du cadavre de Gibbs. Quand l’adjoint Thompkins le trouve là, il croit que Johnny a aidé Evans à s’évader et tué Gibbs. Johnny, en effet, connaît Evans, qu’il a rencontré au Mexique, et cela rend l’hypothèse d’une complicité crédible aux yeux de Thompkins. Seul Evans pourrait innocenter Johnny, aussi Scott puis Murdoch organisent-ils les recherches. Scott soupçonne vite Barker de vouloir les entraîner sur une fausse piste. Barker, en outre, essaie de persuader Murdoch de faire évader Johnny, qui risque la pendaison pour le meurtre d’un homme de loi…
Avec James Gregory ([Joe] Barker), Robert Doyle (Al Evans), John Milford (Thompkins), Jack Garner (Gibbs), Lloyd Haynes (Frank).
Frank, l’employé du ranch, apparaissait déjà dans le 1.03, sans être nommé. Il participe ici à plusieurs scènes.
Le prénom de la mère de Johnny est mentionné : Maria. Un prénom décidément en vogue dans la série : c’était celui de la femme tuée par les raiders de Pardee dans l’épisode 1.01, et celui de la femme à qui Scott confiait Polly dans l’épisode 1.04.
1.06 Julie (Julie)
CBS, 29 octobre 1968 – 2e chaîne de l’ORTF, 24 mai 1970
Adaptation de Paul Playdon, histoire de Don Brinkley et Paul Playdon
Réalisé par William Hale
Après avoir laissé Murdoch dans la diligence, lors d’un voyage destiné à acheter du bétail, Johnny et Scott se retrouvent libres de leur temps dans une ville où aucune obligation ne les contraint. Scott remarque une jeune femme charmante dont il entreprend d’attirer l’attention. Mais elle est suivie et épiée par deux hommes auxquels elle cherche à échapper, et elle voit dans l’apparition de Scott un moyen d’y arriver. Quand les deux hommes assomment Scott, elle subtilise son portefeuille et se sauve. Les deux hommes, des chasseurs de primes du nom de Lucas Thatcher et Wade Hackett, expliquent au shérif Cutler qui les surprend un instant plus tard que Scott est un homme recherché pour vol et meurtre, Jonas Barret, dont ils ont traqué la sœur Julie afin qu’elle les mène à lui. La description portée sur l’avis de recherche, qui ne porte aucun portrait, pourrait correspondre à Scott mais, dans le doute, et devant l’incapacité de Scott de prouver son identité, le shérif décide de le garder en cellule. Johnny affirme que Scott est son frère mais sa parole ne suffit pas, d’autant que les deux chasseurs de primes affirment avec véhémence que Scott est bien Jonas Barret. Johnny se lance donc à la recherche de la femme, Julie, qui a quitté la ville. L’ayant retrouvée, il préfère dissimuler son identité et lui mentir afin qu’elle le conduise jusqu’à Jonas. Julie a rendez-vous avec ce dernier, afin de lui donner de l’argent qui l’aidera à s’enfuir au Mexique. Pendant ce temps, en ville, Lucas et Wade n’ont pas la patience d’attendre : ils décident de sortir Scott de cellule, dans l’intention de le tuer pour toucher ensuite la prime…
Avec Susan Strasberg (Julie [Barret]), Bruce Dern (Lucas [Thatcher]), John Kellogg (Sheriff Cutler). Et avec Val Avery (Wade [Hackett]), Frederic Downs (livery stable owner), Lincoln Tate (Jonas [Barret]), Clint Sharp ([stage] driver).
Scénario improbable pour un mélange d’erreur et de mauvaise foi teinté de manipulation multiple, auxquelles s’ajoute un soupçon de romance en mode accéléré avec Susan Strasberg comme pièce maîtresse et Bruce Dern en chasseur de primes véhément et peu scrupuleux. Andrew Duggan apparaît au début et à la fin, laissant Stacy et Maunder se débrouiller dans l’intervalle, le temps de deux journées à peine.
L’action se passe loin du ranch L et Teresa n’apparaît pas (même si Elizabeth Baur est créditée au générique de fin, comme pour chaque épisode).
1.07 The Prodigal
CBS, 12 novembre 1968
Musique de Hugo Friedhofer dirigée par Lionel Newman
Adaptation de D.C. Fontana, histoire de Mel Goldberg et D.C. Fontana
Réalisé par Sobey Martin
Lors d’un voyage d’affaires à San Francisco, Murdoch retrouve une femme qu’il a aimée autrefois, Marcy Dane, aujourd’hui veuve et père d’un jeune soldat, Jeff. Celui-ci est un « mauvais sujet », aux dires du prévôt qui explique à Marcy la peine de six mois de prison que purgent Jeff et son acolyte Packer, accusés de désertion. C’est dans l’espoir de lui trouver un endroit où s’amender, sous l’égide d’une autorité paternelle qu’elle est bien en peine de lui donner, qu’elle accepte volontiers l’invitation à séjourner au ranch L que lui fait Murdoch. Elle ne dit rien cependant de son fils. Scott, Johnny et Teresa ne sont pas mécontents de voir Murdoch vivre une sorte d’idylle, bien que les deux tourtereaux ne soient pas tout à fait sur la même longueur d’onde. Marcy réalise qu’elle est amoureuse, tandis que Murdoch apprécie sa compagnie et son amitié mais n’envisage pas un engagement plus profond. Jeff, cependant, s’évade de la prison militaire avec Packer, en tuant involontairement un garde. Ils suivent la trace de Marcy jusqu’au ranch et Jeff explique sa situation en jurant qu’il est victime des circonstances et qu’il n’a jamais eu l’intention de tuer qui que ce soit. Marcy est prête à le croire, comme elle l’a toujours fait, et en tous les cas à le protéger en lui permettant de s’enfuir, mais les Lancer ne sont pas dupes de l’innocence affichée par le jeune homme et considèrent que la seule option pour lui est de se rendre aux autorités et de plaider sa cause honnêtement. Jeff et Packer forcent le coffre de Murdoch et volent l’argent destiné à la paye des employés, avant de s’enfuir dans la nuit en direction de San Francisco où ils comptent s’embarquer pour l’Amérique du Sud. Marcy emprunte un cheval et les suit, non sans laisser une note à Murdoch qui, dès le lendemain, se lance sur leurs traces. Il n’a pas grand mal à les rejoindre, mais Jeff et Packer n’ont pas l’intention de se laisser détourner de leur projet…
Avec Phyllis Thaxter (Marcy [Dane]), Johnny Crawford (Jeff [Dane]). Et avec Kevin Hagen (Packer), Del Monroe (Lt Hartford), Stewart Bradley ([Tim] Phillips), Roy Engel ([Clem] Carven), Jason Wingreen ([San Francisco Hotel] clerk), Ray Kellogg ([Army Prison] guard) et Paul Picerni (Provost Marshal).
Histoire de famille doublée d’une romance entre Murdoch et un ancien amour, dont il dit qu’elle aurait pu, si les choses avaient tourné différemment, être la mère de Scott et Johnny. Johnny Crawford, l’ancien jeune protagoniste de L’Homme à la carabine, incarne le fils « victime des circonstances », qui profite de l’amour inconditionnel de sa mère pour fuir constamment ses responsabilités. La réticence de Murdoch à se marier affirme l’indépendance du personnage (qui, on s’en souvient, a déjà été marié deux fois).
1.08 Jelly
CBS, 19 novembre 1968
Musique de Mullendore
Ecrit par Jack Turley
Réalisé par Sobey Martin
Les Lancer sont à Spanish Wells quand un gang attaque la banque. Une fusillade s’ensuit et Johnny enfourche sa monture pour se joindre au posse poursuivant les voleurs. Nul ne remarque un vieil homme qui, au milieu des témoins de la scène, subtilise un sac d’argent perdu par les voleurs et, ne sachant où le cacher, le dissimule dans la paille que transporte le chariot des Lancer. Quand ceux-ci reprennent le chemin du ranch, il feint d’être renversé par l’attelage afin de retenir le chariot. En l’absence de Doc Jenkins, Murdoch décide de soigner le blessé au ranch. L’homme, Jelly Hoskins, est traité comme un prince et tout le monde se rend vite compte qu’il en abuse. La quantité de nourriture qu’il réclame est impressionnante mais il ne se contente pas de cela : les meilleurs cigares de Murdoch, un bon vin, et tous les soins qu’exige son état. Scott ne comprend pas pourquoi Murdoch ne réagit pas. Pendant ce temps, Johnny, qui s’est séparé du posse, est blessé à la tête par un tir des deux voleurs qui ont échappé aux poursuites, Chalker et Logan. Il est recueilli par une tribu de petits vagabonds installés dans une vieille cabane, qui prennent soin de lui. Bientôt, leur « père » est de retour au foyer, avec un sac plein de provisions : il s’agit de Jelly, qui n’a pas avalé ce qu’on lui apportait au ranch mais l’a fourré dans un large sac afin de le rapporter à « ses » enfants. Tous ces gamins sans famille ont été recueillis par lui au cours des années et ils vivent tant bien que mal en vagabondant à travers le pays. Johnny lui aussi s’attache rapidement aux enfants, au point qu’il ne se presse pas de les quitter, prenant prétexte de sa blessure. Jelly, cependant, qui a quitté le ranch et y est retourné en s’efforçant de ne pas se faire remarquer, est bientôt surpris par Murdoch et Scott, qui ont remarqué qu’il avait aussi volé un collier de perles appartenant à Teresa. Cette fois, Murdoch le remet au shérif de Spanish Wells. Johnny, sur ces entrefaites, rentre au ranch et, apprenant la chose, décide de recueillir les enfants au ranch. Mais l’un d’eux, Toogie, fait une chute en cherchant dans la paille de la grange le sac d’argent dissimulé par Jelly, que par ailleurs les deux voleurs recherchent toujours de leur côté. Johnny court chercher Doc Jenkins à Spanish Wells et Jelly s’évade de prison pour porter secours à l’enfant, tandis que Chalker et Logan le suivent jusqu’au ranch…
Avec Paul Brinegar (Jelly Hoskins), Ronny Howard (Willy). Et avec Ken Lynch (Chalker), James Wainwright (Logan), Russell Thorson (Doc Jenkins), William Bryant (Sheriff), Teddy Quinn (Sawdust), Chris Hundley (Pokey), George Ostos (Juanito), Mark Robert Brown (Boomer), Tony Davis (Chief), Craig Jue (So So), Mike Freeman (Toogie).
Libéré depuis à peine deux ans de Rawhide, Paul Brinegar incarne ici un vagabond au grand cœur, père de substitution d’une tribu d’orphelins qu’il habille et nourrit en secret. Sa rencontre fortuite avec les Lancer est le point d’entrée de son introduction dans la série en tant que personnage semi-régulier. Les Lancer jouent ici les adultes responsables en plaidant pour confier les orphelins à des familles qui pourront les élever et les éduquer décemment. Entre-temps, la tribu, emmenée par le « grand » Ronny Howard, constitue l’atout-cœur de cet épisode, autant que Brinegar.
1.09 Last Train for Charlie Poe
CBS, 26 novembre 1968
Musique de Leith Stevens
Ecrit par Carey Wilber
Réalisé par Donald Richardson
Marks et son gang portent une étoile qui leur confère de l’autorité dans la vallée de Spanish Wells mais ils n’en sont pas moins des crapules. Fort d’un document officiel lui donnant la propriété de nombreuses terres de la vallée, Marks exproprie des fermiers sans délai et sans ménagements. C’est ce qui arrive au couple Poe, Charlie et Mollie, qui doivent quitter leur ferme sans même avoir le temps d’empaqueter leurs affaires. Pire encore : accusant Charlie et Johnny de résistance à un représentant de la loi, Marks les fait mettre en prison par le shérif Gabe, qui est contraint d’appliquer la loi et de laisser faire. Les Lancer veulent s’opposer à la main-mise de Marks sur la vallée et choisissent deux voies opposées : tandis que Murdoch plaide à Sacramento auprès des autorités officielles, Scott et Johnny veulent attaquer le train dans lequel vont être acheminés les fameux documents officiels dont se prévaut Marks pour agir à son gré. Le shérif Gabe se rend complice de leur évasion après que les hommes de Marks ont abattu sans motif et sans procès le vieux Mick, qui était retourné à la ferme Poe pour nourrir les bêtes. Ils demandent le concours d’un vieil ami de Charlie Poe, Davey Horn, spécialiste en explosifs, qui prépare de la nitroglycérine pour attaquer le train et forcer le coffre-fort contenant les documents. Marks, de son côté, a renforcé la sécurité du convoi. Il est incapable néanmoins d’arrêter les assaillants qui emportent les documents. Charlie entre alors en conflit avec Davey qui veut s’emparer aussi de trente mille dollars contenus dans le coffre…
Avec Harold Gould (Charlie Poe), Mary Fickett (Mollie [Poe]), Dub Taylor (Davey Horn). Et avec Frank Marth (Marks), George Keymas (Slaughter), William Bryant (Sheriff Gabe), Harry Swoger (Mick), Robert Cornthwaite ([Judge] Homer Ord), Ian Wolfe (Judge Tolliver), Hank Worden (store owner), Bob Dodson (messenger).
1.10 Glory
CBS, 10 décembre 1968
Musique de Leith Stevens
Ecrit par Jack Turley
Réalisé par Gene Nelson
Glory voyage avec son grand-père Garrison Collier, venu autrefois d’Angleterre. Collier gagne sa vie en plumant ses partenaires de poker. Jusqu’au jour où il trouve plus fort que lui en la personne de Wade Hatcher, qui ne se laisse pas duper par les mensonges du vieil homme et de sa petite-fille (on leur aurait volé leurs économies) et exige les cinq cents dollars que lui doit Collier. Celui-ci ne trouve pas d’autre partenaire de jeu susceptible de lui rapporter une telle somme dans les deux jours que lui accorde Hatcher, aussi Glory entreprend-elle de trouver l’argent en usant des ficelles mille fois utilisées dans sa vie errante auprès de son grand-père : elle jette son dévolu sur les Lancer et s’arrange pour être invitée au ranch, où elle joue de ses charmes sur Scott. Ce dernier n’est pas vraiment dupe mais n’en ressent pas moins une attirance sincère envers la jeune femme. Johnny, cependant, rencontre Collier en ville et comprend que ces deux oiseaux sont complices. Acculée, Glory se résout à quitter le ranch… en volant les six cents dollars que Murdoch vient de remettre à Scott pour aller négocier l’achat de bétail le lendemain. Les trois Lancer se retrouvent à chevaucher au milieu de la nuit pour retrouver l’intrigante et l’argent qu’elle a emporté, tandis que Hatcher et son compère Leggitt n’ont jamais quitté des yeux le fourbe vieillard resté en ville…
Avec Brenda Scott (Glory [Smith]), Laurence Naismith ([Garrison] Collier), Johnny Seven ([Wade] Hatcher), Walter Baldwin (storekeeper), Matt Emery (Leggitt), Vic Perrin (Pete), Anthony Redondo (derelict).
Scott, que l’on a vu en dandy séducteur bien peu intimidé par le sexe faible dans l’épisode pilote, manifeste ici une étonnante ingénuité, voire de l’embarras, devant la séduisante – et séductrice – Glory. Loin d’être dupe de ses mensonges, il n’en tombe pas moins sous le charme.
1.11 The Heart of Pony Alice
CBS, 17 décembre 1968
Ecrit par Ken Trevey
Réalisé par Christian Nyby
Déçu de s’être fait avoir en achetant un cheval moins fringant qu’il ne le croyait, Johnny décide de retrouver le vendeur et de se faire rembourser. Mais l’homme, Wilf Guthrie, est un fieffé filou et semble bénéficier du soutien de la petite ville où il vit. Le constable local, Jasper Becket, interfère dans le règlement du compte et Guthrie confie à un colosse le soin de se battre à sa place avec Johnny, qui se retrouve au tapis. Il se prend d’affection, néanmoins, pour une petite fille de dix ans, Pony Alice, qui appelle Guthrie son oncle et dont il est la seule famille, en dehors de Florida, la femme qui tient une pension et qui se chargerait volontiers d’élever la fillette. Aussi n’en croit-il pas ses yeux quand il est témoin d’une vente aux enchères où Guthrie met en vente… Pony Alice, devant une ville qui ne s’en émeut pas et un constable qui interdit même à Johnny d’interférer, déclarant que Guthrie ne fait rien d’illégal et enchérissant lui-même pour acquérir la fillette. Révolté, Johnny offre la somme que demande Guthrie et emmène la fillette dans l’intention de l’élever au ranch L. Très vite, cependant, il est clair que la gamine y est malheureuse. Elle se languit de son oncle, qu’elle s’attend à revoir incessamment, persuadée qu’il cherchait à extorquer de nouveau de l’argent à Johnny, sans aucune intention réelle de l’abandonner. Devant la peine de Pony Alice, Johnny retourne chercher Guthrie, dont il ne s’explique pas l’indifférence à ses yeux scandaleuse. C’est alors qu’il découvre la raison cachée du comportement de Guthrie et de l’étrange soutien que lui témoignent les habitants…
Avec Andrew Prine (Guthrie), Jeanne Cooper (Florida), James Griffith (Constable [Jasper] Becket), Tom Fadden (Ollie Hummer) et Eve Plumb (Pony Alice) et Paul Brinegar (Jelly Hoskins).
L’affection de Johnny pour les enfants se confirme ici, puisque son attachement à la petite Pony Alice est aussi immédiat et puissant que son affection pour les orphelins de « Jelly » (lequel réapparaît ici, désormais employé au ranch Lancer). Il l’explicite, cette fois, en déclarant à la gamine qui s’avoue orpheline : « Moi aussi j’ai été orphelin autrefois. »
L’histoire est construite autour de l’attitude de Wilf Guthrie, étrangement indifférent à tout, plus ou moins suicidaire, capable de vendre aux enchères une enfant qu’au fond il aime autant qu’il en est aimé. Johnny est le candide dont l’intervention met au jour la vérité secrète de Wilf Guthrie.
1.12 The Escape (L’évasion)
CBS, 31 décembre 1968
Musique de Hugo Friedhofer
Ecrit par Anthony Spinner
Réalisé par William Hale
Scott travaille tard au ranch, ce soir-là, quand deux intrus s’introduisent dans la maison et l’obligent à les suivre. Jed Lewis et Rick Hardy étaient soldats pendant la guerre et connaissent Scott, de même que l’homme qui veut le voir : Dan Cassidy. En chemin, Scott parvient à s’enfuir mais reçoit une balle dans l’épaule. Pendant que, le lendemain, les Lancer lancent les recherches en découvrant la disparition de Scott, celui-ci erre, mal en point, en s’efforçant d’échapper à Cassidy, Lewis et Hardy qui le recherchent également. Il parvient jusqu’au cabinet de Doc Hilldenbrand, le vétérinaire de Morro Coyo, qui soigne sa blessure, mais Lewis et Hardy suivent sa trace et il est contraint de s’enfuir à nouveau. Toujours faible à cause de sa blessure, il décide d’aller parler à Cassidy pour régler leur différend. Durant la guerre, tous deux ont été faits prisonniers et détenus dans une prison sudiste. Ils ont planifié leur évasion mais, juste avant de mettre le plan à exécution, Cassidy est tombé très malade et Scott a exécuté le plan sans lui. Tous les hommes qui se sont enfuis avec lui ont été repris et tués ; il fut le seul survivant. Cassidy est donc persuadé depuis lors que Scott a trahi leurs compagnons d’armes. Lewis, dont le frère faisait partie des évadés, en est convaincu lui aussi. Mais lorsque Cassidy et Hardy se trouvent face à Scott et à la femme de Cassidy, Sarah, cette dernière révèle un secret qu’elle a dissimulé depuis toutes ces années et qui change complètement la donne…
Avec Dan Travanty ([Dan] Cassidy) et Lynda Day (Sarah [Cassidy]). Et avec Wayne Rogers ([Jed] Lewis), Robert Biheller ([Rick] Hardy), John Zaremba (hotel clerk) et Joe De Santis (Doc Hilldenbrand).
Vengeance, fuite et poursuite : le sujet est classique, jusqu’au dernier acte qui introduit un rebondissement non pas surprenant en soi mais qui réussit à réorienter l’histoire en laissant de la place aux sentiments mêlés des personnages. Dan Travanty est un peu rigide dans le rôle de l’homme tourmenté par le désir de vengeance mais Lynda Day apporte une touche de sensibilité et une interaction intéressante avec Andrew Duggan et Wayne Maunder.
Hasard de la programmation : les épisodes 12 et 13 n’ont pas été tournés à la suite mais diffusés à une semaine d’intervalle ils montrent John Zaremba dans deux rôles différents, ici un employé d’hôtel, là un prêtre.
1.13 The Wedding
CBS, 7 janvier 1969
Ecrit par Anthony Spinner
Réalisé par Sobey Martin
Josh, un ami de Scott, épouse Laurie et la cérémonie a lieu dans la maison principale du ranch Lancer. C’est Murdoch lui-même qui conduit la mariée devant le prêtre, tandis que Scott se demande d’avoir présenté Laurie à Josh : la jeune femme, en effet, vivait avec un homme peu recommandable nommé Macall. Scott n’est pas convaincu de la sincérité de ses sentiments pour Josh, lequel en revanche est éperdument amoureux. Or, avant de l’épouser, Laurie a écrit une lettre à Macall pour l’en informer, dans le but de le rendre fou de jalousie. Macall fait ainsi irruption au milieu de la cérémonie avec une bande armée et enlève la mariée en laissant Josh sans connaissance. Sitôt revenu à lui, Josh n’a qu’une idée : se lancer à leur poursuite et libérer sa promise. Scott ne peut se résoudre à le laisser se lancer seul, connaissant le caractère impulsif et irréfléchi de son ami. Ils suivent la trace de Macall jusqu’à la petite ferme de Jenny, une jeune femme qui les a effectivement vus passer mais qui monnaye ses informations. Elle les accompagne jusqu’à une ville qui, dit-elle, appartient à Macall, bâtiments et habitants, shérif compris. L’impétuosité de Josh a tôt fait de mettre en alerte le shérif Burgess qui tente de les arrêter. Scott s’enfuit, laissant Josh entre les mains du shérif, puis cherche le moyen de le sortir de là. Il ne voit rien de plus efficace que d’aller trouver Laurie, sachant que Josh n’écoutera qu’elle. Elle l’aide à faire sortir Josh de prison mais il refuse ensuite de repartir sans elle. Scott sait que Laurie s’est servie de Josh pour attiser la jalousie de Macall, qu’elle n’a pas l’intention de quitter. Mais comment faire entendre raison à Josh, trop amoureux pour croire à la félonie de sa bien-aimée, et pour se rendre compte que Jenny l’aime et serait une compagne bien plus convenable pour lui ?…
Avec Bo Svenson (Josh), Brooke Bundy (Jenny), Brioni Farrell (Laurie), Robert Foulk (Sheriff Burgess), Steve Vincent (Vance Davis), Harry Harvey (bartender), John Zaremba (minister) et Lawrence Dane (Macall) et Paul Brinegar (Jelly Hoskins).
Au côté de Bo Svenson en solide gaillard qui fonce d’abord et réfléchit ensuite (éventuellement), Scott se lance dans une opération de sauvetage dont le bénéficiaire est incertain : s’agit-il de sauver la mariée enlevée par le bandit ou de sauver le marié aveuglé par un amour empoisonné ?
Paul Brinegar fait une apparition (le retour au ranch des hommes après une soirée visiblement bien arrosée pour enterrer la vie de garçon de Josh).
1.14 Death Bait (Piège mortel)
CBS, 14 janvier 1969
Musique d’Alexander Courage
Ecrit par Jack Turley
Réalisé par Robert Butler
En l’absence de Scott et Johnny, Murdoch est seul au ranch avec Teresa et Jelly – qui vient d’acheter une oie pour servir de « chien de garde ». Il remarque que quelque chose préoccupe Jelly, qui prétend pourtant le contraire. Soudain, un tireur invisible fait feu sur eux, projetant sur le visage de Murdoch des braises de la forge à laquelle il travaillait. Rendu aveugle, il n’est plus en mesure de maîtriser la situation et doit s’en remettre à Jelly et Teresa, avec lesquels il se terre dans la maison, dans le noir, pour échapper au feu de l’ennemi dissimulé. Sans donner les détails de l’histoire, Jelly affirme que c’est après lui que l’homme en a. Quelques heures plus tôt, en effet, il a trouvé sur le banc de son chariot une étoile de shérif de Day County qui l’a terrifié et a causé l’inquiétude remarquée ensuite par Murdoch. Quel que soit le secret de son passé, il est visiblement convaincu de la dangerosité de leur ennemi. L’homme ayant fait fuir les chevaux du corral, Jelly décide de marcher, en pleine nuit, jusqu’à la ville afin de ramener du secours. L’ennemi invisible sort alors de l’ombre, accompagné d’un chien dressé pour l’attaque ; il se présente à Murdoch et Teresa non comme le tireur mais comme un shérif à la recherche d’un criminel. Méfiants, mais inclinant d’abord à lui accorder crédit, ils le laissent entrer dans la maison. En apprenant que Jelly est parti à pied, l’homme, Gannett, met le feu à la grange afin de l’inciter à revenir pour protéger ses amis. C’est bien ce qui arrive : Jelly vole le cheval d’un voyageur, Renslo, afin de rentrer au ranch…
Avec James Olson (Gannett), Sam Elliott (Renslo), Tom Selleck (Dobie), Bern Hoffman (bartender) et Paul Brinegar (Jelly Hoskins).
Plusieurs motifs « classiques » se mêlent dans le scénario de Jack Turley : les héros assiégés dans leur maison par un ennemi plus ou moins mystérieux, le secret du passé, la vengeance, la cécité provisoire de l’un des héros. James Olson donne au « méchant », Gannett, le calme froid qui le rend d’autant plus dangereux qu’on ne sait pas ce qui se passe dans son esprit. L’explication n’est jamais donnée sur les circonstances exactes de sa vendetta à l’égard de Jelly : ce dernier, raconte-t-il, faisait partie des cinq hommes qui l’ont abandonné prisonnier de fils d’acier dont il n’a pu s’extraire qu’en coupant sa propre main, remplacée par une prothèse au bout de laquelle est fixée une sorte de crécelle qui lui sert à contrôler son chien, un animal effrayant à mi-chemin du loup. L’étoile de shérif qu’il laisse sur le chariot de Jelly pour le terrifier, et le rôle de shérif qu’il revêt ensuite en se présentant à Murdoch et Teresa, suggère qu’il était effectivement shérif quand l’incident s’est produit. Quant au rôle exact joué par Jelly, il restera dans les ténèbres d’un scénario qui met l’accent sur le siège du ranch, la peur de Jelly et la cécité de Murdoch.
On remarque dans des rôles secondaires deux acteurs appelés à une certaine notoriété : Tom Selleck est un client du saloon qui, par ses plaisanteries mal intentionnées, attire sur lui l’attention de Gannett et se retrouve sous la menace des dents acérées du chien-loup ; Sam Elliott est un cavalier solitaire à qui Jelly vole son cheval pour rentrer au ranch à bride abattue.
1.15 The Black McGloins (Une famille noire)
CBS, 21 janvier 1969
Musique de Hugo Friedhofer dirigée par Lionel Newman
Histoire et adaptation de Carey Wilber
Réalisé par Donald Richardson
Scott découvre une brèche dans la clôture du ranch puis une jeune femme à l’accent irlandais prononcé essayant avec difficulté de faire avancer une vache. Il accompagne la femme et la vache jusqu’à une ferme abandonnée où a élu domicile la famille de la jeune femme, les McGloin. Emu par la misère dans laquelle vivent ces squatters, il décide de les laisser vivre sur cette terre qui appartient aux Lancer, leur laisse la vache (volée) et leur apporte même des outils et des graines pour cultiver la terre. En vérité, les McGloin se sont moqués de lui pour l’émouvoir. Ils n’ont pas volé que la vache : bientôt, d’autres fermiers les accusent de vols de cochons ou d’autres choses. Et toujours le rusé Padraic McGloin joue de sa faconde et de son air de chien battu pour tenter d’amadouer ses accusateurs ; quand la comédie ne prend pas, il use d’intimidation, mettant par exemple le feu à la grande de Porter et le menaçant – mais toujours à demi-mots – de faire pire s’il ne lui cède pas quelques cochons. De même avec le fermier Talbot qui, s’étant laissé intimider au point de donner un acte de vente à McGloin, n’a aucun recours légal, au grand dam du shérif Gabe qui ne peut intervenir. Pourtant, malgré l’évidence, Scott se laisse abuser, sans doute parce qu’il trouve bien du charme à Moira McGloin. Les fermiers, en revanche, perdent patience et décident de faire justice eux-mêmes, en pendant McGloin. Celui-ci ne dispose que d’une arme pour retarder l’inévitable en espérant que Moira saura convaincre Scott de prendre une fois de plus leur défense : sa parole intarissable…
Avec Stefanie Powers (Moira [McGloin]), Jonathan Harris (Padraic [McGloin]), Peter Palmer (Sorley Boy [McGloin]). Et avec George Mitchell (Talbot), Nydia Westman (Bridget), William Bryant (Sheriff Gabe), Byron Morrow (Porter) et Paul Brinegar (Jelly Hoskins).
On connaissait les Irlandais de John Ford (par exemple dans L’Homme tranquille), Carey Wilber en livre une déclinaison délibérément caricaturale avec cette famille McGloin caractérisée par une fourberie qui, pour n’être pas sans danger, n’en est pas moins comique. Jonathan Harris, Stefanie Powers et Nydia Westman s’expriment avec un accent irlandais à couper non au couteau mais carrément à la serpe, et rivalisent de filouterie pour abuser Scott qui – comme dans l’épisode 1.10 face à Brenda Scott – hésite entre lucidité et tendres sentiments pour la belle Moira. Cette dernière est d’ailleurs la moins fourbe des McGloin car on sent chez elle une sincérité en lutte avec les usages familiaux de mensonge et de rapine. La scène des pommes de terre rappelle l’importance de cet aliment dans la paysannerie irlandaise et porte avec elle le souvenir de la grande famine irlandaise qui poussa à l’exil les pauvres miséreux qu’elle ne tua pas.
Le terme « Black Irish », utilisé ici en même temps que « Black McGloins », était en usage en Irlande aussi bien que parmi les immigrants irlandais, avec des acceptions variables. Ici, il est clairement péjoratif.
1.16 Yesterday’s Vengeance (Une longue rancune)
CBS, 28 janvier 1969 - 2e chaîne de l’ORTF, dimanche 26 juillet 1970
Ecrit par Don Brinkley
Réalisé par Otto Lang
Murdoch quitte le ranch en pleine nuit dans explication, laissant à Jelly une lettre à remettre à ses fils vendredi à midi, si d’aventure il n’est pas revenu. Il se rend à Mesa Roja et prend une chambre à l’hôtel, sans savoir que la femme qui tient la réception est Ellen Haney. Celle-ci, en lisant son nom sur le registre, va aussitôt trouver son mari, le shérif Judd Haney. Tous deux savent ce qui lie Judd et Murdoch depuis vingt-cinq ans, comme ils savaient que ce jour devait arriver : le jour où Murdoch Lancer viendrait tuer Judd Haney. Ce dernier décide de prendre les devants et va trouver Murdoch dans sa chambre d’hôtel. Il est cependant surpris d’entendre ce qu’il est venu lui dire, après vingt-cinq ans : qu’il a compris que la violence n’était pas une solution et qu’il était décidé désormais à laisser reposer le passé. Haney lui répond qu’il demeure sur ses gardes, attendant de voir si Murdoch est sincère ou non. Un moment plus tard, alors qu’il marche dans la rue, Murdoch est atteint par une balle dans le dos…
Au ranch, Teresa et Scott pensent qu’il faut partir sur la piste de Murdoch, qui n’a pas pu partir de façon aussi mystérieuse sans une raison qui pourrait être dangereuse pour lui. Bien qu’il ne partage pas leur inquiétude, Johnny décide d’accompagner Scott à la recherche de leur père. Jelly, qui a donné sa parole à Murdoch, refuse de leur montrer la lettre mais il leur indique la direction à suivre, vers l’Est. Les frères Lancer arrivent bientôt à Mesa Roja et sont vite intrigués par l’attitude d’Ellen Haney à qui ils ont simplement demandé si un nommé Lancer était passé, et qui leur a répondu qu’elle n’avait vu personne de ce nom. Puis le shérif leur apprend qu’il a connu Murdoch mais qu’il ne l’a pas revu depuis bien longtemps. Leur insistance vaut aux frères Lancer d’être raccompagnés à la sortie de la ville par l’adjoint du shérif, Billy Joe, un homme qui ne demanderait manifestement pas mieux que de les descendre purement et simplement, au prétexte qu’il les trouve menaçants.
La nuit venue, Scott trouve la maison d’Ellen Haney, qui le reçoit avec un fusil. Elle lui raconte néanmoins ce qui s’est passé et le laisse voir Murdoch qui, blessé, se remet dans une chambre de sa maison. Entre-temps, Johnny, lui, est retourné au ranch et a insisté pour que Jelly lui remette la lettre. Il apprend ainsi le secret de Murdoch et la longue haine qui le lie à Judd Haney. Ce dernier a passé les dix-huit dernières années en prison, avant d’être nommé shérif à son retour à Mesa Roja. Retournant à Mesa Roja, Johnny y tombe dans une embuscade tendue par Billy Joe, mais il passe néanmoins et se rend jusqu’au bureau du shérif. Il a l’intention de découvrir ce qui est arrivé à Murdoch, et de tuer le shérif si ce dernier a tué son père. Scott, Murdoch et Ellen Haney ne sont pas sûrs d’arriver à temps pour l’empêcher…
Avec Teresa Wright (Ellen Haney), Lin McCarthy (Sheriff [Judd] Haney). Et avec Robert Sorrells (Billy Joe), Ted Gehring (liveryman), Ray Kellogg (bartender) et Paul Brinegar (Jelly Hoskins).
Où l’on apprend quand et comment est morte la mère de Scott, durant un voyage vers Boston au cours duquel elle mit au monde son garçon mais auquel elle ne survécut pas. Le père de Teresa, Paul O’Brien, l’accompagnait, missionné par Murdoch. On ne dit pas en revanche pourquoi l’enfant grandit ensuite loin de son père, élevé par ses grands-parents maternels.
En France, c’est le dernier épisode de la première série de 13 programmée sur la 2e chaîne de l’ORTF entre le 26 avril et le 26 juillet 1970. Le dimanche suivant, à 19 h 10, commençait la diffusion d’un autre western, Le Grand Chaparral, encore inédit en France.
1.17 Warburton’s Edge (L’étranger du désert)
CBS, 4 février 1969 – 2e chaîne de l’ORTF, 7 juin 1970
Musique d’Irving Getz
Adaptation de Ken Trevey, histoire de Ken Trevey et K.C. Alison
Réalisé par Don Medford
Warburton, qui a élevé du bétail sur des terres du gouvernement, a décidé de se retirer et de vendre ses bêtes à un prix inférieur à celui du marché. Les autres ranchers de la vallée, menés par Murdoch, décident de s’y opposer. La situation risque de dégénérer lorsque Warburton engage des tueurs à gages, dont Sexton Joe, lecteur assidu de la Bible mais gâchette hors pair, et Isham, un ami de Johnny Madrid. Johnny décide de se joindre à l’équipe de Warburton, sous son ancien nom, afin d’essayer d’empêcher la guerre des ranchs. Il s’éprend de la fille de Warburton, Tallie, et lui cache, comme aux autres, qu’il est le fils de Murdoch Lancer. La vérité est bientôt révélée, néanmoins, à cause d’une maladresse de Jelly. Tallie, cependant, comprenant les intentions de Johnny, veut l’aider à convaincre son père d’éviter un bain de sang. Mais un rancher, Driscoll, blesse grièvement Warburton en lui tirant dans le dos, à bonne distance. Murdoch essaie vainement de s’entendre avec Warburton. Désapprouvant l’acte de Driscoll, cependant, il livre celui-ci au shérif. Mais Warburton envoie Sexton Joe et Isham tuer Murdoch, espérant ainsi dissuader les autres éleveurs de s’opposer à lui…
Avec Arthur Hill (Warburton), Susan O’Connell (Tallie [Warburton]), Burr De Benning (Isham [Hill]), Richard Devon (Sexton Joe), Del Monroe (Driscoll), Buck Young (Santee), Alma Beltran (Manuela) et Paul Brinegar (Jelly Hoskins).
La guerre des ranchs couve et Johnny reprend son ancienne identité de gunfighter pour tenter de résoudre pacifiquement la situation. Son point de vue sur Warburton diffère cependant de celui de son père et leur opposition ajoute un intérêt au scénario, qui introduit aussi une dimension romantique en donnant à Warburton une fille dont Johnny (on s’en douterait) tombe amoureux, et fait de l’un des tueurs à gages un ami personnel de Johnny. L’intrigue s’appuie ainsi sur une série de « duels », au sens figuré ou au sens propre, qui la rendent complexe et plus riche.
1.18 The Fix-It Man (La ville sans loi)
CBS, 11 février 1969 – 2e chaîne de l’ORTF, 17 mai 1970
Ecrit par Charles Wallace
Réalisé par William Hale
Murdoch et Scott arrivent à la même conclusion au même moment : l’absence de représentant de la loi à Spanish Wells n’est plus soutenable. Murdoch obtient du représentant du Gouverneur, George King, la nomination d’un marshal à condition qu’une prison soit construite. Les Lancer se chargeront de la construction de cette prison. Mais il existe en ville des gens dont la volonté est précisément de ne pas voir arriver un marshal ou un shérif. A leur tête, le propriétaire du saloon, Kirby, et son partenaire Bonell. Charlie Wingate, un homme déjà âgé, connu et apprécié en ville où il offre ses services pour réparer tout ce qui a besoin de l’être, demande aux Lancer de lui confier le chantier, bien qu’il n’ait pas de diplôme d’architecte et n’ait jamais rien bâti intégralement. Ce serait pour lui une manière de prouver qu’il en est capable. Charlie y voit un autre avantage : c’est lui qui a recueilli et élevé l’orphelin qu’était Kirby, aussi pense-t-il que ce dernier n’osera pas s’en prendre à lui. La prison ne tarde pourtant pas à être incendiée, une nuit. Charlie réagit en redoublant d’efforts, ce qui lui vaut d’être passé à tabac par une bande de brutes agissant sur ordre mais également l’admiration d’une partie des habitants, au point que certains finissent par prendre les armes pour le soutenir ouvertement. Les Lancer pensent d’abord que le responsable de l’incendie et de l’agression est Bonell mais ce dernier les détrompe : le véritable ennemi de la prison est Kirby, qui contre les attentes de Charlie est déterminé à aller jusqu’au bout, même s’il faut faire tuer Charlie…
Avec Frank McHugh (Charlie Wingate), Linden Chiles (Kirby). Et avec Barry Atwater (Bonell), Dean Harens (George King), Rodolfo Hoyos (Jose), Mark Allen (Waxer), Wayne Heffley (Saker), Ted Gehring (Harvey [the liveryman]).
La loi est tantôt présente tantôt absente de Spanish Wells : dans les épisodes 1.08, 1.09 et 1.15, il y a bien un shérif (Gabe, incarné par William Bryant), mais dans l’épisode 1.10 l’absence de représentant de la loi est mise en exergue, comme ici. Dans ce 1.18, le sujet est précisément le combat pour l’introduction de la Loi à Spanish Wells.
Ted Gehring était déjà liveryman (responsable de l’écurie de la ville) dans l’épisode 1.16, mais dans une autre ville.
Une date est donnée sur la plaque que Charlie pose sur la prison achevée : 1871.
1.19 Angel Day and Her Sunshine Girls
CBS, 25 février 1969
Musique de Leith Stevens
Ecrit par Jack Turley
Réalisé par Donald Richardson
Murdoch est surpris de voir s’arrêter chez lui Angel Day, chanteuse et danseuse qui parcourt le pays avec ses filles, Cassie et July, pour donner des représentations dans les saloons et autres lieux où l’on est prêt à les accueillir. Mais il est également inquiet : Angel est la mère de Teresa, qui a toujours cru ce que son père lui a dit, à savoir que sa mère était morte. En réalité, Angel a quitté Paul O’Brien et abandonné son enfant. Et Murdoch en vient très vite à penser qu’elle est revenue avec une intention qui se confirme bientôt lorsque son mari Carl Bolton la rejoint, accompagné d’un marshal et d’un document établi par un juge, donnant à Bolton et Angel la garde de Teresa. Celle-ci doit accepter en même temps deux réalités difficiles : Angel est sa mère et elle est obligée de quitter le ranch, où elle a passé toute sa vie, pour la suivre. Murdoch demande à Scott de les suivre, cependant, tandis que lui-même se rend à Sacramento pour faire annuler l’injonction du juge. Ce qu’il a pressenti s’avère bientôt : pour Bolton, Teresa n’est qu’une marchandise, qu’il est prêt à « revendre » à Murdoch moyennant la somme faramineuse de cinq mille dollars. Il entend la faire participer aux spectacles, qu’elle le veuille ou non, et Angel, terrorisée par son mari autoritaire et violent, n’ose pas s’y opposer. Du moins jusqu’à ce qu’elle réalise quelle vie elle fait à sa fille, terrifiée à son tour. Elle aide alors Teresa à s’enfuir avec Scott, dès l’annonce que Murdoch a obtenu ce qu’il souhaitait : sitôt qu’elle aura de nouveau franchi la frontière entre le Nevada et la Californie, Teresa sera sous la garde de Murdoch. Bolton se lance à la poursuite des fugitifs afin d’empêcher cela…
Avec Mark Richman ([Carl] Bolton), Cloris Leachman (Angel Day), Joyce Bulifant (Cassie), David McLean (Sheriff), Don Briggs (Marshal Thurman), Carolyn Fleming (July), Ray Fine (bartender) et Paul Brinegar (Jelly Hoskins). Et avec George Sawaya (le bagarreur du saloon – non crédité).
L’intérêt du scénario est de donner pour une fois la vedette à Teresa. Le déroulement de l’action, néanmoins, manque de vraisemblance, à cause de la nécessité de contenir une intrigue complexe sur le temps limité d’un épisode. Livrée à l’autorité abusive de Bolton, Teresa est traitée comme une enfant effrayée et impuissante (l’image de la jeune fille penchée à l’arrière du chariot, comme l’une des petites filles de La Petite maison dans la prairie, est un peu ridicule), suspendue à la protection des trois hommes Lancer.
1.20 The Great Humbug
CBS, 4 mars 1969
Ecrit par Carey Wilber
Réalisé par William Hale
Dans une ville où il ne fait que passer, Scott permet à un vendeur ambulant, Claude Buttermere, et à sa petite fille Vinny (pour Lavinia) d’échapper au goudron et aux plumes qu’ont préparés les habitants. Il a le tort ensuite de se confier sans méfiance à Buttermere qui voit dans ce qu’il dit l’opportunité d’une escroquerie monumentale. Buttermere vole donc le cheval de Scott en ne lui laissant qu’un triste canasson et prend ainsi une large avance sur lui. Il se présente au ranch L comme le Major Parker, travaillant au Bureau des Affaires Indiennes, et réussit à se faire inviter pour un jour ou deux, qu’il compte mettre à profit pour lancer une rumeur selon laquelle le gouvernement serait sur le point d’acheter à un prix élevé des terres qui valent bien moins, en pleine période de sécheresse qui pousse certains propriétaires acculés à la faillite à se séparer de leur terre. Le directeur du Land Office, Dan’l Drew, surnommé « Oncle Dan’l », s’empresse de racheter ces terres avant que la nouvelle ne se répande. Il affirme à Jay McKillen, un Mountain Man qui s’est sédentarisé avec son fils Canopus, et à qui Murdoch a offert quatre cents dollars pour une terre qui n’en vaut pas la moitié, qu’il s’est fait avoir et que Murdoch a l’intention de revendre ces terres bien plus cher au gouvernement. Furieux, Jay enlève Murdoch pour le forcer à lui payer la somme que, d’après Drew, il aurait pu obtenir. Sur ces entrefaites, Scott rentre au ranch et, apprenant les récents événements, entreprend de retrouver et de confondre Buttermere. Ce dernier a déjà volé la caisse de Drew et s’apprête à quitter le pays sans demander son reste…
Avec William Windom (Claude Buttermere), Morgan Woodward (Jay McKillen), Alan Oppenheimer (Dan’l Drew), Lisa Gerritsen (Vinny), Sam Elliott (Canopus), William Wintersole (Timothy), Dennis Cross (townsman), Joseph Perry (bartender), Matt Pelto (Laggard) et Paul Brinegar (Jelly Hoskins).
Histoire d’une escroquerie (à la vérité passablement ennuyeuse) à laquelle se mêle un brin d’émotion, à travers la relation de l’escroc avec son enfant, une fillette plus mûre que lui, qui finit par lui donner une leçon de responsabilité et d’honnêteté.
1.21 Juniper’s Camp (La fiancée du chercheur d’or)
CBS, 11 mars 1969
Ecrit par Barry Oringer
Réalisé par William Hale
Jim Harper arrive de Boston pour passer quelques jours chez son ami Murdoch Lancer. Aristocrate arrogant et imbu de lui-même, Harper ne se rend pas sympathique auprès des hommes ni des fils Lancer mais il émeut Murdoch en déplorant l’enlèvement de sa fille Melissa par un aventurier chercheur d’or qui l’a emmenée dans une ville de prospecteurs où, dit-il, elle est retenue prisonnière. Murdoch envoie ses fils la reprendre, bien qu’ils ne soient guère enthousiasmés par cette mission. Dès leur arrivée, ils se heurtent aux frères Cooper, Crocker et Harmon, deux bagarreurs dont ils découvrent très vite qu’ils sont les frères de Bobby, le « fiancé » de Melissa. Quand ils approchent celle-ci pour planifier leur départ, ils réalisent à quel point Harper a transformé la vérité : Melissa n’a pas été enlevée, elle a suivi Bobby dont elle est amoureuse et qu’elle veut épouser, quoi qu’en dise son père. Aussi prévient-elle les Cooper, qui font mettre Johnny et Scott en cellule. Ils parviennent à s’évader et Scott tient à enlever Melissa aux mineurs, au prétexte qu’elle est mineure. Johnny l’aide malgré sa réticence à aller contre la volonté de la jeune femme. Ils enlèvent donc Melissa, rapidement poursuivis par les frères Cooper. Des coups de feu sont échangés quand, au matin, les poursuivants les retrouvent, mais ils parviennent à s’enfuir de nouveau et à regagner le ranch. Là, cependant, Johnny, qui est en train de tomber amoureux de Melissa et reconnaît en elle la soif de liberté et d’indépendance qui le caractérise lui-même, permet à la jeune femme de s’échapper et de retourner auprès de son fiancé. Murdoch l’oblige ensuite à se joindre à eux pour la rattraper. Bien lui en prend car une mauvaise surprise attend Melissa : Bobby n’est pas le preux aventurier qu’elle imaginait et dont il a joué le rôle jusqu’ici ; homme fier et brutal, il ne tolère pas l’humiliation qu’elle lui a infligée en s’enfuyant avec les Lancer et il entend la punir durement, comme il a déjà puni sa précédente « fiancée » Vivian, battue à mort…
Avec Shelley Fabares (Melissa [Harper]), Dennis Cole (Bobby Cooper), Walter Brooke ([Jim] Harper), Ross Hagen (Harmon [Cooper]), William Lucking (Crocker [Cooper]), Chuck Harrod (Marshal), Duane Grey (bartender) et Paul Brinegar (Jelly Hoskins).
Les univers des deux frères Lancer se côtoient de nouveau dans ce scénario à travers les personnages invités : la vanité aristocratique de Boston (où a grandi Scott) rencontre la soif d’indépendance d’une jeune femme qui, au lieu de se plier à l’éducation « civilisée » que lui impose son père, préfère s’enfuir au bras d’un aventurier qui cherche la fortune dans les mines d’or de Californie. L’Ouest contre l’Est, la liberté contre la prison, fût-elle dorée. L’épisode se plie néanmoins à une morale conservatrice car l’aventure se révèle décevante pour la jeune femme et donne raison à la prudence paternaliste de Murdoch, rejetant la soif de liberté de Melissa et de Johnny du côté des illusions. Le père vaniteux de la côte Est ne l’emporte pas pour autant : la jeune femme choisit un compromis en allant vivre à San Francisco. Un point pour la Californie, zéro pour Boston.
1.22 The Knot (Le rapt)
CBS, 18 mars 1969 – 2e chaîne de l’ORTF, 19 juillet 1970
Musique de Joseph Mullendore
Ecrit par Laurence Heath
Réalisé par Donald Richardson
Scott et Teresa reviennent des montagnes, où la jeune fille a voulu apporter des médicaments à des Indiens Paiutes, lorsqu’ils sont attaqués par le gang Blake constitué du père, Seth, et de ses trois fils Zack, Bill et Andy, évadés de la prison de Folsom. Ils laissent Scott pour mort et enlèvent Teresa en espérant l’échanger contre rançon. La jeune femme est un objet de querelle entre les frères qui se disputent sa « possession », en particulier Bill et Andy. Ce dernier semble toutefois plus sensible que les autres et accepte d’aider Teresa à s’enfuir. Il en a parlé cependant à son père et sa véritable intention est peut-être de gagner la confiance de Teresa, qui jusqu’ici a refusé de dire qui elle était, empêchant ses ravisseurs de demander une rançon pour sa libération. Entre-temps, Scott est rentré au ranch et a vite réuni avec Murdoch un posse pour traquer les ravisseurs dans les montagnes. Ils les retrouvent au moment où Teresa est (peut-être) sur le point de s’enfuir avec Andy. Seth est tué dans la fusillade, Zack et Bill prennent la fuite et Andy blessé au bras est pris pour l’un des membres du posse (il fait nuit et les hommes se distinguent à peine) et ramené au ranch Lancer pour y être soigné. Teresa, qui ne veut pas nuire au jeune homme qui allait l’aider à s’enfuir, garde le silence sur son identité. Elle doute néanmoins des intentions d’Andy. Celui-ci en effet voudrait venger la mort de son père et est à deux doigts de tuer Murdoch avec un revolver de poche qu’il a volé aux Lancer. Il fait finalement évader ses deux frères après leur capture et promet de les rejoindre dans les collines ; il veut convaincre Teresa de s’enfuir avec lui. La jeune femme, qui croit encore en sa sincérité, est prête à l’accompagner. Mais les frères, Zack et Bill, ne sont pas devenus, de loups qu’ils étaient, de tendres brebis, et leurs projets ne sont pas forcément ceux de leur jeune frère…
Avec Martin Sheen (Andy Blake), Wright King (Zack Blake), Richard X. Slattery (Seth Blake), Tom Skerritt (Bill Blake), Jack Williams (deputy) et Paul Brinegar (Jelly Hoskins).
Certainement l’épisode qui met le plus en valeur Teresa. Bien qu’elle soit en position de victime d’enlèvement, elle apparaît plus forte que dans l’épisode 1.19 et bénéficie de nombreux gros plans qui mettent en lumière la beauté juvénile et fière de Teresa. C’est cette fois de son plein gré qu’elle décide de quitter le ranch, avant que le dénouement ne l’y ramène, heureuse de retrouver finalement les bras protecteurs de Murdoch. Ce dernier souligne néanmoins, à la fin de l’épisode, que ce n’est plus une enfant qu’il ramène avec lui.
L’autre atout de l’épisode est Martin Sheen, qui est parfait dans le rôle du plus jeune rejeton d’un gang de hors-la-loi, occupant une position ambiguë entre loyauté envers sa famille et volonté de jouer sa propre partition, plus sensible et indépendante que celle de ses frères, tout en conservant le caractère menaçant d’un jeune loup, séduisant mais dangereux.
Un épisode sans Johnny, que Murdoch a envoyé à Stockton.
Les pseudonymes utilisés par Teresa et Andy sont Louise Barton, institutrice, et Jim Calder.
1.23 The Man Without a Gun
CBS, 25 mars 1969
Ecrit par Roland Wolpert
Réalisé par Donald Richardson
Johnny fait tout ce qu’il peut pour donner une allure convenable à son ami Val Crawford, shérif de Green River, une petite ville en expansion. Val ne lui facilite pas les choses en rechignant à porter des vêtements propres et à sourire de temps en temps. Criswell, chef d’un gang de hors-la-loi, profite de la situation en arrangeant un accident qui immobilise Val quelques jours et lui permet de se placer auprès des notables de la ville, en particulier le maire Biggs et le propriétaire du saloon Zeek, en qualité de shérif intérimaire. Son credo est la mise au rancart des armes à feu, responsables de l’essentiel des troubles qui surviennent en ville. Peu à peu, il persuade les habitants de lui remettre toutes leurs armes, qu’il met sous clé dans la prison ! Il a ainsi le champ libre pour voler la banque, avec la bénédiction du maire qui lui en ouvre les portes. Entre-temps, il a poussé le vice jusqu’à semer la zizanie entre Val et Johnny…
Avec Warren Oates (Sheriff Val Crawford), Guy Stockwell (Criswell), Woodrow Parfrey (Zeek), Harry Harvey, Sr (Mayor Biggs), William Vaughn (Russ), Tony Davis (Indian #1), Manuel Padilla (Indian #2), Buck Young (rancher [Henry]), Henry Wills (Jake), Joseph Ferrante (Stu) et Paul Brinegar (Jelly Hoskins).
Sur le papier, l’idée peut sembler cohérente : un hors-la-loi élégant s’emploie à ôter tout crédit au shérif d’une petite ville pour prendre sa place et manipuler les habitants avant de les voler. Le résultat pourtant est plutôt ennuyeux et bavard, même si la relation de Johnny avec Crawford est sympathique. Pour remplir le temps réglementaire, le scénario multiplie les circonvolutions qui tiennent davantage de la série familiale que du western (les dialogues répétés de Johnny et Val, la relation de Val avec une bande de petits Indiens, sa relation hors champ avec la mère de ces derniers, les ruses successives de Criswell pour flatter les notables et décrédibiliser le shérif et Johnny).
Buck Young jouait déjà l’un des éleveurs, assis à la même place autour de la table des Lancer, dans l’épisode 1.17.
1.24 Child of Rock and Sunlight
CBS, 1er avril 1969
Musique d’Alexander Courage
Ecrit par Penrod Smith
Réalisé par Donald Richardson
Murdoch et Johnny attendaient Scott à l’arrivée de la diligence de Tonopah mais il ne s’y trouve pas. Un autre passager, Arthur Sloane, leur apprend qu’il a décidé de louer un cheval pour arriver plus vite. Il s’est donc passé quelque chose en chemin et père et fils partent à la recherche de Scott dans le désert. Entre-temps, Scott, qui a dû marcher durant des heures après que son cheval se fut brisé une patte, a été recueilli par un petit garçon, Andy-Jack, qui l’a caché dans une vieille mine abandonnée, à proximité de laquelle il vit avec sa grand-mère Hannah, son oncle Luke et la compagne de ce dernier, Pearl. Luke est toujours recherché pour vol de banque et meurtre, tandis que le père d’Andy-Jack a été tué par un chasseur de primes. Andy-Jack est un garçon curieux de tout qui rêve d’aller à l’école. En trouvant Scott, il a cru trouver un homme instruit capable de lui transmettre tout son savoir, c’est pourquoi il a caché son existence à sa famille. Mais celle-ci ne tarde pas à le découvrir et un projet diabolique germe dans l’esprit de Luke : il part pour la ville afin de provoquer la formation d’un posse lancé à sa poursuite, qu’il conduira jusqu’à la mine. Mais c’est le corps défiguré de Scott qu’ils trouveront, libérant Luke de la crainte de la loi et des chasseurs de primes. Hannah, bien qu’horrifiée par cette idée, choisit de se faire la complice de son fils ; celui-ci a prévu en effet qu’elle réclamerait la prime de 600 $ promise pour sa capture et lui a fait miroiter la possibilité d’envoyer Andy-Jack à l’école avec cet argent. Plus elle approche de la réalisation du plan de Luke, cependant, plus elle répugne à l’exécuter. Scott, lui, réalise bien vite le sort qu’on lui prépare. A l’approche de Murdoch et Johnny, il parvient à leur envoyer un SOS en utilisant un miroir fabriqué par l’ingénieux Andy-Jack, mais Pearl l’assomme et, avec Hannah, le cache à Murdoch et Johnny. Andy-Jack, persuadé par sa grand-mère que Scott était un chasseur de primes qui allait tuer son oncle comme un autre avait déjà tué son père, a menti en prétendant être l’auteur des signaux lumineux, afin que les deux intrus repartent vite. Quand Scott reprend connaissance et que Luke est de retour, annonçant l’arrivée de ses poursuivants une dizaine de minutes plus tard, Scott n’a plus qu’un espoir : que l’enfant accepte finalement de l’aider, et peut-être Hannah…
Avec Johnnie Whitaker (Andy-Jack [Sickles]), Virginia Christine (Hannah [Sickles]), Rex Holman (Luke Sickles), Patty McCormack (Pearl), Mary Jackson (widow Maude Bigelow), Garry Walberg (Arthur P. Sloane) et Paul Brinegar (Jelly Hoskins).
L’un des meilleurs épisodes de la saison, qui gagne à s’éloigner du ranch Lancer pour proposer une histoire sortant du cadre habituel, et où les personnages secondaires ont un rôle aussi intéressant que celui dévolu à Scott. Johnnie Whitaker, qui était à l’époque l’un des enfants de la sitcom Family Affair (Cher oncle Bill), est attendrissant en petit garçon avide d’apprendre mais coincé en plein désert avec une famille qui n’encourage pas la réalisation de cette aspiration.
Bien que crédités au générique de fin, Elizabeth Baur et Paul Brinegar n’apparaissent pas dans cet épisode.
1.25 The Measure of a Man
CBS, 8 avril 1969
Musique de Harry Geller
Ecrit par Gerry Day
Réalisé par Don McDougall
Murdoch et Johnny rendent visite au fils d’un ami de Murdoch, Ben Cameron, qui s’est établi comme instituteur dans une petite ville, avec son épouse Catha. Ils découvrent que Ben a bien du mal à convaincre certains fermiers d’envoyer leur fils à l’école, malgré la loi fédérale qui rend l’école obligatoire. Deux parents en particulier, Travis et Owen, s’opposent fermement à l’instituteur. Lorsque Murdoch fait jouer ses relations et obtient d’un juge une injonction officielle, les deux pères enlèvent Ben et veulent le forcer à brûler le document. Comme il refuse, Travis le frappe et Ben heurte violemment en tombant la roue du chariot. Ils le laissent pour mort et rentrent en ville sans rien dire de l’incident. Catha, qui veut croire que son mari finira par reparaître, persuade Johnny de jouer l’instituteur en attendant ; elle peut enseigner elle-même mais pense que les enfants, notamment le fils de Travis, Turk, qui ne songe qu’à jouer de mauvais coups, ont besoin d’un modèle masculin qui allie la force et le savoir. Johnny est réticent mais accepte, ce qui l’oblige à préparer chaque journée de cours pour être capable de faire les exercices qu’il donne aux enfants ! L’expérience ne va pas sans difficultés, d’autant que Travis et Owen tentent encore d’imposer leur volonté, mais Johnny s’en sort plutôt bien et réussit à gagner l’estime des élèves. Ben, cependant, n’est pas mort : il l’a fait croire à ses deux antagonistes dans l’espoir de provoquer un bouleversement de nature à les faire changer d’avis. Voyant que cela n’a pas fonctionné, et ne voulant pas prolonger plus longtemps un mensonge qui fait souffrir Catha (laquelle est troublée par les sentiments qu’elle sent naître à l’égard de Johnny), il sort de l’ombre afin d’affronter lui-même la difficulté d’imposer son point de vue…
Avec Julie Sommars (Catha [Cameron]), Victor French (Travis), Ronny Howard (Turk), Richard O’Brien (Owen Wilson), Craig Hundley (Todd [Wilson]), Stuart Randall (Sheriff Dundee), Scott James (Dan’l), Debi Storm (Annabella), Sam Edwards (desk clerk) et Roger Perry (Ben [Cameron]) et Paul Brinegar (Jelly Hoskins).
L’histoire est quelque peu décousue et pleine de sentimentalisme facile, en plus d’être peu vraisemblable : la fausse mort de Ben Cameron, son remplacement immédiat par Johnny Lancer dans le rôle de l’instituteur, les sentiments ambigus de Catha à l’égard de Johnny (alors que son mari a disparu tout au plus quelques jours et qu’il pourrait bien être mort) et l’attitude contradictoire de Travis et Owen sont difficiles à avaler et il faut y ajouter les plaisanteries de Turk (Ronny Howard) et une tonalité générale à l’eau de rose qui ne recule devant aucun poncif. On ajoutera que le « message » est brouillé par certains de ces poncifs : s’il s’agit de donner de la dignité à l’instituteur face à la brutalité fruste des fermiers, on s’étonne que la femme de l’instituteur succombe si aisément au charme viril de Johnny Lancer, qui semble la troubler davantage que les manières éduquées de son époux, et si l’instituteur renonce finalement à ses bonnes manières pour défier l’un des fermiers à mains nues, on ne peut pas dire qu’il s’en sorte si bien et l’on constate en revanche qu’il est écarté de l’épilogue, où c’est Johnny qui recueille l’admiration de ses élèves. En définitive, l’instituteur fait piètre figure, même sur le plan moral, puisqu’il fait souffrir sa propre femme en simulant sa mort durant plusieurs jours. Bref, le propos « progressiste » du scénario n’est manifestement qu’un prétexte à mettre Johnny en valeur dans un rôle inattendu (et au final peu convaincant) d’instituteur, dont il se sort non en utilisant les armes du savoir mais par sa propre personnalité et les valeurs viriles qu’elle met en exergue.
Bien que crédités au générique de fin, Elizabeth Baur et Paul Brinegar n’apparaissent pas dans cet épisode. Wayne Maunder est absent lui aussi.
1.26 Devil’s Blessing (La bénédiction du diable)
CBS, 22 avril 1969 – 2e chaîne de l’ORTF, 21 juin 1970
Ecrit par Sam Roeca
Réalisé par Christian Nyby
Murdoch n’accepte pas qu’on le regarde comme un vieillard sous prétexte qu’il s’est coincé le dos en attrapant un bœuf au lasso. Aussi refuse-t-il de laisser ses fils l’accompagner en voyage d’affaires à Sonora. Lorsque deux hommes, Porter et Bleaker, attaquent la diligence, tuant le garde et dépouillant l’unique passager, Murdoch, avant de partir avec les chevaux, Murdoch suit à pied la piste des voleurs, suivi par le conducteur de la diligence, Dan Hamlin, qui trouve l’idée folle mais n’a pas envie de se retrouver seul. Sitôt arrivés à Blessing – un nom signifiant « Bénédiction » pour une ville qui n’en est pas une -, ils s’adressent au shérif Platt qui refuse de croire à leur histoire. Murdoch tente alors d’emprunter de l’argent au notable de la ville, Blessing, fils du fondateur de cette charmante cité, mais l’homme ne croit pas davantage à son histoire et le chasse comme un malpropre. Hamlin, cependant, retrouve l’attelage volé dans l’écurie de Sloan, mais celui-ci les fait arrêter tous deux par le shérif. Une femme, Clara Dunbar, témoin de la scène, décide d’embaucher Murdoch au saloon, comme serveur, simplement parce qu’elle perçoit en lui quelque chose qui, d’une manière confuse, lui donne une lueur d’espoir. Blessing est tout entière soumise à Blessing, qui contrôle le shérif aussi bien que le vieux juge. Quand Porter et Bleaker se promènent librement dans la ville avec leur ami Blessing, Murdoch décide de les dénoncer et mal lui en prend : par peur, Hamlin refuse de les identifier et nul ne bouge quand le juge condamne Murdoch aux travaux dans la mine. Sa tentative de secouer l’emprise de Blessing fait néanmoins forte impression sur Clara, qui décide de l’aider à s’évader. Au lieu de s’enfuir, cependant, Murdoch affronte ses ennemis et prouve que l’âge ne l’a pas encore rendu impotent…
Avec Beverly Garland (Clara), Noah Beery ([Dan] Hamlin), Joseph A. Campanella (Blessing), Arthur Franz (Sheriff Platt), Victor Tayback (Porter), Charles Dierkop (Bleaker), E.J. Andre (Judge), John Harmon (stable owner [Sloan]), William A. Henry (veterinarian) et Paul Brinegar (Jelly Hoskins).
A partir d’une histoire convenue de ville corrompue, Sam Roeca lance Murdoch dans une aventure en solo destinée à prouver qu’il a encore de la ressource, même si sa famille voudrait lui faire croire qu’il est trop vieux pour continuer de jouer au cowboy et gérer seul ses affaires. Le scénario ne se soucie pas de vraisemblance et vise un plaisir simple, celui de voir un homme aux cheveux blancs affronter dignement les épreuves et finalement triompher des méchants. Johnny et Scott, partis à sa recherche, assistent à une démonstration si convaincante qu’ils préfèrent s’éclipser avant d’être vus et laisser à Murdoch toute la satisfaction de s’être débrouillé seul. En chemin, il aura même connu une vague romance avec Clara, jouée par la toujours élégante Beverly Garland.