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Guide réalisé par Thierry Le Peut
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Saison 4
(1979-1980)
4.08 Nowhere To Run
NBC, 8 novembre 1979
Produit par William O. Cairncross, Charles Dismukes
Ecrit par Linda B. Elstad et Sam Egan
Réalisé par Jeffrey Hayden
Charles Aidman & Dolores Mann (le père et la mère) |
Charles Aidman (le père) |
Une jeune fille, Melissa Watson, est tombée d’une falaise. Son petit ami, Jeff Cavanaugh, est suspecté de l’avoir poussée, mais il assure qu’il a au contraire voulu la retenir et Quincy est tenté de croire à sa sincérité. L’examen du corps ne permet pas de trancher entre les deux versions, les blessures infligées à la victime avant sa chute provenant d’une lutte dont il est impossible de dire si elle visait à pousser ou à retenir la jeune fille. En revanche, Quincy découvre qu’elle était enceinte de plusieurs mois. Pour les Watson, Jeff est évidemment le père, mais le garçon déclare n’avoir jamais fait l’amour avec Melissa qui, dit-il, détestait le sexe. Remis en liberté faute de preuves, Jeff disparaît. Quincy ne peut renoncer à son intuition pour autant et continue de penser que Melissa s’est suicidée. Un soupçon se développe en lui en parlant avec les Watson, qu’il confie à son amie Harriet Randolph, qui travaille avec les victimes d’inceste. Il soupçonne en effet le père de Melissa, le respectable et puritain Kenneth Watson, d’être le père du bébé. Or, Watson a une autre fille, Cathy, âgée de 14 ans.
Quincy parle à la mère de Melissa, Lorraine, pour la convaincre de rompre le mur du silence qui, aujourd’hui, menace son autre fille. Lorraine, handicapée, est entièrement dépendante de son mari. Terrifiée à l’idée de se retrouver seule, elle va pourtant à l’encontre de sa peur pour parler à son mari, qui nie les accusations qu’elle porte.
Quincy, cependant, réussit à convaincre le médecin de famille des Watson, le Dr Maslin, malgré sa réticence devant de tels soupçons, de lui communiquer une information sur un traitement que suit Kenneth Watson. Il cherche ensuite dans les tissus du fœtus les traces d’un dysfonctionnement rare dont souffre Watson, et les trouve, ce qui prouve sans l’ombre d’un doute l’identité du père du bébé. Quincy est déterminé à présenter devant un tribunal la preuve qu’il a découverte. Il n’en a pas besoin : acculé, Kenneth Watson parle au juge Backer. Il avoue son crime. Les poursuites contre Jeff sont aussitôt abandonnées et le D.A. se tourne vers Harriet Randolph pour savoir ce qui est le mieux : l’inceste est un crime mais un procès contre Kenneth Watson est-il l’option la plus indiquée en pareil cas ? Pas selon le Dr Randolph, qui pense que Watson a besoin d’être soigné...
La difficulté d’aborder l’inceste est expliquée par le personnage du Dr Randolph, qui rappelle qu’elle dirige le seul centre de la ville destiné aux victimes de ce crime. Quincy lui-même prend mille précautions oratoires avant de prononcer le mot et c’est le Dr Randolph qui prend les devants. Les mots que les scénaristes placent dans sa bouche sont exemplaires : elle rappelle que la difficulté à simplement nommer le mal est la première preuve de la difficulté à le traiter, mais aussi que les coupables sont souvent des gens socialement respectables, que l’on croirait irréprochables, et que les victimes ont peur de parler parce qu’elles se sentent responsables et craignent qu’on ne les croie pas. Le tabou qui frappe ce crime est d’autant plus fort, ajoute-t-elle, que la plupart des gens refusent d’entendre que les sentiments incestueux sont fréquents et nullement anormaux mais que c’est l’acte qui est criminel. L’existence de tels sentiments augmente donc la culpabilité de tous et empêche d’en parler.
La conclusion de l’épisode va dans ce sens. Le juge hésite à poursuivre le coupable et le D.A., embarrassé, dit au juge : « Dois-je vous rappeler que l’inceste est un crime ? » Le D.A. lui-même, pourtant, ne sait que faire et c’est vers le Dr Randolph qu’il se tourne pour lui demander conseil. Un conseil qui ne va pas dans le sens d’une condamnation en justice mais préconise l’aide psychologique à l’auteur du crime. Dans la plupart des cas, selon elle, un emprisonnement n’est pas la solution, et la Justice doit accompagner et surveiller pour réhabiliter, plutôt que poursuivre.
Les derniers mots reviennent cependant à Quincy, qui répond au père lorsque celui-ci exprime sa culpabilité et ses remords en évoquant la grande solitude dans laquelle il a toujours vécu, sa femme lui refusant la chaleur et l’amour dont il avait désespérément besoin. « Vous ne parlez que de vos besoins », répond Quincy, « Et ceux de Melissa ? Y avez-vous pensé ? Elle avait besoin d’un père. Elle avait besoin de quelqu’un de fort, de quelqu’un vers qui elle puisse se tourner, de quelqu’un en qui elle puisse avoir confiance. M. Watson, votre famille n’est pas un bien, c’est une responsabilité. »
Le sujet était si délicat que l’acteur Charles Aidman refusa d’abord d’interpréter le père incestueux. Il craignait d’être associé à cette image alors même qu’il incarnait, dans une campagne publicitaire, un homme respectable. Il joua finalement le rôle, fort bien, et… perdit le contrat publicitaire. (Voir le livre de James ROSIN.)
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