Un article de Thierry LE PEUT

publié dans Arrêt sur Séries n°10 (septembre 2002 - aujourd'hui épuisé)

 

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LA SAISON DE L’ESPOIR

La voix d’Ivanova concluait la deuxième saison en tirant des événements qu’elle relatait un constat clair : « Nous avions échoué ». C’est logiquement elle qui introduit la troisième saison en prononçant l’exergue de chaque épisode et en prenant pour point de départ cet échec. La guerre est désormais là : celle des Centauris contre la plupart de leurs voisins, celle qui paraît inévitable sur la Terre où un pouvoir totalitaire se met en place, celle enfin des Ombres, ennemis encore mystérieux mais qui ont révélé leur visage aux principaux personnages lors de la deuxième saison. De l’échec naissait cependant l’espoir : construite pour éviter les guerres, Babylon 5 trouvait dans l’échec une nouvelle signification, un nouveau dessein, qui était de remporter la guerre contre les Ombres. Dans les derniers mots d’Ivanova se trouvait la ligne directrice de la saison à venir : « ... ce qui est dans l’ombre finit toujours dans la lumière. »

Le maître-mot de la saison trois pourrait donc être « révélation ». Révélation à tous du péril qui a déjà commencé à sortir des limbes mais aussi, et surtout, révélation de chacun au moment du choix. « Regardez-le bien, John », déclare l’ambassadeur Delenn au commandant Sheridan dans l’épisode d’ouverture de la saison, « L’Etoile Céleste ». « Voilà le visage de notre ennemi. » Une fois révélé ce visage, chaque peuple soumis à la menace des Ombres va réagir selon ses intérêts propres, au mépris parfois de la sauvegarde de son voisin. Mais la guerre contre les Ombres est le noyau à partir duquel se développent des ramifications qui auront, elles aussi, leurs révélations : si la guerre déclenchée par les Centauris semble avoir atteint son apogée dans la deuxième saison, les événements qui se produisent sur la Terre en revanche sont encore à l’état embryonnaire et vont parvenir à maturation dans cette troisième saison.

 

LA STRUCTURE DE LA SAISON 3

Les deux lignes maîtresses de la troisième saison sont fondées sur un rapport de forces à définir : la première est la guerre contre les Ombres, qui continue d’être préparée durant la première moitié de la saison et commence « officiellement » à la fin de l’épisode 14 (1), la seconde est la guerre civile qui fait imploser l’Alliance Terrienne et dont le point culminant est atteint dans l’épisode 10. L’évolution de la ligne Centauris-Narns s’insère dans cette architecture comme un motif récurrent mais relativement mineur, bien qu’elle comporte elle-même ses temps forts.

Comme dans la saison précédente, chaque épisode est rattaché d’une manière ou d’une autre aux lignes maîtresses de la saison. Certaines intrigues, cependant, en sont clairement détachées, ménageant dans le récit quelques parenthèses destinées à « l’alléger ». Ce sont essentiellement les épisodes de la première mi-saison : « Convictions », « Au coeur du conflit », « Les jardins de Gethsemani », « Dépendance », « Exogenèse » ont ainsi une unité qui permet de les apprécier isolément. Ce sont les trames secondaires qui assurent la continuité au sein de la série, même si les thèmes abordés trouvent leur place dans la ligne générale. Dans la seconde moitié de saison, en revanche, seuls trois épisodes peuvent se soustraire à la trame générale, encore n’est-ce qu’à moitié vrai pour le troisième. « Le secret de Vir » et « Le chevalier de la Table ronde » possèdent leur unité, tandis que « Le secteur Gris 17 ne répond plus » emprunte son titre à une intrigue secondaire impliquant Garibaldi mais intègre également une ligne majeure construite autour de Delenn et des Rangers. Un quatrième épisode, « Mélodie oecuménique », échappe aux deux lignes maîtresses mais constitue l’un des  temps forts du motif Centauris-Narns et est appelé, en tant que tel, à jouer un rôle important dans de futurs développements.

La saison 3 est d’une construction extrêmement rigoureuse qui semble ne rien laisser au hasard, plus encore que les deux premières. Ce qui s’explique aisément par le fait qu’elle a été écrite entièrement par J. Michael Straczynski, au contraire des deux premières qui contenaient plusieurs épisodes écrits par d’autres mains (dix dans la première, sept dans la deuxième).

D’un point de vue purement « archi-tectural », l’épisode double « La guerre sans fin », qui constitue les segments 16 et 17 de la saison, possède un statut à part. Son importance est soulignée par le fait que son titre fut envisagé comme l’intitulé générique de la saison entière, et il s’inscrit bien dans la trame majeure de la guerre des Ombres. Mais il apporte surtout une conclusion à l’épisode « Babylon 4, le vaisseau fantôme » de la saison 1, qui amorçait une intrigue dont Jeffrey Sinclair, alors commandant de Babylon 5, était l’élément central. Sinclair remplacé par Sheridan, les pistes lancées par cet épisode devenaient sujettes à caution. La place accordée à Sheridan autant qu’à Sinclair dans cet épisode double paraît bien témoigner des ajustements opérés par J. Michael Straczynski pour insérer le premier dans une trame destinée d’abord au second. Construit sur un paradoxe temporel, l’épisode s’amuse ainsi à faire disparaître et apparaître plusieurs de ses personnages comme le ferait un joueur de bonneteau. Les personnages finissent par ne plus savoir eux-mêmes qui est qui, et la confusion fait oublier complètement que la partie se joue avec un acteur de plus, en l’occurrence Sheridan. Straczynski parvient finalement à offrir une belle sortie à Sinclair, qui conserve une place essentielle dans les événements tout en laissant la part belle à son successeur Sheridan. L’épisode contient en sus quelques aperçus de l’avenir qui en font, comme la station Babylon 4, un point central de la série, porteur à la fois du passé, du présent et de l’avenir.

L’ensemble de la saison est parfaitement orchestré, les premiers épisodes posant les thèmes principaux qui sont développés jusqu’au climax de mi-saison puis repris et amplifiés dans la seconde moitié, préparant un nouveau climax de fin de saison, en forme de conclusion provisoire. Comme dans les saisons précédentes, les événements racontés s’étendent sur une année. D’un épisode à l’autre, le temps s’écoule irrégulièrement : de l’épisode 6 à l’épisode 8, deux semaines ont passé, puis trois semaines jusqu’à l’épisode 9, trois mois jusqu’à l’épisode 12, un mois jusqu’au 15. Les deux avant-derniers sont datés par rapport à l’événement principal du dernier et en temps réel : l’épisode 20 commence 14 jours avant la fin, l’épisode 21 7 jours. On notera que la diffusion sur les écrans américains s’étalait elle-même sur un an, du 7 novembre 1995 au 28 octobre 1996.

Le rythme de la narration subit lui aussi des variations commandées par les points culminants: l’ouverture est relativement calme, les épisodes 9 et 10 précipitent les événements puis sont suivis d’une accalmie provisoire (et toujours relative), elle-même suivie d’un crescendo qui conduit à l’explosion finale. Au sein des épisodes, la même alternance est reprise régulièrement, les moments de tension étant soulignés par le débit plus élevé des acteurs et des déplacements plus rapides, tant au premier plan qu’en arrière-plan (amusez-vous à regarder derrière Sheridan ou Ivanova dans certaines scènes « tendues », notamment avant un combat, vous risquez d’y voir passer dans un sens et dans l’autre deux ou trois figurants !). Les moments d’accalmie, au contraire, sont l’occasion de développer les relations quotidiennes ou sentimentales des personnages : Marcus cherche à lier conversation avec Ivanova dont il est amoureux, elle-même bavarde avec Garibaldi, Sheridan ou Franklin autour du petit-déjeuner ou d’une table de bar, le commandant invite Delenn à dîner, etc. Ce jeu rythmique est également facteur d’ironie lorsqu’il fait se côtoyer tension et repos dans des scènes liées par les unités de lieu, d’action et de temps : dans « Renaissances », par exemple, Marcus et Lennier discutent sentiments au milieu d’une salle dont le premier vient d’assommer tous les occupants, en attendant que l’un de ces derniers revienne à lui pour être interrogé ; dans « Exogenèse », le même Marcus parle de ses sentiments (encore...) vis-à-vis d’Ivanova alors qu’il est enfermé avec le Dr Franklin à deux pas de malfaisants patibulaires qui ne leur veulent visiblement pas beaucoup de bien. La plupart des épisodes contiennent ainsi leurs moments de tension et leurs instants intimistes, à l’image de la saison.

 

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LA DANSE DES OMBRES

La ligne majeure de la saison 3 est, on l’a dit, la lutte encore larvée contre les Ombres, qui prend cette année-là des dimensions apocalyptiques.

« L’Etoile Céleste », premier chapitre de la saison, est en quelque sorte une piqûre de rappel avant d’ouvrir la nouvelle année. Un délégué des Forces Terriennes arrive sur Babylon 5 afin d’enquêter sur le mystérieux vaisseau aperçu, et filmé, pour la première fois dans le dernier volet de la saison précédente. Si nous, devant notre écran, avons déjà entrevu plusieurs fois des vaisseaux identiques, les personnages en revanche n’en sont qu’au premier stade de la découverte. Un stade où le mystère et la crainte accompagnent une vision plus pressentie que reconnue : pour Londo, l’image évoque un rêve qu’il a fait plusieurs fois, dans lequel ces vaisseaux se déplacent dans le ciel de sa planète mère, Centauri Ier, si nombreux, dit-il, « qu’ils cachent le soleil » ; pour G’Kar, il s’agit d’un dessin découvert dans le Livre de G’Kwan, la Bible des Narns, représentant une race combattue mille ans plus tôt par ses ancêtres, des êtres « impliqués dans une guerre qui avait eu lieu bien au-delà de notre monde ». Seule Delenn, l’ambassadrice des Minbaris, reconnaît avec certitude la forme qu’on lui montre, « le visage de notre ennemi », comme elle l’explique à Sheridan. A la fin de l’épisode, cependant, ce dernier a constitué autour de lui un conseil de guerre restreint comprenant les principaux personnages de la série : à eux, Delenn fait le récit qu’elle avait déjà fait à Sheridan dans la saison 2. C’est la première révélation, celle de l’existence des Ombres et du péril qu’elles représentent.

Juste avant, toutefois, une scène située sur la Terre nous révèle ce que les personnages ignorent encore : le gouvernement terrien, du moins certains membres du Sénat, connaissent déjà l’existence des Ombres. Mieux, ils la cachent avec la complicité du Corps Psi et des Ombres elles-mêmes, représentées par leur émissaire gris, Morden.

Cette découverte reste en sommeil jusqu’à l’épisode 8, « Message terrestre ». On y apprend la découverte sur Mars, des années auparavant, d’un vaisseau des Ombres enfoui dans le sol, et la tentative des militaires d’en prendre le contrôle. Garibaldi, pilote sur Mars à cette époque, fut témoin d’une partie des événements et trouva sur les lieux, après qu’un second vaisseau fut passé reprendre le premier, un badge du Corps Psi. Le récit que fait un archéologue de ces événements conduit à la première véritable opération militaire de Sheridan contre les Ombres mais il sera repris encore une fois, et de nouveau enrichi de développements inédits, dans le dernier volet de la saison : le vaisseau découvert sur Mars a bien échappé aux militaires mais, muni d’un émetteur, il les a menés jusqu’à Z’Ha Dum, la planète des Ombres. Une expédition y fut alors envoyée : il s’agissait de la fameuse expédition dont faisait partie Anna Sheridan, à bord de l’Icarus (voir « Dans l’ombre de Z’Ha Dum », épisode 2.16).

Progressivement, par petites touches et développements successifs, les différents événements rapportés dans la série se mettent donc en place et dévoilent le dessein d’ensemble. Les informations semées au fil des deux premières saisons s’insèrent dans une trame plus complexe et les phrases sibyllines prononcées par tel ou tel (on pense à Kosh et Delenn, bien sûr, mais également à des personnages épisodiques, comme le « chasseur d’âmes » de l’épisode 1.2, dont l’image revient dans « Z’Ha Dum ») rencontrent finalement leur sens, confirmant que Straczynski sait parfaitement où il va et que la série est bien construite comme un roman, évolutif et maîtrisé. Les jeux avec le temps, passé, présent et futur, ne sont que l’expression de l’omniscience du narrateur qui connaît son histoire, ses tenants et ses aboutissants, et s’amuse à les révéler par bribes. « La guerre sans fin », fondé justement sur des glissements répétés d’un moment du temps à un autre, est de ce point de vue une sorte d’épure de ce qu’est la série entière.

Entre les segments 8 et 22, l’épisode 14 sert de relais. Il reprend l’information précédente (la Terre - et spécialement le Corps Psi - connaît l’existence des Ombres, qui influencent la politique du Président Clark) et en apporte une nouvelle : les Ombres utilisent les télépathes pour mouvoir leurs vaisseaux, en les « branchant » sur ceux-ci. Mais on découvre aussi que les télépathes ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre les Ombres, découverte qui sera confirmée dans l’épisode 18 et constituera l’avancée majeure dans la mise en place de deux camps équilibrés au commencement de la guerre. Là encore, Straczynski a recours à la formule prémonitoire, qui vaut à la fois pour cette découverte et pour des événements qui ne seront vraiment développés que dans la cinquième saison : « Le futur appartient aux télépathes ».

S’inscrivant dans le déroulement de cette ligne générale, plusieurs événements ponctuent la montée en puissance de la guerre contre les Ombres.

C’est d’abord le rôle central des Rangers, ce corps d’humains et de Minbaris dirigé depuis Minbar par l’ambassadeur Sinclair (voir « La venue des Ombres », épisode 2.9), entraîné selon les principes et l’art martial des Minbaris, oeuvrant en secret pour prévenir l’action des Ombres et préparer la guerre. Simplement évoqués jusqu’alors, les Rangers deviennent une partie intégrante de la série avec l’adjonction du personnage de Marcus Cole, un humain pénétré de philosophie minbari, combattant acharné et idéaliste déchiré, doté toutefois d’un solide sens de l’humour et amoureux d’Ivanova, toutes qualités qui font de lui l’une des figures les plus intéressantes de la saison.

C’est aussi la recherche d’alliés sûrs : les Premiers, anciens vainqueurs des Ombres dans la guerre achevée mille ans plus tôt (« Les voix de l’autorité », 3.4), mais aussi les différentes races représentées sur Babylon 5 et dont on a vu à la lumière d’épisodes antérieurs qu’elles étaient pour la plupart préoccupées avant tout de leur identité culturelle et de leurs prérogatives, au détriment des relations avec leurs voisins. Placé par les événements à la tête d’une nouvelle alliance destinée à repousser les Ombres, Sheridan doit s’efforcer d’unir ces peuples, ce qui n’ira pas sans déconvenues et un profond découragement, visible dans « Le temps est venu » (3.15).

Ce sont enfin des affrontements directs avec l’ennemi, échauffourées ou opérations ponctuelles dont les objectifs sont d’abord modestes puis deviennent plus ambitieux à mesure que des points sont marqués et que la guerre devient ouverte. Sheridan donne le ton de la saison dès le premier épisode : « Nous avons perdu trop de temps à réagir alors que nous aurions dû agir. Cette fois, nous prendrons l’initiative. » Changement de cap décisif puisque sanctionné dès cet épisode par une première victoire, que rend possible l’Etoile Céleste, unique vaisseau capable de rivaliser de vitesse avec ceux des Ombres, voire, s’il est bien dirigé, de les détruire. L’ensemble de la saison sera ponctué de victoires semblables allant crescendo vers la bataille ouverte de « Instants décisifs » (3.21) : un deuxième vaisseau des Ombres détruit dans l’épisode 8, un autre mis en fuite dans l’épisode 14, une attaque-éclair gagnée par les Vorlons dans l’épisode 15, la destruction de Babylon 4 empêchée dans l’épisode 16 et la station renvoyée dans le passé pour permettre la victoire mille ans plus tôt (épisode 17), la première attaque groupée humains - Minbaris - Narns dans l’épisode 18. Enfin le sacrifice de Sheridan dans « Z’Ha Dum », au terme de la saison, stoppe brusquement la guerre, au moins provisoirement, alors que l’Alliance enfin effective vient de remporter sa première victoire ouverte, malgré des pertes deux fois plus élevées que chez l’ennemi.

 

LA TERRE NE REPOND PLUS !

Se développant littéralement dans l’ombre de la Grande Guerre contre les ténèbres, la guerre civile qui déchire la Terre et ses colonies occupe la place tenue l’année précédente par la guerre des Centauris, dont les Narns furent les principales victimes. Elle joue dans cette saison un rôle essentiel puisque c’est d’elle que sortira une nouvelle Babylon 5, « dernier et meilleur espoir de victoire » selon les mots d’Ivanova dans l’exergue de chaque épisode.

Tout avait commencé avec la mort du Président Santiago à la fin de la saison 1, orchestrée, comme on l’apprenait l’année suivante, par le vice-président Clark devenu son successeur. Profitant de la xénophobie latente qui accompagnait le développement des échanges avec les autres races de l’univers, le gouvernement terrien mettait en place un Ministère de la Paix chargé de traquer et d’empêcher toute opposition, fût-elle exprimée par un quidam dans une conversation privée. Le Corps Psi, « police de l’esprit », poussait plus loin encore cette entreprise de limitation de la pensée et des droits civils. « Les voix de l’autorité » (3.4) marque le réveil de cette thématique. D’une part, l’« officier politique » envoyé par le Ministère de la Paix confirme la nature totalitaire du gouvernement, relayant un discours idéologique sans équivoque centré sur la pureté raciale et la pensée unique, préparant de plus en plus ouvertement l’élimination pure et simple de toute contestation ; d’autre part, le rôle joué par Clark dans la mort de Santiago est démontré et porté à la connaissance du public, même si le Sénat ne semble pas pressé de prendre des mesures conséquentes. Le rôle joué par Babylon 5 dans cette révélation est décisif puisqu’Ivanova en est l’instrument et Sheridan l’ouvrier, en faisant parvenir l’information à la télévision.

Prémices du climax de mi-saison, ces événements ne sont pas les mieux amenés de la saison. « Les voix de l’autorité » reprend en fait les données déjà présentes dans la saison 2, en particulier dans « Dans l’ombre de Z’Ha Dum » (2.19). Quant à la manière dont le message impliquant Clark dans la mort de Santiago arrive entre les mains de Sheridan, elle est plutôt maladroite, relevant du deus ex machina et non d’une évolution du récit. Circonstance aggravante pour « Les voix de l’autorité » : l’intrigue secondaire, qui voit Ivanova prendre contact avec les Premiers, est elle-même caricaturale et plus agaçante que pertinente, reposant sur des sentiments primaires là où la nature quasiment mythologique des Premiers avait placé la barre assez haut.

Les épisodes 8 à 11, en revanche, apportent une suite palpitante à ces prémices. Chacun des quatre épisodes constitue un panneau indépendant d’un récit rigoureusement organisé :

- « Message terrestre » amène Sheridan à intervenir dans le système solaire, mêlant la guerre contre les Ombres aux manigances occultes du gouvernement terrien, et comporte le premier affrontement direct de Babylon 5 avec un destroyer terrien, même si Sheridan agit sous couvert de l’Etoile Céleste, donc masqué. On y voit aussi s’étendre l’influence et l’agressivité de la Garde de Nuit, dont la nature de police spéciale du gouvernement est on ne peut plus claire. La scène finale amène le panneau suivant : Clark décrète la Loi Martiale, abattant ses cartes au grand jour.

- « Point de non retour » s’ouvre sur le décret de Loi Martiale, bientôt étendue à la station Babylon 5, et la phrase du Général Hague à Sheridan : « Nous plongeons dans le chaos, John. Que Dieu nous protège tous ! Maintenant vous êtes seul... » Babylon 5 reste soumise à l’autorité du gouvernement terrien, qui essaie d’y prendre le pouvoir par le biais de la Garde de Nuit. Déjà le statu quo rétabli à la fin de l’épisode dépend de l’alliance de Sheridan avec un autre peuple, en l’occurrence les Narns, mais lorsque l’écran se referme sur un fondu au noir la station est plus isolée que jamais, sous la menace d’une épée de Damoclès. De nouveau, la formule finale annonce l’acte suivant : « La prochaine fois ce sera notre tour. »

- Ce tour arrive donc avec « La fin des rêves », plaque tournante de la saison. La guerre civile éclate pour de bon : outre la scission au sein même des Forces Terrestres, le Général Hague dirigeant la résistance sous les assauts des partisans de Clark, plusieurs colonies terriennes font sécession et s’opposent ouvertement à la politique du gouvernement. Lorsque celui-ci envoie contre elles ses vaisseaux de guerre, au moment même où il musèle la presse en prenant d’assaut la chaîne de télévision ISN, Sheridan n’a plus qu’un choix, celui de déclarer l’indépendance de Babylon 5 et d’entrer en conflit direct avec la Terre. La lutte qui s’ensuit, tant dans l’espace qu’à bord même de la station, investie par un corps de commandos, est l’un des moments les plus dramatiques de la saison, où l’on voit les humains s’affronter tandis que les Narns meurent aux côtés des hommes de Sheridan.

- « Renaissances » referme cette page sanglante en entérinant l’indépendance nouvelle de Babylon 5, entre lendemains douloureux et aube d’une nouvelle ère. Des fanatiques dévoués à Clark tentent un dernier geste désespéré sur fond de cérémonie de renaissance, un rituel minbari célébrant un grand changement. A la fin de l’épisode, le personnel de Babylon 5 étrenne de nouveaux uniformes et Sheridan déclare que « la crise est terminée ».

Tout au long de la route menant à cette conclusion, on aura vu sur les murs de la station les marques de la Garde de Nuit : des affiches de propagande appelant à la vigilance et stimulant la délation. « Ever vigilant », « Loyalty », « Truth », « Traitors can’t hide », le tout illustré de couleurs vives, de têtes impériales fièrement dressées dominant une petite silhouette prosternée, de mains vengeresses enserrant un « traître » minuscule sur fond de planète Terre. Le parcours de Zack Allan, lieutenant de Garibaldi, aura également jalonné la montée en puissance de la crise. Ayant rejoint les Gardiens de la Nuit dans la saison 2, à l’origine pour gagner quelques crédits de plus chaque mois et sans mesurer les conséquences, Allan aura connu le doute et éprouvé un mélange de rancoeur et de loyauté qui témoignent de la lutte entre l’honnêteté et l’opportunisme en période de crise. Simple policier entraîné dans une logique qui lui échappe très vite, partagé entre l’amitié pour son chef et le respect dû à sa hiérarchie, le personnage connaît une évolution intéressante qui a même pu faire craindre qu’il finisse par supplanter Garibaldi en temps d’apparition à l’écran et en importance dans la série !

 

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MOLLARI FACE A SON DESTIN

 

Tandis que tonnent les canons de Babylon, Narns et Centauris sont eux aussi à la croisée des chemins et connaissent également leurs révélations, annonciatrices de changements à venir.

Bien qu’en retrait cette saison, le personnage de Londo Mollari reste l’un des plus fascinants de la série. Artisan de la victoire de l’Empire Centauri sur les Narns, ennemis séculaires, mais grâce uniquement à une association faustienne avec les Ombres, Londo essaie dès le premier épisode de la saison de rompre cette alliance porteuse de mort. Il ne parvient qu’à renvoyer Morden vers un nouvel interlocuteur : son ancien ami Lord Refa, aujourd’hui son rival politique. S’en prenant à Refa pour le forcer à son tour à se séparer de Morden, Londo conduit ce dernier à l’attaquer de manière détournée : en s’en prenant à la seule femme que Mollari ait jamais aimée (dans « Le temps est venu », 3.15), il réveille la rage de l’ambassadeur et la dirige vers Refa, rendu responsable du geste astucieusement maquillé de Morden. Entièrement dupe, Londo s’allie de nouveau au conspirateur afin de s’emparer de sa seule défense contre l’extérieur : le pouvoir.

Tout, dans l’existence de Londo, est ramené au pouvoir, dont le désir avide consume l’ambassadeur de l’intérieur sans qu’il trouve la force, ou la lucidité, de le combattre. Sa rivalité avec Lord Refa trouve une conclusion sanglante dans « Mélodie oeucuménique », où il fait de G’Kar, son pire ennemi, le bras de sa vengeance. Sa cruauté s’exerce même sur son assistant Vir Cotto, qu’il menace de représailles sur sa famille entière s’il ne se plie pas à sa volonté. Rien ne semble pouvoir arrêter l’ambassadeur dans sa soif de puissance, malgré les avertissements qui ne cessent de lui être envoyés depuis le début de la série : dans « Point de non retour », une voyante centauri lui prédit qu’il sera certes empereur mais qu’il ne lui reste qu’une seule chance d’échapper au « feu intense » qui l’attend: « Vous devez vous-même vous livrer à votre plus grande peur en sachant qu’elle vous détruira. »

Cruel avec les vaincus, indifférent aux problèmes de ses voisins, Londo reste pourtant un personnage pathétique parce qu’il ne maîtrise pas son destin, en dépit des apparences. Manipulé par Morden, il feint de détenir un pouvoir mais n’est gouverné que par la peur et se caractérise surtout par son impuissance. Dans « Convictions » (3.2), il ne doit la vie qu’à la présence de Lennier. Dans « Le temps est venu » (3.15), il reste totalement inconscient du rôle joué par Morden. Dans « Dépendance » (3.6), surtout, il est livré à la fureur de G’Kar, sous l’emprise d’une drogue puissante, et complètement impuissant à se défendre. Même lorsqu’il semble diriger les événements, dans « Mélodie oecuménique » (3.20), il s’inscrit en fait dans une logique extérieure dont il est l’instrument, celle de Morden qui continue de le manipuler dans l’ombre. Sa dépendance physique dans « La guerre sans fin » (3.16-17), où on le voit vieilli et malade, empereur et pourtant privé de sa liberté, n’est que la traduction visible d’un état qui aura toujours été le sien. On apprend d’ailleurs, dans « Dépendance », qu’il n’a été nommé ambassadeur sur Babylon 5 que parce que personne d’autre ne voulait de ce poste. Fantoche il était, fantoche il reste, même au plus fort de son prétendu pouvoir.

L’avenir des Centauris se joue en fait dans un autre personnage : celui de Vir Cotto, assistant maladroit mais moins naïf qu’il n’y paraît, livré au caprice de l’ambassadeur décadent mais capable de jugement, ce qui suffit déjà à le différencier de Mollari. Toujours Vir a désapprouvé l’attitude de ce dernier, sa manière de traiter ses affaires et celles de son gouvernement, son mépris et sa cruauté à l’égard des vaincus, son égoïsme dans ses rapports avec le reste de la station. Et tandis que Londo s’abandonne aux instincts qui le conduiront à une chute annoncée, c’est Vir qui, cette saison, affirme sa capacité à s’affranchir des traditions et des querelles intestines de son peuple. Par une ironie que l’ambassadeur ne soupçonne même pas, c’est Londo qui met son « disciple » sur la voie de l’émancipation : en le faisant nommer ambassadeur sur Minbar pour se débarrasser de lui, il le met en contact avec une civilisation raffinée qui enseigne à Vir ce que son propre peuple a perdu de vue, la culture, la philosophie, le respect de l’autre et de la vie en général. Il lui apprend, aussi, à juger par lui-même, non en fonction des critères décadents de Centauri Ier. Son premier acte autonome est ainsi d’organiser secrètement un réseau d’évasion de Narns, ce qui fait de lui le Schindler des Centauris ! Confronté à la folie meurtrière des siens à travers la figure angélique de Lyndisty, une Centauri dont il s’éprend pourtant dans « Le secret de Vir » (3.12), Vir redevient simple assistant lorsque son secret est découvert mais il est clair que sa destinée n’est pas de demeurer dans l’ombre de son « mentor ». En revanche, elle est liée au destin de Londo : tous deux seront nommés empereurs, leur prédit la voyante de « Point de non retour », « l’un après la mort de l’autre ». Le futur révélé dans « La guerre sans fin (2) » nous apprend lequel est appelé à survivre...

 

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LA REVELATION DE G’KAR

L’évolution la plus significative est celle de G’Kar. Chef de guerre des Narns dans la deuxième saison, G’Kar a vécu la déchéance la plus terrible au cours de l’année précédente. Sa planète dévastée par les Centauris (on en voit un aperçu dans « Mélodie oecuménique »), son gouvernement réduit à néant et son peuple en esclavage, lui-même déchu de son titre d’ambassadeur et réduit à l’exil sur Babylon 5, G’Kar semble n’être plus que l’ombre de ce qu’il fut. Il ne peut même pas tirer vengeance de Mollari puisqu’un seul mort centauri entraîne aussitôt l’exécution de plusieurs centaines de Narns. Le seul combat qu’il puisse mener désormais est celui de la résistance, dont il est devenu le symbole. Un symbole dont voudraient se débarrasser les Centauris mais aussi certains Narns, comme le Na’far de « Au coeur du conflit » (3.3), qui somme G’Kar de se rendre afin d’améliorer le sort des populations narns sinistrées. Il reste pourtant une chose à l’ancien chef de guerre, qu’aucun affront n’a encore pu lui ôter : « Les Centauris ont pris ma planète, mon gouvernement, mon titre », dit-il dans « Les voix de l’autorité », « J’ai gardé l’estime de moi-même. » Mais si la ligne de G’Kar semble toute tracée au début de la troisième saison, elle est pourtant brusquement brisée dans « Dépendance », qui voit le dernier accès de fureur du personnage et la naissance d’un nouvel espoir dans le contexte guerrier de la saison.

L’expérience qu’il vit dans cet épisode, et dans laquelle un autre personnage de la série joue un rôle tout juste esquissé, transforme littéralement G’Kar. Le partisan de la lutte armée, prisonnier de sa haine, devient soudain un ardent défenseur de la paix entre les peuples, touché par le doigt divin de G’Kwan. Il laisse d’ailleurs son Livre sacré dans les mains de Garibaldi, car lui-même, dit-il, s’est « rapproché davantage de la source ».

De même que Delenn avait passé quelque temps dans sa chrysalide entre les deux premières saisons, G’Kar accomplit sa mutation dans une cellule de la station, où il purge volontiers sa peine pour avoir agressé Mollari. « On peut apprendre beaucoup du silence », déclare-t-il à Garibaldi venu le visiter dans sa retraite, où il écrit des réflexions inspirées par la révélation qu’il a vécue. Convaincu désormais que les humains « sont la clé du salut » (« Point de non retour »), il leur offre l’aide des Narns dans la crise qui les oppose aux Forces terrestres puis rejoint la nouvelle Alliance réalisée par Sheridan et Delenn. Déjà, l’ancien chef de guerre s’affirme de nouveau comme un chef, mais cette fois guidé par le désir de paix. S’il revêt de nouveau le visage de la vengeance dans quelques scènes terribles de « Mélodie oecuménique », il abandonne finalement cette vengeance aux siens, restant lui-même en retrait.

Symbole vivant de l’espoir qui renaît, c’est lui qui, en toute logique, tire les leçons de l’année écoulée dans le commentaire off des dernières minutes de la saison. « Le combat que nous menons », déclare-t-il alors, « n’est pas contre une armée ou des principes, il est contre le chaos et le désespoir... »

 

INTERLUDES

Le devenir des autres personnages paraît presque mineur auprès de ces grands changements. C’était d’ailleurs déjà le cas l’année précédente, mais cette partie de la série constitue également une ligne forte, bien que moins prégnante que les différentes guerres qui troublent l’univers.

La relation de Delenn et Sheridan en particulier devient plus explicite. On se souvient que le premier regard de Sheridan sur l’ambassadrice minbari, dans « Révélations » (2.2), était déjà porteur d’un amour futur. Dès « L’Etoile Céleste », les deux personnages apparaissent quasiment inséparables, ce qu’ils resteront tout au long de la saison. Au lendemain de la bataille contre les Forces terrestres, dans « Renaissances », Sheridan finira par avouer ses sentiments, et leur avenir sera révélé à la faveur d’un saut dans le temps de « La guerre sans fin ». Le baiser qu’ils échangent à la fin de « Mélodie oecuménique », devant un espace empli d’Etoiles Célestes synonymes d’espoir, semble sceller leur destin commun, comme le rituel minbari auquel le commandant se soumet volontiers dans « Instants décisifs ». Le couple apparaît véritablement comme un symbole d’espoir, ce que confirme sa fragilité même dans l’épisode de fin de saison, à la fois arrêt brutal et remise en cause des acquis de la saison : le départ de Sheridan pour Z’Ha Dum est une rupture volontaire avec le destin si souvent annoncé au cours des trois années de la série. Plus rien ne semble sûr désormais, pas même l’avenir entrevu dans « La guerre sans fin »...

Autre personnage à vivre une révélation dans cette saison, le Dr Franklin, déjà soumis au stress dans la deuxième saison, est plongé ici dans une crise de confiance qui prend la forme d’un « cheminement » au terme duquel il espère se retrouver lui-même. Si la voie empruntée par le personnage ressemble à celle de G’Kar et coïncide également avec les moments de crise et d’espoir de la guerre contre les Ombres, son traitement possède en revanche une force bien moindre et n’échappe pas, malheureusement, à un développement convenu.

Bien plus intéressante est la relation que l’on voit naître et doucement évoluer entre Ivanova et le Ranger Marcus. Comme les meilleures histoires d’amour, celle-ci commence sous de mauvais auspices, Ivanova n’étant pas plus disposée qu’auparavant à accorder sa confiance, surtout à un type qui débarque sans crier gare au beau milieu d’une situation déjà compliquée. La première approche de Marcus, dans « Les voix de l’autorité », est un échec, malgré toute la délicatesse et le sens de l’humour dont sait faire preuve le Ranger. Pourtant il est intrigué par cette façade d’hostilité et confie au Dr Franklin, dans « Exogenèse » : « Je sens en elle un secret dont je n’ai pas la clé. » Bien malgré elle, à la fin de cet épisode, c’est Ivanova qui fournit à son soupirant l’occasion d’espérer, et l’indifférence fait place dans « Message terrestre » à l’agressivité (ce qui est bon signe) puis à une esquisse de rapprochement lorsque l’humour du Ranger fait enfin craquer la barrière d’hostilité : lorsqu’un homme a fait rire une femme, l’affaire est bien engagée !

Réussie, cette relation l’est en raison de l’intérêt des deux personnages. Ivanova confirme son statut de figure majeure de la série, à la fois par son humour, qu’elle exerce au plus fort des crises traversées dans la saison, et par une sensibilité qui pour être masquée la plupart du temps n’en est pas moins flagrante. On la voit ainsi perdre contenance devant Vir, qui lui demande des détails sur les attentes sexuelles des femmes (« Le secret de Vir »), et reconnaître qu’elle n’a pas beaucoup d’expérience amoureuse. A la fin de « Renaissances », elle a aussi cette phrase qui réveille son « aventure » avec Talia Winters et le « secret » qu’elle garde en elle : « Je crois que j’ai aimé Talia ». Confrontée à Bester, qu’elle déteste, dans « Vaisseau de larmes », elle le gifle dès qu’il lui parle de sa mère. Enfin, son visage bouleversé à la fin de « Z’Ha Dum », lorsqu’elle comprend le sacrifice de Sheridan, est une image marquante de la saison, qui donne envie de mieux connaître le personnage. De même Straczynski a donné à Marcus une épaisseur qui le rend très vite attachant, d’autant que son humour constant (un point qu’il partage donc avec Ivanova) introduit un décalage bienvenu dans un récit dominé par des événements graves.

Straczynski l’avait annoncé dès le départ : Babylon 5 était un « roman pour la télévision, avec un début, un milieu et une fin » prévus pour se dérouler sur cinq ans. La troisième saison est donc centrale par sa position et tient parfaitement les promesses faites depuis deux années : en en faisant à la fois l’accomplissement des intrigues nouées dans les deux premières saisons et un chapitre charnière dans la trame générale de la série, Straczynski ne déçoit pas et confirme sa maîtrise exceptionnelle du récit. Si la conclusion de la saison marque une pause dans la guerre contre les Ombres, les destinées des uns et des autres n’ont pas encore achevé leur course et il reste de nombreux destins à sceller. L’émergence de Vir Cotto, la déchéance programmée de Londo Mollari, le virage mystique de G’Kar, le sort de Sheridan et ses conséquences sur l’avenir déjà tracé sont les pistes les plus évidentes mais d’autres personnages ne se sont toujours pas révélés, à commencer par Ivanova dont le potentiel reste entier, et Lennier, le disciple de Delenn, qui révèle dans « Renaissances » une violence latente d’une portée encore insoupçonnée. On peut parier également que l’on n’en a pas fini avec Bester, l’éminence grise du Corps Psi, pour qui le futur recèle encore bien des surprises.

Oui, il n’y a pas à tergiverser : la quatrième saison sera décisive, ou ne sera pas.

 

 

NOTES

1. La saison 3 comporte 22 épisodes. Lorsque nous donnons un numéro d’épisode, il renvoie à la place de cet épisode au sein de la saison, non au sein de la série entière (5 saisons de 22 épisodes). Dans le guide d’épisodes qui suit, chaque épisode est identifié par son numéro au sein de la saison (2.1, 2.2, etc) et, entre parenthèses, par sa place au sein de la série (46, 47, etc).

Tag(s) : #Dossiers, #Dossiers 1990s
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