par Ed Robertson
Pomegranate Press, 1993, 208 p.
Ce livre, dont nous nous sommes abondamment servi pour la constitution du numéro 29 consacré au Fugitif, est une référence. Les auteurs du remake télévisé de 2000 ont d’ailleurs déclaré l’avoir utilisé pour compléter leur connaissance de la série originale. Introduit par Stephen King (grand fan de la série) et préfacé par Barry Morse, l’ouvrage d’Ed Robertson est un hommage de fan autant qu’un instrument à la rigueur et à l’exhaustivité remarquables. Il livre de nombreux détails sur la genèse de la série et fournit tout au long du guide des épisodes un éclairage inédit grâce aux nombreux témoignages provenant des producteurs, des scénaristes, de certains membres de l’équipe technique de la série, aussi bien que des recherches de l’auteur. Il permet ainsi de porter un regard informé sur la manière dont le concept est né dans l’esprit de Roy Huggins et sur la façon dont Quinn Martin et son équipe l’ont réalisé pour l’écran. On y trouve notamment le document de présentation rédigé par Huggins en septembre 1960 et qui avait disparu dans un carton jusqu’à ce que Huggins lui-même l’en sorte, en faisant des recherches pour répondre à Robertson.
Le lecteur qui a lu la préface de Barry Morse à l’Anthologie des séries de Didier Liardet constatera que la quasi-totalité des remarques énoncées par le comédien se trouve déjà dans les pages de Robertson. Morse, il est vrai, s’est montré assez prolixe sur sa carrière, participant notamment aux conventions des fans du Fugitif et de Cosmos 1999 ; mais en l’occurrence il semble s’être contenté de reprendre les lignes du livre de Robertson pour composer une préface sur Le Fugitif dans un ouvrage consacré à l’ensemble des séries américaines des années 1950-1960. Il n’en reste pas moins que ses remarques fournissent un point de vue de premier choix sur la façon dont le comédien s’est investi du rôle du Lt Gerard, l’orientant rapidement vers un personnage moins stéréotypé que ce qu’il était aux origines de la série.
Plus rares sont les apports de George Eckstein, Alan Armer, Philip Saltzman ou Don Brinkley, producteurs et scénaristes du show qui reviennent ici sur les particularités d’écriture de la série et sur certains aspects rarement – voire jamais – commentés de sa production. A l’occasion, Robertson donne la parole aux comédiens, par exemple en laissant s’exprimer Carol Rossen sur un rôle assez polémique qu’elle a joué dans un épisode : lire le commentaire de l’actrice sur une performance de trente ans antérieure est aussi intéressant que de recueillir d’un épisode à l’autre les souvenirs des scénaristes, de l’assistant réalisateur Bob Rubin ou du maquilleur Jack Wilson.
Illustré de photos de production, l’ouvrage liste également tous les pseudonymes utilisés par Richard Kimble dans la série, épisode par épisode, ainsi que les lieux visités et les emplois occupés. Il reproduit aussi la parodie publiée par MAD Magazine en 1964, jubilatoire, un article du Chicago Sun-Times publié en 1967 sous la forme d’une interview imaginaire avec le Dr Kimble après son nouveau procès (insolite) et une liste des publications et éditions video en rapport avec la série. Le tout complété par un index qui permet de retrouver aisément son chemin dans une telle abondance d’informations.
Il va de soi que la lecture de ce livre est à recommander sans modération à tous les fans de la série.
Thierry Le Peut