work in progress
Guide réalisé par Thierry Le Peut
Avec James Arness (Marshal Matt Dillon).
Et avec Milburn Stone (Doc Adams), Amanda Blake (Miss Kitty), Ken Curtis (Festus Haggen), Buck Taylor (Newly).
La période 30 minutes : saison 1 - saisons 2 à 6
La période 50 minutes noir et blanc : saisons 7 à 11
La période 50 minutes couleur : saison 12 - saisons 13 à 15 - saison 16 - saisons 17 et 18 - saison 19 - saison 20
Saison 19
(1973-1974)
19.04 The Boy and the Sinner
CBS, 1er octobre 1973
Producteur exécutif John Mantley
Produit par Leonard Katzman
Ecrit par Hal Sitowitz
Réalisé par Bernard McEveety
Ron Moody (le pécheur) et Vincent Van Patten (le garçon)
Noah Beal est un ivrogne notoire qui gagne quelques piécettes en portant les sacs et les colis des dames qui acceptent de les lui céder au sortir du General Store, piécettes qui lui servent à payer le whisky qu’il ingurgite à grandes doses. Dans son entreprise d’accaparement des terres mises à la disposition des fermiers désireux de s’installer en vertu du Homestead Act, Jess Bradman fait signer à Noah, en échange d’une douzaine de caisses de whisky, un acte de cession de l’une de ces terres, qui jouxte la ferme de Hugh Eaton. Ce dernier s’est plaint au marshal des manœuvres de Bradman mais Dillon ne peut rien faire tant qu’il n’a aucune preuve que Bradman utilise des « hommes de paille » pour réclamer les terres puis les lui céder aussitôt que leur propriété est légalement établie. En se réveillant dans la cabane de « sa » ferme, Noah n’a aucune intention de s’établir fermier. Bradman, en revanche, a clairement l’intention d’assécher la ferme d’Eaton en construisant un barrage interrompant le cours d’eau qui passe chez Noah avant d’arriver chez Eaton. Ce dont il aurait été bien incapable de tenir compte, c’est le hasard de la rencontre de Noah Beal avec Colby Eaton, le jeune fils de Hugh. Colby, désireux de prouver à son père qu’il est capable de cultiver la terre lui aussi, voit en Noah l’opportunité de le lui prouver ; et, aussi incroyable que cela paraisse à Noah lui-même, l’ivrogne voit là une occasion de, simplement, prouver qu’il est capable de quelque chose. Voilà donc l’ivrogne et le garçon associés pour commencer le travail de la ferme ; empruntant des outils à son père, Colby aide Noah à abattre des arbres, transporter des pierres et labourer un champ. Ayant reçu une visite d’intimidation des hommes de main de Bradman, Otis Miller et Jack Beaver, qui veulent le forcer à vendre sa ferme et déclarent qu’ils assécheront bientôt sa terre, Hugh interdit à Colby de retourner chez Noah. L’enfant comme l’adulte en sont bouleversés : Colby parce qu’il se sent trahi par Noah, ce dernier parce qu’il s’est pris d’affection pour l’enfant et pour leur rêve d’association. Aussi Noah promet-il à Colby la moitié de sa terre, tout en jurant de ne pas la céder à Bradman. Ils commencent par vendre au Long Branch le whisky que Noah n’a pas encore bu et achètent de la dynamite dont ils se servent pour détruire le barrage construit sur ordre de Bradman. Noah attend alors de pied ferme – autant que possible – la venue de Bradman et de ses âmes damnées, dont il sait qu’ils sont prêts à tout pour le forcer à leur vendre la terre pour une centaine de dollars. Il entend ne pas signer l’acte de vente, mais que peut-il seul contre les escrocs ?…
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Avec Ron Moody (Noah Beal), Vincent Van Patten (Colby Eaton), Warren Vanders (Otis Miller), John Crawford (Hugh Eaton), Ken Lynch (Jess Bradman), Read Morgan (Jack Beaver), Florida Friebus (Mrs Travis), Hal Baylor (Boomer), Victor Izay (Bull).
Mettre en scène une amitié improbable entre deux personnages que tout semble opposer, à commencer par l’âge, est une bonne recette pour une histoire touchante. Ajoutez-y une rédemption – celle de l’ivrogne à qui est brusquement offerte une chance de se bâtir une vie nouvelle -, un vilain escroc et ses hommes de main capables des pires exactions, de vrais pécheurs devant l’Eternel, un adolescent pressé de grandir et de montrer de quoi il est capable, soucieux en outre de venir en aide à une âme égarée, même s’il ne saisit pas les tenants et les aboutissants de la situation, et vous obtenez une jolie parabole sur l’amitié, la confiance et le courage. Servie par les talents combinés de Ron Moody et du jeune Vincent Van Patten, celle-ci est convaincante en dépit de son caractère improbable, offrant au marshal Dillon le rôle du deus ex machina qui permet le happy end.
Seule Miss Kitty fait ici une apparition, tandis que le marshal n’intervient qu’en tant que garant de l’ordre, et du happy end.
Ron Moody et Vincent Van Patten Ron Moody et Vincent Van Patten |
Read Morgan, Ken Lynch, Warren Vanders John Crawford et Vincent Van Patten |
19.05 The Widowmaker
CBS, 8 octobre 1973
Producteur exécutif John Mantley
Produit par Leonard Katzman
Ecrit par Paul F. Edwards
Réalisé par Bernard McEveety
Barra Grant et Steve Forrest
L’arrivée de trois cavaliers est remarquée à Dodge City. Les trois hommes, sombres, tendus, descendent de leur cheval et se postent en ligne à quelque distance de la diligence qui dépose ses passagers. Ils interpellent l’un d’entre eux, qui leur fait face sans plaisir, la lassitude inscrite sur son visage autant que la détermination. Quand ils dégainent, il est plus rapide qu’eux : les trois hommes mordent bientôt la poussière.
Le marshal Dillon a tôt fait de mettre un nom sur l’étranger qui, sitôt les trois hommes refroidis, a quitté la ville avec sa jeune femme. Ils se sont installés dans une ferme qu’ils ont achetée à l’extérieur de la ville. L’homme a pour nom Scott Coltrane. Il fut l’un des plus célèbres gunslingers de l’Ouest avant de partir vers le Mexique. Là, il a tenté de se faire oublier et d’échapper à tous les as de la gâchette anxieux de prouver leur virilité en se mesurant à lui. Hélas, il n’a pas été oublié, l’incident de Dodge City le prouve. Les trois hommes étaient eux-mêmes des tireurs renommés, Deak Towler, Buck Lennart, Sundog Wheeler. Matt est convaincu de la sincérité de Coltrane mais le prévient que, si sa présence fait venir les ennuis à Dodge, il devra lui demander de partir. Et les problèmes ne tardent pas car une autre légende de la gâchette, le jeune Kid Chama, arrive bientôt à Dodge avec Dad Goodpastor. Ce dernier n’a jamais été une fine gâchette lui-même mais il a pris le Kid sous son aile et il veut le mesurer à Scott Coltrane pour parfaire sa légende. Il n’a de cesse d’avoir trouvé Coltrane, qui se terre dans sa ferme en y cherchant la paix. Quand il y parvient, il lui fixe un rendez-vous, laissant clairement entendre que la vie de sa jeune épouse ne sera pas tranquille s’il ne l’honore pas. Coltrane y va donc. Red Oak Springs, lever du soleil. Kid Chama n’a aucun doute sur l’issue du duel. Il n’aura guère le temps de déchanter tant la balle de Coltrane le tuera vite.
Dillon convoque alors Coltrane dans son bureau. Devant les habitants réunis dans la rue, les deux hommes ont une vive discussion et en viennent aux mains. Dillon confisque son arme à Coltrane et le jette hors de la ville. Coltrane, humilié, jure qu’il n’en restera pas là et qu’il reviendra pour lui en demander raison. Ce qu’il fait bientôt. De nouveau, la ville se masse autour des deux hommes qui se font face dans la rue principale…
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Avec Steve Forrest (Scott Coltrane), David Huddleston (Dad Goodpastor), Randolph Roberts (Kid Chama) et Barra Grant (Teresa), Glenn Strange (Sam), Ted Jordan (Burke), Hank Patterson (Hank), Jerry Gatlin (Buck Lennart), James Chandler (preacher), Don Carter (boy), Rand Bridges (Deak Towler), J.R. Clark (Sundog Wheeler).
Enfin un rôle plus sympathique pour Steve Forrest, qui lors de ses trois précédentes apparitions (14.17, 15.23, 18.12) avait en gros repris le même rôle d’un épisode à l’autre, celui du tueur froid et sadique. Ici, il est toujours un tireur redoutable et redouté, l’une des légendes de l’Ouest (on cite quelques autres, McCallister, Jobson, Dillon lui-même et Kid Chama), mais il n’aspire qu’à la paix d’une vie de fermier avec sa jeune épouse, loin de la violence dont il se dit écœuré jusqu’au tréfonds. Un rôle de pure convention dans l’univers du western, et il ne faut pas attendre ici autre chose que ce que l’on a déjà vu ailleurs. Mais Forrest y trouve l’occasion d’un registre plus tendre et, surtout, d’un véritable échange avec Arness qui, dans les trois segments antérieurs, n’avait joué que l’antagoniste ultime, absent de la plus grande partie de l’épisode. Ici, les deux acteurs partagent plusieurs scènes, la meilleure étant la première parce qu’elle met en présence deux hommes, deux personnalités, sans les dresser l’un contre l’autre. Le dernier acte n’est certainement pas à l’honneur du marshal Dillon et ne peut que mettre le spectateur mal à l’aise : la façon dont Dillon traite le « problème Coltrane » est tout simplement indigne. Il faut attendre l’épilogue pour l’éclairer d’une autre façon…
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19.10 Lynch Town
CBS, 19 novembre 1973
Producteur exécutif John Mantley
Produit par Leonard Katzman
Adaptation de Calvin Clements, histoire de Joann Carlino et Ann Snyder et Calvin Clements
Réalisé par Bernard McEveety
Mitch Vogel et David Wayne, le jeune vagabond et le juge ivrogne
A Kingville, Jake Fielder, un vagabond, se querelle avec la patronne du saloon, Kate Geer, et son barman Tom Hart. Le shérif Ridder les sépare et ordonne à Fielder et son fils de seize ans, Rob, de quitter la ville. La nuit venue, Jake se rend compte qu’il a laissé son manteau au saloon, aussi retourne-t-il en ville, à quatre heures du matin. Le saloon est fermé mais une porte de côté est ouverte ; il s’introduit dans le saloon, reprend sa veste et, soudain, réalise que Kate est là, dans son bureau. Il la voit chanceler et tomber, restant inanimée au sol. Il hésite à s’approcher, le fait et découvre qu’elle est morte. Du sang coule derrière sa tête. Effrayé, Jake avise le coffre-fort ouvert, s’empare de l’argent et s’enfuit. Mais il est surpris et arrêté par le shérif. Argent volé, fuite, sang sur la main : l’affaire semble limpide. Kingville s’émeut et une partie des habitants veut faire justice sans attendre le juge itinérant. Quand Rob vient aux nouvelles et trouve son père en prison, le shérif le charge de se rendre au relais d’Elbow Creek pour y trouver le juge et le presser de venir ; Ridder a également télégraphié au marshal Dillon de venir. Il pense qu’il serait plus sage que le procès se tienne dans une autre ville, pour en assurer l’impartialité. Mais c’est en vain que Rob tente de convaincre le juge Warfield, aussi soûl que le dit sa réputation, et, alors qu’il le quitte furieux, il rencontre le marshal Dillon et le shérif Ridder, venu de Kingville avec la nouvelle que la foule a finalement eu gain de cause : Jake a été pendu sans procès.
A Kingville, le fondateur et « maître » de la ville, John King, presse le juge Warfield de déclarer Jake coupable et de boucler le procès sans faire de vagues. Le marshal, cependant, sur la base de ses observations et des questions qu’il a posées, veut faire la lumière sur la mort de Kate Geer car la culpabilité de Jake ne lui paraît pas si évidente. Sa pression entre en conflit avec celle de King et le juge Warfield se trouve pris entre sa « loyauté », rémunérée, envers King et sa probité de juge, aussi entachée soit-elle par son ivrognerie notoire. Par ailleurs, il se prend d’intérêt pour le jeune Rob et la relation qu’il avait avec son père. Ce dernier, incapable apparemment d’exprimer ses sentiments autrement que par la colère et la brutalité, n’était peut-être pas si différent du juge, n’était leur différence d’éducation. Et le juge s’émeut de la conviction affichée par Rob selon laquelle son père ne l’a jamais aimé, et inversement ; ils ont simplement passé leur vie ensemble. Le jugement du fils sur son père lui paraît injuste. En outre, Rob, aussi fruste soit-il, n’est ni sot ni mauvais. C’est même un garçon sympathique, prometteur et honnête. Les Fielder ne méritent-ils pas davantage justice que John King ? Le procès devient le champ de bataille de ces sentiments et devoirs contradictoires…
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Avec David Wayne (Judge Warfield), Mitch Vogel (Rob Fielder), Warren Kemmerling (Sheriff [A.J.] Ridder), Ken Swofford (Jake Fielder), Norman Alden (Tom Hart), Julie Cobb (Minnie Nolen), Nancy Jeris (Kate Geer) et Scott Brady (John King).
Le marshal Dillon joue ici l’instrument d’une justice qui concerne autant le prétexte judiciaire que les différentes personnalités qui y sont impliquées. L’intégrité monolithique de Dillon rencontre le sens de la justice du juge Warfield, dans lequel on devine un possible père de substitution pour le jeune Rob Fielder. La part humaine et humaniste du scénario repose essentiellement sur les prestations de David Wayne et de Mitch Vogel, tous deux excellents.
Doc et Festus partagent une scène humoristique. Kitty et Newly n’apparaissent pas.
Ken Swofford et Mitch Vogel Warren Kemmerling et Scott Brady |
Scott Brady et David Wayne James Arness et Mitch Vogel |
19.11 The Hanging of Newly O’Brien
CBS, 26 novembre 1973
Producteur exécutif John Mantley
Produit par Leonard Katzman
Ecrit par Calvin Clements
Réalisé par Alf Kjellin
Newly et Festus doivent sauver le Doc Adams !
Retenu en ville, Doc demande à Newly de faire sa tournée à sa place dans les campagnes entourant Dodge. Le contact de Newly avec des patients méfiants, tant envers lui qu’envers la médecine, se révèle compliqué. Quand Newly décide de suivre plus profondément encore un jeune garçon venu demander un médicament pour son grand-père sans savoir expliquer de quoi souffre ce dernier, il trouve un vieillard mourant qui suffoque. Pratiquant une trachéotomie pour lui sauver la vie, il effraie la femme du vieil homme et leur petit-fils et est arraché au malade avant d’avoir pu le sauver. Le chef de la communauté, Kermit, qui est aussi le fils du défunt, l’accuse de meurtre et Newly, attaché par une chaîne, échoue à convaincre les habitants réunis en tribunal. La sanction prononcée après ce simulacre de justice est la mort par pendaison. Les villageois sont sur le point de pendre Newly, le lendemain, lorsque Doc et Festus, partis à sa recherche, tentent de s’opposer au lynchage. Dans la confusion, un coup de feu part et Doc est grièvement blessé. Agonisant, il exhorte Newly à l’opérer, en dépit de la crainte de l’apprenti de n’être pas à la hauteur. Non seulement il va devoir extraire la balle mais également suturer une veine. Doc, qui lui donne les instructions, perd connaissance durant l’opération et Newly doit pratiquer seul, sous le regard dubitatif des villageois…
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Avec Billy Green Bush (Kermit), Jimmy Van Patten (Tim), Jessamine Milner (Grandma), Rusty Lane (Grandpa), Jan Burrell (Anna), Glenn Strange (Sam), Ted Jordan (Burke), Deborah Dozier (Ronda), Walter Scott (John), Bobby Hall (Adrian), Donald Elson (Farmer Buey), Billie Bird (old woman), Arthur Malet (oldtimer), Erica Hunton (little girl).
Tous les protagonistes apparaissent (même brièvement, comme Matt et Kitty dans deux scènes) dans cet épisode qui, en plus de mettre Newly seul dans une situation dramatique, met en exergue l’affection qui lie les habitants de Dodge, en particulier à l’égard de leur médecin. Milburn Stone a l’occasion ici de jouer sur différentes facettes : l’homme exagérément irascible qu’il affecte d’être en public, l’homme blessé qui exhorte son apprenti à l’opérer alors même qu’il est mourant, le vieux sage qui sonde les cœurs et contribue à calmer les querelles, l’homme ému devant Dodge les amis réunis au Long Branch pour fêter son retour. A ses côtés, Ken Curtis incarne un Festus également multi-facettes, à un moment échangeant des plaintes et des insultes avec Doc, à un autre penché au-dessus du Doc mourant avec une compassion et une inquiétude sincères, puis assistant du « Doc » O’Brien lors de l’opération devant sauver Doc (une manière d’inverser les rôles habituels), parfois indigné, parfois comiquement râleur, parfois ému et souriant, malicieux ou complice. Evidemment, l’intrigue fait la part belle à Newly et Buck Taylor trouve ici, lui aussi, un rôle plus impliqué et nuancé que dans la plupart des épisodes. Apprenti médecin, partagé entre le désir d’aider et la crainte de n’être pas à la hauteur, entre dépit et colère quand il ne parvient pas à trouver la manière de parler aux hillbillies et à gagner leur confiance. La difficulté d’imposer la médecine au fin fond des campagnes, face à la méfiance et à la superstition (Kermit cite la Bible pour contredire les assertions de Newly qu’il voit comme sacrilèges), est au cœur de ce récit efficace.
Mourant, Doc rappelle à Newly la promesse de devenir médecin qu’il fit sur la tombe de sa femme Patricia. La voix de celle-ci est entendue ensuite, disant à Newly qu’il a un don pour la médecine.
Dernière apparition de Glenn Strange dans le rôle du barman Sam, qui apparaît dans la scène finale. L’acteur mourut d’un cancer peu de temps après.
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19.12 Susan Was Evil (aka Mister Boswell)
CBS, 3 décembre 1973
Producteur exécutif John Mantley
Produit par Leonard Katzman
Ecrit par William Keys
Réalisé par Bernard McEveety
Art Lund et Kathleen Nolan
En retrouvant Walter Boswell, qui a volé une banque, Matt échange des coups de feu avec lui et le blesse. Il l’emmène jusqu’au relais d’Elbow Creek et demande le concours de la propriétaire, Nellie Stuart, qui s’apprêtait à monter dans la diligence avec sa nièce Susan, à qui elle a promis d’aller vivre avec elle à St. Louis. Susan est une jeune femme égoïste et impatiente qui, la tête pleine des beautés de la Ville chantées par sa tante depuis qu’elle l’a recueillie après la mort de ses parents, n’en peut plus d’attendre le jour où enfin elles partiront de ce trou perdu. Or, voilà qu’en décidant de soigner le blessé et de le veiller jusqu’à son rétablissement, sa tante repousse d’autant l’heure du départ enfin arrivée. Susan en nourrit de l’amertume envers sa tante et plus encore envers ce hors-la-loi surgi brusquement dans leur vie. Il ne faut pas longtemps à Nellie, veuve depuis huit ans, pour voir que Walter Boswell est un homme bon, victime de ses mauvais choix. Et le blessé conçoit lui-même de tendres sentiments pour son infirmière, première personne depuis longtemps à se soucier de lui. Quand il apprend que le marshal n’a pas l’intention de le renvoyer en Arkansas où il est recherché pour vol de cheval, un crime puni de la pendaison, et où il fait l’objet d’une prime de $500, il se prend à rêver à une vie commune avec Nellie sitôt purgée sa peine de prison au Kansas. Il lui avoue ses sentiments et lui propose le mariage, ce qu’elle accepte. Ce projet signifie la fin du rêve de Susan, qui conclut un pacte avec deux vagabonds de passage, Newt et Sam : elle leur fait miroiter la prime de $500 et leur cède pour l’heure $30 et un cheval pour qu’ils emmènent Boswell, profitant d’une absence du marshal…
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Avec Art Lund ([Walter] Boswell), Kathy Cannon (Susan), George Di Cenzo (Newt), Henry Olek (Sam) et Kathleen Nolan (Nellie [Stuart]) et Jim Gammon (Dudley), Robert Brubaker (Murphy [the stage driver]).
Kathleen Nolan et Art Lund forment un couple sympathique et Kathy Cannon joue à merveille la jeune femme trop gâtée et foncièrement égoïste, méprisante avec les « péquenauds » du Kansas mais prête à toutes les compromissions pour réaliser son rêve de grande vie à la Ville. Comme souvent, le marshal incarne l’ordre jusque dans le happy end final. Pas happy pour tout le monde, cependant, même si, à ce stade, on est peu enclin à éprouver de la compassion pour la seule véritable « victime » de l’aventure.
Adam Stuart est mort en 1869, « il y a huit ans », nous dit sa veuve. L’histoire se déroule donc en 1877.
James Arness retrouvera George Di Cenzo six ans plus tard dans la série policière La loi selon McClain (McClain’s Law), où le second jouera son supérieur hiérarchique dans la police.
En changeant de titre d’une diffusion à l’autre, l’épisode déplace la lumière sur un personnage différent. « Mister Boswell » fait écho à la façon dont Nellie appelle son patient et à une scène de reproche où la nièce s’exaspère de n’entendre que « Mister Boswell par ci, Mister Boswell par là » depuis que l’intrus a fait irruption dans leur vie.
Elbow Creek Station a également servi de décor à quelques scènes de l’épisode 19.10 mais l’intérieur n’est pas le même : salle de saloon dans le 19.10, c’est ici un intérieur coquet où l’on sent la touche féminine.
Aucune scène à Dodge, dont les habitants n’apparaissent pas du tout.
19.13 The Deadly Innocent (aka A Child of Violence)
CBS, 17 décembre 1973
Producteur exécutif John Mantley
Produit par Leonard Katzman
Ecrit par Calvin Clements
Réalisé par Bernard McEveety
Ken Curtis et Russell Wiggins
Festus est heureux de voir arriver en ville son ami Billy, un jeune homme venu de sa vallée désertée par la plupart de ses habitants et qui n’a plus d’autre ami que Festus, si tant ait qu’il en ait jamais eu d’autres. Là-bas, Billy, orphelin, un jeune adulte avec un esprit d’enfant de sept ou huit ans, pouvait bénéficier de la compassion de quelques habitants qui pouvaient le payer ou le nourrir en échange d’un travail, et il passait beaucoup de temps à observer la nature et à raconter aux enfants les histoires que sa propre mère lui racontait autrefois. Aujourd’hui, sans moyen de subvenir à sa subsistance, sans autre recours que Festus, il accepte avec joie d’aider celui-ci dans son travail à l’écurie. Mais Festus doit bien vite se rendre à l’évidence : Billy n’est pas adapté à la vie en ville, il se révèle même dangereux pour les autres, comme ce cow-boy à qui il brise presque le dos pour l’empêcher de noyer un chat. Billy ne supporte pas de voir souffrir un animal. Alors que Festus vient de lui donner une première leçon d’équitation, Billy se jette brusquement sur lui, pris d’une violence irrépressible qui ne s’arrête que quand Festus est à terre : Billy n’a pas supporté de le voir abattre un daim pour se nourrir. Festus n’a d’autre choix que de se plier à la décision du juge Brooker : placer Billy dans l’asile du comté de Ford, à presque une journée de cheval de Dodge. Arrivé là, pourtant, Festus n’a pas le cœur d’y abandonner son protégé : la maison est sinistre quand ils y arrivent de nuit et les cris des malades ne la rendent pas plus attrayante. Aussi Festus repart-il avec Billy. Mais pour aller où ? Il a désobéi à l’ordre d’un juge, il ne peut pas retourner à Dodge et Billy ne sera jamais heureux dans une ville…
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Avec Russell Wiggins (Billy), Charles Dierkop (Barnett), Herb Vigran (Judge Brooker), Ted Jordan (Burke), Jack Garner (Pete), William Shriver (Crooms), Erica Hunton (Annie), Denny Arnold (Slim).
Le scénario s’inspire du roman de John Steinbeck Des souris et des hommes, comme l’avait fait en 1960 Bonanza, dans l’épisode « The Ape / Au-delà de la rivière » (2.14). La façon dont la télévision traite cette histoire est significative de ce que peut se permettre ce médium : la conclusion pessimiste, voire scandaleuse, du roman de Steinbeck peut-elle être reprise dans une série télévisée destinée à un large public, susceptible d’attirer des enfants aussi bien que des adultes, les uns et les autres pouvant au demeurant être choqués par le dénouement choisi par Steinbeck. On suit donc cette histoire à la fois avec émotion si l’on est un fan des protagonistes, et spécialement de Festus qui montre ici sa facette la plus sensible, et avec une forme d’anxiété (émotionnelle) et certainement de curiosité (intellectuelle) à mesure qu’elle s’avance vers un dénouement qui, d’acte en acte, semble de moins en moins s’annoncer comme « heureux ». Il faut une ellipse interrompant le récit, dans le dernier acte, pour que la conclusion soit révélée…
Miss Kitty ne fait que passer mais Festus, Doc et Newly ont une présence à l’écran plus importante.
Festus dit à Billy qu’il remplace en quelque sorte le vieux Hank à l’écurie, depuis que celui-ci a quitté la ville.
Qui s’étonnera que Doc, avec qui il adore se quereller (comme nous le rappelle l’une des premières scènes), soit aussi le conseiller vers lequel Festus se tourne face à un dilemme ?
Parole mémorable de Doc à Festus : « Festus, sometimes you amaze me. I’m a little ashamed to admit it, but you do. » « Festus, parfois tu me surprends. J’ai un peu honte de l’admettre, mais c’est le cas. »
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19.14 The Child Between
CBS, 24 décembre 1973
Producteur exécutif John Mantley
Produit par Leonard Katzman
Musique de Martin L. Klein
Ecrit par Harry Kronman
Réalisé par Irving J. Moore
Makesha et Harrod près de leur bébé malade |
Newly face au fusil de Harrod |
En l’absence de Doc, c’est Newly qui reçoit ce soir-là un étranger, Lew Harrod, dans le cabinet médical. Harrod, visiblement nerveux, pointe son fusil sur lui pour l’obliger à le suivre jusqu’à sa ferme, à distance de Dodge, afin de soigner son bébé. En arrivant sur place, Newly découvre que le père et la mère s’opposent sur les soins à prodiguer : la mère, Makesha, Comanche, ne fait pas confiance au médecin blanc. En examinant le petit garçon, Newly diagnostique une rougeole, qu’il saurait soigner avec du laudanum, qu’il n’a pas dans sa sacoche. Mais Makesha, hostile, autant que Harrod refusent que Newly emmène l’enfant ou qu’il retourne à Dodge chercher le médicament. Harrod en effet est recherché ; trois ans plus tôt, il a défendu sa femme agressée par des cow-boys et s’est retrouvé accusé de meurtre. Il a fui avec Makesha et ils se sont installés dans cette petite ferme très isolée. Newly, dont la qualité d’adjoint du marshal est bientôt connue, promet d’agir en médecin avant tout et de ne pas arrêter Harrod, qui se résout à l’accompagner à Dodge. Makesha, cependant, se sauve avec l’enfant afin de le confier aux soins de l’homme-médecine de sa tribu. Newly et Harrod la suivent mais Newly a bien du mal à convaincre les Comanches que la rougeole est très dangereuse, qu’ils n’ont aucun remède contre elle et qu’elle risque de contaminer voire de décimer la tribu…
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Avec Sam Groom (Lew Harrod), Alexandra Morgan (Makesha), John Dierkes (Dahoma), Eddie Little Sky (Goriko), Pete Kellett (1st hidecutter), Bill Hart (2nd hidecutter), Alex Sharp (3rd hidecutter).
Un mois plus tôt (19.11), Newly mettait sa vie en jeu en jouant les médecins auprès de hillbillies qui l’accusaient de meurtre. Il est curieux que, dans la même saison et de façon aussi rapprochée, les producteurs aient proposé un second scénario très proche du premier, où les Indiens remplacent les hillbillies. La vie de Newly n’est pas mise en jeu de façon aussi dramatique et l’enjeu ici est différent mais les deux histoires se ressemblent néanmoins. Ce sont ici deux médecines qui s’opposent, celles des deux cultures que partage l’enfant, de père blanc et de mère comanche. La mère, cependant, montre finalement autant d’hostilité envers l’homme-médecine de sa tribu que, auparavant, envers le médecin blanc.
L’un des six épisodes de la série mis en musique par Martin L. Klein, qui a aussi travaillé (à la supervision musicale) sur Rawhide et Les Mystères de l’Ouest.
James Arness apparaît une fois, Doc dans l’épilogue. Kitty et Festus n’apparaissent pas.
19.21 Trail of Bloodshed
CBS, 4 mars 1974
Producteur exécutif John Mantley
Produit par Leonard Katzman
Ecrit par Earl W. Wallace
Réalisé par Bernard McEveety
Kurt Russell
Festus traque Rance Woolfe, qui a rudement battu son ami Boney Lathrop pour lui voler moins de deux dollars. Il arrive à la ferme de John Woolfe, le frère de Rance, et le trouve étendu mort sur le sol. Près de lui, son fils de dix-huit ans, Buck Henry, lui-même blessé à la tête. Le jeune homme raconte que son oncle Rance a tué son père avant de lui tirer dessus à son tour et de s’enfuir en emportant les économies de John. Festus aide Buck Henry à enterrer son père. Mais le jeune homme est déterminé à passer outre les ordres de l’adjoint du marshal et à traquer le meurtrier de son père. Il assomme Festus avec une poêle et le ligote sur un lit pour pouvoir partir seul. Il passe voir son voisin Brodie pour lui demander de passer à la ferme durant son absence et dire au revoir à la fille du fermier, Joanie, qu’il a l’intention d’épouser un jour. C’est Brodie qui trouvera et libèrera Festus.
L’adjoint, suivant la piste de Buck Henry, trouvera sur sa route la jeune Joanie montée sur une mule et aussi obstinée que Buck Henry : car elle refuse de rebrousser chemin, décidée à retrouver Buck Henry. Tous deux arrivent dans une ville où ils rencontrent, au saloon, un joueur qui leur apprend que Rance et le garçon sont déjà passés : Buck Henry a été blessé à la jambe après avoir tiré sur Rance, qui est parti à cheval pendant que le joueur, deux filles et le barman pansaient la blessure du jeune homme, reparti aussitôt à la poursuite de son oncle. Cette fois, Festus ordonne à Joanie de rester là, sous la garde du joueur, tandis qu’il reprend son cheval.
Festus rattrapera les deux hommes alors qu’ils seront en train de régler leurs comptes. Le seul coup de feu tiré par Festus sera pour abattre Rance Woolfe avant qu’il ne tue son neveu. Festus aide ensuite Buck Henry à panser de nouveau sa blessure puis le laisse retrouver Joanie au saloon pour reprendre lui-même la route de Dodge City…
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Avec Kurt Russell (Buck Henry), Tom Simcox (Rance Woolfe), Harry Carey, Jr (Amos Brodie), Janit Baldwin (Joanie [Brodie]), Larry Pennell (John Woolfe), Craig Stevens (The Gambler), Woodrow Chambliss ([Boney] Lathrop), Nina Roman (Rita), Read Morgan (bartender), Gloria Dixon (lady card dealer).
Kurt Russell, qui était apparu neuf ans plus tôt dans la série (10.01), incarne cette fois le fils d’un fermier déterminé à retrouver le meurtrier de son père. Le personnage est d’emblée sympathique : simple, honnête, fils aimant d’un père aimant, aussi décidé que son père était obstiné, il montre une légèreté malicieuse avec sa petite amie et une opiniâtreté sans faille quand il lui faut suivre la piste du meurtrier, sans jamais se départir de son honnêteté. A l’opposé, le meurtrier apparaît comme un homme dénué de sentiments positifs, animé par la jalousie, la colère, le goût de l’argent facile (celui qu’on vole à un vieil homme ou à son propre frère, dût-on l’abattre froidement). Un homme sans principes face à un garçon foncièrement droit. Festus assure le lien avec Gunsmoke en promenant sa gouaille mais aussi sa propre détermination à la rencontre des différents personnages qui composent l’histoire. Craig Stevens apparaît dans le rôle d’un joueur dont les quelques scènes suggèrent la complexité, entre cynisme et droiture.
Milburn Stone apparaît dans la première et la dernière scènes, James Arness uniquement dans la dernière, Amanda Blake et Buck Taylor pas du tout.
19.22 Cowtown Hustler
CBS, 11 mars 1974
Producteur exécutif John Mantley
Produit par Leonard Katzman
Ecrit par Jim Byrnes
Réalisé par Gunnar Hellstrom
Jack Albertson, Nellie Bellflower, John Davis Chandler et Jonathan Goldsmith Lippe
Au relais de diligence Three Corners, la serveuse Sally est heureuse de voir revenir son petit ami Dave Rope, parti chercher fortune ailleurs pour l’emmener enfin à St. Louis. Hélas, Dave ignore quand s’arrêter : s’il a bien réussi à recueillir $500, affirme-t-il, il les a perdus au jeu en espérant doubler la mise. Il promet cependant de se racheter et de tenir un jour sa promesse. L’occasion semble lui en être donnée lorsqu’il réalise qu’un vieux voyageur du nom de Joshua Pinch, qui vient de délester un joueur de billard et ses deux compères de toutes leurs économies, est en réalité Moses Darby, un authentique champion qui eut son heure de gloire avant de sombrer dans l’alcool. Rope persuade Darby de s’associer avec lui pour s’installer un temps à Dodge City et faire fructifier son talent. Il s’agit de pousser les gogos à jouer gros en leur faisant d’abord croire que Darby est un piètre joueur. Le marshal Dillon soupçonne l’escroquerie mais ne peut empêcher le riche éleveur Adam Kearney de se faire avoir : trop sûr de lui, Kearney perd mille dollars et n’entend pas en rester là. Il fait venir en ville Willie Tomsen, le meilleur joueur de billard à 8 à l’ouest du Mississippi, et Tomsen raille si bien Darby devant la foule amassée au Long Branch que le vieil homme accepte son défi, décidé à montrer à tous qu’il est encore le champion de jadis. Le combat des champions a lieu ce samedi soir et un preneur de paris, Thaddius P. McKay, arrive à point nommé, attiré par la promesse d’une bonne affaire. La cote monte vite et Rope entend réaliser un bien plus grand profit que ce qu’escomptent Sally et Darby, lequel d’ailleurs ne joue pas pour l’argent mais pour son honneur ; à leur insu, il parie tout leur argent, et même plus, sur la victoire de Tomsen. Il essaie ensuite de persuader Darby de perdre délibérément mais le vieil homme s’y refuse…
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Avec Jack Albertson ([Joshua Pinch / Darby] Moses), Jonathan Goldsmith Lippe (Dave Rope), Nellie Bellflower (Sally), Dabbs Greer (Joe Bean), Henry Beckman (Thaddius McKay), John Davis Chandler (Willie Tomsen), Richard O’Brien (Adam Kearney), Lew Brown (Beeton), Robert Swan (Cox), Chuck Hicks (Turner).
Dillon et ses acolytes (deux seulement apparaissent) assurent le minimum syndical dans cette histoire qui laisse tout le champ aux guest stars. S’il y a de la magouille et des mines antipathiques, personne n’est réellement méchant dans cette intrigue : chacun tente simplement de réaliser des profits en jouant sur la naïveté des autres, ou se laisse entraîner par amour ou par attachement à ses rêves. Au cœur de l’histoire, Dave Rope joue avec les sentiments et les besoins des autres tout en restant l’éternelle victime de sa propre cupidité. Toujours plus, lui souffle son avidité plus que le goût du jeu. Jusqu’où sa petite amie, l’honnête Sally, et le vieux champion sur le retour, Moses Darby, accepteront-ils de le suivre ?
Festus et Doc n’apparaissent pas.
Nellie Bellflower et Jack Albertson |
Jonathan Goldsmith Lippe et Nellie Bellflower |
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