Au sommaire d'Arrêt sur Séries .38.

 

ASS 38 final cover 1-copie-1

 

MAGNUM

anatomie d'une icône eighties

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HAWAII 5-0

analyse d'un remake boosté à la testostérone

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> L'édito de ce numéro :

ASS 38 final cover 1-copie-1Aujourd’hui encore, NCIS cartonne sur CBS et sur M6. Dérivée de JAG, prolongée par son propre spin-off, NCIS Los Angeles, la série s’est séparée de Donald Bellisario qui a présidé à sa naissance mais elle perpétue encore la « marque » de celui qui fut l’un des producteurs phares des années 1980, attestant que la « nouvelle garde » des séries ne s’est pas encore totalement affranchie de la génération antérieure.

Donald Bellisario  appartient à cette génération d’artisans de la télévision qui, parvenue à maturité dans les années 1970, a grandi au moment où la petite lucarne faisait ses premiers pas. Nourri au cinéma des années 1940, il en reproduira les codes dans la plupart de ses productions, depuis son engagement dans l’équipe de scénaristes des Têtes brûlées jusqu’à JAG, qui souffre encore de sa réputation de « vitrine » de l’armée et des valeurs américaines. De fait, le nom de Bellisario reste associé à ces idéaux que l’on dit « républicains » et qui prolongent le cinéma patriotique de la moitié du XXe siècle. On rappellera dans ce numéro que son intention en produisant Magnum était de montrer une Hawaii plus proche des années 1940 que de 1980. Et la série, comme les autres « bébés » de Bellisario, au premier rang desquels Code Quantum et JAG, ne cesse d’invoquer des figures du passé, qu’il s’agisse de rouvrir des pages de l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale ou d’imiter les figures de Bogart ou de John Wayne. Les meilleures plumes de Magnum, Robert Hamilton, Reuben Leder, sont aussi celles qui ont le mieux assimilé cette donnée de l’imaginaire bellisarien pour le décliner à travers des intrigues et des personnages directement hérités du cinéma des décennies antérieures. Magnum rejoue Le Faucon Maltais et Key Largo, mais aussi My Fair Lady ou le Chinatown de Polanski ; on y croise des figures de privés fidèles à la tradition hard boiled, comme Luther Gillis, un policier à la Charlie Chan et un autre qui se prend pour John Wayne. Série référentielle, elle impose en prime time un univers que le producteur, également scénariste et réalisateur voire acteur de ses productions (on le croise dans un épisode de Magnum et on l’aperçoit dans un autre de Code Quantum), continuera d’explorer dans ses programmes ultérieurs.

C’est cet univers que nous avions à cœur d’explorer. Les qualités de Magnum sont si nombreuses que nous avions écarté la série de notre numéro « spécial Hawaii » il y a dix ans, nous promettant d’y revenir largement. Dix ans, c’est donc le temps qu’il aura fallu pour nous décider – parce que d’autres envies et d’autres priorités ont bousculé les plans initiaux. Comme il y a tant à dire, nous avons choisi de nous étendre, en proposant dans ce n°38 la première partie d’un dossier qui se poursuivra dans le n°39. Que les fans ne s’inquiètent pas : la suite du guide des épisodes est déjà prête et trouvera sa place dans notre prochaine livraison, ainsi qu’un prolongement aux articles présentés ici, notamment un entretien avec l’un des comédiens de la série. (Si le Dieu de la presse papier, évidemment, nous prête vie, mais vous avez l’habitude maintenant !)

Mais, tant qu’à faire, nous avons voulu réitérer le « spécial Hawaii » de 2001. Et donner à Magnum le voisinage de Hawaii 5-0, le revival de la série « culte » qui fit de Jack Lord le prince d’Hawaii dans le rôle de Steve McGarrett. Revival est bien le terme qui s’impose car, plus qu’un remake, Hawaii 5-0 est une nouvelle série qui reprend simplement les personnages de la série originelle qui fit les beaux soirs de CBS de 1968 à 1980 – et ouvrit la voie à Magnum. Pas seulement les personnages, d’ailleurs : très vite, les producteurs ont compris qu’ils avaient tout intérêt à conserver le cultissime thème musical de Morton Stevens et le concept du générique de la série-mère. Hawaii 5-0 est donc à la fois une série très différente de Hawaii Police d’Etat, à la limite de la caricature (chacun choisira si la limite est franchie ou non), et un programme qui rend hommage de jolie façon à son modèle. On en retrouve certains acteurs, on y joue avec les personnages même mineurs de la série ancienne aussi bien qu’avec les patronymes des comédiens, on y sort même de son garage l’authentique voiture que conduisit Jack Lord et jusqu’à… un porte-manteau qui ornait son bureau ! Et, de nouveau, on y flirte avec l’héroïsme guerrier en invoquant, toujours, le souvenir de Pearl Harbor.

Depuis Hawaiian Eye, en 1959, série révélant Robert Conrad et qui offrait au public une Hawaii reconstituée en studio en Californie, et surtout, bien sûr, depuis Hawaii Police d’Etat, l’archipel américain du Pacifique n’a plus quitté le petit écran. L’image que s’en fait le public français est largement redevable aux enquêtes de McGarrett et de Magnum. C’est grâce à eux que l’on connaît Lady Columbia, l’imposante statue qui se dresse telle une Victoire au-dessus des tombes des soldats américains dans le cratère d’un volcan éteint. Grâce à eux que nous paraissent familiers les rochers où viennent se briser les vagues du Pacifique. C’est cette Hawaii que revisite Hawaii 5-0, mais aussi une Hawaii plus sauvage, où les hommes semblent dérisoires entre les racines gigantesques d’arbres cyclopéens : l’Hawaii mystérieuse où durant six années se sont perdus les héros de Lost, dont l’un, Daniel Dae Kim, est justement resté dans l’archipel pour incarner le nouveau Chin Ho Kelly, trente ans après l’original.

Exotique, mystérieuse, dangereuse aussi, Hawaii est de retour. Plus flamboyante que jamais. Bon voyage !

Thierry Le Peut 

 

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