publié en mars 2001 (ASS 4)
par Thierry Le Peut
Coincée entre La Loi du Fugitif et Dawson [lors de sa diffusion sur TF1], Sept à la Maison n’a pas grand chose à voir avec la première mais cultive le côté familial de la seconde. Débarquée en décembre 1999 sur TF1 mais trois ans plus tôt aux Etats-Unis, elle est venue enrichir la liste déjà longue des productions Aaron Spelling dont on évoquait au début de cette rubrique l’un des fleurons, L’Ile Fantastique. Développée par Brenda Hampton à qui Spelling confia aussi la nouvelle mouture de La Croisière s’amuse, Sept à la Maison se présente comme un croisement de Huit ça suffit et de La Petite Maison dans la Prairie. Famille pléthorique constituée de papa, maman, leurs cinq enfants (bientôt sept avec la naissance de jumelles) et le chien (dès la fin du premier épisode), omniprésence de la religion à travers le papa pasteur et les enfants élevés selon les préceptes de la Bible. La maison de cette joyeuse famille est un Jardin d’Eden à peine déguisé, le fils Simon fait appel à Dieu en personne pour régler les cas désespérés et tout le monde se retrouve au temple pour soutenir papa le dimanche. Le titre original de la série est d’ailleurs 7th Heaven, ce qui signifie ni plus ni moins que... le Septième Ciel. Et la chienne s’appelle Happy, tout bêtement (ce qui veut dire « heureuse »).
On pourrait croire que la série est d’une bigoterie à faire peur et ceux qui étaient gênés par les nombreuses références à Dieu que l’on rencontre dans La Petite Maison... le seront peut-être aussi en regardant Sept à la Maison. Pourtant la série offre un peu plus que cela. Comme toutes les séries familiales, elle suit les boires et déboires des membres de la famille, des premières règles de Lucy à la crise d’adolescence de Mary, des interrogations métaphysiques de Simon aux premiers pas de Matt dans la vie estudiantine. Si le ton est moins sombre que celui de La Vie à Cinq et le discours plus moralisateur, les histoires ne sont pas pour autant inintéressantes et l’on s’attache assez facilement aux Camden. A condition d’accepter le postulat du programme tout entier : la famille résout tout. On aura ainsi l’impression que les problèmes semés sur la route des Camden ne sont que des épreuves destinées à tester leur foi en la famille, et le recours explicite à Dieu n’arrange rien. Les scénaristes ont cependant la bonne idée de parcourir à l’occasion tout le panel des religions : Simon et sa petite soeur Rosie s’adressent ainsi aux catholiques, aux juifs et aux bouddhistes pour trouver une solution à leurs soucis dans le diptyque « Crime... et châtiment », retenant finalement une leçon très oecuménique, à savoir que le secret du bien-être c’est d’abord de tout dire à papa et maman !
Tout cela est parfois un peu parfumé à l’eau de rose, trop beau pour être tout à fait convaincant mais somme toute pas si désagréable. Stephen Collins, que l’on a vu aux commandes d’un hydravion dans Jake Cutter, et Catherine Hicks que l’on croisa jadis dans la mini-série La Vallée des poupées campent avec conviction des parents positifs mais parfois dépassés par les événements. Quant aux enfants, ils offrent un panel bigarré (quoiqu’un peu trop vertueux, chacun ayant au fond du coeur cette fibre familiale qui doit nous faire verser des larmes de semaine en semaine...). On a vu Barry Watson au cinéma dans Mrs Tingle, de Kevin Williamson, et le jeune David Gallagher est déjà une idole auprès des ados et des amoureux de l’adolescence ! Jessica Biel, pour sa part, a fait parler d’elle en posant quasiment nue dans un magazine : on reconnaîtra que ce n’est pas la première fois dans une production Spelling, dont les « vertus » étouffantes en ont déjà fait craquer d’autres !