publié en mars 2013 (ASS 41)
par Thierry Le Peut
Hier inconnu, puis révélé par American Beauty et « télévisé » par Six Feet Under, Alan Ball a tout juste quitté True Blood, sa série hot vampire, qu’il affiche son nom en qualité de producteur au générique de Banshee, une nouvelle production HBO diffusée sur la chaîne Cinemax. Banshee est une série d’action, elle le montre dès sa séquence prégénérique (et inaugurale) absolument soufflante qui voit les rues de New York transformées en piège de cristal du petit écran, avec fusillade démente, poursuite en voiture et bus renversé. Le but est simple : flanquer un coup de poing au spectateur pour le convaincre qu’il n’a pas affaire à la première daube venue. Le rythme, ensuite, se calme (un peu) mais la série confirme son ancrage dans le genre, qui fera écrire à Pierre Langlais pour Télérama qu’elle constitue plus un « plaisir coupable » qu’une œuvre de génie. On est d’accord avec le sieur Langlais sur la prestation tout-d’une-pièce de la star du show, Antony Starr (justement…), dont les mimiques sont vite lassantes et portent presque préjudice à l’ensemble. Pour tout dire, au fur et à mesure que l’action avance dans le premier épisode, on se demande constamment si on a atterri dans une œuvre qui vaut qu’on s’y accroche ou dans une série B, voire Z, qui se cache sous une ouverture bluffante. Ainsi le bad guy de la série est-il un fils d’Amish reconverti en entrepreneur plus malhonnête que vertueux qui tient la ville dans sa poigne d’acier, jouant de la corruption et de l’intimidation pour échapper à la justice.
Un méchant bigger than life qui ne tarde pas à montrer l’étendue de sa dangerosité en brisant (littéralement) les dents d’un redneck qui s’est mal comporté avec son père ou en livrant un collaborateur trop entreprenant à son chien avant de le découper dans son usine de viande. Gentil et méchant sont donc caricaturaux et la série l’assume complètement en ne s’embarrassant pas de vraisemblance : le héros, tout juste sorti de prison, se fait passer (à la suite d’un concours de circonstances totalement off limit ) pour le nouveau shérif de la petite ville de Banshee, où il est venu retrouver son ex-petite amie devenue l’épouse d’un procureur et maman d’un petit garçon et d’une ado ravagée qui, ô hasard, a pile l’âge d’avoir été conçue par notre héros avant son incarcération, quinze ans plus tôt. Bref, si Banshee intrigue, il faut plus qu’un épisode pour se faire une idée de ce que cette créature hybride a vraiment sous le capot. C’est du dur, ou de l’esbroufe. On verra à l’usage…