publié en mars 2001 (ASS 4)
par Thierry Le Peut
Concoctée par Stu Segall et Richard C. Okie qui avaient déjà secondé Stephen J. Cannell sur Le Rebelle, La Loi du Fugitif reprend en fait le principe de cette dernière avec un nouveau héros et un nouveau gimmick. Ancien policier qui a vu mourir son épouse et sa fille alors qu’il témoignait contre le roi du crime Jacob Calder, Michael Cates parcourt le pays sous une nouvelle identité à bord d’un imposant T-2000 (un camion, pas un parent du Schwarzie de Terminator), traquant le crime en « free lance » tout en travaillant occasionnellement pour une unité spéciale du Gouvernement chargée de coincer une bonne fois Calder, très vite libéré de prison malgré le témoignage du héros. Ce dernier, s’il vole chaque semaine au secours de la veuve et de l’orphelin, n’en poursuit pas moins une idée fixe qui tient en un mot : la vengeance.
Les scénarii ne font pas dans la dentelle, chaque épisode comportant son lot de fusillades entre gentils et méchants, tous clairement identifiés. Fugitif, Chance Bowman (le nouveau nom du héros) ne l’est en réalité pas tant que cela, puisqu’il jouit en fait du programme de protection des témoins, censé le soustraire à la vindicte de Jacob Calder. Son statut particulier et son caractère bien trempé en font un justicier modèle, guidé par son sens du devoir et de l’équité plus que par le respect des lois. L’un des épisodes lui fait prendre en amitié un tueur à gages christique qui « débarrasse » la terre des crapules, une version du vigilante que l’on retrouve dans la plupart des séries américaines, le citoyen qui se substitue à la Justice pour punir les méchants que l’autorité officielle laisse en liberté. Cette amitié à elle seule éclaire le caractère ambigu de ce justicier version 2000 que TF1 a programmé juste après Walker quelques mois seulement après son apparition aux Etats-Unis (sur la chaîne TNN).
La Loi du fugitif pourtant est une série attachante, en partie à cause du charisme de son acteur vedette, Lucky Vanous, que l’on connaissait déjà en France par une pub vantant la fraîcheur d’une boisson gazeuse sans sucre dont on ne citera pas la marque : il était l’ouvrier torse nu dont une armada de secrétaires guettait chaque jour la pause boisson. Plus qu’un physique, l’acteur donne toute sa présence à Chance Bowman, solide comme un roc mais vulnérable à l’intérieur. On regrettera peut-être le manque de finesse de certaines situations, en particulier les dénouements parfois peu crédibles, mais sans bouder le plaisir bien calibré que la série peut offrir, emmené par un thème musical signé Christopher Franke (Babylon 5, Raven). A noter, la présence au générique de Billy Dee Williams, alias Londo Calrissian dans les deuxième et troisième volets de La Guerre des Etoiles. On s’étonnera, en passant, de l’étrange logique de TF1 qui a quelque peu bouleversé l’ordre des épisodes...