Article de Thierry Le Peut

paru dans Arrêt sur Séries n°3 (décembre 2000 – février 2001 – aujourd’hui épuisé)

Trois ans donc avant la production du nouveau Battlestar Galactica de SciFi

 

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DANS LES COULISSES DE LA RESURRECTION

 

Depuis quelques années la bataille fait rage par conventions interposées et sur les sites internet. D’un côté, Glen A. Larson, producteur confirmé qui prétend travailler sur une nouvelle mouture de la série devenue culte. De l’autre, Richard Hatch, comédien, qui a déjà réalisé une bande promotionnelle (un trailer) et clame son désir de ressusciter Battlestar Galactica dans une forme modernisée mais conforme à l’original. Chronique d’un match qui s’éternise.

 

Tous les fans de comics le savent : il n’y a rien de plus agaçant que d’attendre des années pour voir adapter un héros de bande dessinée uniquement parce que les producteurs, distributeurs, auteurs et autres ayants droit jouent à qui arrachera la meilleure part du gâteau. C’est ce qui arrive à Spiderman, qui alimente depuis des mois les colonnes de news des magazines sans que le film puisse voir le jour. Et c’est ce qui arrive à Galactica, dont le producteur-créateur et l’un des acteurs principaux annoncent chacun de son côté la résurrection sans qu’on voie leurs projets respectifs aboutir.

Reprenons les choses à leur début. Glen A. Larson a écrit et produit la série Battlestar Galactica en 1978, au moment du grand boom provoqué dans le petit monde de la science-fiction par le succès planétaire de La Guerre des Etoiles. A la même époque, on assiste à la résurrection de Star Trek qui, de rediffusion en rediffusion, a acquis un statut de série culte (pour ne pas dire cultissime). Malheureusement, Galactica coûte très cher et la production est arrêtée après une unique saison.

La chaîne ABC commande pourtant une suite, mais sans aligner l’argent qui permettrait de remettre sur les rails le concept initial. Surtout, cette suite est destinée au jeune public qui regarde la télé le samedi matin. Plutôt que de voir son bébé lui échapper, ABC étant décidée à produire cette séquelle avec ou sans lui, Larson accepte de superviser ce nouvel opus. Rebaptisée Galactica 1980, la série ne conserve du casting originel que Lorne Greene dans le rôle d’un Adama vieillissant et Herbert Jefferson Jr dans le rôle du Lt Boomer, promu colonel pour l’occasion. L’action se déroule trente ans après la première série et commence lorsque les colons trouvent enfin la Terre. Ecrits presque uniquement par Glen A. Larson, les épisodes délaissent tout ce qui faisait la richesse de la première série et développent des intrigues simples, empreintes d’humour, à l’exception de l’ultime épisode (le dixième), sans rapport avec le reste, qui voit reparaître le personnage de Starbuck, l’un des plus populaires du premier Galactica. Avec l’annulation de Galactica 1980, c’est la série elle-même qui disparaît pour de bon. Depuis, Universal, propriétaire de la licence, n’a jamais repris le sujet.

 

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Avec ses 18 épisodes (si l’on excepte les 10 de la nouvelle mouture, qui constituent une parenthèse plus qu’une suite), Battlestar Galactica avait peu de chance de devenir aussi culte que Star Trek, dont la série classique en comptait 79. Pourtant, grâce à de multiples rediffusions sur une floppée de chaînes locales et bientôt sur Sci Fi Channel, chaîne dédiée presque uniquement aux programmes de science-fiction, l’odyssée des survivants des Douze Colonies passionne un nombre croissant de fans. D’autant que, dès 1979, la Marvel Comics Group (génitrice de Spiderman, Hulk, Les Quatre Fantastiques et autres super-héros cultes) a commercialisé vingt-trois épisodes en bande dessinée, auxquels viennent s’ajouter, à partir de 1995, de nouveaux opus chez Maximum Press et quelques novélisations publiées dès 1978.

C’est à partir de 1995, justement, que l’on commence à relancer la machine. Richard Hatch, dont le rôle d’Apollo dans la série originelle reste le plus grand titre de gloire (même s’il a été récompensé pour son rôle dans la dernière saison des Rues de San Francisco, où il succédait à Michael Douglas), signe le scénario d’une mini-série dessinée intitulée Battlestar Galactica : War of Eden, publiée par Maximum Press en 1996. L’année suivante, il co-signe avec Christopher Golden un livre intitulé Armaggedon, qui prolonge la saga en en reprenant les personnages principaux, puis une suite, intitulée Warhawk. Dans le même temps, il fait savoir qu’il souhaite relancer la série et qu’il est prêt à la produire lui-même, mettant sa notoriété et son argent au service d’un nouveau Galactica aussi conforme que possible à l’original. « Je crois vraiment que la manière la plus efficace de préserver la légende dans un nouveau millénaire est de mêler le concept, l’intrigue et les personnages originels à une nouvelle génération d’acteurs, des effets modernes et des scipts visuels, solides, complexes. », déclarait l’acteur. « La série originelle est toujours diffusée en primetime dans de nombreux pays à travers le monde. Le soutien que j’ai reçu prouve que beaucoup de gens ressentent la même chose. »

Une déclaration d’intention freinée par des problèmes de droit. La série appartient à Universal, qui a produit les épisodes originaux, mais Glen Larson en revendique à son tour la propriété, intellectuelle pour commencer, juridique si nécessaire. « J’ai créé et écrit Battlestar Galactica et, selon la loi de la guilde des scénaristes, elle m’appartient. » Et le producteur d’annoncer à son tour qu’il travaille avec Universal sur un projet de long-métrage inspiré de la série. Commence alors un jeu de dupes où chacun, peu à peu, va choisir son camp. Hatch prétend avoir tenté à plusieurs reprises de rencontrer Larson, qui aurait décliné l’invitation. Il déclare également qu’il a contacté les acteurs de l’aventure initiale et qu’ils sont prêts à reprendre leurs rôles. Lorne Greene, qui interprétait Adama, est mort mais Dirk Benedict (Starbuck), Herbert Jefferson Jr (Boomer) et John Colicos (Baltar) auraient répondu présents. Une affirmation que réfutent aussitôt quelques fans, l’un d’eux poussant la perspicacité jusqu’à interroger Benedict et Jefferson lors d’une convention : ils affirment n’avoir jamais été contactés, même s’ils seraient heureux de retenter l’aventure. « J’ai parlé à Richard à une convention de SF. », confie Larson au magazine Starlog, « Je sais qu’il est impliqué dans des livres et je trouve très bien qu’il fasse ce qu’il peut pour faire vivre ce projet. » Mais il ajoute aussitôt : « Richard et moi n’avons eu aucune discussion quelle qu’elle soit au sujet de nos projets respectifs, alors je voudrais vous dire que nos rapports sont cordiaux mais ils sont tout bêtement inexistants pour l’instant. »

 

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En attendant, la résistance s’organise. Des deux côtés. On trouve aujourd’hui sur internet deux camps adverses : l’un soutient le projet de Richard Hatch, c’est celui du site battlestargalactica.com (http:// www. battlestargalactica. com), l’autre s’emploie à le descendre pour plébisciter celui de Glen Larson, notamment à travers la Pro-Larson / Anti-Hatch Web Page (http:// members. nbci. com / rhyder / BSG /ARHS / arhs. html). Les uns brandissent la démo réalisée récemment par Hatch, les autres descendent ses livres en l’accusant de connaître bien mal l’univers de la série et, finalement, de le trahir. Ce qui n’augure rien de bon pour la série qu’il voudrait mettre en chantier.

Car dans la mêlée Hatch a pris une longueur d’avance en produisant cette fameuse démo montrée à des conventions et dont le site pro-Hatch assure la promotion. On y retrouve plusieurs acteurs de la série originelle : John Colicos retrouve son personnage de Baltar, Terry Carter est devenu le Président Tigh, George Murdock reste le Dr Salik et Richard Lynch, qui participa à Galactica 1980, incarne le nouveau Comte Iblis (rôle tenu dans l’épisode « La guerre des dieux » par Patrick Macnee). Hatch a co-écrit cette petite bande avec Sophie LaPorte et fait appel à des techniciens confirmés, en tête desquels on trouve le directeur photo Dean Cundey (Apollo 13) et le maître ès-effets spéciaux Brick Price (Star Trek, Deep Impact). Le site BattlestarGalactica offre de nombreuses photos et interviews révélant la teneur du document, notamment des images générées par ordinateur par Mike McAdams, Kenneth Thomson Jr et quelques autres, qui démontrent (pour autant qu’on puisse en juger, en tout cas) que les maquettes et tout le design de la série se prêtent très bien aux moyens modernes.

« Nous avons les investisseurs, les meilleurs artistes d’effets spéciaux du marché et une foule de compagnies connues qui aimeraient nous suivre pour créer une nouvelle série à succès capable de rendre hommage à l’histoire, aux personnages et au style originaux de Galactica. » clame le comédien dans un mail adressé au site. Le seul obstacle reste, semble-t-il, l’inertie d’Universal : « Nous avons fait toutes les démarches possibles pour passer un accord avec Universal et nous nous sommes heurtés à un mur de silence. » Fort du soutien obtenu depuis quelques années, Hatch regrette l’obstination des dirigeants et redoute qu’une nouvelle mouture soit produite qui n’ait plus rien à voir avec l’original, alors que les fans réclament au contraire le concept et les personnages qui ont fait la popularité de Galactica depuis vingt ans. « Je reconnais que Glen a créé cette série et qu’il peut très bien décider qu’il est seul à savoir ce qui est bien pour Galactica. C’est son droit, mais j’espère qu’il écoutera les fans qui ont préservé la série pendant les vingt dernières années. Sans eux, Galactica serait oubliée depuis longtemps. » Et le comédien-producteur d’avancer (insidieusement ?) l’argument qui tue : quand on voit ce que Larson et Universal ont fait de Galactica 1980, n’a-t-on pas raison de s’inquiéter ?

 

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Nouvel argument dans la bataille qui fait rage comme au temps des combats spatiaux entre Coloniaux et Cylons : un script que Larson aurait écrit voici quatre ans mais auquel personne ne voulut donner suite. Intitulé Galactica 2000, ce projet se déroulerait deux mille ans après la série, autant dire qu’on n’y retrouve aucun des protagonistes chéris par les fans. Les Cylons auraient finalement anéanti la race humaine, à l’exception d’une poignée d’esclaves qu’ils utilisent pour leurs basses besognes et qui portent non des patronymes mais des numéros (si Patrick McGoohan voyait ça...). Dans cette microsociété, dernier avatar d’une race éteinte, circulent encore des légendes au sujet d’un rayonnement et d’une puissance aujourd’hui perdus. Et parmi ces humains humiliés se dresserait un Elu, un être plus déterminé que les autres, portant, lui, un nom, un nom légendaire, quasi-biblique : Adama. Cet Elu s’allierait avec un Cylon résistant et parviendrait au terme d’une lutte opiniâtre à libérer ses semblables, fuyant avec eux dans l’espace, les Cylons à leurs trousses, à la recherche de la Terre Promise, une planète connue sous le nom de... Terre.

Loin d’abandonner le terrain à Hatch, Larson s’est lancé dans la préparation d’un long-métrage avec les producteurs et les artistes en effets spéciaux de la saga Wing Commander. Mais, en janvier 2000, il annonçait dans les pages du magazine Starlog que ce projet s’était finalement mué en un moyen-métrage au format IMAX, c’est-à-dire une production 3D non destinée au circuit de distribution habituel. Oublié, le long-métrage ? Pas complètement. « Nous avons un script de deux heures que nous allons réexaminer afin de décider quels éléments nous allons utiliser, puisque les films en IMAX ne peuvent pas dépasser cinquante minutes. Le film IMAX servira, pratiquement, de teaser (c’est-à-dire, en gros, de bande-annonce) pour le long-métrage de deux heures. » A l’époque, l’histoire devait s’appuyer sur le Pegasus, l’un des vaisseaux de la flotte coloniale, détruit dans l’épisode « Living Legend » et qui serait au centre d’un mystère (à la Babylon 4 ?).

 

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Et voici que, il y a quelques mois, un nouvel acteur est entré dans le jeu : Sci Fi Channel, qui a plusieurs fois rediffusé la série originelle, se déclarait prête à produire de nouveaux épisodes. « Nous avons entamé des discussions préliminaires », annonçait le vice-président de la chaîne, Bonnie Hammer, le 29 juin 2000. « Cela dit, nous ignorons ce qui en sortira. Je ne veux donc pas donner de faux espoirs, mais c’est quelque chose que nous envisageons sérieusement. » En août, la chaîne diffuse dans son émission Sciography un « spécial Galactica » qui relance les débats autour des différents projets en gestation. Le document s’intéresse à la série initiale ainsi qu’à son spin-off, Galactica 1980, et propose plusieurs interviews, notamment celles de Glen Larson et de l’acteur Dirk Benedict. Grand sage, ce dernier suggère que son ancien partenaire et Larson joignent leurs efforts au lieu de se disputer la paternité d’un hypothétique Galactica nouvelle formule. Aussitôt Hatch envoie un nouveau mail au site BattlestarGalactica.com, déplorant que Dirk Benedict ait mal interprété sa vision de la série et relevant, surtout, un commentaire de Glen Larson. Celui-ci a en effet déclaré qu’il n’aurait pas dû intégrer Lorne Greene à Galactica 1980, ni d’ailleurs aucun membre de l’équipe précédente. « Mon seul commentaire », réplique Hatch, « c’est que la seule chose qui valait le coup dans Galactica 1980 c’était Lorne Greene, Dirk [Benedict, qui apparaît, rappelez-vous, dans un épisode] et Herb Jefferson Jr. Je ne comprends toujours pas pourquoi Glen s’acharne à vouloir enlever précisément les seules choses qui valent la peine d’être gardées. Je suis sincèrement convaincu que très souvent les fans savent mieux ce qui est particulier et intéressant dans une série que les gens qui la font. »

Expression d’un sincère attachement à ce qui fit le succès de Galactica et à l’opinion des fans ou tentative maladroite de se concilier ceux-ci, à l’époque où même la Fox a fini par comprendre l’importance et la valeur de l’effet internet ? La question reste posée, tout comme celle de l’avenir de la série. On espère seulement que tout cela aura servi à quelque chose et qu’on verra effectivement un nouveau Galactica avant, disons... le quatrième millénaire ?

 

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UN NOUVEAU DEPART

 

C’est en 1999 que Richard Hatch a présenté le film de démonstration produit par sa propre société, Su-Shann Productions, à l’intention de la firme Universal. Montré à plusieurs conventions de science-fiction, le film a suscité l’enthousiasme des fans, qui semblent y avoir retrouvé la dynamique de l’original. Intitulé Battlestar Galactica : The Second Coming, le film réunit quelques visages familiers et introduit une nouvelle génération d’acteurs, conformément aux déclarations de son producteur, qui y reprend également le rôle d’Apollo. A ses côtés, John Colicos campe un Baltar vieillissant que l’on a peu de chance de revoir si une nouvelle série voit le jour, puisque l’acteur est décédé peu de temps après le tournage. Quant à Terry Carter, qui était le commandant en second du Galactica dans la série de 1978, il est devenu Président, ses cheveux gris assurant en quelque sorte la continuité avec la figure paternelle d’Adama. On regrette bien sûr l’absence de Starbuck, qui apportait à l’original un charme et une légèreté supplémentaires, mais les cartes abattues par Hatch semblent néanmoins prometteuses, si l’on en juge par ce que l’on peut en voir sur le net.

Vingt yahrens ont passé, mais l’équipage du Galactica est toujours égaré dans l’espace, à la recherche de la fameuse Treizième Colonie. Non loin derrière, les Cylons n’ont toujours pas lâché prise. En revanche, le temps leur a permis d’évoluer. Leur armure a légèrement changé, moins rutilante, plus saillante, presque plus effrayante. Leur puissance aussi. Alors que dans la série originelle les robots avaient tendance à tomber comme des mouches dès les premiers échanges de lasers, Richard Hatch et son co-réalisateur Jay Woelfel les voulaient plus redoutables, moins faciles à tuer, selon la vieille règle maintes fois éprouvée depuis Hitchcock et les James Bond : plus le méchant est réussi, plus le film est bon. Le nouveau look des Cylons ressuscités est dû en partie à Eric Melson, chez qui la production a déniché un costume entier légèrement différent des combinaisons métalliques usitées dans la série, costume qu’il avait fabriqué lui-même pour se distraire, amuser ses amis et... surprendre Richard Hatch lors d’une convention à San Francisco. A leur tête, on assiste aussi au retour de l’Imperious Leader, ce chef redoutable absorbé par l’obscurité au sommet d’un trône monumental mais sobre, au look reptilien. Les lézards sont d’ailleurs l’un des motifs de suspicion de certains fans pointilleux : Hatch a en effet réintégré l’idée que les Cylons sont apparentés à des Sauriens, idée que la première série avait effleurée mais jamais développée.

Pour concrétiser ce projet qui vise, selon ses propres termes, à donner à la série « sa véritable première chance », le comédien s’est entouré de collaborateurs à l’efficacité démontrée. Son premier réalisateur, Kevin Van Hook, ayant déclaré forfait, c’est à Jay Woelfel, un jeune metteur en scène plusieurs fois récompensé avec qui il venait de tourner deux films, Iron Thunder et Unseen, que Hatch a confié la mise en images du scénario qu’il avait co-écrit avec Sophie LaPorte. Woelfel n’était pas étranger à l’univers Galactica, qu’il avait fréquenté dans ses jeunes ans à travers la petite lucarne. L’idée de travailler sur ce film l’enthousiasma très vite. « Je n’ai jamais pensé que je serais impliqué dans Galactica de quelque manière que ce soit. C’est très étrange, et génial, de se trouver sur un plateau à travailler avec des choses dont vous n’auriez jamais pensé qu’elles joueraient un rôle dans toute votre vie dans l’industrie du cinéma. Vous vous retrouvez à faire des choses auxquelles vous pensiez en tant que spectateur et que vous pouvez maintenant faire réellement. » Dès les premiers jours de tournage, le comédien et le réalisateur étudièrent ensemble les angles de prises de vues, confrontant leurs idées et réalisant finalement une mise en scène à deux voix. Par chance, ils partageaient le même point de vue sur la résurrection de la série. « Vingt ans ont passé. » constatait le réalisateur dans une interview accordée au site BattlestarGalactica. « On doit en tenir compte. Lorne Greene est mort et tout le monde a vieilli. Si on veut faire comme si cela n’était pas arrivé, on échouera. En même temps, si on fait comme si vingt ans plus tôt il n’y avait ni casting ni histoire et qu’on recommence à zéro, je pense qu’on se fait aussi des illusions. Des remakes comme Psycho, Perdus dans l’espace, Wild Wild West et McHale’s Navy démontrent tous à quel point c’est une mauvaise idée. »

 

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Il faut donc utiliser les éléments déjà établis pour introduire progressivement de nouvelles têtes et de nouvelles règles. Le design des vaisseaux et des costumes reste donc globalement le même, à quelques différences près. L’uniforme des soldats coloniaux, marron à l’origine, a plutôt viré au rouge, l’armure des Cylons, on l’a dit, a subi quelques modifications et les vaisseaux aussi. Si le Galactica, les Vipers et les Raiders (les petits vaisseaux de combat cylons) sont toujours là, les techniciens ont ajouté aux anciens modèles quelques imperfections supplémentaires, estimant qu’après vingt ans dans l’espace toute cette armada avait forcément subi quelques affronts qui devaient se traduire par des marques sur la carlingue, des couleurs un peu moins éclatantes et quelques lettres effacées. « J’ai dû ajouter pas mal de panneaux supplémentaires et différentes petites choses qui n’étaient pas sur l’original », explique Mike McAdams, « mais dans l’ensemble j’ai conservé le look de la maquette télé. » McAdams est l’un des infographistes qui ont travaillé sur les vaisseaux et tous les aspects du film qui, progrès oblige, ont été réalisés en images de synthèse. Sa participation à la réalisation de The Second Coming tient en grande partie à son culot : passionné par l’univers de la série, il a conçu sur son propre ordinateur des modèles qu’il a envoyés au site internet BattlestarPegasus.com dès qu’il a su qu’un tournage se préparait, dans l’espoir que Richard Hatch finirait par tomber dessus et l’appellerait, ce qui arriva au bout de plusieurs mois d’attente ! Lorsque le projet prit forme, il disposait déjà de modèles tout prêts de Vipers et de Raiders qu’il ne restait qu’à optimiser selon les nécessités du scénario.

Si Mike McAdams s’occupait des vaisseaux, son acolyte Kenneth Thompson Jr était chargé, lui, plus spécialement des Cylons. Car eux aussi tirent parti des nouvelles technologies, mais pas uniquement. « J’estimais que les Cylons tout spécialement avaient besoin d’être de bons vieux acteurs dans des combinaisons », déclarait Jay Woelfel, bien décidé à utiliser au mieux les possibilités des ordinateurs sans négliger pour autant le recours aux modèles réels. Les images générées par ordinateur révélèrent d’ailleurs leurs limites, en particulier lorsqu’il fallut finaliser les modèles numériques des vaisseaux. « Quand on réalise une maquette pour un film », explique Woelfel, « ce qu’on fait pour qu’elle ait l’air vraie c’est qu’on y met autant de trucs que possible. Des petits détails, autant qu’on peut en mettre. Cela s’avéra problématique quand on recréa les mêmes vaisseaux, les Vipers, le Galactica lui-même, en images de synthèse... La plupart des vaisseaux que l’on crée sur ordinateur ont des surfaces lisses, exactement le contraire des maquettes. Il a fallu quelques heures supplémentaires aux types de l’infographie pour résoudre le problème. »

Afin d’éviter de trop grosses bourdes, la production a également eu recours à un conseiller scientifique, une précaution qui peut surprendre si l’on considère que l’un des clous de la série, les combats spatiaux, se joue allègrement des lois de la physique. Mais tant pis : le Dr Kevin Grazier, qui est impliqué dans l’exploration martienne et d’autres projets que l’on imagine volontiers grandioses, a erré de longues heures sur le plateau, finissant même par enfiler la combinaison d’un Cylon qui fut ensuite dupliqué pour constituer une patrouille entière de Centurions dans un plan fugace du film ! Comme quoi, on peut faire de longues études et se retrouver à jouer au robot sur un plateau de cinéma... Grazier est le premier à reconnaître qu’il n’a pas eu grand chose à faire en tant que conseiller scientifique mais il a pris malgré tout un grand plaisir à découvrir le quotidien d’un tournage et les problèmes logistiques qu’il implique. En échange, il a invité Richard Hatch et quelques autres sur son lieu de travail et a même filé aux infographistes des plans inédits (et réels) de l’espace, dont certains se sont retrouvés dans le film ! Concernant Richard Hatch, qui supervisait l’ensemble du projet, il ne tarit pas d’éloges : « Il se préoccupe davantage de créer une histoire bien faite, dramatique et distrayante, que de créer un produit qui soit ‘à moi, à  moi, à moi, à moi, à moi’... Richard écoute les suggestions de chacun - en fait, il les sollicite activement - et il utilise ce qui fonctionne même si cela remet en cause ses propres idées. Tout le monde est encouragé à faire preuve de créativité et, même si votre idée n’est pas retenue, vous ne restez pas avec le sentiment qu’on ne vous a pas écouté. » Et le scientifique de terminer sur une remarque qui rejoint les déclarations de l’intéressé depuis des mois et sonne comme un sacré encouragement : « Je pense que si l’équipe de Richard est autorisée à créer une nouvelle mouture de Galactica, les fans ne pourront qu’en être satisfaits. » Qu’on se le dise.

 

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Même si les détracteurs de « l’option Hatch » redoutent que la série, placée entre les mains de l’acteur, n’évolue dans une direction catastrophique, dénonçant avec opiniâtreté les trahisons multiples et les absurdités contenus dans les deux romans co-signés par Hatch, cette Seconde Venue semble bien avoir convaincu une partie du public, imposant la vision du comédien. Les techniciens, le réalisateur, les acteurs, tous partagent a priori l’enthousiasme du « boss » et défendent son attachement aux éléments hérités de la première série. « Personnellement, ça m’est égal de voir quelque chose qui pille l’original », déclarait Ken Thompson, l’infographiste responsable des Cylons générés par ordinateur. « Après tout, c’est une série géniale ! Elle n’a pas besoin d’être réinventée. C’est une perte de temps... Si on avait refait Star Trek avec de nouveaux acteurs, ça aurait fait un flop, à mon avis. Le lancement de la Nouvelle Génération a finalement été un succès parce qu’ils rendaient hommage à l’original, ils ne l’ignoraient pas. Je pense que la même chose est vraie pour Galactica. » Reste à savoir si c’est cette option aussi que choisiront les décideurs d’Universal, encore détenteurs des droits. Plus que jamais, une affaire à suivre.

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