publié en mars 2004 (ASS 16)
par Thierry Le Peut
Après Zorro, Au Nom de la Loi et récemment Ma Sorcière bien-aimée, la France redécouvrait un classique noir et blanc dans une version colorisée étrennée par TMC. Une idée charmante qui permet, outre de voir ou revoir l’un de ces programmes dont le seul nom éveille la nostalgie téléphilique, d’apprécier le bleu sans lequel les Tuniques n’avaient pas autant d’attrait !
Tournée de 1954 à 1959 à Corriganvile Ranch en Californie, la série compte 164 épisodes de 25 minutes et met en vedette un chien dont on oublie volontiers qu’il s’illustra d’abord du côté allemand lors de la Première Guerre mondiale, avant de devenir une mascotte télé et l’animal favori d’une génération de téléspectateurs attendris par son scoutisme prononcé. Apparue chez nous en 1960, The Adventures of Rin Tin Tin (en trois mots) était contemporaine dans son pays des aventures de Lassie, autre canin qui a marqué les esprits. On y voyait, outre le petit Lee Aaker dont le nom aura vite disparu des écrans, un certain James Brown que les amis de J.R. connaissent sans, peut-être, le savoir puisqu’il fut le Sgt Harry McSween, l’âme damnée du plus machiavélique des frères Ewing, dans un grand nombre d’épisodes de Dallas.
Dans cette sympathique série destinée au jeune public, Rintintin et le petit Rusty sont les uniques rescapés d’une caravane attaquée par les Indiens. Retrouvés par les Tuniques bleues du 101ème de Cavalerie, ils sont devenus les mascottes du régiment et Rusty s’est vu gratifié du grade de Caporal tandis que son complice canin a appris à répondre à l’appel de « soldat Rintintin ». Nous sommes en Arizona et ce petit monde est cantonné au Fort Apache, du nom des Indiens que les soldats de l’Oncle Sam doivent justement surveiller en cette fin de XIXème siècle où l’Oncle Sam, comme dans Les Mystères de l’Ouest, est le Président Ulysses Grant. Placés sous les ordres du Lt Rip Masters, que campe James Brown, Rusty et Rintintin sont flanqués de l’impayable Sgt Biff O’Hara, faire-valoir comique, et côtoient périodiquement les habitants de Mesa Grande ou Salt Lake City, quand ils ne s’aventurent pas dans le Grand Nord.
Rintintin n’a certes pas le charme héroïque de Zorro mais la série s’adresse encore au jeune public par l’intemporalité de son cadre et la naïveté de ses morales. Si l’on goûte le plaisir coupable de fusillades entre Cavalerie et Indiens, ceux-ci n’en sont pas pour autant confinés à leur rôle d’épouvantails manichéens et la série intègre la réhabilitation de ce peuple opprimé, entre western à l’ancienne et revisitation moderne, le tout avec suffisamment de cliché pour en rester au stade du divertissement bon enfant.